Biblioteka Główna AP Słupsk nr inw.: kg - 110703 110703 zs JEAN SOBIESKI ROI DE POLOGNE. HISTOIRE DE JEAN SOBIESKI ROI DE POLOGNE Par M. L'ABBE COYER TOME PREMIER A AMSTERDAM, Et Je troWve à LEIPSIC, Chez MAURICE GEORGE WEIDMANN. clo 3 1 o c c XXI. A SON ALTESSE monseigneur le prince DE BOUILLON. PETIT-FILS Jungrand Roi^vous trouverez dansfin Hiftoire le modèle des ver« tut que vous cherchez> quà votre aSe M Mit peut - ètr£ à entrevoir. SOBIESKI, avant que d être fut Héros. L hèroïfme qui l eleva, doit animer tous ceux qui veulent faire de grandes chofes. Je n ignore pas , MON SEI" GNEUR, que votre propre Mai fon vous offre des modèles en tout genre i le fang de Lorraine, qui coule *HÛi dans vos veines5fut toujoursfé-* 2 cond IV E'PITRE, tond en Héros, Je nonimerois les Lorrains £5 le Bouillons que F Europe admira, fi les hifioires, fi les m omini ens ne paricienî pas. Sans oublier leur gloire, fixez vos regards fiur telle de SOB ÎESKI ; <3 vous apprendrez par quelles aHions on arrive à îimmortalité chez tous les Peuples. Von < y arriverez en cultivant les qualités que la nature a placées dans votre arne. Admirer les grands hommes les étudier. comme vous le faites, cefi commencer à les imiter. jfe fuisy avec un refpcHueux attachement, MONSEIGNEUR, de votre altesse, Le très humble, & le très-obeiflant Serviteur, c 0 y e r. PRE- PRÉFACE. : Hiftoire d'un Roi liérê-i ditaire ablòlu, ne prosa] dnit pas ordinairement ce grand intérêt que nous cherchons dans les Chefs des Peuples. Ce Roi, quelq u'il foit, les -Peuples le reçoivent du droit du Sang » & il ne leur eft pas permis ue diieerner le bon gouvernement du mauvais. S'il arrive quelques fecoufles, elles font légeres, & autorité, à la'.fin, fubjugue toi t. 3 Cette VI P R E F A C E. Cette monotonie d'obéiflance pai-five, iaiutaire lì Je Monarque ed bon, ruineuie s'il eft méchant, ne metiùr le théâtre de l'Hiftoire que des Aćteurs froids, inanimés qui ne fe meuvent, n'agiffent qu'au gré d'un premier Aćleur, &: ce premier Acteur fans chaleur, comme fans crainte, n'a pas le pouvoir lui-même de nous intérefler vivement. Il n'en eft pas ainfi d'un Roi Elećłif. Ou les vertus le portent fur le Trône, ou la force. S'il s'éieve par les vertus, le fpe&a-cle eft touchant: fi c'eft par la force, il attire encore les regards en triom pliant des obftacles; & lorfqu'il eft au faîte de la pu if lance il a un beio'fn continuel de con-feil &. d'a&ion pour s'y maintenir. Le PREFACE. VII Le Roi j la Loi, & la Nation, tr°is forces qui pefent fans celle l'une fur l'autre, équilibre dilli-cile. La Nation fous le bouclier de la Loi, penfe, parle, agit avec cette liberté qui convient à des hommes. Le Roi, en fuivant ou en violant la Loi, eft approuvé ou contredit, obéi ou déiobéi, paiîible ou agité. Telle eft l'Hiftoire que j'écris. On verra un JMoble Polonois, le célèbre Sobieski, monter à l'Au-toiite lùprêrne & s'y iòutenir au to i lie u des orages. On le verra dans les Armées, dans le Sénat, dans les Diètes ; & je lemontre-rai avec cette vérité qu'en cher, cheroit envain d /ns l'hiftoire d'un Monarque abfolu. Celui - ci gon-Verne dans les ténebres. Le * 4 Chef vili PREFACE. Chef de la République Polonoife eft tout à découvert. Ainfi l'Hi-ftorien, lans être obligé de deviner en trompant la pofiérité, a-près s'être trompé lui-même, n'a qu'un foin, celui de choifir de bons Mémoires. Les deux qui m'ont guidé principalement, m'ont paru tels. C'eft, pour la partie Militaire, un manuiérit d'un Officier François au fervice de Pologne. Cet Officier nommé, Dupont, Ingénieur'en chef de l'Artillerie, & Capitaine d'une Compagnie-Franche de deux cents Dragons, a filivi fon Héros dans les campagnes. Il raconte ce qu'il a vû? & comme il n'étoit né ni Polo-nois, ni Sujet du Prince dont il écrit, il n'a dû fe livrer ni à la par- PREFACE. IX partialité nationale, ni à l'aveugle adoration d'un Maître que la naiilànce a fait. Quant à la partie Politique, je 1 ai trouvée dans les lettres familières d' André - Chryfojtome Załuski, Evêque, Sénateur & Chancelier de Pologne: trois qualités qui le plaçoient au centre des affaires. Les lettres qu'il é cri voit à mefure que les événemens fe Contrôlent, n'étoient faites ni pour le Public, ni pour le Prince. Elles étoient adreffées à des amis. L amitié ne connoît que le langage de la franchile. L' impreffion ne les a publiées que longtems a-pres leur exiftence. Sobieski n plus ; & fa Maifon ne ré-gnoit pas. Je n'ai trouvé, dans ces lettres, ni beauté, ni ftyle, ni pré- X p r e f a c e. précifìon, je n'y cherchons que la vérité; & fi avec cette volonté ferme & de tels guides je me fuis égaré, déchirons les Hiftoires. Au refte, avant que de montrer Sobieski en Pologne, j'ai crayonné la Pologne elle-même. Ce ferait une fuperfluité à me reprocher fi ce Royaume nous étoife auffi connu que l'Allemagne ou les Pays-Bas. Sans ce Tableau racourci, la plupart, des Lecteurs auraient mal vu, dans l'Hiftoire de Sobieski, bien des faits relatifs au fol, aux mœurs ôt au gouvernement de ce Pays» HISTOIRE HISTOIRE D E JEAN SOBIESKI, ROI DE POLOGNE. livre I. Tableau général de Ici Pologne. es Poloivois, avant le fi-xiéme fiéde, lorfqti'ils étoient encore Sarmates, n'avoient point de Rois,. Ils vivoient libres dans les montagnes & les forets, fans autres maifons que chariots, toujours méditant quelque nouvelle irwafiou; mauvaises troupes pour fe battre à pied, excellentes u cheval ]1 e 11 allez étonnant qu'un peuple barbare, fans chef & ans oix, ait etendu l'on empire depuis *) Tacir. hift lib, x. Ct 7pt Hifî, de Sob. T. I. A H i S' x o i r e le Tanaïs jufqu'à la Viftule, & du Pont-Euxin £ la Mer Baltique *)., limites pro-digieufement diftantes qu'ils reculerent encore en occupant la Bohême, la Moravie, la Siléfie, la Luface, la Mifnie, le Meçklenbourgla Pomeranie &. les Marches Brandebourgeoifes. Les Romains qui foumettoient tout, n'allerent point affronter les Sarmates. iCe paradoxe hiflorique montre ce que -peuvent la force du corps , une vie dure, l'amour naturel de la liberté & un inflintt faui^ge qui fert de Loix & de Rois. Les Nations policées appelloient les Sarmates des brigands., fans fair,e attention qu'elles avoient commencé elles-mêmes parle brigandage. Il s'en faut beaucoup que les Polonois, qui prirent ce nom au milieu du fixiéme fiécle , ayent conferve .tout l'héritage de leurs peres. IL y a longtems qu'ils ont perdu la Siléfie , la Luface, une grande partie de la Pomeranie , la Bohême & tout ce qu'ils pofiedoient dans la Germanie. D'autres liécles ont encore amené de nouvelles pertes. La Livonie & les vaftes campagnes de l'Ukraine ont palle à d'autres puifiances. C'eft ainfi que tant de grands Empires fe font brifés fous leur propre poids. Vers *) Pompon. Mela, de fitu orbis, lib. i. de Jean Sobieski. 3 Vers l'an 5^0 Leck s'avifa de civilifer les Sarmates. Sarmate lui-même, il coupa des arbres& s'en fit une maifon. D'autres cabanes seleverent autour du modè-e. La Nation, j u (qu'alors errante, fe fixa; & Gnefns, la premiere ville de Pologne , prie la place d'une forêt *). Leg ■aimâtes apparemment connoiffoient mal les Aigles. Ils en trouvèrent, dit-on. pïufieurs nids en abbattant des arbres. Ceft de-là que l'Aigle a paffé dans-les Enfeignea Polonoifes. Ces /1ers oifeaux font leurs aires fur les plus haute rochers; & Guehie eli dans une plaine. Leck.ztd-ra les regards de fes égaux fur lui, & dé-P oyant des talens pour commander autant que pour agir, il devint leur Maître, ,ou® *e 11 om de Duc■, pouvant prendre également celui de Roi. depuis ce Chef de la Nation jufqu'à n°s jours, la Pologne a eu d'autres Ducs, es Vaivodes, aujourd'hui Palatins, des °is , des Reines, des Régentes & des ne cui eg nos. Les Interregnes ont été P 'iu autant d'Anarchies. Les Régents fe font fait haïr. Les Reines en petit nombre n'ont pas eu le tems de fe mon-Les Vaivodes ne furent que des opprefleurs. Pami les Ducs & les Rois quelquesuns ont été de grands Princes! 4 A 2 |gg *) Martin. Cromer de ori*. Pol. lib.!. cap. 14. 4 Histoire les autres ne furent que guerriers ou tyrans. Tel fera toujours à peu près le fort de tous les peuples du monde; parce que ce font les hommes, & non les Loix qui gouvernent Dans cette longue fuite de fiécles, la Pologne compte quatre claffes de Souverains. Leck, Piafl, ^agellon : voilà les Chefs des trois premieres Races. La quatrième , qui commence à Henri de 1/ ci-lois , forme une clafl'e à part; parce que ia Couronne y a paffé d'une mai fon à une autre , fans fe fixer dans aucune. La fucceffion dans les quatre claffes, montre des fingularités qui. méritent d'être connues. L'an 750 Jes Polonois n'avoient pas encore examiné 11 une femme pouvoit commander à des hommes. Il y avoit longtemps que l'Orient avoit décidé que la femme eft née pour obéir. Venda régna pourtant, & glorieufement. Faut-il croire, avec les Hiftoriens Polonois *), qu'un Prince Allemand, nommé Ritiger, touché des charmes de laBelle infenlible, la demanda en mariage à la tête d'une armée; qu'elle fe préfenta au combat; que les troupes Allemandes refuferent de fe battre pour un intérêt d'amour; que Ritiger fe tua; & que Venda fe précipita dans Cromer. DlugloflT. hift.Pol. lib, x. de Jean Sobieski. 5 dans la Viftule pour né plus troubler le repos de fes peuples? Il eft encore plus vrai qu'elle les auroit mieux fervis en continuant à les bien gouverner.. Dès-lors la Loi, oul'ufage Salique de Irance, fût adopté par la Pologne; car les deux Reines qu'on y a vues depuis, Hedwige en 1382, & Antie $ âge lion en 1575, ne montèrent fur le Trône qu'en acceptant les époux qu'on leur déligna pour les foutenir dans un polle fi élevé. Anne Jagellon avoit foixante ans, lorf-qu'elle fut élue. Etienne Battori, qui I é pou fa pour régner, penfa qu'une Reine etoit toujours jeune, Des fiécles antérieurs avoient ouvert auties chemins à la Souveraineté. En 8-4 Jes Polonois furent em bar raflés pour p clloix d'un Maître; ils propoferent leur ouionne à lacourfe: pratique autrefois-eoiaïue dans la Grèce, & qui ne leur pa-ri't pas plus linguliere, que de la don-1161 naiffance. Un jeune homme "ouiri dans l'obfcurité la gagna, & il prit e nom de Lesko II. Les chroniques du tems nous apprennent qu'il conferva fous a pourpre la modeftie & la douceur de la premiere fortune; fier feulement & ple.n d-audacc, lorfqu'il avoit les armes a la main *). A 3 Pref- D Kadłubek, hift, Pol, lib. 1. epili, 4 0 H i 6 t (j' ł e fi ■ Prefque tous les Polonois foutiennent que leur Rovinane fut toujours éieétif. Cette queftion les intérefle peu ,, puisqu'ils joui lient. Si ou vouloit la décider par une fuite de faits pendant iix ou fept iiécles-, on la déeideroit contr'eux, ea montrant que la Couronne dans les deux premiere:-? elafles a paffé conftamment des peres aux eufans-, excepté dans les cas d'une entière extin&ion de la M ai fon régnante, Si les Polonois alors avoient pu choifir leurs Princes, fe féroient-ils donné pour Maîtres» des enfans qui pou-voient croître pour le malheur comme pour le bonheur public? 11 étoit plus naturel'de choisir parmi leurs Palatins des fages. tout décidés. Les eût-on vu aller prendre un Moine dans le fond d'un Cloître pour le porter fur le Trône, uniquement parce qu'il étoit du Sang de Piajl? Ce fut Cajlmir /, fils d'un pere d été lté Mkcislaw //, & d'une mere encore plus exécrable. Veuve & Régente, elle avoit £ui avec fon Fils. On Je chercha cinq ans après pour le couronner :* la France l'avoit reçu. Les Ambafîadeurs Polonois le trouvèrent fous le Froc dans l'Abbaye de Clugny,où il étoit Proies & Diacre*). Cette vûe les tint d'abord en fuipens. Ils craignirent que fon ame ne fe fût flétrie fous *} DIugloiT. png. 20g% de Jean Sobieski. -,T % fous la cendre & le cilîce : mais faifant réflexion qu'il écoit du Sang Royal, & qu'un. Roi quelconque étoit préférable à l'Interligne qui les défoloit, ils remplirent leur Amba fi ade. Un obftacle arrêtoit. Cafì-Hiir étoit lié par des Vceux & par les Ordres Saciés. Le Pape Clément II trancha le nœud ; & le Cénobite fut Roi. Ce n'ed qu'à la lin de la feconde Clafle que le Droit héréditaire périt pour faire place à YEleUion, Nous en marquerons l'époque. Le Gouvernement a eu aùffi fes révocations. Il fut d'abord- abfolu entre les» mains de Lcck , peut-être trop*- Ëa- Naction fentîit fes forces, & fecoua le joug d un feul. Elle partagea l'autorité entre douze Vaivodes ou Généraux d'Armée, dans le deffein de l'affoiblir* Ces Vaivodes, affis fur les débris du Trône, les Paflemblerent pour en-former douze, qui venant à fe heurter les uns les autres, tbraTilerent4'Etat jufques dans fesfonde-mens. Ce ne fut plus que révoltes, factions , oppreiïion , violence. L'Etat, dans ces terribles fecoufles, regretta- le gouvernement d'un feul, fans trbp pen-ler à ce qu'il en a voit fouffert: mais les plus fenfes cherchèrent un homme qui fçut regner fur un Peuple libre, en écartant la licence. Cet homme fe trouva dans la per i orme de Cracits} qui donna A 4~ fon 8 Histoire fori nom à la ville de Cracovie , en la fondant au commencement du feptiéme fiécle *). L'extinftron de fa porter!té dès la premiere génération, remit le fceptre entre les mains de la Nation, qui ne fçachanfc à qui le confier, recourut aux Vaivodes qu'elle avoit proferita. Ceux-ci comblèrent les dtTordres des premiers; & cette Ariftocratie mal conftituée, ne montra que du trouble & de la foi blefie. Les Hongrois, qui le croyoient menacés depuis longtems par la Pologne, en jurerent la perte. Une irruption fubite tema la crainte de tout cote. On s'af-fembloit, on ne réfolvoit rien. Les chefs étoient haïs & méprifés , les foldats fans v mijance, le peuple dans le pins grand eéfefpoir. Au milieu de cette con lu (ion, u a homme fans nom & (uns crédit pen-ïoit i fauver fa patrie. Il attira les Hongrois dans un défilé où ils périrent preferite tous. Przemislas (^eil«îuliqu'on 1ô-nommoit) devint en un jour l'idole du peuple; & ce peuple fauvage qui necon-rioiflbtt encore d'autres titres à la Couronne que les vertus, la plaça fur la tête de fon Libérateur, qui la fou tint avec ^ autant de bonheur que de la gloire, fous S-itcle. le nom de Lesko / **). Ce *") Dlugloft* h if h Pol. lib. x. pa?. Nations, les unes des autres, ee n'eft qu'à elles-mêmes à titrer leurs Chefs. Le Pape échoua dans fa prétention. Ce fut 1?Empereur Othon 111, qui, touché des vertus de Boleslas, le revêtit de la Royauté en traverfant la Pologne *). On n'auroit jamais cru qu'avec cet infiniment du pouvoir arbitraire , le premier Roi de Pologne eût jette les premières femences du gouvernement Républicain. Ce Héros, après avoir pénétré dans le fein de l'Empire, poufié fes conquêtes jufqu'au confluent de l'Elbe & de la Sàia, où il fit élever trois colonnes pour monumens de fa gloire, après avoir fournis deux fois la Ruffîe, rendu enfin à lui-même, & examinant d'un côté fes ennemis terrafles, & de l'autre fes peuples épuifés, encore tout fanglans, pleura fes victoires. Jufques-là il avoit régné fansConfeil. lien créa un de douze personnages d'un mérite éminent **)\ La Nation qui avoit toujours obéi , en regardant du côté de la liberté, en ap-perçut avec plaifir la premiere image. Ce Confeil pouvoit devenir un Sénat. Nous avons vu. que dès les commencemens elle avoit quitté le gouvernement d'un feul pour Cromer. pag. 5$: **) kl, pag. 64; ja Histoire pour fe confier à douze Vaivodes. Cette idée paliagere de République ne l'a voit jamais abandonnée; & quoique fes Princes , après fon retour à la premiere con-ftitution, fe fuccedaffent les uns aux autres par le droit du Tang, elle reftoit toujours perfuadée qu'il étoit des cas ou elle pouvait reprendre fa Couronne. Elle ef- XII faya fon pouvoir fur Miecislaw 111, Prin- RC e' ce cruel, fourbe, avare, inventeur de nouveaux impôts. Elle le dépofa. Ces dépofitions fe renouvellerent plus d'une fois. Uladislas Laskonogi , Uladislas Loketek, fe virent forcés à defcendredu XIII Trône; & Cafimir IV auroit eu le même Siede, fort, s'il n'eut fléchi fous les remontrances de fes fujets. ïl faut pourtant avouer, à la gloire de la Pologne, qu'elle n'a prefque jamais penfé à uter la Couronne qu'aux Rois qui ne pouvoient pas la porter , ou qui la portoient pour opprimer; & jamais elle ne fit couler leur fang pour fe délivrer; pas même celui deBoleslas II. Ce tyran, après la prife de Kio vie *)j fur le bord occi- Cette ville qui ed rentrée fous la domination Mofcovite, étoit alors très - peuplée & très-floriiTante: pauvre aujourd'hui, elle compte à çeine cinq à fix mille habitans. Toutes les tois qu'un Souverain apperçoit dans fes Etats cestviftes différences, il devroit en rechercher la caufe ; & prévenir les mêmes ruines qui peuvent fe renouveller dans d'autres villes. de Jean Sobieski. ij occidental du Boryfthêne, oublia fes travaux & fa gloire dans les careffes des Femmes Ruffes. L'armée fuivit l'exemple du Chef. Le bruit en retentit jufqu'en Pologne. Les Femmes Polonoifes qui 11 avoient pas vu leurs Maris depuis huit 3ns de guerre , épouférent leurs efcla-ves. A cette nouvelle, les Maris, fans demander un congé qu'ils n'efperoient pas pour le moment, retournerent à leurs foyers. Les efclaves prirent la fuite. Les Femmes recoururent aux larmes. Les Maris pardonnèrent , parce qu'il falloit ou les punir toutes ou pardonner à toutes. Le Koi n'eut pas la même indulgence. Irrité par la défer-tion, & forcé de retourner dans fes Etats plutôt qu'il ne l'avoit projette, il rentra avec le feeptre de fer. Il arracha aux Femmes les malheureux fruits de leurs pi'olHtutions pour être expofés dans les champs, & par un abus ridicule du pouvoir fouverain , il leur défendit de pa-ïoître nulle part fans avoir un chien pendu à leurs mammelles *). Après quoi, tournant fa vengeance fur les Maris qui •voient quitté fes drapeaux, il confifqua ■les biens des plus riches , il fit périr les autres dans d'affreux cachots ou dans l'infamie des fupplices : il fe livra même à la *) Paftor ab Hirtemberg, pag. 43. M Histoire la débauche la plus infoiente , fans fe foavefiir qu'il la puniflbit; & il combla tous fes crimes en aflaffinant de fa propre main l'Evêque Stanislas à l'Autel. Les fujets .pouffes à bout, fe contenteren t de chaiïer le Maître. Une Nation qui eft parvenue à dépo-fer fes Rois, n'a plus qu'à choifir les pierres pour élever l'édifice de fa liberté ; & le tems amene tout. Celui dont je parle étoit même allez favorable à une pareille entreprise. Il n'y avoit prefque point de Souverains abfolus en Europe. Les Seigneurs, en France, en Angleterre , en Suede, en Dannemarck, en Italie, en Sicile, reflerroient l'autorité du Maître dans des limites étroites. Les Efpagnols n'ont pas oublié l'ancienne formule de l'inauguration de leurs Rois. „Nous qui fournies autant que vous, nous „vous fai fon s notre Roi , à condition „que vous garderez nos Loix; linon, „non. „ La Pologne bornait auffi le pouvoir fouverain; mais ce pouvoir toujours prêt à s'élancer au-delà des barrieres, elle le trouvoit encore trop étendu. Ses Rois prenaient ou quittoient les armes à leur gré Cafimir le Grand au quatorzième fié-cle, p re lié de finir une longue guerre, lit un traite de paix dont fes ennemis exigèrent la ratification par tous les-Ordres du R oy a li- ce Jean Sobieski. iç Royaume. Les ordres convoqués refu-ferent de ratifier; & ils fen tirent dès ce moment qu'il n'étoit pas impoffible d'établir une République en confervant un Roi *). Les fondemens en furent jettes avant la mort même de Cafimir ; il n'avoifc point de fils pour lui fuccéder. Il pro-p o fa fon neveu Louis, Roi de Hongrie. Les Polonois y consentirent î mais à^des conditions qui mettoient des entraves m pouvoir abfolu. Ils avoient tenté plus d une fois de le diminuer par des révoltes: ici c'elt avçp des Traités. Le nouveau Maître les déchargeoit prefque de toute contribution. Il y avoit un ufage età li, ne défrayer la Cour dans fes voyage^, il y renonçoit II s'engageoit pareil lement à rembourfer à fes fujets les ^peines qu'il feroit contraint de faire, & les dommages même qu'ils auroient à °Uiii îr dans les guerres qu'il entreprenait contre les Puiffanees vorfines **)} rien ne coûte pour arriver au Trône. Louis y parvint, & les Sujets obtin- XIV lent encore que les chargés 6c les em- Siècle. P'°is publics feroient déformais données a vie à l'exclufion de tout Etranger, & Qu'enfin la garde des Forts & des Châ- 4 teaux JDino-loft, pag. ioj8. ) Dlugloff. pa^. uo2. i6 Histoire fceaux ne feroit plus confiée à desSeigneurs fupérieurs au relie de la Noblefle, par une naiflance qui leur donnoit trop de crédit *). Louis pofYeiïeur de deux Royaumes, préféroit le féjour de la Hongrie, où il commandoit en Maître, à celui de la Pologne, où l'on travailloit à faire des loix. Il envoya le Duc d'Oppelen pour y gouverner en fon nom. La Nation cria qu'on l'aviliffoit en lui donnant un Etranger pour la conduire ; comme fi elle n'avoit pas dans fon fein. des hommes d'Etat. L'orage groffiiloit d'un moment à l'autre. Le Roi, pour le diiïïper, rap-, pella le Duc, & lui fuBftitua trois Seigneurs Polonois , très-agréables au Peuple, avec un pouvoir fort étendu **). Ces Régens flattoient la multitude par des maniérés douces & inimuantes, par-loient de loix, de liberté, de contrepoids à la puiiTance fouveraine. Louis mourut fans être regretté, quoiqu'il méritât de l'être. Sa mort, qui fourniffoit de nouveaux alimens à l'efprit Républicain, ne laiffoit voir que ce qu'on pouvoit gagner. Sur la fin de les jours, défefpérant de donner un Succefleur au Trône , il y avoir defliné Sigismond fon gendre, avec l'approbation des Polonois , & en *) Sernic, poo-, 1149. **) Dluglcff. png. 49. de Jean Sobieski. 37 en leur cédant encore de nouveaux droits *). Ce 11'étoit pas affez pour eux d'avoir en quelque façon difpofé de la Couronne par le consentement qu'on leur avoit demandé. Ils voulurent frapper un grand coup en aboliiTant la fucceiïïon. De deux filles que Louis avoit laiffées , fi Fune devoit régner, c'étoit alTurément l'aînée, la Prince fie Marie, Femme de Sigis-mond : ils la rejetterent aufû bien que fon Mari ; & déférèrent la Couronne à fa cadette Eedwige, à condition qu'elle n'accepteroit un époux que de leurs . mains. Parmi les concurrens qui fe pré-fenterent, $ âge lion lit briller la Couron-ne de Lithuanie qu'il promit d'incorporer à celle de Pologne. C'étoit beaucoup; mais ce 11'étoit rien, s'il n'avoit fouferit à la forme Républicaine. C'eli à ce prix qu'il époula Hedwige > & qu'il fut Roi. Il y eut donc une République composée de trois Ordres: le lîoi, le Sénat, l'Ordre Equeftre. La Maj e lté refta au Roi. Le pouvoir paffa au Sénat. La 11— Ler té fut le partage de l'Ordre Eque lire, qui comprend tout le refte de la Noblef-, & qui donna bientôt des fribun.? lo us la dénomination de Notices. Ces Nonces *) Orichov. Annal, png. 6. Hiji.de So'u. T. I, B »s Histoire Nonces repréfentent tout l'Ordre Eque-itr e dans les Aflemblées générales de la Nation, qu'on nomme Diete s , & dont ils arre cent l'activité, quand ils veulent, par le droit de lreto, La République Romaine n'avoit point de Roi: mais dans fes. trois Ordres elle comptoit les Pie-kèïens, q,ui partageoient la fouveraineté avec le Sénat & l'Ordre Equeltre; & jamais peuple ne fut ni pins vertueux , ni plus grand. C'écoit d'un ton d'aliurance que les Con fui s & les A m ballade u i's di-foie ut à Rome & aux Nations: La Ma-je fié du Peuple Romain, La Pologne différente dans fes principes , tra compiè fon peuple qu'avec le bétail de fes terres. Le Sénat, qui tient la balance entre le Roi & la liberté, voit fans émotion la fervitude de cinq a lix millions d'hommes, autrefois plus heureux lorfqu'ils étoient Sarmates. C'étoit dans ce même f écle que qnntre Payfans, Mèlètald, Staujfailier, IVal-thcijurft & Guillaume Tell, arrachoient leur Patrie au joug de la Mai fon d'Autriche- mais la liberté & la législation furent communes à toU.s les Suifles. La bonne politique confitte à enchaîner au bien commun tous les Ordres de l'Etat. La République Polonoife étant encore clans fou enfance, Jagellon parut oublier à quel prix il régnoit. Un atte émané du DE JEAN SOBi ESKI. du Trône fe trouva contraire à ce qu'il avoit juré. Les nouveaux Républicains, fous tes yeux même, mirent l'acte en pièces avec leurs fabres *)« Les Rois, qui avant la Révolutiondé-cidoieut de la guerre ou de la paix, fai-foient les loix, changeoient les coutumes, abrogeoient les conftitutions, éta-WiiToient des impôts, difpofoient du tré-for public, virent palier tous ces reflorts de puiffance dans les mains de la Noblef-fe > & iis s'accoûtumerent à être contredits. Mais-cefut fous Sigisniond Augujle, XVI que la fierté Républicaine fe monta fur diecie, plus haut ton. Ce Pri tice, confultant plus fa paffioiv que les intérêts delà Pologne,avo.it époufé, fans l'aveu du Sénat, une jeune Veuve, fille de George Radziwil , Caftellan de Vilna. Les murmures éclatèrent de tou-part*, & furtout dans la Diète qui fe tint à Pétrikow, en préfence du Roi. L'Ordre Equeltre, les Sénateurs*, tons Ol'ioient, „Que le Roi étant l'Homme de »la Nation , ne devoit fe marier que pour «elle. Où font, ajoûtoient-ils, les avantages que nous-pouvons nous promettre «de cette union? Si nous la fouffrons,. «nous verrons peut - être des Rois, »au gré d'une paiiion aveugle, s'alliera B 2 des *) Okolski tom. i; ps". 349. Histoire „a es Maifons indignes da Trône, ou „pernicieufes à notre bonheur *). Toute la Dicte concluoit à ce que le Eoi lui-même prêtât fa main pour rompre les nœuds qu'il avoit formés. Ce n'étoit ni fon goût, ni fon avis. Il harangua à fon tour. Il y eut des répliques allez vives, que le Roi, outré de colere, interrompit brufquement en ordonnant la fourmilion & le filence. On fe tut pour un moment, parce que Je premier droit de la dignité Royale eft «Timpofer. Chacun fe regardait, lorf-que le plus jeune des Sénateurs, Raphael Lcscziuski., nom refpeftable pour la Pologne, pour la Lorraine & pour la France, Mai fon qui a produit plus d'une ame forte, Lesczinski fe leva, & s'adrefifant au Roi, lui demanda: „S'il avoit donc „oublié à quels hommes il prétendoit „commander: nous forrimes Polonois, „ajouta-1-il, & les Polonois, fi vous „ne les connoillez, fe font autant de „gloire d'abbailTer la hauteur des Rois „qui méprifent les loix , que d'honorer „ceux qui les refpeftent. Prenez garnie qu'en trahiflant vos fermens, vous „ne nous rendiez les nôtres. Le Roi „vo re Pere écoutoit nos avis; & c'eft à ..nous à faire en forte que déformais vous „vous *) Stanisi. Orichov, pag. de Jean Sobieski. ai jjVous prêtiez à ceux d'une République «dont vous paroiilez ignorer que vous »n' êtes que le premier Citoyen *). " Ce difeours, & tous ceux qui entrent dans la compofition de cette Hiftoire, ne (ont point des ornemens imaginés pour embellir la fcène. Un Ecrivain qui nous donneroit les avis des Miniftres dans le Confeil impenetrable d'un Monarque ab-folu; nous aurions droit de lui demander: d'où les tenez-vous? Et plus il y auroit mis de cette éloquence nerveufe, qui ne peut être que la fille de la liberté, P'us nous ferions autorités à le fufpe&er | iiction. Mais dans un Confeil Répu-lc'ain, tout fe dit en face de la Nation, °us le bouclier de la Nation mêuie; & conferve les morceaux de force. jgiimond Augufte étant mort tans en- A. 1573. ans r on pen fa encore à élever de nou-iiaT* retnPar^s a liberté. On exami- refW iOÌX anciennes- Ijes unes furent e reintes, les antres plus étendues, quel- dii^S rrUUeS a^°^es 5 & après bien des qUçU, lollsi on lit un décret qui portoit, tern 10S- ^0,s n°mmés par la Nation ne un' £lolent_aucune voie pour fe donner Pas rn^te^eUr' (lu'^s ne s'aviferoient l'Etat ProP°^er Amplement à ' ' (lUe conféquemmentils ne prends ç U 3 droient j Sta^isl. Orichov. p*. ł49ł. Histoire droient jamais la qualité à*Héritiers du Royaume; qu'il y auroit toujours auprès de leur perforine feize Sénateurs pour leur fervir de Confeil, & que, fans leur aveu, ils ne pourroient ni recevoir des Minières Etrangers , ni envoyer chez d'autres Princes; qu'ils ne leveroient point de nouvelles' troupes, & qu'ils n'or-donneroient point à la NobleJïe de monter à cheval fans l'aveu de tous les Ordres de la République; qu'ils n'admet-troient aucun Etranger au Confeil de la Nation; ik qu'ils ne leur confereroient ni charges, ni dignités, ni ftarofties; & qu'enfin ils ne pourroient pdiritfe marier, s'ils n'en a-voient auparavant obtenu la permiflion du Sénat & de l'Ordre Equestre *). Tout l'Interregne fe pafia à fe prémunir contre ce qu'on appelloit les Attentats du Trône:- ce n'eft plus un Maître qu'il nous faut, dîfoit-on; c'eft un Chef. Toutes les exprelfions dont on fefervoit auparavant pour déhgner la Pui(Tance Royale, que la volonté du Roi fait la loi, qu'il faut obéir au Roi comme à Dieu, fans examen, Roi par la grace de IJieu, & d'autres femblables, furent bannies du langage public: quelques-uns alloient pius And. Max. Fredro, png. Si. df Jean Sobieski. plus loin & prétendoient qu'un Peuple libre n'a pas befoin de Roi. Ce langage Républicain devint dans la fuite le ton dominant dans toutes les AlTemblées d'Etat. Henri de Valois en lut révolté à fon arrivée en Pologne & à fon couronnement. La Religion A. 1574. Protelhmte étoit entrée dans le Royaume fous Sigifmond 1, & fes progrès au gril] en toient à proportion des violences qu'on exerçoit contr'elle. Lorfque Henri arriva à Cracovie, on y fçavoit que Charles IX, fon Frère* venoit d'affaffiner Une partie de fes Sujets pour convertir l' autre. On craignoit qu'un Prince élevé dans une Cour fanatique & violente-, n'en apportât l'efprit. On voulut 'i' obliger à jurer une capitulation qu'il avoit déjà jurée en France en prélence des ■Ambaftadeurs de la République; & fur-tout l'article de la tolérance qu'il n'avoit juré que d'une façon vague & équivoque. ]1 y avoit deux partis, dont le plus nombreux regardoit comme fuperflu le fécond ferment qu'on éxigeoit. Tout fctoit prêt pour le Couronnement. Le ^•'imat alloit commencer îa Cérémonie, '°rfque le Palatin de Cracovie fufpendit tout par ce difeours qu'il ad refifa à ceux 'a laftion. „C'eft donc en vain que fi Vous & moi, nous nous fommes flatés »jufqu' à ce jour d'être libres. O11 fe «joue 5,4 Histoire „joue de nos privilèges; & prefque tons „nos Citoyens, par un filence infume & „perfide, fe condamnent eux-mêmes à „un efclavage éternel. Qu'ils plient à „la bonne heure fous le joug de la 1er-„vitude, ces hommes indignes de jouir „de la liberté. Mais nous, mes Freres, „qui avons tout à la fois nos loix & no-„tre Religion à foutenir, faifons voir par „notre hardi effe, ou par notre mort, „comment on s'oppofe à la tyrannie. „Vous vous rappeliez fans doute, con-„tinua-t-il, ces vœux unanimes de toute „la Nation; ces demandes équitables „qu'elle avoit faites. Penfez-vous qu'il „nous convienne de les oublier, parce „que le "Roi les méconnoit& les rejette? „Quel aviliffement, quelle honte pour „nous, fi nous attendions plus longtems „à lui faire exécuter fes promeffesl Four „moi, ajoûta-t-il, je ne fouffrirai point „un plus long délai. Il faut qu'il accepte fur le champ les conditions qu'il „a accordées, & qu'il en jure de non-„veau l' obfervation, ou dès ce même incitant, je m'oppofe à fon Sacre *)• " Sans j'éloquent Pibrac, on ne fçait s'il eût été couronné: il le fut fans renouveller le ferment: mais quelques mois après, le Caftellan de Sendomir, Offolinski, fut cliar- Hift. des Diètes dc Pol. pag. 51. de Jean Sobieski. 25 chargé, lui fixiéme, de déclarer à Henri fa prochaine dépofition, s'il ne rempiif-foit plus exactement les devoirs du Trône*). Sa fuite précipitée termina les plaintes de la Nation & fon regne. C'eft par tous ces coups de force, frappés en différens tems, que la Pologne s'elt conferve des Rois fans les craindre. Un Roi de Pologne à fon Sacre même, & en jurant les Pafîa conventa, difpenfe les Sujets du ferment d'obéiffance, en cas qu'il viole les loix de la République. LaPuiffance législative relide effentiel-lement dans la Diète, que le Roi doit convoquer tous les deux ans; & s'il y manquoit, la République a le pouvoir de s'aflembler d'elle-même; fage difpolition qui manque peut-être au gouvernement de la grande République Chrétienne. Les Diétines de chaque Palatinat précédent toujours la Diète. On y prépare les matières qui doivent fe traiter dans l'Afiëmblée générale, & on y cfioifit les repréfentans de l'Ordre Equeftre. C'eft ce qui forme la chambre des Nonces. Ces Nonces ou ces Tribuns font fi facrés, que fous le regne d'Augufte ii, un Colonel Saxon en ayant bielle un légèrement, pour •) Reinh. Heidenft. pag. 67. Hijï, un ùob.T.I, C \ H i s t o i r e pour venger une infulte qu'il en avoit reçue, fut condamné à mort & exécuté, malgré toute Ja protection du Roi. On lui fit feulement grace du Bourreau. Il palla par les armes. C'eie dans l'ancien Château deVarfo-vie où réfidoient autrefois les Rois de Pologne , qu'on affemble la- Diète. Pour connoître le Sénat qui en eft l' ame, il faut jetter les yeux fur les Evêques , les Palatins & les Caftellans. Ces deux der-nieres dignités ne font pas aufii connues que PEpifcopat. Un Palatin eli le Chef de la Nobleffe dans fonPalatinat. Il pré-llde à fes Affemblées. Il la méne au Champ Electoral pour faire (es Rois; & à la guerre lorfqu'on affemble la PoJpo-tite ou l'Arriéré-Ban. Il a aufft le droit de fixer le prix des denrées , & de regler les poids & les melures. C'eli un Gouverneur de Province. Un Cajïellan jouit des mêmes prérogatives dans fon diftrićt qui fait toujours partie d'un Palatinat; & ii repréfente le Palatin dans fon ab lence. Les Cafcellans autrefois étoient Gouverneurs des Châteaux forts & des Villes Royales. Ces Gouvernemens ont païïe aux S-taroJîes qui exercent auiïi la juftice par eux-mêmes, ou par ceux qu'ils commettent. Une bonne inlUtution, c'eft un RegLftre dont ils font dépotkaires. Tous les biens du diftrift, libres ou engagés y font de Jean Sobieski. %7 font confignés. Quiconque veut acquérir, achette en toute fureté. On ne voit qu'un Siarofte dans le Sénat, celui de Samogitie; mais on y compte deux Archevêques, quinze Evêques,trente trois Palatins & quatre-vingt-cinq Caftellans; en tout cent trente-iix Sénateurs. Les Miniftres ont place au Sénat, fans être Sénateurs ; ils font au nombre de dix en fe répétant dans l'union des deux Etats. Le Grand-Maréchal de la Couronne. Le Grand-Maréchal de Lithuanie. Le Grand-Chancelier de la Couronne. Le Grand-Chancelier de Lithuanie. Le Vice - Chancelier de la Couronne. Le Vice-Chancelier de Lithuanie. Le Grand-Tréforier de la Couronne. Le Grand-Tréforier de Lithuanie. Le Maréchal de la Cour de Pologne. Le Maréchal delà Cour de Lithuanie. Le Grand - Maréchal eft le troifiéme perfonnage de la Pologne. Il ne voit que le Primat & le Roi au-deffus de lui. Maître du Palais, c'eft de lui que les ■Ambafladeurs prennent jour pour les Audiences. Son pouvoir eft prefque illimité a la Cour & à trois lieues de circonférence. Il y veille à la sûreté du Roi & au maintien de l'ordre. 1J y connoit de tous les crimes; & il juge fanS appel. La Nation feule peut réformer fes juge-C a mens- Y$ Histoire mens, C'eft lui encore qui convoque le Sénat: & qui en impofe à ceux quivou-droient le troubler. Il a toujours des troupes à fes ordres. Le Maréchal de la Cour n'a aucun exercice de jurifdiótion que dans l'abfencedu Grand Maréchal. Le Grand-Chancelier tient les Grands Sceaux, le Vice - Chancelier les Petits. L'un des deux eftEvêque, pour connoî-tre des Affaires Eccléfiaftiques. L'un ou l'autre doit répondre au nom du Roi ety PolonoŁs ou en Latin, félon l' occafion. C'eit une chofe finguliere, que la Langue des Romains qui ne pénétrèrent jamais en Pologne, fe parle aujourd'hui communément dans cet Etat. Tout y parle Latin jufqu'aux Domeftiques. Le Grand-Tréforier eft dépofitaire des Finances de la République. Cet Argent que les Romains appelloient le Tréfordu Peuple Aerarium F oprili, la Pologne (e garde bien de le laifl'er à la difcrétion des Rois. C'efl: la Nation aflemblée, ou du moins un Senatus - Confulte qui décide de l'emploi; & le Grand-Tréforier ne doit compte qu'à la Nation. Tous ces Miniftres ne reffemblentpoint à ceux des autres Cours. Le Roi les crée; mais la République feule peut les détruire. Cependant, comme ils tiennent au Trône, la fource des grâces, &: qu'ils font de Jean Sobieski. font hommes, la République n'a pas voulu leur donner voix délibérative dans le Sénat. On donne aux Sénateurs le titre d'Excellence y & ils prétendent à celui de Mon-feigneur, que les Valets, les Serfs & la pauvre NobleiTe leur prodiguent. Le Chef du Sénat, c'eft l'Archevêque deGnefne, qu'on nomme encore Je Grand-Archevêque, & plus communément le Primat. Cette Dignité fut autrefois accompagnée du pouvoir &: de fes abus dans toute l'Europe. Ce fut un Primat de Suéde, l'Archevêque d'Uplal, qui fît maiTacrer dans un repas tout le Sénat de Stockolm, fous prétexte qu'il étoit excommunié par le Pape; & la Suéde ne voulut plus ni de Primat ni de Pape. Ce fut un Primat d'Angleterre, l'Archevêque Cratmier, qui en caffant le Mariage de Henri VIII avec Catherine d'A trago n , rompit, de concert avec fon Maître , tous les liens entre Rome & lesAn-glois. Le Czar Pierre ne trouva point de plus grands obftacles aux grandes cho-fes qu'il méditoit que la Dignité de Patriarche ou de Primat. Il l'abolit. P2n France, comme elle s'eft divifée fur plusieurs têtes qui fe la difputent, elle ne peut pas tout ce qu'elle pouvoit. En Pologne elle exilte encore dans toute fa force. C 3 Le 30 H i 8 ? o i & s Le Primat eft Légat né du S. Siège, & Cen!eur desRois: Roi lui-même enquel-que fo"te dans les Interrègnes, pendant lefquels il prend Je nom d' Inter-Roi. Auiïi les honneurs qu'il reçoit, répondent-ils à 1* Eminence lie fa place. Lorsqu'il va chez Je Roi, il y eit conduit en cérémonie; & le Roi s'avance pour le recevoir. 11 a, comme le Roi, un Maréchal, un Chancelier, une nptnbreufeGarde a cheval, avec un Timbalier & des Trompettes, qui jouent lorfqu'il eft u table , & qui i'onnent la diane & Ja retraite. On Je traite d*AlteJJe & de Prince ; & parmi les grandes prérogatives de fa place, h plus uLtje à l'Etat, c'eft la Cen fu re «font il u'e toujours avec appi au di (Terrent. Le Roi gouverne-t-il mal: le Primat eft én droit de lui faire en particulier desre-préfentations convenables. Le Roi s'ob-itine t-il: c'eft en plein Sénat, ou dansJa Diète qu'il s'arme des loix pour le ramener; & on arrête Je mal. JVlais à fup-pofer qu'un Roi eût été plus fort que la i-oi, (chofe très-difficile en Pologne) le iil de l'oppreffion fe romproit à fa mort fans paffer dans les mains du SucceiTeur. L'Interregne tranche. Le Sénat,' hors de Ja Diète, remue les refforts du Gouvernement fous Jes j'eux du Roi: ma:s le Roi ne peut ni ordou-jier_, ni violenter les i'ulïïages. La liberté de Jean Sobieskt. -3* berte fe montre jufques dans les formés extérieures. Les Sénateurs ont le fauteuil; & on les voit fe couvrir dès que le Roi fe couvre. Cependant le Senat, hors-de Ja Diète, ne décide que provili onnellement. Dans la Diète il devient législateur conjointement avec le Roi & la Chambre des Nonces. Cette Chambre reffembleroit à celle des Communes en Angleterre II, au lieu de ne représenter que laNobleffe, elle re-préfentoit le Peuple. On voit à la tête un Officier d'un grand, poids: mais dont l'office n'eft que palïager. Il a ordinairement beaucoup d' influence dans les avis de la Chambre. C'eft lui qui les porte au Sénat, & qui rapporte ceux des Sénateurs. On le nomme Maréchal de ta Diète, ou Maréchal des Nonces. 11 eft à Varfovîe plus que l'Orateur de la ChaftW bre des Communes à Londres, ce qu'étoit le Tribun du Peuple à Rome; & comme le Patricien à Rome ne pouvoit pas être Tribun, celui-ci qui eft le Tribun des Tribuns, doit être pris dans l'Ordre Equeftre , & non dans le Sénat. Lorfque la Diète eft aflemblée, toutes les portes font ouvertes à tout le monde ; parce que c'eft le bien public dont on y traite. Ceux qui n'y portent que de Ja curiofité font frappés de la grandeur du fpećtacle. Le Roi fur un Trône élevé r C 4 dont 3* H 1 s t o i ii s dont les marches font décorées des Grands Officiers de la Cour; le Primat difputant prefque de fplendeur avec le Roi ; les Sénateurs formant deux lignes auguftes; les Minières en face du Roi; les Nonces en plus grand nombre que les Sénateurs, répandus autour d'eux & fe tenant debout: les Ambaffadeurs & le Nonce du Pape y ont auiii des places marquées, fauf à la Diète à les faire retirer, lorf-qu'elle le juge à propos. Le premier Afte de la Diète, c'eft toujours la le&irre des Pacia contenta, qui renferment les obligations que le Roi a contractées avec fon Peuple; & s'il y a manqué, chaque Membre de l'Affemblée a droit d'en demander l'obfervation. Les autres Séances, pendant fìx femai-"ne-, durée ordinaire de la Diète, amènent tous les intérêts de la Nation; la Nomination aux Dignités vacantes, la difpofltion des Biens Royaux eu faveur des Militaires qui ont vieilli avec diftin-ftion fous le harnois, les comptes du Grand-Trélorier, Ja diròinuflon ou l'augmentation des impôts félon la conjoncture, les négociations dont les Amba (fadeurs de la République ont été chargés, & la maniere dont ils s'en font acquittés, les alliances à rompre ou à former, la paix ou Ja guerre , l'abrogation ou la fanction d'une de Jean Sobieski. 33 d'uneloi, l'affermiffement delà liberté, enfin tout l'ordre public. Les cinq derniers jours qu'on appelle les grands jours , font deftinés à réunir les fuffrages. Une décifion, pour avoir force de loi, doit être approuvée par les trois Ordres d'un consentement unanime, L'oppofition d'un l'eul Nonce arrête tout. Ce privilège des Nonces eft une preuve frappante des révolutions de l'efprifc humain. Il n'exiftoit pas en 165a, lorf-que Sicinki Nonce d'Upita en fit le premier ufage. Tout le monde s'éleva contre lui, difent les Hifloriens du tems. Chargé de maléd i Étions, il s'échappa aux coups de fabre, pour périr, dit-on, par le tonnerre dans la même année; & aujourd'hui ce même privilège eft ce qu'il y a de plus facré dans 1a République. Un moyen sûr d'être mis en pièces fe-roit d'en propofer l'abolition. On elt obligé de convenir que, s'il produit quelquefois le bien, il fait encore plus de mal. Un Nonce peut'non-feulement anéantir une bonne décifion; mais s'il s'en* prend à toutes, il n'a qu'à proteller & difparoître. La Diète eft rompue. 11 arrive même qu'on n'attend pas qu'elle foit formée pour penfer à la dif-foudre. Le prétexte le plus frivole devient un infiniment tranchant. En 17^ les Nonces du Palatinat deKiovie avoient C 5 dans 54 Histoire dans leurs inftraôtîons d'exiger du Roi, avant tout, l'extirpation des francs-Ma» çons : foci été qui n'effraie que les gens crédules, & qui ne faifoit aucune fenfa-tion en Pologne. Le remède aux Diètes rompues, c' eft une confédération dans laquelle on décide à la pluralité des voix, fans avoir égard aux proteftations des Nonces ; & fouvent une confédération s'éleve contre l'autre. C'eft enfuite aux Diètes générales à confirmer ou à cafter les A&es de ces confédérations. Tout cela produit de grandes cotivuliions dans l'Etat, furtout fi les Armées viennent à s'en mêler. Les affaires des Particuliers font mieux jugées, C'eft toujours la pluralité qui décide: mais point de Juges permanens» La No blefie en crée chaque année pour former deux Tribunaux Souverains: l'un à Pétrikow pour la Grande Pologne, l'autre à Lublin pour la Petite. Le Grand Duché de Lithuanie a auiTi fon Tribunal. Li Juftice s'y rend fommairement comme enAlie. Point de Procureurs, ni de procédures; quelques Avocats feulement qu'on appelle Juriltes, ou bien on plaide fa caufe loi-même. Une meilleure dif-pofition encore, c'eft que, la Juftice fe rendant gratuitement, le pauvre peut l'obtenir. Ces Tribunaux font vraiment fou- dę: Jean Sobieski, 35 fouverains ; car le Roi ne peut ri les prévenir par évocation, ni cafier leurs Arrêts Les crimes de Leze-Majejïè ou d' Etat, font jugés en Diète. La maxime que YEglife ctbhorrt le fang, ne regarde point les Evéques Polonois. Une Bulle ne Clément Vili leur permet de conseiller la guerre, d'opiner à la mort, & d'en ligner les décrets. Une chofe encore qu'on ne voit guères ailleurs; c'eli que les mêmes hommes qui délibèrent au Sénat, qui font desloix en Diète, qui. jugent dans les Tribunaux, marchent à l'ennemi. On apperçoit par-là qu'en Pologne la Robe n'elt point fé-parée de l'Ëpée. La NobJelie ayant rai fi les rênes du Gouvernement, les honneurs & tous les avantages de l'état, a penfé que c'étoit à elle feule à le défendre , en laifiant aux terres tout le relie de la Nation. C'eli aujourd'hui le féal pays où l'on voie une Cavalerie toute compofée de Genti'lhom-tties dont le Grand Duché de Lithuanie fournit un quart; & cette Cavallerie fait la principale force de l'état; car à peine l'Infanterie elt-elle comptée. Elle fe di-vife en H ouf/art s & en Pancemes: les tins & les autres compris fous Je nom commun de Towarisz: c'eft-à-dire, Camarades, C'eft ainfi que les» Généraux & le Histoire le Roi lui-même les traite. Un motpro» duit Couvent de grands effets. Les Houflarts font formés de l'élite de la Nobleffe, qui doit paffer par ce Service pour monter aux Charges & aux Dignités. La Gendarmerie du refte de l'Europe , n'eft pas comparable à celle-ci pour la beauté. Les Polonois font naturellement grands & bienfaits. Qu'on imagine donc un Cavalier d' une taille avantageu-fe, couvert d'une cuirafie embellie, un cafque fur la tête, une peau de panthère dont le mufle s'attache au devant de l'épaule gauche, le refte paffant par der-riere jufqu'à la hanche droite , une lance dorée de 14 à 15 pieds, portant àfapointe ime banderole pour épouvanter les chevaux ennemis, deux piftolets & deux fa-bres , l'un à fon côté, l'autre fous fa cuifle gauche, attaché le long de la felle. Cet li orarne ainfi armé monte un beau cheval dont le harnois eli enrichi de plaques d'or émaillé, & fouvent de pierreries. Louis XIV en vit un qui lui fut amené, & l'admira. Depuis le regne de Sobieski, on a réformé la lance pour prendre le moufque-ton, comme auparavant la pique avoit difparu de l'Infanterie Européenne. Ces piques pourtant étoient les armes de la Phalange Macédonienne; & le Maréchal de Saxe dans fes Rêveries en regrette 1' u fa go de Jean Sobie s kl 37 l'ufage pour la Légion qu'il projettoit d'établir. Ce font des rêveries, dira-t-on. Oui, mais les rêves d'un grand homme valent mieux que les veilles d'un homme ordinaire. Les Pancernes, compofés auffi de Nobleffe , 11e différent des Houflarts que par la chemife de maille en place de cuirafie; & on 11e les examine pas auiii rigoureu-fement fur leur généalogie. Ce ne font point des Régimens , mais des Compagnies de deux cent Maîtres, appartenantes aux Grands de l'Etat, fans excepter les Evéques, qui ne faifant pas le Service par eux-mêmes, donnent de fortes pen-fions à leurs Lieutenants. CetteArmée,ou plutôt ces deux Armées, Polonoife & Lithuanienne, ont chacune leur Grand-Général, indépendant l'un de l'autre. Nous avons dit que la Charge de Grand-Maréchal, après la Primatie, eft la premiere en dignité: Je Grand-Général eft fupérieur en pouvoir. Il ne con-noît prefque d'autres bornes que celles qu'il fe preferit lui-même. A l'ouverture de la Campagne, le Roi tient Con-feil avec les Sénateurs & les Chefs de l'Armée fur les opérations à faire, & dès ce moment le Grand - Général exécute arbitrairement. Il affemble les troupes , il régie les marches, il décide des batailles, il dilh'ibue les récompenfes & les Histoire les punitions, il éleve, il caffè, il fait couper des têtes, le tout fans rendre compte qu'à la République dans la Diète. Uos anciens Connétables qui ont donné des ombrages au Trône, n'étoient pas fi abfolus. Cette grande autorité n'eft fufpendue que dans le cas où le Roi commande en perfonne. Les deux Armées ont auffi respectivement un Général de Campagne, qui fe nomme Ptfit - Général. Celui-ci n'a d'autorité que celle que le Grand - Général veut lui laiffer; & il remplit en fon abfence. Un autre per fon nage, c'elt le Stragênik, qui commande l'A-vantgarde. La Pologne entretient encore un troi-fiéme corps d'Armée, Infanterie & Dragons L'emploi n'en eft pas ancien. C'elt ce qu'on appelle 1* Armée Etrangère, prefqu'entièrement compofée d'Allemands. Lorfque tout eli complet, ce qui arrive rarement, la Garde ordinaire de la Pologne eli de quarante-huit mille hommes. Une quatrième Armée, la plus nombreuse & la plus inutile, c'elt la l'ofpo-li te ou l'Arriéré - Ban. On verroit dans m befoin plus de cent cinquante mille Gentil hommes monter à cheval, pour ne connonre que la discipline qui leur eonviendroit, pour Ce révolter , fi on vouloit de Jean Sobieski. 3$ vouloit les retenir au-delà de quinze jours dans le lieu de l'Affemblée fans les faire marcher ; & pour refuier le Service , s'il falloit palier les frontières. Toutes les guerres que j'ai à décrire fous le Généralat, ou fous le regne de Sobieski, fe font faites principalement contre les Turcs & les Tartares. U11 coup d'œil rapide fur ces deux Nations, à ne les confiderei' que comme guerrie-res, eft ici néceflaire. Les Tartares, cette race des anciens Scythes, qui s'ef.t débordée du Nord de l'Aile vers des climats plus doux pour envahir fous un feul Chef *) la Chine, l'Indoftan & la Perle, plus de dix-huit cent lieues de l'Orient au Couchant" & plus de mille du Septentrion au Midi, ccs rapides Conquérans 11e fe font pas mêlés par-tout aux vaincus. Pluliëurs de leurs Hordes ou Tribus, ont voulu vivre Séparément dans leurs premieres mœurs. Il y a au Nord de la Mer Noire une grande prefqu'Iste connue dans l'Antiquité j fous le nom de Cherfonèle Tauri-Que, où les Grées portèrent leurs ar-fiies, & leur commerce, en aboli fiant ces Sacrifices impies du fameux Temple de Diane, où l'on soyoit des crânes de ViĆti- 0 Cenzis - K.\n. 40 Histoire vittitties humaines, fufpendus comme des trophées. Cette prefqu'Isle fe nomme aujourd'hui la Crimée; autour ^d'elle eft le Budziac, autrefois la BeJJ'arabie & le Nogai. Les Tartares qui habitent ces pays, font les plus intéreffans dans l' Hiftoire préfente de l'Europe, & furtout dans celle de la Pologne, à caufe du voilina-ge. Us vivent fous un Prince que nous appelions Kan, & que l'Orient appelle Ban ; c'eft-à - dire ĄJuge , la premiere fon&ion des Rois. Sa généalogie ébloui-roit tout autre qu'un Tartare, qui ne cherche de la No blefie que dans lui-même. 11 delcend du plus grand Conquérant qui ait exifté, de Genzis-Kan, par Batoucan fon petit-lils. On reconnoît encore dans les Tartares les traits & les mœurs des Scythes. Ils font trapus, larges des épaules , le cou fort court, la tête grolle , 1-a face plate & prefque ronde , des yeux de porc, le nez écrafé, le teint olivâtre, les cheveux rudes & noirs, peu de barbe. Peut-être étoient-ils encore plus hideux au tems d'Alexandre. Parme-iiion lui fit remarquer cette monftrueufe difformité à la veille de la bataille d'Ar-bèles. Il confeilloit d'attaquer de nuit, de ci'ainte qu'à la clarté du jour les Ma- io e Jean Sobieski. 41 cédoniens ne fuffent effrayés *). Ceux-ci fe familiariferent apparemment avec leur figure, lorfqu'enfuite ils allèrent les chercher dans leur propre pays fur les bords du Tanaïs, aujourd'hui le Don **). Les armes dont les Scythes fe fervoient, les Tartares les ont: la flèche , le javelot, le cimetére, & la même façon de combattre ; jamais à pied , toujours à cheval. Chaque Tartare a au moinstrois chevaux; & fi celui qu'il monte eft fatigué ou blefie, il s'élance fur un autre fans interrompre fa courfe. Il a eu foin de couper le cartilage qui fépare les naseaux, pour une refpiration plus facile. Vingt, trente lieues fans débrider, n'excèdent ni le cavalier, ni le cheval; & tous deux vivent de peu. La boiffon du Tartare, c'eft de l'eau pure, ou £ar délices du lait fermenté: fa nourriture, de la farine de millet, ou de la chair de cheval pulvérifée; fi elle eft fraîche, c'eft unfeftin: fon habit, une peau de mouton: At interdi» prirtium tefribiles occurfur as faciès Scy-tbavum. Quint, Curt. lib. 4. c. 13. Il faut apprendre à fe défier des noms. Ce fleuve fut encore nommé Amazonius à caufe des Amazones, qui, félon Strabon, n'exilte-rent nulle part. Il faut même fe défier des Auteurs les plus graves. Ptolomée & Pline le font fortir des Monts Riphécs. Les Molco-vites qui font à la fource, n'ont jamais vu de Montagnes dans le voifinage. Hift. de Sob. T. I. D 4i Histoire ton: fon lit, la terre: fa tente, le ciel: fa médecine, qui, dit-on, réuilit plus que la nôtre, du fang de cheval qu'il avale tout chaud, galopant enfuite le plus qu'il peut. Quant au cheval, l'herbe telle qu'elle fe trouve, la moufle, les écorces d'arbre lui fuffifent; & en hy-ver il cherche fa pâture fous la neige. On conçoit qu'on ne parle ni de magasins , ni de convois dans une Armée Tartare. Chaque Soldat porte tout avec lui. Les routes battues ne l'ont pas fai tes pour eux. Ils veulent toujours dérober leur marche & furprendre l'ennemi. Les fleuves ne les arrêtent point; ils les paiïent à la nage. Des hommes de cette trempe feroient encore faits pour de vaftes conquêtes, s'ils avoienc les armes, l'art & la difci-pline de l'Europe, fous un Chef habile & ambitieux. Ils n'en avoient point lorf-que les Turcs , partant du bord oriental de la Mer Cafpienne, vinrent mettre fous le joug ceux qui avoient englouti tant de pays. L'Empire Turc n'a cefle de s'aggrandir depuis Otkoman fon premier Empereur, jufques vers la fin du-dernier fède; il en a la principale obligation a fa Milice, toute différente de celle des Tartores. Les Tartares n'ont point d'infanterie : les (iengi-Chéris, Turcs que Il a u s de- Jean Soste sic t. 43 nous nommons Janiflaires, ont une réputation bien méritée. Ceux qui refi dent à Couftantinople au nombre de vingt-cinq mille, font partagés en cent foi-xante deux Oda s ou Chambres. Leur éducation fe commence dès l'âge le plus tendre. L'Aga qui les commande, les forme non feulement au manîment des armes , mais encore à toutes fortes d'exercices pénibles, à porter des fardeaux , à couper du bois, à remuer la terre, au froid & au chaud, & à tout ce qui peut endurcir le corps. Point de foldats mieux vêtus, ni mieux nourris» Chaque Oda de Janiffaires a un pourvoyeur qui leur fournit du mouton , du ris, du beurre, des légumes & du pain en abondance avec une paye qui peut augmenter en proportion du mérite. Ce bien-être prêtent, & l'efpérance d'un meilleur avenir , produifent de grands effets fur ces machines militaires. Auffi, loin d'enrôler par furprife ou par force dans un pays où le defpotifme feinble-roit tout permettre, une place de Jan affair e fe follicite, & on exige, au moins "Un an d'épreuve Les déiertiôns font inconnues; on ne deferte que pour être mieux. Les Etrangers qui voient les Jan*' fi*'l re s dans leurs Odas ou dans les rues de Conitancinople, font étonnés de leurs moeurs. Ni vol, ni affaiïmat, ni D 2 Ja 4ł Histoire r la moindre violence. Doux pour le citoyen , redoutables feulement pour le Sultan; car ils ont, par leurs loix, le pouvoir de le mettre enprifon, de ledé-pofer&de lui donner un Succeffeur *). Les Tartares , Cavalerie fans folde, plus avides du butin que de la gloire, ne combattent pas de pied ferme. La Cavalerie Turque marche & attaque en bon ordre. Dans cette Cavalerie, il y a'un corps nombreux & diftingué qu'on nomme Spahis. Leur inftitution eft bien ancienne. Ce fut Ali, Compagnon de Mahomet, qui les créa; & que ne firent-ils pas dès-lorsV Us font mieux élevés & plus civilifés que le refte des troupes. Ils fortent du Serrail où ils ont tous été employés. On lesprendroit pour la Noble ffe du pays, files Turcs en connoif-foient une autre que celle des Charges **). On voit à Conftantinople les relies des Cantacuzènes & des Palêologues dans une plus grande obfcurité que celle oùDênys vécut *) Ricaut, Hift. de l'Empire Othoman, pag. 340 & feq. Cet Auteur Anglois que je cite, a fait cinq ans de féjour à Conftantinople. Sa qualité rte Secretaire du Coinre de Winchel-fey, Atttbafl'adeur du Roi de la Grande-Bretagne, Charles II, auprès de Mahomet IV, lui a donné moyen , de faire de bonnes remarques: c'eft un Ecrivain fimple & judicieux qui lacrifie les ornemens à l'inltru&ion. **) Ricaut, pag. 31t. de Jean Sobieski. 45 vécut à Corinthe. On voit même la famille de Mahomet , Nobleffe de douze fiécles , diftinguée feulement par un turban verd, gagner fa vie en fai fant le com merce *). Le Spahis ne changeroitpaà fon état pour une fi belle généalogie. Ses armes font un cimetère , une lance, & un dard long de deux pieds. Il a auffi des armes à feu dont il fait peu de cas. Le cafque & la cotte de maille fou-tiennent fa valeur. Sa paye, comme celle du JaniHaire, n'a point de bornes fixes. Une tête d'ennemi la fait augmenter de deux afpres **). Elle augmente encore s'il donne avis de la mort d'un de fes camarades : politique du Sultan pour ne jamais payer des hommes morts. Mais ce qui acheve de rendre la condition des Spahis très-avantageufe, ce font les Ti-mars dont on les gratifie. Ces fiefs ou bénéfices militaires retournent dans la main du Sultan à la mort du Timariot; fi bien que le Prince a toujours de quoi ré-compenfer le mérite fans s'appauvrir, & de-là naiflent des afrions de valeur extraordinaires. Dans un aflaut que donnèrent les Turcs à une fortereffe de Hongrie, un de ces fiefs fut donné huit fois en un jour. Sept Spahis qui le difpu-D 3 toięnt Ricaut, p. 203 & 130. **) L'afpre vaut S den. de France. 4 6 Histoire toient furent tues. Le huitième l'emporta *). 11 faut faire attention que ces Spahis font de fimples Cavaliers; & que la gloire qui fuffit à l'Officiel- (vérité pourtant qu'il ne faudroit pas trop approfondir) eft communément pour le Soldat un reffort trop foible. Le Législateur Pontife & Roi, Mahomet, n'a rien oublié d'ailleurs pour chaf-fer la crainte & exalter le courage. Il eft écrit dans l'Alcoran, que les jours de l'Homme font irrévocablement comptés ; & qu'on ne doit point fuir d'une niaifon où la pefîc eft entrée. 11 eft encore écrit que quiconque meurt en combattant, paff'e aux joies du Ciel avec la couronne du martyre, C'étoit déjà la dottrine des anciens Romains **). Le Soldat Chrétien , pour peu qu'il réfi èchi lì e fur les devoirs de fa Religion, en facrifiant fa vie, craint encore J'enfer. Si du moins cette crainte le ren doit plus fage! Le vin défendu par la loi de Mahomet, l'eft encore plus févérer.as ce qu'ils ont exécuté alors. Mais il eit encore vrai que leur puiilance eit plus refpeftée en Pologne que dans la plû-part des états Catholiques Une Nation qui a pris fur elle de faire fes Rois, n'a pas oie les proclamer fans la per mii iloti cłu Pape: c'elt une Bulle de Sixte Z7, qui a donné ce pouvoir au Primat. On voit eonftammeut à Vari'ovie un Nonce Apo-ftolique avec une étendue de pouvoir qu'on ne fauffre point ailleurs. Il n'en a pourtant pas allez pour maintenir l'in-difl'olubilité du Mariage. Il n'eft pas rare, en Pologne, d'entendre dire à des Maris, ma Femme qui riejî plus ma Femme. Les E\ëqucs témoins & juges de ces divorces, s'en confolent avec leurs grands revenus. Les limples Prêtres paroiiTent très-refpe&ueux pour les Saints Canons, & ils ont plufieurs bénéfices k charge d'ames. La Pologne, telle qu'elle eft aujourd'hui dans le moral & dans le phyiique, pré-fente des contralles bien frappans: la Dignité Royale avee le nom de République,. des Loix avec l'Anarchie féodale, des traits informes de la. République Romaine avec la Barbarie Gothique, l'abon-dartcą & la pauvreté. La Nature a mis dans cet Etat tout ce qu'il faut pour l'enrichir, blés, pâturages, beiliaiLx, òe. Jean Sobieski. beftiaux, laines, cuirs, falines , métaux, minéraux ; & l'Europe n'a point de peuple plus pauvre. La plus grande fourco-de l'argent qui roule en, Pologne, c'elt la vente de la Royauté. La Terre & l'Eau, tout y appelle xm g,rand commerce ; & Je commerce ne s'y; montre pus. Tant de Rivieres & die beaux Fleuves, la Duna, le Bog, le Nie-Jlev, la Viflule, le Niémen, le Boryflhène, ne fervent qu'à figurer dans les Cartes Géographiques. On a remarqué, avant moi, qu'il feroit aifé de joindre par des canaux l'Océan feptentrional & la Mer noire, pour embrafier le commerce de l'Orient & de l'Occident. Mais, loin de conitruire des VaiiTeaux Marchands, la Pologne qui a éié infultée pîerfieurs fois par desFlotes, n'a pas même penfé à line Marine guerriere'. Cet Etat, plus grand que la France, ne compte que lix millions d'habitans; & il laide la quatrième partie de fes terres en friche, terres excellentes;' perte d' autant plus déplorable. Cet Etat,, large de deux cens de nos lieues, & long de quatre cens, auroit be-foin d'armées nombreuses pour garder fes v aft es frontières: il peut à peine fou-doyer quarante mille hommes, Un Roi, qui l'a gouverné quelque tems, & qui nous montre dans une Province deFraa-F a ce <58 jrf i s t o i 1< e ce, ce qu'il aur oit pu exécuter dans un Royaume; ce Prince fait pour écrire & pour agir, nous dit *) qu'il y a des Filles en Europe dont te tré for ejl plus opulent que celui de la Pologne, & il nous fait entendre que deux ou trois Commerçons d' Amfier dam ou de Londres négocient pour des fomme s plus confidò râbles que n'en rapporte tout le Domaine de la République. Elle ne fait pas réflexion, cette République, que la puifiance de la Hollande a eu pour principe la pèche du hareng, & la façon de le faler. Ce n'eft pas la République Romaine dans le bon tems. Les Sénateurs vi voient dans la médiocrité; & 1' F.tat étoit riche. Des Palatins ont des troupes à leur folde pour s'entre-détruire; & la République eft trop pauvre pour fe défendre. Prend-elle les armes: les deux corps d'armée qui font fa garde ordinaire , celui de Pologne, &. celui de Lithuanie, indépen-daus l'un de l'autre, fous deux grands Généraux, manquent de cette unité qui réunit les forces. 11 eft arrivé plus d'une fois que l'un marchant, l'autre s'eft arrêté. Us fe font même menacés. Le luxe eft entré dans les maifons, & .les villes font dégoûtantes par des boues affreu- La voix libre du Citoyen, pag. 247 & as?» js Jean Sobieski. 69 afireufes. Varfovie n'eft pavée que depuis dix à douze ans. Le comble de l'efclavage & l'excès de la liberté femblent difputer à qui détruira la Pologne. La Noblefle peut tout ce qu'elle veut. Le corps de la Nation eft dans la fervitude. L'exemple du Danne-marck eft jufqu'à préfent une leçon fort inutile pour cette Noblefle. Par-tout où les Grands ont trop abbattu le Peuple, celui-ci les a livrés eux-mêmes à uti Maître defpotique. Tous les hommes font nés égaux: c'eft une vérité qu'on n'arrachera jamais du cœur humain; & fi l'inégalité des conditions eft devenue néceffaire, il faut du moins l'adoucir par la liberté naturelle, & par l'égalité des Loix. Un Noble Polonois, quelque crime qu'il ait commis, ne peut être arrêté qu'après avoir été condamné dans l'af-femblée des Ordres: c'eft lui ouvrir toutes les portes pour fe fauver. Il y a une loi plus affreufe que l'homicide même qu'elle veut réprimer. Ce Noble qui a tué un de fes Serfs, met quinze livres iurlafoiïe; Se fi le Payfan appartient à Un autre Noble , la loi de l'honneur l'oblige feulement à en rendre un. C'eft un bœuf pour un bœuf. Le Liberum veto dorme plus de force a' un feul Noble qu'à la République. Il enchaine par un mot les volontés unani-F 3 mes 1a Histoirł mes de la Nation; & s'il part de l'endroit où le tient la i lè , gelions. L'Hiftoire eft obligée d'infifter fur la Nobleffe Polonoife, puifque le Peuple pas compté. Le droit d'élire fes Rois eft celui qui la flatte le plus, & qui la fert le moins. Elle vend ordinairement f» Le fouet. tiijldeSob. T. /. G 74 Histoire fa Couronne au ^Candidat qui a le plus d'argent. Elle crie dans le champ électoral qu'elle veut des Princes qui gouvernent avec fageffe; & depuis le regne de Cafimir le Grand, elle a cherché en Hongrie, en Tranfylvanie, en France & en Allemagne, des Etrangers qui n'ont aucune connoiffance -de fes mœurs, de fes préjugés, de fa langue., de fes intérêts, de les loix, de fes ufages. Qui verroit un Roi de Pologae dans la pompe de la Majefté Royale, le croiroit le Monarque le-plus riche & le plus ab-fblu. "Ni l'un ni l'autre. La République r*e lui donne que fix.cent mille écuspour l'entretien de fa Maifon; & dans toute conteftation les Polonois jugent toujours que le .Roi a tort. >.Comme c'eft lui qui prènde aux Confeils & qui publie les décrets , ils l4 appellent la Bouche, & non l ' Ame de la République. Ils le comparant encore au Roi des Abeilles, qui, félon d'anciens Naturai i ftes, eft fans aiguillon. Ils le gardent à vue dans l'ad-miniftration: quatre Sénateurs doivent l'obferver par- tout fous peine d'une a-mende pécuniaire. Son Chancelier lui refufe le fceau pour les chofes qu'il ne croit pas juftes. Son rand-.Chambellan a droit de le fouiller; aul'ij. ne donue-t-il cette Charge qu'à un Favori. Ses Sujets fe pafTent mutuellement; des transgreffions de Jean Sobieski. 75 fions qu'ils ne lui pardonneroient pas. Us lui oppofent fans celle le bouclier de la liberté dont ils abufent. Auffi difent-ils aux aucres Nations: nous avons un Roi, mais le Roi vous a. Cependant ces hommes fi hauts vi s-a vis de leur Maître, fe complimentent en efclaves : je tombe à vos pieds, je me mets fous la femelle de vos fouliers ; & ilsfouf-frent patiemment une exclullon humiliante. Le Roi, lorfqu'il mange en cérémonie, admet les AmbaIXadeurs étrangers à fa table, jamais les Grands de l'Etat: ils font occupés à le lervir, en lui liant les mains. La Pologne eftpeut-^tre le feul Royaume où le Roi n'ait pas droit de faire battre monnoie: la République l'en a dépouillé» Ce Roi, tel qu'il eft, joue pourtant un beau rôle , s'il fçait fe contenter de faire du bien , fans le pouvoir de nuire. Il difpofe, non-feulement, comme les autres Souverains, de toutes les grandes Charges du Royaume & de la Cour, des Evêchés & des Abbayes qui font prefitte toutes en Commende ; car la République n'a pas voulu que des Moines qui °nt renoncé aux richefTes & à l'état de Citoyen, pofTédaiïent au-delà du nécef-faire : il a encore un autre tréfor qui ne s épuife pas. Un tiers de ce grand Royaume eft en biens Royaux, Tènutes, G a Ad- 7 6 Histoire Advocaties, Starojłies, depuis fept mille livres de revenus, jufqu'à cent mille. Ces biens Royaux, le Roi ne pouvant fe les approprier, eft obligé de les diltri-buer; & ils ne paflent point du pere au fils aux dépens du mérite. On dit communément qu'il n'y a point d'heure dans la journée, où le Roi de Pologne n'ait des grâces à répandre. Pour achever le tableau de la Pologne, il faut crayonner ceux qui l'ont gouvernée. Laiiibns dans la poudre le vulgaire des Princes. Elle compte des Chefs in-teiligens, aftifs & laborieux plus qu'aucun autre Etat; & ce n'eit pas le hazard qui lui a donné cet avantage. C'elt 1* nature de fa conftitution. Dès le quatorzième fiécle elle a fait fes Rois: ce ne font pas des eufans qui naiûent avec la Couronne, avant que d'avoir des vertus, & qui, dans la maturité de l'âge, peuvent encore fommeiller fur le Trône. Un Roi de Pologne doit payer de fa per-fonne dans le Sénat, dans les Diètes & à la téte des Arm'ées. Si l'on n'admire que les vertus guer-rieres, la Pologne a eu prefqu'autant de grands Princes qu'elle a eu de Souverains. Mais fi l'on ne veut compter que ceux qui ont voulu là faire plus grande & plus heureufe qu'elle ne l'eft, il y a beaucoup à rabattre. Leck * DE Jean sobteskit' 7j " 'i Leck la tira des'forêts & de la vie er-rante pour la fixer & la civilifer. L'Hi-j ciali'c. ftoire ne nous a pas conferve fon caraterei mais on fait en général que les fondateurs des Empires, ont tous eu de la tête & de l'exécution. Leck avoitbe-foin de l'une & de l'autre pour gouverner des Sauvages qui ne connoiûbient que l'égalité naturelle. Cractis leur donna les premîeres idées .y11 de la Juftice en établiffant des Tribunaux pour décider les différends des Particuliers. L'ordre régna où la licence do-rciinoit; Cracovie idolâtre honora long-tenu fon tombeau: c'étoit fon Palladium *). Piajl enfeigna la vertu en la montrant dans- lui - même. Ce qu'il ne pouvoit ob- 'V tenir par la force du commandement, il le perfuadoit par la raifoti & par l'exemple. Son regne s'écoula dans la paix; & des barbares commencèrent à devenir Citoyens **). JZiemovit, plus guerrier, les difciplina. 'X Jufqu'alors femblables à des torrens.qui'n CLiÏFJ abandonnent rapidement les terres qu'ils défolent, ils n'avoient connu que les irruptions palTageres. Ils apprirent à com-G 3 battre *) tMugtofl". Hb. 1. pag. 50. Cromer, lib. 2. pag. 40. 78 H IS T 0 U S battre de pied ferme, à vaincre en rêiî-ftant, & à garder leurs conquêtes *). S Je î e Bot estas Chrobri travailla à réformer M Cla'fT. leurs ufages, à déraciner leurs préjugés, à régler leur courage, qui abufoit trop fou vent de la vi&oire. Plein d'entrailles, il les accoûtumoit à regarder leur Souverain comme leur Perej & l'obéif-fance ne leur coûtoit rien**). Sićde Cafimir I fit entrevoir les Sciences & 'l Cla'fT,.'es Lettres dans une terre fauvage où elles n'étoient jamais entrées f). La culture groffiere qu'on leur donna d'abord, attendait des Cèdes plus favorables pour produire de meilleurs fruits. Ces fruits ont encore aujourd'hui une certaine âpre-té. Maisletems, qui mûrit tout, achèvera un jour en Pologne, ce qu'il a perfectionné en d'autres climats. Cafimir II, qui ne fut nommé le £fujle tLChiI Qu'après l'avoir mérité, protégea les gens de la campagne contre la tyrannie de la î\'obleffe. Ces malheureux étoient obligés de fournir à tout Noble qui voya-geoit le logement, la nourriture, des chevaux & tous les befoins du voyage, li abolit ces vexations, |j;), & fi la No- blefTe *3 Chronić. Pol. tom. i. pcig. 4. **) Hartknoch, Jib. 1. pag. 65. f) Sarnie. Annal. Pol. lib. VI. cap^g, +-0 Dlugleff. pag.. 512. de Jean Sobieski. 79 blefife àvoit penfé comme certains de fes Rois, il n'y auroit plus de ler-vitude en Pologne. Cafimir III, ou Cafimir le Grand, qu'on • XIV^ appeiloit aufii le Roi des Payfans, vou" n Qafî.. lut les mettre en liberté; & n'ayant pu y réuiiir, il demandoit à ces bonnes gens, lorfqu'ils venoient f« plaindre, s'il n'y avoit chez eux ni pierres, ni bâtons pour fe défendre. Cette obftination de la No-blefie Polonoife à retenir le Peuple dans la fervitude, n'a pu être furmontée ni par" l'autorité du Pape Alexandre 111, qui déclara, au nom d'un Concile, que tous les Chrétiens devoient etre libres, ni pai' l'exemple de la France & de l'Angleteiie où la tyrannie féodale ne regne plus, ni par la forme Républicaine fi ennemie de tout ce qui fent l'efclavage. Cafimii eut les plus grands fuccès dans toutes les autres parties du gouvernement. C'eft à lui que la Pologne doit fes premieres for-tereiTes, avantage qu'elle n'a pas fenti, puifqu'au lieu d'y en ajouter, elle-les a négligées. C'eft lui qui eHaya de chafler la barbarie du domaine des Arts. Des Villes nouvelles parurent & fervirent de modèle pour rebâtir les anciennes. Des monumens s'éleverent aufii beaux qu ils pouvoient l'être alors. Il appella les plus habiles Maîtres, qui malheureufement ne- G 4 t° Histoire éto'ent gnêres *). S'il eût vécu deux fié-des plus tard, vers le tems de Léon X, la Pologne ne feroit peut-être pas ce qu'elle eft encore aujourd'hui. C'eft lui auffi, qui s'étant apperçu que les loixprimordiales ne convenoient plus ni aux in-téiets, ni aux mœurs de la Pologne, en fit un nouveau corps qui la régie encore a pi efent. 11 eut toutes les grandes qualités d -Augufte, & plus de valeur. Oit lui decerna les honneurs du triomphe, ufage qui enfantoit des Héros chez d'anciens peuples, qui regardoient l'émulation comme un des premiers refforts de i Etat. ^ 11 tut le dernier des Piajft, race qui a régné 528 ans. Jagellon qui commença la troisième, ioutint & augmenta tous les biens que feu Prédéceffeurs avoient faits. Il fit tout ce qu'il voulut avec une Nation d'autant plus difficile à gouverner, que fa liberté naiffante étoit toujours en garde contre les entreprifes de la Royauté. Il étonna fes Sujets par la douceur de fes mœurs; car n'étant encore que Duc de Lithuanie, il avoit effrayé le Nord en fai-fant mourir fon Oncle. Changé tout à coup , en commandant à un peuple libre, il fentit l'heureufe néceflité d'être bon. Il mefura fes forces avec celles de Sigif- mond, *) Sarnie. Annal. Pol. pag. 1147. Cromer. p. 319. de Jean Sobieski. Sr imônd, qui, après avoir été enterré tout vivant, dans un cachot de 80 pieds de profondeur, en fut tiré au bout de fix mois pour joindre fa Couronne de Hongrie à celles de Bohême & de l'Empire. Jagellon auroit pu lui enlever la premiere que les Hongrois même lui of-froient. Prêt à vaincre, il céda dans la crainte de déchirer la Pologne en voulant l'étendre *). Il eft étonnant queleTrône, toujours éleétif dans fa race, n'en foit pas forti pendant près de quatre cens ans ; tandis qu'ailleurs des Couronnes héréditaires palToient à des familles étrangères. Cela montre combien les événemens trompent la fagefie humaine. Le Fils de Jagellon, Uladislas VI, n'avoit que dix ans lorfqu'on l'éleva au Sl®c,e' Trône: chofe bien finguliere dans une Nation qui pouvoit donner fa Couronné à un Héros tout formé; c'eft qu'on en appercevoit déjà l'ame à travers les nuages de l'enfance. La République nomma autant de Régens qu'il y avoit de Provinces; &: desBurrhus fe chargeront d'i n-ftruire l'Homme de la Nation. Il prit les rênes de l'Etat à dix-huit ans; & en deux ans de régne, il égala les grands Rois. Il triompha des forces de la Mai-fon d'Autriche. 11 fe fit couronner Roi G 1 de Neugebauer. Hift. Pol. pag. 23g. tz Histoire de Hongrie, il fut le premier Roi de Pologne qui ofa lutter contre la fortune de l'Empire Othoman. Amurath II après avoir faccagé la Tranfylvanie & la Servie , menaçoit la Hongrie &: toute l'Europe. Le jeune Uiadislas arrêta fes Conquêtes, & l'obligea à demander la paix, qui fut jurée fur l'Evangile & fur l'Alco-ran. Le Pape la rompit, & fon Légat le Cardinal Julien Céfarini, donna l'absolution du parjure. C'eft fous de tels aulpices, qu'Uiadislas tournant vers le Pont-Euxin, entra dans la Bulgarie, & trouva, près de Varne, le Sultan à la tête «le cent mille Turcs contre vingt-cinq mille Polonois. Au premier choc les imufulmar.s lâchèrent le pied; & ce fufc alors que le Sultan, tirant de fon fein le Traité rompu, qu'il fit attacher au bout d'une lance, s'écria: Dieu, qui punis les parjures, venge cet outrage fait aux loix des Nations *). A peine a-t-il achevé qu'il ramene fes troupes au combat. L'en-thufiafme Mufulman fe rallume, l'aile droite des Chrétiens plie, le défordre s'augmente à chaque inflant, & Uiadislas tombe fans vie: fa tête coupée par un ja-niffaire, & portée de rang en rang, achevé la déroute **). A peine avoit-il vingt ans f *) Sarnie, lib. 7. chap. 6. DlugloiT. pag. 795. **) DlugloiT. pag. 8c8 & 811. de Jean Sobieski. 83 ans; & îa Pologne, regrettant également l'avenir & le palfé, ne verfa jamais des larmes plus ameres. Les Hiftoriens s'accordent à dire que dans le feu des parlions, il ne ternit jamais fes vertus par aucun vice. S'il fut parjure env ers A murât, on croyoit alors qu'on pouvoit manquer de foi aux Infidèles. Le Légat qui avoit fan&ifié le parjure, périt au paffage d'une riviere. La Pologne n'elïuya bien fes larmes, que fous le régne de Sigifmond I. Ce Prince eut XVI un bonheur bien rare dans la Diète d'éle-ttion: il fut nommé Roi par acclamation.,,Race des fans divifion de fuffrages*). Une autre fa» Jage'-veur de la fortune lui arriva, parce que les loRS° grands hommes favent la fixer. Il abbattit la puiflance d'un Ordre Religieux qui dé-foloit la Pologne depuis trois fiécles. Les Chevaliers Teutoniques, chafles de la Palesine, où ils avoient foin de malades, a-voient trouvé un alile en Pologne fous Je régne de Boleslas V. Ils eurent un zélé XIII infatigable pour convertir la Pruffe au Chriftianifme, parce que fe fervant de RaCe clé l'épée plus avantageufement que de la Piaft. Croix, ils en ufurperent la Souveraineté qui appartenoit à la Pologne. C'elt-là qu'ils forgerent tant de foudres pour accabler leur bienfaitrice. Tous les Régnes, Neugebauer. lib. 7, f4 HisToim gnes, depuis celui deBoleslas, en avoient été frappés plus ou moins. On comp-toit fous Cafìmir IV, en douze ans de guerre feulement, dix-huit mille villages incendiés & trois cent mille combattant, qui avoient enfanglanté la fcène. Tant de deftrućtions & de viftimes immolées à l'ambition de ces Religieux, ne les ef-frayoient pas. Ils avoient égorgé de fangfroid plus de dix mille habitans de Dantzig, fans épargner ni les femmes ni les enfans *). Ils avoient fait trancher la tête, au milieu d'un feftin, à une foule de Nobles, qui ne vouloieut pas entrer dans leurs violences. Uladislas Loketek, Jagellon , Cafimir, avoient attaqué l'hydre, qui reprenoit toujours dç .nouvelles forces. Sigifmond l'extermina enfin; & la Pologne fut délivrée du plus grand fléau qui l'ait jamais affligée. Sigifmond étoit doué d'une force extraordinaire, qui le failoit paflfer pour l'Hercule de fou tems **). 11 brifoit les métaux les plus durs; & il avoit l'ame auiîi forte que le corps. Il a vécu 82 ans, prefque toujours victorieux, refpe&é & ménagé par tous les Souverains, par Soliman même qui ne ménageoit rien. C'eft fous p DIuglofT. pag. 949. #) P.iftor ab Hirtenberg. pag. 207. Cromer. pag. 6g. DE jEAff SOBIESKï, fous lui que fe formèrent tant de grands Généraux qui ont illuftré la Pologne, un Duc d'Oftrog, un Kaminiecki, un Fir-ley , un Lanczkoronski , un Zaremba, un Sieniawski, un Tarnowski, un Pret-ficz. On ne favoit alors à qui donner le prix des Souverains, à François I, à Charles-Quint, ou à lui, fupérieurpeut-être à tous deux, en ce que, plus jaloux du bonheur de fes peuples que de fa gloire, il s'appliqua conftamment à rendre la Nation plus équitable que fes loix, les mœurs plus fociables, les villes plusflo-riflantes, les bâtimens publics plus décens , les Maifons des Seigneurs plus commodes , les campagnes plus cultivées , les Arts & les Sciences plus honorés, la Religion même plus épurée *). Perfonne ne lui reflembla plus, parmi A.M7 fes fucceflèurs, qu'Etienne Battori, Prin- ^ ce de Tranfylvanie, à qui la Pologne donna fa Couronne, après la fuite de Henri de Valois. Il fefit une loi de ne diftribuer les honneurs & les emplois qu'au mérite. Il réforma les abus qui s'étoient accumulés dans l'adminiftration delà Juftice. 11 fit des ordonnances militaires, qui aflujettirent les Polonois & les Cofaques à toute la difcipline peut-être dont ils font fufceptibles. Il entretint #) Cramer, pag. 702 & 709. ii Histoire tretìnt le calme au-dedans, & il contint les Tartares, les Mofcovites & les Co-faques. Il régna dix ans: c'étoit affez pour fa gloire, pas affez pour la République. WCLf Sigismond III, Prince de Suéde, lui a " fuccéda fans le remplacer. Il n'eut ni les mêmes qualités, ni le même bonheur. Il perdit un Royaume héréditaire pour gagner une Couronne éleftive. Il manqua l'occafion de conquérir laMofco-vie, & peut-être de recouvrer la Suéde. 11 laifìa enlever à la Pologne, par Guiia-ve Adolphe , Elbing , Marienbourg , & l'une de fes plus belles Provinces, la Li-vonie. Il avoit deux défauts qui caufent ordinairement de grands malheurs. Il étoit borné & obftiné. Fin du premier Livre. HIS T 01- ûe Jean Sobieski. $7 HISTOIRE . D E JEAN SOBIESKI, ROI DE POLOGNE. LIVRE II. Ce fut fous le Régne de Sigifmond III, en 1629, que Jean Sobieski, dont j'écris l'Hiftoire, vint au monde, dans le tems que Louis XIII régnoit en France; le malheureux Charles I, en Angleterre; le victorieux Guftave Adolphe, en Suéde: dans le tems que la Pologne étoit entraînée dans des guerres qui n'ont fini qu'avec le fiécle, il lui naif-folt un Détenteur dans le Château d'O-lesko , petite Ville du Palatinat de Ruf-fie. Sobieski fortoit de deux anciennes Maifons, dont les Généalogiites Polo-nois, aufli entreprenans que ceux de France, ont pofé les premières pierres dans la nuit des fiécles. Une véritéplus confiante, c'eft qu'on remarquoit dans l'une & dans l'autre, une lucceffion de vertus, Histoire vertus , qui étoit bien au-delTus de la plus haute généalogie. Le fameux Żółkiewski, Ayeul maternel de Sobieski , avoit battu les Mof-covites en 1610, pris Mofcow & le Czar Bafile, qu'il amena au Roi Sigifmond III *). Les monumens de cette viftoire fe vo-yoient encore au platfonds du Château de Varfovie, lorfque le Czar Pierre fut appelle en Pologne , pour défendre le "Roi Augufte, contre Charles XII. Il les fit enlever : mais l'Hiftoire refte. En i5ao, Żółkiewski s'étoit ouvert un paf-fage à travers cent mille eombattans, qui l'inveftiiïoient en Moldavie , Turcs & Tartares. Il failoit fa retraite devant cette armée formidable , toujours fuivi & harcelé pendant une marche de cent lieues. Arrivé aux frontières de Pologne , fur les bords du Nieller , fleuve tranquile qu'Ovide a connu, fous le nom de Tyras **), il ne s'attendoit pas à être trahi par les fiens. Sa Cavalerie, lafle d'enviiager la mort, faifit le premier moyen d'échapper en fe jettant à la nage , abandonnant ainfi fon Général, avec l'Infanterie. Il avoit un fils à côté de lui qui le fupplioit de penfer à fon propre Lengnich, Hift. Pol. pag. 117. **) - - - Nu/lo tardior attive Tyras. Ex Ponto, Epiit. 10, v. jo DE JEAN SOLETE S KÌ. S9 pre falut. Il répondit que ta République lui avoit confié ïArmée entier e. Il vit tailler en pièces cette Infanterie qui lui re-ftoit. Il vit expirer fon fils; & lui-même, percé de coups, ne lui furvécut quelques#heures que pour mourir avec-plus d'horreur. Le Général Turc lui fit couper la tête, & l'envoya au Serrai! pour rafiurer l'Empire Othoman *). Cette tête fut rachetée; & le même tombeau renferma le pere «Se l'enfant, avec cette Infcription Latine: Exoriare aliquis, noflris ex oJJibusy ultor. Puilïe un vengeur fortir de nos cendres! Il relloit un fils qui voulut être ce vengeur. Il attaqua les Tartares avec un courage bien au-deffus de fes forces, qui ne confiftoient qu'en une petite' troupe foudoyée par lui-même. Il fut accablé par le nombre; & payant de fa tête, après le combat,, il fut réuni au* fiens. La gloire de venger les Żółkiewski, étoit rélervée à Sobieski, leur defceń-dant dans la ligne féminine. Il ne lut jamais , fans émotion , PEpitaphe qui l'invitoit à la vengeance. La République ne fe contenta pas de ce monument dome- *) Lengaich, pag. 12$. fflji. deSob. T.I. H *o Histoire domcftique. Elle fçavoit que l'immortalité .dans la mémoire des hommes eli: tout à la fois la récompenfe & le germe des Héros.. Une pyramide que les Turcs & 1 es Tar tares même ont refpećtee juf-q.u'à préfent, s'éleva fur le lieu^où avoit coulé ce fang généreux, pour apprendre a la poftéritéj comment on doit mourir pour la patrie. Celt ce qu'on y lit encore en quatre Langues», L'Hiftoire des Żółkiewski, nous fo urlìi t'oit une foule de traits héroïques fi elle entroit directement dans notre fu-jet & ce n'eft pas feulement dans la Maifon de fa Mere, que Jean Sobieski trouvoit des Héros à imiter. Son Ayeul paternel , Marc Sobieski, Palatin de Lublin , lui avoit laiiie de grands exemples. C'efHui qui, dans la Bataille, où Michel, Hofpodar de Moldavie, fut \aincu, détermina le fuccès» On: alloit prendre* un chemin qui expo-voie les troupes à. périr par la'difficulté des vi vres-, &: par le feu de l'ennemi. ' U en indiqua un autre qui conduifit à. la vi-élou'e; & dans 1'aćtion, il montra qu'il favoit combattre aulïl bien que conseiller :: c'eifc lui encore qui défit les Rebelles TDanrzicois en 1-577', auprès de Dir- tfhaw *),. & qui fe jetta- dans la Viftu- le> Ville die Prufîe dans le Palatihat de Cuira» de jean- sobies'ict. le , en pourfiiivant leur Général , qu'il atteignit, & tua de fa propre main au milieu des flots. Cela fe paffoit fous les yeux de fon Roi Etienne Battoli, qui dit plus d'une fois que, s'il falloit com<-mettre la fortune de la Pologne à lin combat fingulier, eomme autrefois celle' de Rome fut confiée aux Horaces, il n'héilteroit pas de nommer le Palatin de Lubiin. L'intrépide Palatin périt à l'atta [ue de So kol , Forrerefie Mofcovite-que les Polonois prirent d'afiaut. Tel fut l'Ayeul de Jean Sobieski; & fon Pere, Jacques Sobieski , ne dégénéra pas. Avant que de monter aux Charges , il fut élu quarre fois Maréchal de la Diète. On le regardoit comme le bouclier de la: liberté ; & il entra dans le Sénat pour y occuper la feconde place. Il fu-t Caltela łan de Cracovie. Ce Calteli a-a, tout à fait hors de rang, ejft aai-deiïus des Palatins mêmes. Dans la Pofpolite, il a l'honneur de fe mettre à- la téte de la. No bielle , au préjudice du Palatin de-Cracovie: récompenfe d'une victoire, où* le Palatin prit la fuite, tandis que le Ca-ftellan, fon Lieutenant, tint ferme, & vainquit» Il eft auffi le premier Sénateur d'Epée, comme le Primat eft le premier Sénateur d'Eglife. Tous deux ont le1 titre d'/Iitejje, H 1 Jac- Histoire Jacques Sobieski étoit propre à. fervïr la Répubiique de plus d'une façon, parce que les Sénateurs Polonois , formés à cet égard fur ceux de l'ancienne Rome, connoiiïent également les armes & les loix. La Pologne fe fouviendra long-tems de la fameufe bataille de Choczin *) en 1621. Le jeune Prince Uladislas, fils du Roi Sigifmond III, y avoit l'honneur du commandement: Jacques Sobieski, la réalité, en i'abfence du Grand-Général. Deux cent mille Turcs & Tartares y fu-rent défaits par foixante-cinq mille Polonois & Cofaques; & comme l'Héros du jour étoit auffi propre à. négocier qu'à combattre , il fut envoyé à Conftanti-nople pour ligner la Paix, que la Porte vaincue dera and oit. Toutes les fois que la République eut befoin d'un homme de tête dans les Cours étrangères, en Suéde, en France, en Italie, eile jetta les yeux fur Jacques Sobieski, & s'en trouva bien. 11 avoit époufé Théophile Żółkiewska, Fille du grand Żółkiewski, &c héritiere de tous les biens que cettepuif-fante Mai fon pofledoit dans le Palatinat de RuiEe 11 en eut deux fils Marc & *) Ville de la Moldavie fur le Niefter. **} Ces biens étorent plus confîdéraWes que beaucoup de Souverainetés en Italie ou en Allemagne. La terre de Zolkiew a Ville fortifiée avec de Jean Sobieski. çj &: Sfean. Leur éducation fut un devoir facré pour lui, & il en partagea le» foins. Tout occupé qu'il étoit dans le Sénat & dans les Armées, il ne négligea pas les Lettres. 11 favoit que Céfar avoit écrit fes Commentaires en fubjliguant les Gaules. On voit dans les Bibliothèques Polonoifes des Ouvrages de Jacques Sobieski; & quiconque écrit pour le Public (fut-ce médiocrement) marque toujours une ame plus aftive. On admire aulïi dans le Palais de Villa-now, à deux lieues de Varfovie , des monumens de Peinture & de Sculpture, qu'il s'étoit procurés en faifaut venir des Artiftes Italiens pour donner du goût a fa patrie. On y lit, en forme d'explication, des Vers tirés d^s Georgiques de Virgile. Cette favante fuperiluité fur des figures qui doivent s'expliquer d'elles-mêmes, fent encore la mal-adreife Gothique. Mais elle prouve du moins l'érudition de celui qui l'emploie. H 3 Un avec un Château, compte plus de cent cinquante Villages, celle de Zloczow, autre place de défenfe, en renferme preiqu'autant. Je ne parle pas d'Olesko, qui furoit la fortune d'nn Seigneur François: en tout, près de vingt lieues d'étendue. Telle étoit autrefois l'opulence des Seigneurs Francois , que la diffi-pation, les croifades & la politique ont enfin ruinés. ?4 'Histoire Un Pere de cette trempe étoit en état de former fes fils. Il voulut qu'on leur donnât la connoiflance des chofes avant celle des Langues. Il leur parloit aulïî fouvent de la juftice, de la bienfaifance, des loix & dtt refpećt qui leur eli dû, que de la gloire militaire. Il leur décou-vroit peu à peu les intérêts de la Pologne. Il les accoûtumoic infenfiblerrent à les défendre par la plume & par la parole: fcalens fort inutiles dans un Gouvernement abfolu, mais extrêmement néceffai-res dans une République. Il travailla fur-tout à faire naître en eux ce goût d'application qu'il avoit lui-même; & fans lequel il n'y aura jamais de grands hommes, L'aîné, Marc, étoit d'une complexion doucey d'une grande docilité, fait pour être chéri d'une Mere; & s'il eût vieilii, il auroit partagé le fort d'Efati qui fut fournis à fon cadet. ofean étoit d'un tempérament vif, ardent, impétueux, voulant fortement ce qu'il défiroit, avide de louanges , plus fenfible à l'humiliation qu'au châtiment} & fi nous avions les mémoires de fon enfance, peut-être y verrions-nous les premiers rayons de la gloire dont il devoit fe couvrir: peut-erre auffi n'y trouverions- nous que des chofes fort communes j parce que les hommes refleiablent aux se. Jean Sobéeskî. ygt aux fruits qui attendent lafaifon pour fe développer. Les Polonois ne penfènt pas que leur patrie réunifie tout ce qu'il faut voir & fçavoir. L'adolefcence des deux Freres> arriva; & ils voyagèrent. Le pays ou ils s'arrêterent le plus, fut la France. Ils y arrivoient dans le tems que le jeune Duc d'Anguien, connu depuis fous la nom du Grand Condé, avoit déjà gagné trois batailles. Les deux Freres difotenfc qu'ils le trouvoient plus grand d'avoir battu de vieux Généraux, que d'être né Prince du Sang. lis arrivoient encore dans le tems que la France commençoit une guerre civile., celle de la Fronde, pour chaffer un Miniftre 'r fans penfer à faire des loix qui contiendroient tous les Miniftres. Jean Sobieski, qui avoit déjà des idées de Gouvernement, a dit fou-vent depuis , qu'il n'âvoit pas compris pourquoi on n'afl'embloit pas, comme en Pologne, les Etats Généraux.. On le vit parmi nos Moufquetaires, lui que la fortune avoit marqué pour être Roi. Il n'y avoit encore alors qu'une Compagnie de cette Milice , créée par Louis XIII en i6zz , appellée long-tems les Grands Moufquetaires, L'autre Compagnie fer-voit le Cardinal Mazarin, avanc que de fervir l'Etat. Dans Histoire Dans les pays que les deux Freres parcoururent enfuite, après la fcience des mœurs & des intérêts nationaux, ils s'ap-pliquerent à l'étude des Langues. Quand on les apprend de la Nation qui les parle, on les fait mieux, & en moins de tems. Le Cadet vint à bout d'en parler fix, & on étoit tenté de dire qu'elles lui étoient naturelles. Paris avoit été le premier objet de ieurs voyages. Conftantinople en fut le terme. Leur féjour s'y prolongea, parce qu'ils vouloient connoître à fond une Puilïance qui étoit fi fou vent en guerre avec la Pologne. La Porte, en les voyant, n'imaginoit pas que fes Armées fuiroient un jour devant l'un des deux jeunes Curieux. Eclairés l'un & l'autre des lumieres qu'ils avoient puiféès en Europe, ils projettoient de s'enfoncer dans l'Afie ^ lorsqu'ils reçurent nouvelle que le feu de la guerre s'allumoit fur les frontières de Pologne; & ils crurent que leur premier devoir étoit de défendre leur patrie. C'eft la grande vertu des Républiques. Ils y revinrent. Ils n'eureut pas le plaifir d'embrafler un Pere qui les avoit inttruits par la parole & par l'exemple. Ii étoit mort en leur taillant un héritage plus précieux que fes grands biens, la mémoire de fes vertus! A. 164g. Le Trohe de Pologne étoit occupé par un Prince qui, de Jéfuice, étoit devenu Cardi- de Jean Sobieski. 91 Cardinal, & de Cardinal, Roi. C'étoit Cafimir V, Frere d'Uladislas Vil. Celui-ci avoit employé feize ans de regne à fe faire aimer: tout deux fils de Sigif-mond 111, qui auroit été un excellent Particulier, Roi fort médiocre. Cafimir, à peine couronné , vit fon Royaume en proie aux Cofaques. Les Cofaques avoient habité lesisi es que forme le Boryfthètie: vrais Pirates qui ne vi voient que de leurs courfes. Un Roi de Pologne, Etienne Battori, les avoit attachés à fa Couronne, en les gagnant parles bienfaits, & en leur montrant une maniere de vivre plus honnête & plus heureufe. Il en avoit fait un Corps Militaire de quarante mille hommes qu'il établit dans la baile Podolie & la baffe Volhinie, pour les employer principalement contre les Tartares & les Mofcovi-tes, ennemis naturels de la Pologne. Il leur avoit afiocié des colonies pour peupler & cultiver le pays qu'on nomme aujourd'hui l'Ukraine. C'efl: une étendue de cent lieues de longueur , fui: à peu près autant de largeur, partagée par le Borylthène en deux parties prefqu'égales. Parmi tant de grandes choies qu'avoit fait Battori, c'étoit peut-être la plus belle. Il afìuroit les Frontières de la Pologne; il doubloit fes forces Militaires. Il fertiiifoit pour elle une contrée inculte hift.de Sob. T.I. I qui Histoire: qui devenoit un des pays le plus fertile da monde. 11 lui donnoit un nouveau Royaume. Mais la violence des Particuliers puif-fans a renverfé plus d'une fois la fortune des Etats. Les Seigneurs Polonois des Paiatinats qui touchent à l'Ukraine, voulurent traiter les Cofaques comme leurs Serfs. Ils foulerent aux pieds leurs privilèges, ils envahirent leurs poffeiiions, ils les frapperent même dans l'endroit le pins fenfible, en démolifiant des Eglifes Grecques où ils fervoient Dieu à leur maniere ; & le Roi Uladislas VII eut la foiblefle de fermer les yeux fur ces vexations. D'un Peuple fidèle, on en fit des Sujets révoltés. Ils coururent aux armes, furent battus, & pour fauver lere-ite de la Nation, ils livrèrent leur Général Pau Iule, à qui l'on coupa la téte, malgré la parole donnée de lui fauver la vie Un nouveau crime, de la part des Polonois , forma un autre Général. LeCo-faque Chmilienski vivoit pailiblement du bien que fon pere lui avoit laifle. U y avoît joint quelques terres abandonnées qu'il avoit mifes en valeur, & améliorées encore par dés moulins. Un Gentilhomme Polonois, nommé fflatinski, qui avoit Uli *) Lengnich . pag. 15$. de Jean Sobieski. un commandement dans l'Ukraine, envia la fortune du Cofa que. Il trouva de 3a réfii'tance; il brûla fes moulins, viola fa femme, & m maflacra fur le cadavre fanglant de fon fils. Le malheureux Pe e , l'époux outragé , demanda vengeance au Roi. Une foule qui. avoit au fil des plaintes à porter, fe joignit à lui. On n'obtint rien. ; Un déni de juftice ou toute autre op-preiïion de cette efpéce, n'arrache que des larmes à une Nation doucę & fub-jugué'e depuis lougtems. Mais une Nation fiere & qui diftingue l'obrillance de l'elclavage, n'éteint fa colere que dans le fang. Uladislas venoit de "mourir en lai fiant A. i6j(:î. le feu allumé. Chmilienski, avec plus de rage que de capacité, mene fes Cofaques dans le cœur de la Pologne , fait main-balïe fur la Noble fie en épargnant lePayfan, rencontre l'armée Polonoife ùPilawiecz, dans la Petite Pologne, la défait entièrement , marche à Léopol, Capitale de la Ruflie Rouge, qui fe rend pour éviter les derniers malheurs, porte l'épouvante jufques à. Cracovie, d'où l'on enleve la Couronne pour la mettre eu lieu de fureté L'incendie, le viol & le meurtre l'accompagnent pour rendre ce qu'il-avoit fouftert; & au milieu de ce torrent de vengeance, il fe fouvient qu'on la a in- - loo H x s T o i R a a in fui té la Religion. Il obligé les Prêtres à fe marier avec des Religieufes, & à vivre dans le Schifine Grec *). Si l'on tenoit régiftre des forfaits que la Juftice de Dieu ou des Hommes laifle impunis fur la terre, les fcélérats feroient encore plus effrénés. Bien des innocens périrent dans la vengeance de Chmilienski. Le principal coupable, gfatinski, échappa à fes coups. Un autre fujet d'étonnement, c'efl: la défaite de l'Armée Polonoife. Le Grand-Général Potoçki avoit une longue expérience; Chmilienski n'en avoit point ou prefque point. L'Hiftoire nous montre plus d'urie fois ces phénomènes» Il faut que le déiefpoir dans une ame forte, & dans un peuple courageux , tienne lien de tout. 1 Cafimir qui ne faifoit que prendre le Sceptre, le voyoit au moment d'en être dépouillé. Ce tems étoit funefte à plusieurs Rois. Philippe IV venoit de perdre le Portugal & prefque toutes fespof-feffions en Afie. Une faftion en France forçoit la Mere de Louis XIV à fuir de fa Capitale avec fes Ënfans. Charles I mouroit à Londres fur unéchafaut. Les Rois oublieroient qu'ils font hommes, s'ils étoient toujours heureux. L'Armée •) Paftor. Hift. P#l. p«g. 138 & '92. be Jean Sobieski. ioi L'Armée Polonoife avoit donc lâché le pied à Piiawiecz. L'ignominie en étoit toute fraîche, lorfque les deux Sobieski arrivèrent: Venez-vous nous venger, leur dit une Héroïne en les voyant; c'étoit leur Mere: (ffe ne vous reconnois point pour mes Fils, fi vous rejfemblez aux Combattans de Pilawiecz. La NoblcfTe follicitoit Cafimir de fe mettre à la tête d'une puifiante Armée. Ce Roi qui vouloit ramener les Cofaques par la négociation , & en donnant quelque fati s (action ù de braves gens cruellement infultés, répondit à la Noblefle: II ne falloit pas brûler les moulins de Chmilienski , encore moins violer fa femme & la maffacrer avec fon fils. Cette réponfe déplut; & la Noble lie s'armant au nombre de cinquante mille hommes, alla fe faire battre dans la baffe Volhinie. Il lui reftoit encore du courage. Elie s'approcha de Y Hypanis, Ce Fleuve qui le joint au Borylthène, & tombe avec lui dans la Mer Noire, fe nomme aujourd'hui le Bogh. C'eft ainfi que des Barbares ont défiguré jufqu'au nom des Pays que des Colonies Grecques firent fleurir autrefois. Les bords du Bogh ne furent pas plus favorables aux Polonois, que le premier Champ de Bataille. Leur défoute fut compiette. I 3 Ce 102 H l S T Q l R » Ce fat dans cette feconde Aftion, qne Marc Sobieski, moins heureux que fon Cadet, perdit la vie à la fleur de l'âgé, & en entrant dans la carriere de la gloire. Lorfqu'il étoit parti pour voyager en France, avec fon Frere, le Pere leur avoit dit: Mes En fans, injliniijez - vous de tout ce qui eji utile. Quant à la Danfe ■vous l'apprendrez ici atee les Tartare s. Les Tartarea coftibnttoiënt effectivement avec les Co'aqueê dans cette fatale journée. Leur Kan avoit une injure peribn-îielle à venger. La Pologne lui avoit payé, a u Iti bien qu'à fon Prédéceffeur, une penfion confidérable , qu'Uladislas avoit fupprimée. On lui amena, après la vi&oire, trois cens Gentilhommes Po-lonois chargés de chaînes & couverts de Meli lires. Marc Sobieski étoit du nombre. Le cruel Tartare, fans avoir égard au droit des Gens, qui refpećłe les Prifon-niers de guerre, lui fit couper la tête & à tous les Compagnons ; leurs corps fer-virent de pâture aux Vautours, & la Mere de Marc Sobieski n'eut pas même î'afTreufe confolation de mettre fon Fils dans le tombeau de fes Peres. Elle porta fa douleur en Italie pour éviter la vue d'un Pays où elle venoit de perdre ce qu'elle avoit de plus cher. Le Fils qui Iti reftoit, n'en étoit pas aimé lì tendre-îneiiî; à caufe de quelques vivacités de jeuncfle. d e J s a n 'S O Qi e sic I, X03 jeun effe," & de deux combats iirrgnliers où il avoit prodigué un fang qu'il ne devoir qu'à la patrie. Cet honneur barbare des duels, inconnu dans tout l'Orient, depuis Conftantinople jufqu'au fond du Japon , nous eft venu du Nord. 11 n'eft pas étonnant que les polonOis s'en piquent ainfi que nous: mais moins fages encore, ils ne fe font pas corrigés comme nous, de ces duels pjiblics où l'on prend des féconds, & où les Spećtateurs animent l'émulation des Gladiateurs. Jeau Sobieski était puni par le duel même ; car , tandis que fon Aîné avoit marché au véritable honneur , une bleffuse l'avoit retenu à Léopol. Dès qu'il eut ■recouvré fes forces, la vengeance & la gloire lui parlèrent également. On avoit encore les mêmes ennemis à combattre. 11 étoit tems que Calimir fe mit à la tête des troupes pour jetter plus d'ordre dans les opérations, & pour ne pas s'avilir aux yeux d'une République qui veut des Rois guerriers. Il s'y mit. Le jeune Sobieski, devenule Chef 4? A. 1649» fa Maifon, n'avoit encore que préludé dans la guerre. Tout ce qu'on avoit pu remarquer en lui, c'étoit une ardeur bouillante qui l'étourdiffoit fur les dangers , & une avidité de s'inftruire qui le .portoit fouvent où le devoir ne le de-I 4 man- 104 Histoire mandoit pas. Il avoit la Staroftie de Ja-vorow dans le Palatinat de Rulîie, qu'il tenoit cîe fon Pere. Il parut à la tête d'une troupe cboifie. U y eut vingt combats contre des ennemis qui ne fuyoient que pour revenir à la charge; & partout il fit voir que la nature lui avoit donné la valeur du Soldat; & ce qui eft bien plus rare, ce coup d'œil heureux qui annonce le Général. Un événement montra quelle confédération il s'étoit acquile en ii peu de terns. L'Armée Polonoife le révolta dans le Camp deZborow, ville de la petite Pologne, aux confins de la Podolie. Tout fut employé par le Général Czarneski, la douceur, les menaces, le canon même des Lithuaniens, pour la faire rentrer dans le devoir. On en déféfpéroit , lorfque Sobieski demanda cette négociation. Les âmes extraordinaires juftifient leur témérité par Je fucces. Ii eft aifé d'imaginer de quellô adrefle, da quelle éloquence il eut befoiu pour perftmder des hommes qui avoient les armes à la main. Il réuffit. Cet empire fur les e ('pries auroitfait honneur à un Général cbnfommé ; il combloit de gloire un jeune homme qui ii'étoit encore dans aucune c harge de l'Etat. On marcha à l'ennemi avec ce concert de volontés, qui annonce la viftoire. Clmiiiienski, malgré la julrice de fes ar-• 1 mes, de Jean Sobijesiłi. 105 mes, ceffa d'être heureux. Soutenu des Tartares, il entreprit de forcer fon Roi dans le Camp de Zborow. On fe battit plufieurs jours, pendant Jefquels il perdit plus de vingt mille hommes ; & il n'ofa plus tenter la fortune. On parla de paix; & avant que de la ligner, le Roi récompenfa Sobieski de la Charge de Grand-Enfeigne de la Couronne, Officier de Cour & d'Armée, qui porte la Ban-niere de la République à la Pofpolite, au Couronnement, &: aux Funérailles des Rois. La paix deZborow fit murmurer toute la Nobleffe. Le Roi qui n'avoit point abandonné fon defifein de ramener les Cofaques par la douceur, leur accorda dps conditions dont ils pouvoient abufer. Oubliant tout le pafl'é, il les laiffoit armés au nombre de vingt mille hommes dans le Palatinat de Kiovie, qui ne de-voit plus être donné qu'à un Seigneur du Rit Grec. Il les rétabliffoit dans l'exercice paifible de leur Religion, & dans tous leurs privilèges. Cependant comme il faut toujours quelque chofe pour fatisfaire la Majefté des Rois, il fut Iti— pulé que Chmilienski demanderoit pardon à genoux. Le Cofaque fe fournit à cette humiliation pour le bien de fon Pays. Le Prince Tartare gagna du butin & le rétabliftement de fa Penfion. Tout I 5 cela io 6 Histoire cela étoit fa gè: mais la NoMefTe Polo-noife ne i'étoit pas. On cria de toute part que le Roi trahiJToit la République. On pen Toit à rompre un Traité dont on ne vouloir pas voir les avantages. Les Cofaques fen ti rent que le parti des Grands l'emporteroit fur celui du Roi; & que la paix qu'ils venoient de faire étoit .łój"*, fcagjie Ils reprirent les armes avec les Tar tares. Bereftesk, ville lltuée aux confins du Palatinat de Beltz , fut le Champ de Bataille. Les Tartares, après une perte de fix mille hommes , prirent la fuite. Les Cofaques fe retranchèrent dans leur Camp où ils ne furent forcés qu'en vendant chèrement la viétoire aux Polonois. On peut dire que Caiimir, contraint par fes Sujets à reprendre les armes, vainquit malgré lui. Sobieski fut blefie à ja tête: mais tant d'autres avoient des blefTures à montrer, que ce n'étoit pas une diltinftion. Chmilienski étoit battu, mais il vi voit, & ii lui refloit des reffources. Le Czar Alexis fe fervit de lui pour attaquer la' f Polog ;ne. 11 prit Smoleńsko , grande ville lur la rive droite du Boryfthène, qui retournoit à fes premiers Maîtres, & il s'ouvrit un paiïage dans la Lithuanie qu'il défola par le fer & par le feu. Nos Mémoires ne nous inftruifent pas fur la conduite de Sobieski dans cette guerre de Jeaïj Sobieski. 307 guerre avec les Mofcovites & les Cofaques: il l'y ut des aftions d'éclat pour faire parler la* r enomn ée; & les aftions d'éclat 11e le fcnt pas fans des occafio.ns fingulleres. 1 eTc pourtant vraifemblable qu'on appertevoit conftamment ces traits fou tenus de courage & de fageffequi décèlent le grand Capitaine j puifqnedans lue autre guerre qui vint a'allumer au feu de celle-ci, pour embrâfer la Pologne dans toutes fes Provinces, Sobieski, encore à fes premières campagnes, eut un. commandement, diltingué dans la Cavalerie. Ces avancemens précipités ne fe font pas fans de grandes raifons dans un Royaume Républicain, où la Cour doit s'obferver & donner des récompenfes plutôt que des grâces. Il y avoit longtems que la Pologne A. 1655, ji'avoit vu tant d'ennemis conjurer fa perte. Charles Gultave devenu Roi de Suède, par l'abdication de Chriftine, cette Reine trop Philofophe, qui aima mieux vivre à Rome avec les Arts, les Cardinaux & les Lettres, que de travailler au bonheur d'un Royaume, Charles Guftave, ^ emporté par une erreur trop commune aux Rois , crut ne pouvoir mieux commencer fon régne que par des Conquêtes. 11 fe rendit maître en peu de tems de la Mazovie , & d'une grande partie de la Pologne, d'où il porta iof Histoire porta le théâtre de la guerre dans la Prufîe. Sobieski, dans une Armée battue partout, apprenoit à battre. A la tête dô quatre cens chevaux entre Elbing & Ma-rienbourg, il en défît plus de fix cens commandés par un proche Parent du Roi de Suéde. Si Cafimir avoit eu beaucoup de Sobieskis, il auroit évité les dures extrémités où il fe vit réduit. Abandonné de fon Armée, il chercha un afile dans la Siléfie. Il vit même laLithua-nie, qui n'étoit pas encore foumife, fe mettre fous la -^rotećtion du Vainqueur. On eût dit que tous fes Sujets étoient frappés de la foudre, & que ceux qu'elle n'avoit pas tués , n'étoient plus capables que d'un feul fentiment , celui de ïa terreur. Mais enfin l'orage paffa en fe difperfantfur une grande étendue de pays. On reprit fes fens; on crut que Charles Guftave n'étoit pas invincible. Cafimir profita de cette lueur de courage. Parmi les Officiers qui méritoient le plus fa eon Hance , iJ avoit remarqué Czarneski & Sobieski, Il détacha les Tar tares du parti Mofcovite; il eut l'a* drefle de les mettre dans le fien. Sobieski fut chargé de les conduire, tandis que Czarneski commandoit les PoJonois. D abord on fît main-balle fur les Troupes Suedoiles qui avoient pris leur quartier d'hiver de Jean Sobieski. io* d'hiver en Lithuanie; on tailla aufîi en pièces tout ce qu'on trouva difperfé en Pologne. Chaque jour bri (bit quelqu'an-neau des chaînes de la Natiôn. Cependant Charles Guftave ramenoit fon Armée du fond de la Prude, & avec elle un fecours de 1'Elećteur de Brandebourg. Sobieski l'aiïiége entre la Vi-ftule & le Sanus, riviere qui fe jette dans ce fleuve, il lui coupe les vivres, le fatigue par des efcarmouches continuelles ; & comme il apprend que Douglas , Général Suédois, s'approche avec Un corps de fix mille hommes pour dégager fon Roi, il laiffe de l'Infanterie pour continuer à le tenir enfermé, il marche à Douglas avec fa Cavalerie , il palfe à la nage la Pilcza que la fonte des neiges avoit beaucoup enflée ; & avec cette célérité que Ce far regardait commela premiere qualité du Général , il furprend Douglas, le bat, & le pourfuit pendant huit milles du côté de Varfovie. Tous les corps de l'Armée Polonoife obligée de faire face en tant d'endroits, ne combattoient pas aufìì bien que celui qui marchoit fous les ordres de Sobieski. Il fallut fe divifer encore pour s'oppofer à Ragotski, Prince de Tranfylvanie, qui s'avançoit de concert avec la Suède, dans le deffein de ravir la Couronne à Cafimir. Au milieu de tant d'ennemis , on fit des fautes ho histoire fautes dont: Charles Go Ila ve profita. S'ë-ta«t dégagé du porte dangereux où il s'é-toit mis, il s'approcha de Varfovie; on en vint à urte affaire générale qui dura trois jours. Il y eut de part & d'autre, dans des flots de fang, des efforts de courage & de tête. Mais enfin la victoire fe déclara encore pour Charles G ulta ve, victoire que Cafimir lui vendit bien cher. Jamais les Tartares n'avoient combattu avec tant d' ordre & de fermeté. Accoutumés à un brigandage continuel, impatiens de la discipline, toujours prêts à fuir lorfqu'ils trouvent de la réfiftance, ils fecroyoient devenus d'autres hommes fous le commandement de Sobieski ; £ie i a Ibid. pag. 57, 58 & 59- de Jean Sobieski. 153 ia fortune de ce Prince. Né Fils de A.1Ó6#. Roi, il ne put réfilter à l'envie d'être Religieux, efpéce de maladie qui attaque la Jeunefle, dit l'Abbé de Saint-Pierre, & qu'il appelloit la petite vérole de l'efprit. Le Pape l'en guérit en le faifant Cardinal. Le Cardinal fe. changea en Roi ; & après avoir gouverné un Royaume, il vint en France gouverner des Moines. Les deux Abbayes que Louis XIV lui donna, celle de Saint Germain - des-Prez, & celle de Saint Martin de Ne-Vers , devinrent pouf lui une fubfiilan-ce néceffaire ; car la Pologne lui re-fufoit la PenGon dont elle étoit convenue : ce qui ne prouvoit guères la Sincérité des larmes dont elle avoit arrofé fon Abdication ; & pendant ce tems - là, il y avoit en France des murmures contré qn Etranger qui ve-ftoit ôter le pain aux en fans de la Maifon. D'autres attaquoient la vertu ^ui lui convenoit dans fon nouvel' etat. Il voyoit fouvent Marie Mi~ cette Blanchi fie u fe que le capri-Ce de la fortune avoit d'abord placée dans le lit d'un Confeiller cîu Parlement de Grenoble , & enfuite dans celui du Maréchal de l'Hôpital. Cette Femme finguliere, deux fois veu-N > ve. ifĄ Histoire .1663. ve, foutenoit à Gourville qu'elle avoit époufé fecrettement le Roi Cafimir. Ce titre de Roi, fes anciens Sujets le lui refufoient, en difant que tout ce qu'ils pouvoient lui accorder, c'étoit le titre d' Ex - Roi, *). S'il fe repentit d'avoir abdiqué, fes regrets ne furent pas longs. La mort l'en délivra bientôt. *) Ibid. pag. 140. Fin du fécond Livre, HISTOI- de Jean Sobieski, HISTOIRE D E JEAN SOBIESKI, ROI DE POLOGNE. LIVRE III. Auffitôt qu'une Nation cherche un A. 1668. Maître il n'y a point de Prince qui ne fe croie en état de la gouverner; des Adolefcens mêmes qui n'ont encore rien fait, ni dans Jes Confeiis, ni dans les Armées. Plufenrs Candidats fe propoierent Se Fils du Czar, le Prince de Tranfylvanie , Ragotski, ie jeune Duc d'Anguien, & au cas que la République le rejettât, le Prince de Condé fon Pere. Deux autres entrerent auffi. dans la lice: le Prince Charles de Lorraine, Fils du Duc François, & le Duc de Neubourg, Palatin du Rhin. La République écarta d'abord les quatre premiers pour différentes raifons: le Fils du Czar, à caufe de fa Religion quoiqu'il promît de l'abjurer; abjuration trom- {frô histoire A. 1669. trompeufe, pitifqu'il n'y penfaplus après avoir manqué la Couronne. Kagotski fut rejette parce que la Pologne fum oit encore du feu de la guerre que fon Pere y avoit allumé. Le Duc d'Anguien avoit contre lui fa jeune0e & un grand crime; c'étoit pour lui que Cafimir avoit voulu précipiter une é^ftion contre la loi la plus lacrée de la République. La France même venoit de lui retirer fa protection pour la tranfporcer au Prince de Condé fou Pere. Le Fils ne .donnole encore que des efpérances. Le Pere étoit un Héros tout formé, célébré, ou peu s'en fahoit, par autant de viftoires qu'il en avoit projetées, vaincu feulement par Turenne, fans rien perdre de fa gloire , homme d'Etat aufli bien que Général. Il fallut de grands coups pour détruire en Pologne un pareil concurrent. On employa les traits de la calomnie; & ils partirent de la France. U11 libelle pafïa en Pologne, & courut de main en main. On y lifoit, que „Trove avoit été & „toute fa gloire; que le Héros bien plus „afï'ui(Te par les excès de fa jeuneJïe, que „par l'âge, travaillé de la goutte & d'une „ioiblelfe de nerfs qui perdoient leur ref-„fort, étoit obligé de le faire porter „comme un monument de fou ancienne „fplendeur ; qu'il paffoit fes jours dans „ l'oifiveté ; incapable déformais d'appli- „ cation: de jean sobiesìci. ï# „cation; que fi le Pieu Mars l'auimoit A. 1668, „autrefois dans les combats, Minerve ne ,,1'infpiroit pas dans les Confeils ; qu'il „n'avoit jamais connu la paix, ne refpi-„rant que la guerre, à laquelle il n'étoit „plus propre; & qu'à fuppofer que fon «génie fe réveillât, ce feroit pour détruire la Milice Polonoife , qu'il vou-» droit plier à la difciplîne Françoife. Le „libelle ajoutoit que fon cœur n'étoit pas „fait pour fentir l'humanité & l'amitié; „qu'il avoit abandonné Bouillon & Tu-„renne , qui s'étoient attachés à fon fort; „qu'il étoit d'un naturel hautain & vio-„lent; que dans des tems de trouble, il „avoit traité indignement le Sénat François; & qu'il avoit payé des incendiai-„res pour brûler le Palais où il s'affemble. „Sa Religion n'étoit pas plus épargnée „que fon carattere. 11 fe répandoit eli „railleries fur les Pratiques Chrétiennes; „ou ne l'avoit jamais vû aux pieds d'un „Prêtre; fa table étoit fervie en gras ie „Vendredi. Un Seigneur Polonois s'y >,étoit trouvé, & le publioit ■ partout. j,Un autre l'avoit vu danler un jour de „Fête.,, Les plaifanteries v ême dont Paris ne faifoit que'rire , Varfovie s'en formalifoit: on citoit que dans un foupé avec le Cardinal Mazarin, il avoit dit à Un Page : Donne moi du vin dont le Cardinal boit quand il eji tête à tête -avec Madame x5l' HrsToiRE • i668. dame de * * *. Les Evêques Polonoìs re-gardoient ce propos joyeux comme un manque de relpećt au Cardinalat & à l'E-glife, & ils n'oublioient pas fes propres amours; comme fi on ne devoit pas pardonner aux Princes toutes les foibleiles qui n'influent en rien fur les affaires publiques. Enfin, fi la France offroit Coudé à la Pologne, c'étoit bien moins, di-foit-on, pour la fervir que pour s'en dé-bar rafter *). Tandis qu'on faifoit en Pologne un portrait fi difforme du Héros de Rocroi, il prenoit la Franche-Comté ( vraiment franche alors) en moins de trois femaines. Il eft vrai qu'il avoit gagné le Gouverneur, & l'Abbé ofean de atteville, qui,, après avoir été Officier, pu>s Chartreux, puis Mufulmann chez les Turcs, & enfin Eccléfiaftique, flniffoit par trahir fon Roi & fa Patrie. Néanmoins cette expédition mêlée d'intrigues & de fiéges, marquoit encore de la téte & de la vigueur. Mais on étoit alors difpofé àtout croire en Pologne contre la France & les François, „Ces efprits bouillans & le-„gers, difoit-on, ne fympathiferont ja-„mais avec notre flegme & notre gravite. „Leur ambition démefurée nous entrai-,, neroit dans toutes leurs guerres; &: leu*" pré» *} Załuski, toin.i. png. 83- de Jean Sobieski. ij> «preiomption nous raviroit nos lauriers» A.i6Cfc «N'avons-nous pas entendu dire à quelques-uns d'eux que les Polonois étoient «braves lorfqu'ils étoient menés par des «François. Ils n'efliment que leur Na-j»tion & leur Roi qui afFeéle la Monarchie univerfelle. Ils ont fait un Livre »(Recherche des Droits) qui lui donne tous «les Pays où fçs Armes peuvent atteindre. Le nôtre viendra à l'examen. La «Sorbonne, les Parlemens, ou des Chambres de Juitice, décideront de notre «perte *). " C'eiì ainfi qu'on travailloit à ruiner le Parti de Condé. Louis XIV lui-même, avoit traite avec les Suédois pour forcer les fuffrages, lui porta le dernier c°up par une révolution fubite qui ame-fta de nouveaux intérêts. L'Elefteur de Brandebourg venoit de s'unir aux enne-nùs de la France, & fe rendoit redoutable dans les Pays-Bas. Il étoit important de le détacher des Alliés, en lui Rentrant la Couronne de Pologne pour Duc de Neubourg, dont il attendoit Jes agrandiffemens pour fa Mai fon. Louis XIV n'héfita pas à faire déclarer à *a Pologne qu'il fe défi (toit de fa premiere ^etnande, pour tranfporter fa faveur au 1 rince de Neubourg **). , - Les ' «luski, rom. !. pfiçr. §4* ) W. ibid. pag. & 1Ç4. ï£ô Histoire A. 1669. Les chofes étoient ainfi lorfque la Diète d'Election s'ouvrit au mois de Mai. Auf-fitôt que le Trône eft vacant, toutes les Cours de Juftice & les reflorts ordinaires du Gouvernement, relient fans activité. Toute l'autorité palle au Primat. Cet Inter-Roi a plus de pouvoir en quelque forte que le Roi ; & la République n'en prend point d'ombrage, parce qu'il n'a pas le tems de fe faire craindre. Il donne avis à tous les Souverains de la vacance du Trône: Couronne à difputer. Ii expédie les Univerfaux pour l'Election. 11 ordonne aux Staroftes de garder exactement les Châteaux, & aux Grands-Généraux, les Frontières où toutes les troupes fe rendent. Si quelque Miniftre Etranger s'y préfentoit' en ce moment, on lui refuferoit l'entrée jufqu'à ce qu'il eût reçu un PalTeport du Primat. Le cas fingulier où l'on fe trouvoit, re-jetta les yeux fur Cafimir. Malgré fou Abdication, il n'avoit point encore quitté la Pologne: on l'obligea de s'éloigner à quarante lieues de Variovie, alin de le mettre hors de portée d'entrer dans quelque brigue. C'eft le champ de Wola, aux portes de Varfovie, qui eft le théâtre de l'Ele-Ction. Tous les,Nobles du Royaume y ont droit de fuffrage. Les Polonois campent fur la rive gauche de la Viftule, leS Lithua- de Jean Sobieski. i5i Lithuaniens fur la droite: les uns & les A. 1669. autres fous les drapeaux des Palatinats relpeftifs. C'eft une Armée civile de cent cinquante mille à deux, cent mille hommes, qui exerce le plus grand a&è de la liberté. Ceux qui n'ont pas le ttioyen d'avoir un cheval & un labre , le tiennent derriere à pied armés de faux, fans en paroître moins fiers, ayant le même droit de fuffrage. Le champ Electoral eft entouré d'un foffé avec trois portes pour éviter la confusoli, 1'une à l'Orient pour la Grande Pologne , l'autre au Midi pour la-Petite, Ja troifiéme à l'Occident pour la Lithua-ttie. Au milieu du champ qu'on noinme Kola u, s'éleve un vafte bâtiment de bois, c'eft la Szopa, ou la Salle du Sénat. Les Nonces affilient à fes délibérations, & les portent aux Palatinats. Leur Maréchal joue ici un Rôle encore plus grand que dans les Diètes ordinaires. Comme il elt , ta bouche de la Nobleffe , il eft en état de rendre de grands fervices aux Préten-dans. C'eft à lui à dreffer le Diplôme d'EleClioti ; & le Roi élu ne peut le tenir que de fa main. C'étoit un Potoçki qui rempliffoit cette importante fonction. 11 eft défendu fous peine d'être déclaré ennemi de la Patrie, de paroître à l'Election avec des troupes réglées, afin d'éviter toute violence. Mais la Noblelle Jriifł. de Sob. TJ. O ton- Histoire A. i6Sy, oujours armée de piftolets & de fabreâ,* le violente elle-même, en criant Liberté. . Ceux qui afpirent ouvertement à ia Couronne, font pofitivement exclus du Champ Ele&oral, de crainte que leur préfence n'y gêne les fuffrages. Le Roi doit être élu Nemine contraddente ; c'eft-à-dire, par toutes les voix. Un feul Gentilhomme s'oppoia à i'Ele&ion d'Ula-tlislas VIT. On lui demanda ce qu'il avoit a lui reprocher : Rien, mais je ne veux pas qu'il /'oit Roi« La Proclamation fut lufpendue pendant quelques heures qui furent employées à le ramener. On y réuliit; & ie Roi voulut enfin favoir le motif de fon opposition. £je voulais voir, répondit-il, fi notre liberté fubjijîoit encore: je fuis content ; & vous n'aurez pas de meilleur Sujet que moi. On fent le motif de la loi: c'eli une famille imnienfe qui adopte un Pere; il faut que tous les Eufans i'oient contens. Cette fpécuia-tion eft belle: mais li on la fuivoit à la rigueur, la Pologne n'auroit point de Koi légitime On abandonne donc l'unanimité éelle, pour fe contenter de l'apparence; ou plutôt le fabre remplit la loi,, fi i'argent n'a pu Je faire. Avant que d'eu venir à cette extrémité, aucune Election dans le monde ne fe fait avec plus d'ordre, de décence & d'appareil de liberté. Le primat rappelle ; v, en s' f. Jean Sobieski. .i<% ên peu de mots à toute la Nobielić à che- A: $6^9-val, le mérite des Candidats, mérite déjà examiné dans les Diètines; il exhorte à choifir ie plus digne, il invoque le Ciel, il bénit la multitude & refte feul avec le Maréchal de la Diète, tandis que ]eSénat fe difperfe dans les différens Palatinatś, • pour travailler à l'harmonie des fufira-ges. S'il réuffit, le Primat va les recueillir lui-même en nommant encore tous les Candidats. Szoda, répond cette Noblef-fe: C'eft celui-là que nous voulons; & en même tems l'air retentit de foa nom, de Vivat, & de coups de piftolets. Tous les Palatinats opinent-ils de même: le Primat monte à cheval ; & alors le plus profond filence fuccédant au plus grand bruit, trois fois il demande fi tout le monde eft content; & trois fois, après l'approbation générale , il proclame le Roi. Trois fois auiïi le Grand - Maréchal de la Couronne réitéré la Proclamation aux trois portes du Camp. Quel Roi! s'il eu a les qualités; & quel droit! Les fuf* frages de tout un Peuple font le premier & le plus beau des droits. Ce tableau d'une Election libre & tranquille ne repréfente guères ce qui fe paf-fe ordinairement. La corruption des Grands, la fougue de la multitude, les brigues, les fanions, l'or & les armes des IJuillanc.es Etrangères, violentent fou-O a vent i6ą Hi s t o i h e A, 1669. vent'& enfanglantent la fcene. Le Czar .Alexis, pour faire élire fon Fils Fédor, s'avançoit avec line Armée de quatre-vingt mille hommes. Il 11'étoit pas encore alors Pere de Pierre I, dont la grandeur devoit étonner la terre. Le Grand-Chancelier de Lithuanie, Cafimir Paç, fauva la République en amufant Alexis qui venoit la déchirer; & tandis qu'il le fLattoit du fuccès, fans tirer l'épée, on s'occupoit de deux autres Compétiteurs, le Duc de Neubourg, ik le Prince Charles de Lorraine. Le premier, déjà féxagénatre, étoit porté non - feulement par la Suéde, par les Ele&eurs de Brandebourg & de Saxe, triais encore par le Roi de France & l'Empereur. Cette brigue mon-troit un de ces traits qui étonnent toujours ceux qui ne connoififent pas les Souverains. Louis XIV, abandonnoitun Bourbon, & Leopold un Prince Lorrain qu'il regardoit comme l'aîné de fa Mai fon; tous deux pour protéger un Etranger. Le Prince Charles, Fils du Duc François, & Neveu de l'indécis Charles -IVj qui pafïa fes jours à perdre fes Etats & à ies reprendre, avoit pour lui la fleur de l'âge , une phyfiofiomie heureufe, une' taille héroïque, la force du corps, la vigueur de l'ame, une réputation de tonte de Jean Sobieski. i6$ & d'application, des talens pour la guer- A.i66$f;; re, dont il avoit donné des preuves en Hongrie. Deux autres points de vue le tnontroient favorablement. Encore libre, ll pouvait faire un mariage agréable à la République; & le Prince de Lixen, fon Ambaffadeur , diloit à toute laNoblefle: 11 fe préfente fans appui, pour ne tenir fa fortune que de vous - mêmes, & vous Marquer en Roi fa reconnoi fiance. Des Je fuites , pour lui donner encore plus de faveur, débitoient qu'il étoit fort dévot à la Vierge $ qu'il y avoit trois cents Saints dans fa Famille, & qu'il en récitoit les Litanies chaque jour *). Sans Etats, H fi'avoit pour agents fecrets , que le jé-fuite Richard fon Confefleur, & un Moi-fie Irlandois, travetti en Cavalier. De Pareils Emiflaires n'étoient pas capables de[lui attirer de la confidération. Déjà on al 1 oit aux fuffrages» & ontou-ehoit au moment de décider, loi*(que De-, biczki, Enfeigne de Sendomir, homme vénérable par fes mœurs & fes cheveux blancs, fit entendre à l'Ordre Eque/tre: «Que la Faftion de Condé revivoit, qu'il «s'étoit tenu une affemblée fufpefte chez » le Primat Prazmowski, qu'on connoiiToit «les manœuvres ordinaires de la France, «qu'elle faifoit dire une chofe par fori O 3 Am* Załuski, tom. 1. pag.44- _ _______________l1 166 - H r S t o i R e Ą1669. „Ambafladeur, & qu'elle en tramoit une „autre, que Condé feroit proclamé Roi „au momentqu'on s'y attendroit le moins, „fi l'on ne fe preffoit pas de l'empêcher." Sur le champ l'Ordre Equeltre courut au Sénat demander i'exclulion du Prince: demande embarraflante. Le Primat cherchent fa réponle dans les yeux des Sénateurs. Sobieski, par fa qualité de Grand-Général, auroit du être aux frontières: le Champ Electoral lui écoit interdit: mais la grande confidération dont il jouifl'oit l'a voit élevé au-defïus des Conftitutions, foiblefle dans la République, parce que les loix doivent être plus refpećtćes que ies grands hommes. Sobieski voyant, la perplexité du Primat, prie donc la paro-; le. 11 étoit de fon intérêt que I'exclulion fût prononcéej car, quoiqu'il ne fut . pas au rang des Candidats, il favoit qu'une Nation libre pou voit en un moment fe tourner de tout autre côté: & en çe cas, le Héros de la Nation pouvoit bien fe flatter d'attirer fes regards. Voici pourtant comme il parla: „11 eli tout „différent de refu fer ion luffrage ou d'ex-^ciure. Le refus eft un exercice de Ja „liberté: l'excluiion eft une injure. Si „l'Ordre E que'lre prétend ainfi gêner la „J.ibçrfé du Sénat, je me retire pour ne „pas participer à la lervitude, & à l'al- „ iront de Jean Sobieski. 167 „front qu'on feroit à un grand Prince. A „Si on fe contente de lui refufer les fuf-„trages, on fait que c'eft ma coutume de „céder à la voix publique. " La voix devint publique le lendemain , & le Primat prononça I'exclulion, contre fon propre avis , & celui du Sénat *). Tous les Ordres fe calmerent pour un tems, n'ayant plus les yeux fixés que fur le Duc de Neubourg & le Prince Charles. On difeuta leurs vertus >& leurs vices, les biens & les maux que la République pouvoit en attendre. C'eit au Tribunal de la Liberté que les Princes doi-Ve.it fe faire juger , s'ils veulent apprenne ce qu'on penfe d'eux. Ils l'ignorent éternellement dans leur Cour. Les Par--tiians du Prince Charles, c'eft-à-dire, Ja plus grande partie de la N obi elle à che-Val, ne celToient de répéter: „Que ferons-nous de Neubourg? Un Prince Sexagénaire, qui n'aura pas plutôt ef- 1 »layé la Couronne, qu'il faudra penfer à «Une autre Election en nous rejettant «dans le trouble, & quand même il vi-»vroit plus qu'il n'eit permis de i'efpérer, «fon â^e lui permettra-t il d'apprendre «notre Langue, de fe former à nos «Uioeurs, de fupporter les travaux des «Comices, des Jugernens, du Sénat & Załuski, ibid. pag. 118.. i(58 Histoire A. 1669. „du Camp? Quels biens en attendons-„nous? Trop de Potentats s'intéreflent à „lui pour qu'il ne nous en coûte pas „quelque chofe. La Suéde & le Braii-„debourg nous touchent de près. On „nous offre un Roi: mais qu'on nous „cite ce qu'il a fait dans la guerre ou „dans la paix , pour la gloire & le bon-„heu'- de ics Sujets. Tout ce qu'on fait, „c'eit qu'il eli Pere d'une famille nom-„breufe: deux de fes Fils font deftinés „au Sacerdoce; pour qui feront nos meilleurs Abbayes, nos plus riches Evéchés, „û ce n'elt pour eux? Et fes Filles! „Quel fardeau pour l'Etat! Si ce Vieillard recherche notre Couronne, c'eft „moins pour lui, n'en doutons pas, que „pour fa poftérité qu'il veut élever fur le „Trône. Livrés pour toujours à la du-„reté d'une Nation hautaine, nous verrons „la Cour & les grandes Places fe remplir „d'Allemans & d'Allemandes qui nous „vanteront fans celie leur naiffance, qui „nous braveront nous& nos Femmes, nous „les Enfans des Sarmates, qui tant de „fois ont fait trembler la Germanie *). „La fortune nous offre un autre Prince „bien différent de celui-là; il fort d'une „Nation modeftefl & il i' eli lui-même ; ( ,,fier feulement à la téte d'une Armée. „Les Id. ibid. pag. 76. î> e jean Sobieski. i 69 „ Les Lorrains, en petit nombre, s'il en A. 1669. «amene, fe croiront trop heureux demar-» cher nos égaux. Sans brigue, fans re- ' «muer l'Europe pour s'élever, il ne veut » devoir notre Sceptre qu'à nos fuffrages. vSon âge, fa taille, fa force, fes vertus, » 'es actions qui l'ont déjà iiluftré, tout »nous préfage un régne long & heureux. jjSes encans, s ils doivent lui fuccéder, «naîtront Polonois, & de telle Merequ'il »nous plaira *). " Le Sénat, les Nonces & prefque tous fes Grands qui vouioient le Duc de Neu-bourg^ convenoient que le portrait du Prince Lorrain étoit ndéle : mais , après av°ir adouci celui de fon rival, ils van-toient beaucoup fes grandes poffelììons, & ce qu'il promettoit à la République: Corps de troupes entretenus à fes ^ra;s, la folde d'une année pour les Troupes Nationales, une Ecole Militaire pour ■ta jeune Noblefle, avec des fecours pour ta taire voyager, avantages que le Prince Charles pouvoit bien promettre, mais W1 n'étoit pas en état de réalifer, n'ayant pas la même fortune, ou plutôt fans fortune, puifque la France venoit de dépouiller fon Pere. En le refufant, ajoû-toient-ils, nous n'en avons aucun malheur 11 craindre: mais en rejettant le Duc de Neu- Id. ibld. pag. 41. tiijì, de Sob, r.L P \ Histoire A 1669. Neubourg, fongeons que les Puiflatices qui nous le propofent ont des Armées pour fe faire obéir. A ces mots la Noblefïe ne fe contint plus: une fureur fubite s'alluma, le feu paffa dans tous les rangs. Le Sénat, les Grands Officiers & les Nonces, n'étoieut point affez défendus par le retranchement qui borde la Szopa. La République af-iiégea la République. Il y eut plufieurs décharges , préfages de toutes les horreurs qui pouvoient fuivré. On vqyoit les Sénateurs & les Nonces fe précipiter de leurs lièges, courir çà & là, ou fe coucher par terre, tandis que les balles fiffloient fur leurs têtes. Quelques-uns gagnerent les portes du Camp; 011 les reçut le piftolet fur la poitrine: deux furent tués, un grand nombre bielle. Tous par la crainte de la mort furent- forcés a reprendre leurs places * ). Le tumulte augmentait d' un moment à l'autre. Le Maréchal de la Diète, Potoçki, fé presenta pour l'appalfer. On fe fit violence pour ne pas l'infulter : mais on ne fe calma pas. Rien de plus difficile que de con- * } Cette violence a fait donner une nouvelle forme à la Szopa. Ce bâtiment de bois ecoj^ tout ouvert, foutenu-feulement par des P'' îiers : il fut fermé pour les Ele£hons; à v nir. La Noblelfe en murmura : mais 1 vation fubfiile. de Jean Sobieski. 171 contenir une Nation qui fait des Rois. A. 1669. Depuis l'ouverture de la Diète, point de nuit où l'on ne trouvât des per Tonnes af-fafiinées dans les rues de Varfovie ou daflts le Champ Electoral. Sobieski avoit deux titres pour fe faire écouter. Comme Gra d-Maréchal, il avoit la grande Police; & comme Grand- Général, il avoit l'Armée à fes ordres. 11 en impala au Peuple de Varfovie. Il menaça d'appel-ler des troupes &: de faire feu fur toute faction qui voudroit violenter les fuffra-#ges. La crainte fufpendit la fureur, & le Palatin de Kali (eh, Opaliński, employa la fagefle des remontrances. „A quoi penfons-nous, dit-il, devou-„loir nous égorger, pour des Princes que „nous n'avons jamais vus, & qui, peut-être, nous frapperont de leur Sceptre ? „Nos Ancêtres étoient plus fages. La „Nation à peine formée, fe trouva divisée comme elle l'eli aujourd'hui, entre ' % plufieurs Prétendans étrangers. Les „malheurs dont on étoit menacé, rançonnèrent la rai fon. Un Originaire Polo-„nois, Piajl, fut choi.fr; & cet homme „fans fortune, fans naiffimee, gouverna „fi fagement qu'aujourd'hui encore tout „Polonois fe nomme Ptaft par honneur par reconnoiffance. Laiffons le Duc „de Neubourg gouverner fa nombreufe «Famille & fon petit Etat. Que le Prince P z Histoire • „Lorraine emploie fon argent pour rentrer dans le lien. Imitons nos Ancêtres, élifons un Pia fi *) Ce n'eft pas la premiere fois qu'an dif-cours fage a calmé les efprits .... Mais quel Piajî ? C'étoit encore un embarras dont il n'étoit pas aite de fortir. Les yeux fe tournèrent fur Sobieski. Si dans ce moment il fe flatta de la Couronne, Pillufion fut courte. Plus on réfléchit fur l'Hiftoire ancienne & moderne , plus on voit que les chofes humaines font le jouet de la fortune. Celui qu'elle réfer-voit fecrettement pour le Trône, étoit le dernier que l'opinion publique y auroit dettine. Il s'intéreffoit fi peu à l'Ele&ion qu'on ne le trouva pas dans fa tente: mais dans un Couvent de Varfovie. C'étoit Michel Wieçnowieçki. Les deux Palatins, Opaliński & un autre, l'amènent au Champ Ele&oral fans lui rien communiquer de leur deflein , le préfen-tent, le propofent, le nomment. Un Prélat, Olfowski, Evêque de Culm, & Vice-Chancelier de Pologne, recommanda-bie par fes vertus, avec un ton d'enthou-fiaile, s'écrie : fivc le Roi Michel. Sur le champ ce cri palle d' une bouche à l'autre: tous les Ordres le repèrent, line manque plus que la proclamation às 1® Hilt. des Diètes, pag. 194- D E JEAN SOBIESKI. .173 îa pari: du Primat: la NobleiVe l'y force A. 1669. le piliolet fur la gorge ; & Wieçnowieçki eil Roi. Le plus étonné de la Nation, ce fu£ lui-même. Il pleuroit, il fe faifoit traîner à la Couronne, il proteftoit qu'il etoit incapable de la porter; & a dire vrai puifque la Nation, rejettant l'Etranger, avoit tourné fes regards fur un Piali, il fembloit qu'elle n'auroit pas dû balancer entre Wieçnowieçki & Sobieski. Wieç<-nowieçki avoit a peine trente ans : Sobieski, qui comptoit dix ans de plus, tou-choit à cette maturité qui eft fi necelïaire au Chef d'un grand Peuple. Wieçnowieçki avoit paffé fa jeunelle dans l'inertie: Sobieski avoit employé la fienne aux voyages, à l' étude des affaires publiques & à la guerre. Wieçnowieçki n'avoit rempli aucune charge dans l'Etat: Sobieski étoit arrivé aux plus grandes pai des aftions d'éclat, & il s'y foutenoit fur de nouveaux triomphes. Wieçnowieçki n'avoit pas même la confidération que les-richef3.es donnent; il fubliftoit d une penfion de fix mille livres dont la Heine Louife l'avoit gratifié, & des bienfaits de l'Evêque dePlocsko! Sobieski étoit puif-fant en terres & en vaflaux. Wieçnowieçki étoit venu dans la fôule des Nobles pour mêler fon fuffrage aux leurs : Sobieski, le premier Perfoiinage dans la p 3 Ré- 174 Histoire 669» République,- fembloit plutôt fe prefenter pour recevoir les luffrages que pour donner le lien. Une feule chofe parloit en faveur du nouveau Roi, fi cette chofe oeut faire le bonheur d' un Peuple; c'é-toit la liaifiance. Il defccndoit de Kori-but, Oncle du grand Jagellon. Il étoit Fils de -Jérémie Wieçnowieçki, Palatin de Ruffie, qui après avoir joui d'une grande fortune en Ukraine, étoit mort ruiné par les Cofaques. Le Fils n'ayant pour ini qu'un vain Nom, devoit-il s'attendre à un fi beau jour? Rien dans les autres Etats ne reffem-ble à cette Fête. Qu'on imagine plus de cent miile Nobles à cheval, qui aime-roient mieux fe réduire à la derniere né-eeiïïi é que de 11e pas étaler de la magnificence, tous les Grands & les Pu ili ant S fous lef'fie Afiatique, un Peuple de curieux , la Garde nombreufe du camp, une Artillerie dont le bruit fe mêle aux acclamations d'un Royaume affemblé: c'effc dans cette pompe militaire & civile, que l'on conduit le Prince élu, d'abord à la •Bafilique de S. Jean, & enfuite au Palais des Rois. La Nation dans les premiers momens de fon enthoufiafine, tournoi.t toTit en heureux préfages. Toujours frappée des anciens Romains, elle tient aux augures autant que le Chriftianilw® peut le permettre. Pendant l'Eleftiou une dę jean s ob i e sk t. 175 «ne Colombe avoit volé fur l'enceinte o' A, 1669. le Sénat déiibéroit. Un Aigle avoit plané fur la Noble (Te. Un effain d'Abeilles avoit bourdonné autour de Wieçnowieçki fans ie bleiTer, comme autrefois elles a voient carretTé la S-a tue d'Antonin Je Pieux. On m cl oie à tout cela des pref-fentimens que des Moines avaient eus à l'Autel; & m annonçoit le régne le plus fortuné. On verra dì en tôt que la Colombe, l'Aigle, les Abeilles & les Moines fe trompèrent *). Cafimir n'y fut pas trompé; car ea apprenant la Proclamation, il s'écria: Quoi! Us ont couronné ce pauvre Homme i Son régne s'annonça fi mal dans Les Pays étrangers, que peu de tems après ion Election, l'Elefteur de Brandebourg, dont la Mai fon n'étoit pas à beaucoup près auf-ii puillante qu'aujourd'hui, (Frédéric 31 étoit encore à naître,) fit enlever un Gentilhomme Pruffien fous les fenêtres ce , fon Palais, afyle qui fut violé fans réparation. Jamais Roi n'eut plus befoin- d'être gouverné; & en pareil cas, ce ne font pas toujours les plus éclairés & les mieux intentionnés qui gouvernent. Le Grand-Chancelier de Lithuanie, Cafimir Paçr s'empara de fa confiance: avec un efprit P 4 élevé,. *) Załuski, pa g. 133. 146. Histoikje • 1669. élevé, une éloquence naturelle, il avoït des lumieres. Mais plus ambitieux que Citoyen, il ne vouloit les employer que pour la grandeur de fa Maifon. Elieétoit déjà, la plus fibrillante de la Lithuanie, quoiqu'elle n'en fût pas originaire. Elle s'incorporoit aux Pazzi de Florence. Cette Parenté avec Sainte Magdelaine de Pazzi, avoit coûté au Grand-Chancelier près de deux millions pour bâtir un Mo-naltere de Camaiduies, fous l'invocation de fa Parente: profulion finguliere pour un Homme d'Etat. Son Frere, Michel Paç, remuant, emporté, capricieux, étoit Grand-Général de Lithuanie, Rival décidé de Sobieski, fachant bien la guerre, fans avoir cette fupériorité de génie qui raflure les Etats chancelans. La Pologne alloit être ravagée, fi Sobieski ne l'eût pas défendue. Les Cofa-ques, malgré la paix qu'ils avoient faite âvec la Republique, fous le régne de Ca-iitnir, entroient dans de grandes défiances fur les delleins du Roi Michel. Ils Craignoient l'envie qu'il pouvoit avoir de recouvrer les grands biens de fa Maifon en (Jkraine, & en même tems tous ceux des Seigneurs Polonois qui avoient été dépouillés. Pour fe raffurer, ils demandèrent un abandon de tous ces titres. Pologne de fon côté, appréhendoit de rentrer en guerre dans un tems où elle de Jean Sobieski. 177 étoit fort épuifée. Le Roi confia la né- A. gociation à Sobieski. Il auroit voulu pouvoir en charger tout autre; car il commençoit à prendre de l'ombrage contre un Sujet trop eftimé. Le Chef des Cofaques , ce même Dorofcensko que Sobieski avoit déjà battu, fut inflexible. Il fallut donc recourir à la derniere rai l'on des Rois, qui a fait couler tant de lang depuis que les hommes fe font donné des Maîtres. Sobieski l'épargna autant qu'il put. Il regardoit celui des Cofaques mêmes comme le bien de la République: les Cofaques étoient effectivement de bons Sujets avant qu'on en eût fait de mauvais Efclaves. Une autre raiion qui enga-geoit Sobieski à ufer de ménagement, c'eft qu'il avoit peu de forces* Le génie & l'adrelle fuppiéerent. Il jettade la di-vifion parmi les Cofaques. Il oppofa un nouveau Chef à l'ancien, Hanenko à Dorofcensko. Il remit fous l'obéilTance de la Pologne les Villes de Bar, de Ni mirów, de Kalnick , de Braclaw, & tout le pays entre le Bog & le Nieller. Dorofcensko battu ne fauvalerefte del'Ukraine pallant fur le corps de fon Pere, Ibrahim i8® histoire A. 167a. hìml, que les Janifiaires avoient étranglé, Mahomet avoit battu les Impériaux, fait de grandes conquêtes en Hongrie, fournis la Tranfylvanie, pris l'isle de Candie, l'ancienne Crète. Les Turcs croyoient ne pouvoir faire plus d'honneur à l'AmbalTadeur de France, le Comte de Guilleragues & à fa fuite, qu'en di-fant que les François étoient Parens de Mèhemmed-Tetih, de Mahomet le Victorieux. Jufques-là il ne 1* étoit pourtant qu à la façon de la plupart des Souverains, qui font tout fans rien faire: il n'avoit pas encore paru à la tête de fes armées. Mais fa fortune paroi doit inaltérable entre les mains du Vifir Cuprogii auiîi grand que fa place. Un grand Vilîr eft tour a la fois Connétable, Chancelier & Premier Préfidént. Tout étoit rempli. Fils de Vifir, il avoit fuccédé à fon pere contre la politique de l'Empire , qui ne permet pas de perpétuer les honneurs dans une même famille. Une autre fingiilarite, c'eft qu'il étoit monté à ce comble d'honneur à l'âge de trente ans; l'ufage veut qu'on en ait quarante pour être dans les grands emplois *). Les Turcs qui ne font hyperboliques que fur un grand tond, l' appelloient la lumiere des Nations, ^ gardien des Loix, le terrible Commandant. On Ricaut,hiftoire d« l'EmpireOthoman,p. 135» de Jean Sobieski! ijt On fait le mot de Montécuculi en fe reti- A. 2672. rant lorfque fes rivaux finirent leur carriere : un homme qui a eu l'honneur de combattre contre Tur enne, Condè & Cu~ progli, doit-il compromettre fa gloire avec des gens qui ne font que commencer à corn-mander des Armées. Montécuculi ne connoiffoit dans Cuprogii que le Général. L'habile Miniftre refléchiflant fur les offres de Dorofcensko forma le deffein de fubjuguer la Pologne, renvoyant à une autre campagne la deftruftion de l'Empi-» de Vienne, vi&oire qui deviendroit plus facile par celle-ci; & il voulut que fon Maître vint cueillir lui-même les lauriers qu'il lui préparoit. La préfence de Mahomet à l'armée étoit, de la part du V iiir, un trait de politique & d'attachement. Ce Sultan, malgré les victoires de fon régne, commençoit à tomber dans 'e mépris & la haine ; parce que livré entièrement à fes plaifirs il dépenfoitplus dans fon ferrali, qu'il n'eût fait en bâtant les Chrétiens. Mais le Divan repréfentoit que cette guerre ne pouvoit être julte tans une Sommation préalable aux Polonois, & un £efus de leur part de fatisfaire les Cofałeś. Le Mouphti furtout, c'ell- à-dire. Pontife de la Religion Mahoniétane, refufoit fon Fetfa. Ce Mouphti elt un per- Histoire Ą. 1672. perfonnage bien important, le feul pour qui le Grand-Seigneur fe lève: mais s'il s'avifoit 'de prévariquer , il feroit pilé dans un mortier jufqu'à être réduit en bouillie *). Le Fetfa qu'il refufoit ett line efpèce de Mandement qui accompagne prefque toujours les ordres publics du Grand-Seigneur. Sans cet oracle les Peuples obéiroient mai. Cuprogli trop ami. lui-même de lajuftice& de la Religion pour ne pas les écouter, avertit la République par cette dépêche. ., Vous dites que l'Ukraine vous appartient, & que les Cofaques font vos Surjets; corame lì nous ignorions quecet-„te Nation libre autrefois, ne dépendoit ?;que d'elle-même. 11 eli vrai qu'elle ,;s'eft donnée à vous de fon propre mouvement, & à certaines conditions: niais „elie n'a pas compté fe livrer à des Ty-„ fans qui lui ont fait mille outrages. „Elle a donc pris les armes félon le droit „naturel pour recouvrer fa liberté & fon „premier état. Elle a fupplie la fublime „Porte de la recevoir fous fa prote&ion de laire pour elle ce qu'elle fait pour „cous les malheureux ; c'eft pourquoi „l'invincible Mahomet vient d'envoyer à „Dorofcensko , chef "des Cofaques , le „fabre & l'étendard. Sachez donc que, »G *) Ricaur, hiftoircdcl'EinpireOthoman, p. 190. de Jean Sobieskt. iii „fi vous ne Vous dépéchez de compofer A. „avec mon Maître qui efl: déjà en mouve-„ment vers Andrinople; que fi vous le „laifléz arriver fur vos frontières avec „des forces immenfes , ce ne fera plus „par un traité, mais avec le fer & la co-„lere du Dieu vengeur que la contefta-„tion fe décidera *). „ Au bruit de ce tonnerre Je Sénat s'af-fembie. On commence par s'indigner de ce que la lettre qui contient une déclaration de guerre, eft écrite parle Vifir & non par le Sultan lui-même, arrogance mépnfante. Les partifans du Roi faifif-fent ce moment d'indignation pour infili u er que la déclaration n'eii point lerieu-fe: „pourquoi la Porte romproit-elle „avec nous qui ne lui en donnons aucun „fujet, elle qui eft ordinairement filîdel-„le à fes traités? Seroit-ce pour agran-„dir fon Empire? Mais on fait qu'à pré-„fent elle eft plus occupée à conferver „ l'immenllté de fes poffeilions , qu'à les „étendre. Seroit-ce effectivement pour „ foutenir Dorofcensko V 11 étoit bien plus „naturel de le favorifer lorfque fes for-„ces étoient entieres. Mahomet vien-„droit il avec tout le poids de fa puif-„fanee pour faire fociété avec un bri— „gand? La déclaration du Vifir n'a que „ 1 ap- *) Załuski Tein. 1. pag, 360. t<>4 Histoire A< i672- „1'appąrence d'une menace arrachée par „les importunités & les menfonges de „Dorofeensko. Mais à fuppofer que la „foudre i'uive l'éclair, le Czar nous offre „une forte diverfion dans laquelle il projet de faire entrer la Perfe ; & pensons-nous que l'Empire d'Allemagne ne „foit pas in ter eli e autant que nous à contenir le Tyran de l'Afie? C'ell encoure un fecours à demander prompte-a ment *). „ Les vrais Patriotes répondent qu'il eli bien plus fimpie de fatisfaire les Cofa-ques, & d'6ter par-là tout prétexte à la Turquie de troubler la Pologne. Sobieski étoit abfent. Le Primat demande qu'on fufpende toute délibération fur la guerre jufqu'à l'arrivée du héros qui l'en-tendoit fi bien. Ce n'étoit pas le fenti-mentduRoi, qui craignoit d'augmenter l'importance du Grand-Général. La nuit vient , on veut déliberer aux lumiereS. Le Primat s'y oppofe , de crainte que dans le feu des conteftations, on ne joue du poignard à la faveur des ténébreS, violence qui s'étoit montrée plus d'une fois dans les alTemblées. Il appréhenda peut-être pour lui-même quelqu'un de ces fcélérats qui font toujours plus ï J E A N S o BI E S K T. 3 g# plus la République: mais qu'il ne pou- K.ifyz. voit confentir à voir fa fœur fans couronne. Le moyen qu'il propofa pourfor-tir d'embarras fut celui-ci. Le Séréniifi-me Roi (c'ell le titre que Sa Majefté Céfaréenne donnoit à Michel) -étoit d'une complexion foible & d'une fanti- chancelante , fans enfans jufqu'alors. On atta-queroit eanoniquement fon mariage par l'impuiffance, moyen qui a h foin eut réulïi aux têtes couronnées.. La Reine confentoit à fe prêter à- cette accufation pour le bien de la République: mais fous condition tiés-expreiïe qu'après la diiïo-lution du lien elle épouferoit le Prince qui challeroit fon mari du Trône. C'eli aitili qu'en 1067 la Reine de Portugal, anioureule de Doni Pédre, frere du Roi •Alphonfe fon mari, avoit aceufé celui-ci d'impuiflance & obtenu, une bulle de Ro-*ne pour époufer fou beau-frere & regner avec lui. lin autre embarras, c'etoit de favoir fur qtipUelcte on mettrert la couronne. ^ Eniperèur excluoit tout hérétique, celui même qui fe convertiroit pour regner ; •jtoot François, Nation iégere, difoit la. j>dépòcher inquiete & fulp h urenie. Ses »tna limitions contre toute l'Europe &c particulier contre la Mailbn u'Au triache , lont allez connues. il ne feroit ??pas juite ,-q.ue pour vous faire du. bien Q x j'ex- ïs8 H t s- t o i r © .1672. „j'expofaffe ma Maifon & l'Empire. Le „Roi que je vous propofe, c'eil le Prin-„ce Charles de Lorraine, celui que vous „avez prefque couronné dans la dernie-„re é'eélion. Ne le regardez pas cornarne un Prince fans fortune & fans puif-„ fance qui feroit à charge à la République. Si fon pere eli dépouillé de fes „Etats , ce n'elt qu'un malheur paffa-„ger qu'il doit à la France, & dont el-„le aura plus à fe repentir qu'à fe féliciter *). „ Léòpold dansladerniere Eleótion avoit préféré le Duc de Neubourg à ce Prince qu'il vantoit tant: mais la politique per-metvelle aux Souverains d'avoir toujours le même langage & Je même vifage? Après avoir développé fon plan, marquant encore fon regret de voir arracher le Sceptre au Sérétiiliime Roi Michel, & gémilTant fur cette trifte nécelîité, il prioit très-inftan ment la République de ■pourvoir convenablement à fa fubli-jftance. Jufques-là les Seigneurs ligués, incertains de Sobieski, dont la conduite paroi IToit encore ménager la Cour, ne lui àvoient rien communiqué de leurdeflein: mais réfléchiffant fur la nécefiité de le gagner, ils s'ouvrirent à lui. Le parti qu'il Załuski, ibid. page 34s & fuiv. de Jean Sobieski, i8s> qu'il aîloit prendre pouvoit décider du A. fore du Roi & du Royaume. Grand-Maréchal & Grand-Général, Maître & Pere d'uneArmée quile croyoit invincible fous fes ordres, il embraffa la caule du Royaume contre le Roi. Mais foit qu'en déterminant la dépotition de Michel, il voulut fixer les regards fur lui-même ; foit qu'il n'envifageât que la chofe publique, il repréfenta combien il étoit dangereux d'aeeepter un Roi de la main de i'Empe-reur; que c'étoit mettre l'Etat fous la tutelle du Conieil de Vienne ; qu'on en avoit fait la trifte expérience depuis que Michel étoit fur le Trône: „mais autant „qu'il eftjulte, ajoûta-t-il, d'ôter la Couronne à celui qui ne fait pas la porter, „autant il feroit injufte de lui ravir fon „Epoufe ; & la République ne fauroit „fans honte fe prêter à cet infâme com-„ plot. Au refte fi la Pologne n'a point „de Chef à nous donner, la France nous „en offre un auiïi guerrier que le Prince „Charles, fans aucune fuite fâcheufe. „C'eft un defeendant du fameux Comte de „Dunois, qui fauva les François & Charries VU; e'eft le Duc de Longueville *), „qui a hérité de fon fang & de fes vertus, né pour lauver la Pologne. „ Q 3 I-a *) Connu aufft fous le nom de Comte de Saint -Paul. Histoire A. 1672. La Reine ne penfoit pas comme Sobieski, qu'elle dût le tenir attachée à un Epoux fans Couronne. A la vérité, elle eût préféré le Prince Charles au Duc de Longueville; mais de quelque façon que ce fût, elle vouloit relier fur le Trône. Elle fit donc infinuer aux Grands qu'elle confentiroit à époufer le Duc. On lui en avoit montré le Portrait qui ne lui déplut pas. La proportion de Sobieski étoit conforme à l'inclination qu'il avoit toujours conservée pour la France , & aux li ai— fons qu'il entretenoit avec Louis XIV. Quant au Prince qu'il propofoit, tout fon mérite conflit oit dans la valeur qui feulé ne fera jamais un grand Roi. Mais les Seigneurs ligués étoient trop avides de la révolution, pour délibérer avec maturité. Us aequiefcerent. On employa le moins de teins qu'il fut poffible pour prendre des m e fur e s avec la France. La chofe fat maniée avec tant de ffecret par Sobieski, que ni la Cour de Vienne, ni celle de Varfovie, n'en foupçônnerent rien. La rupture de la derniere Diète fut un prétexte pour en demander une autre au commencement du Printems. Michel nfofa la refu fer, d'autant plus qu'il fallo!, fc armer la République; car 011 avoit nou- d e Jean Sobiesìkì. nouvelle que le Turc marchoit elTeftiVe- A. 1672 ment. Jamais Roi n'entendit des chofes plu» dures en face de fon Peuple. Un grief qu'on lui avoit en quelque façon pardonné, revivoit dans la Diète. 11 avoit juré à fon Couronnement de ne fe marier qu'au gré de la République, & il ne l'a-voit pas même confultée, pour époufer rArchi-Duchefle d'Autriche Eléonore. Le Czar lui avoit offert fa Fille avec la reftitution du Duché de Sévérie & d'autres avantages confi dérables, proposition qui piai foie fort à la République, au lieu que l'Archi - Ducheffe n apporto.it rien. Il n'avoit écouté que le Chancelier Paç, Les cinq cents mille livres qu'il avoit dé-penfées pour les frais de cette alliance, il avoit voulu les tirer fecrettement du tréfor de la Nation, attentat, difoit- on,, contre la République qui doit lavoir l'emploi de fes finances , & qui ne doit rien pour un mariage qu'elle défapprouye. Ce mariage lui avoit attiré un autre reproche. L'Ordre de la Toi/on d'Or qu'il avoit accepté, étoit regardé comme une marque de valìelage,comme une ignominie pour le Roi & les Sujets, comme un engagement à époufer les intérêts & à venger les injures de la Maifon d'Autriche, On prétendoit même qu'il i' avóit juré-dans la cérémonie qui fut fecrette. „Ce „n'elfe H I S T O I R B A. i672.;,n'efl: pas ainfì , ajoûtoit-on, quefecoti- „duifit Etienne Batori lorfque i'AmbafTa-„deur d'Efpagne lui preferita ie même „Ordre. Ce Roi que nous regrettons encore avoit fait faire un Collier où en „piace du Mouton on voyoit un Loup ar-„mé de dents menaçantes *). Foilà „mon ordre, dit-il, j'accepterai le vôtre „quand mon frere ie Roi d'Efpagne aura „ reçu le mien. On poufioitla comparaison plus loin. „Etienne ne confultoit qu'avec le Sénat „& les Diètes: Michel dirige tous les „actes publics avec la Reine & l'Ambassadeur de Vienne, qui s'occupe nuit & „jour de notre perte. Etienne étoit toujours à la tête des Armées: Michel n'y „a pas encore paru. Elt-ii julte que les „Membres s'expofent pour un Chef qui „fe tient à couvert **). Le Primat profitant de la chaleur des efprits lui paria d'un ton qui pafferoit, dans une Monarchie abfolue, pour un crime de leze-Majeilé. ,, La Nation vous ,,a fait Roi, lui dit-il, & vous la perdez. Au lieu de travailler à pacifier „l'Ukraine vous avez irrité fes douleurs. „Vous n'avez pas réparé les fortifica-„tions de Kaminiek; ce boulevard de la „P°- Les Armes de la Tranfylvanie dont Bntorî étoir Prince ivant que d'être Roi de Pologne. **) Załuski, Tom. i. pag. 168 & fuiv. be Jean Sobieski. tp$ „Pologne. Vous retenez la Garde Alle- A „mande que la République ne voyoit qu'à „regret fur les pas de votre prédéceffeur, „quoiqu'il la payât de fes deniers. Vous „avez des hommes dans votre Cour, dans „votre cabinet qui facrifient les intérêts „du Royaume à ceux du Roi. Les Nonces étoient en chemin pour vous fup-,,plier d'éloigner ces peftes publiques; ,,vous avez trouvé le fecret de les éioi-„gner eux-mêmes. Vous difpofez contre ,,nos conftitutions des Starofties & des „places de Sénateur , avant la mort de ,,ceux qui les occupent. Vous avez „rompu deux Diètes pour ne pas exposer votre Autorité à l'animadverfion des „loix. Vous avez réclamé hautement „les anciens droits des Rois; & procelle „contre tout ce qui peut les blefler. Ces „anciens droits qu'ils peuvent étendre fi „loin, où en ferez-vous la recherche? „Sera-ce dans les archives de Vienne & „de Madrid? Tremblons, Sénateurs, fi. „nous méritons nos places. Ce que vous „avez dit après votre Couronnement, ce „que quelques perfonnes ont entendu, „que vous aviez juré les Païïa conventa „avec une reftrićtion mentale, n'eli que „trop vrai. Quelle foi pouvons - nous „ajoûter à vos fermens *)? Nous rom- - „pons •) Załuski, Tom. i. pag. 168, 263 & fuiv. Hijl deSob.T.I. R «94 Histoire 1672. „pons les nôtres à votre exemple.',, La fermeté d'ame que ce difcours paroît fup-pofer, n'eft point un prodige dans un Etat où l'on n'ofe pas attenter à la liberté d'un Citoyen; & encore moins à celle d'un perfonnage public, qui dit franchement ce qu'il penfe en s'appuyant fur la loi. Łe Primat pari oit encore lorfque les Seigneurs ligués dont le nombre s'étoit accrû dans l'affemblée de la Nation, ligni-fierent fans ménagement à Michel de def-cendre du Trône par une abdication comme volontaire, ou de s'y voir forcé. Il défefpéra de s'y foutenir dès qu'il vit Sobieski dans la ligue; la catâftrophe fe précipitoit. Bien - tôt les magnifiques équipages des Seigneurs s'avancerent vers la Mer pour recevoir le Duc de Longue-vilJe qu'on vouloit couronner. Ce Prince étoit encore fur les bords du Rhin dont Louis XIV tentoit le palfage. Chacun fait qu'un coup de pillolet qu'il tira fans néceiïïté fur des Hollandois qui de-mandoient la vie à genoux, fut caufe de fa pei"te. Cette canaille, pour me fervir de fes termes, à laquelle il défendoit de faire quartier , ne lui en fit point. Elle enfevelit avec lui la branche d'Orlèans-Longueville. Cette mort déconcerta la Ligue , & rendit quelqu'efpérance à Michel. - Ce de Jean Sobieski. 19; Ce Roi qui ne favoit plus s'il l'étoit en- A. core, alfe 111 bla toute la Nobleffe du dernier rang, cent mille Gentilshommes dans le camp de Golembe, fur le bord de la Viltule , au Palatinat. de Lublin. 11 avoit vécu parmi eux & au niveau de leur fortune. C'étoit principalement de leurs mains qu'il avoit reçu le Sceptre; il en étoit aimé comme un égal, &refpefté comme un Roi. Il choifit Etienne Czarneski pour Maréchal de la Confédération Royale , avec pouvoir de lever une nouvelle Armée & de rétablir l'ancienne Milice qu'on nommoit Hajlata à caufe de la lance qu'elle portoit. La Pologne ne con-noit que deux Grands-Généraux; Czarneski en montra un troifieme, & au-delà. Armé des foudres de la guerre & du glaive de la Jultice, ce fut un Dićta-teur qui pouvoit abfoudre ou proferire. Les confédérés jurerent entre fes mains de conlerver le Roi Michel fur le Trône aux dépens de leur fortune & de leur vie. La foi du ferment eft prefqu'autant re-fpećtće en Pologne , qu'elle l'étoit du tems des Sarmates leurs ayeux. Tls in-vicerent les Sénateurs & tous les Citoyens en place à fe joindre à eux dans un tems limité fous peine de confifcation de biens & de dégradation. Le terme éroit court; & fans la réfolution de Sobieski, il fall oit fejetter aux pieds d'un R a Roi Histoire A. 1672. Roi irrité & elle feroit reçue à Conftantinople. Avec A. fureur, fans doute, reprit Sobieski, „mais „il nous relie du courage & des fabres. „Nous n'attendrons pas que l'ennemi „vienne à nous; il faut aller à lui. Ce cri de guerre conlterna l'aiTemblée. .Ceux même qui défapprouvoient le plus l'infâme paix de Boudchaz, étoient effrayés de rentrer en guerre avec une Puiifance fous laquelle on venoit de fuc-comber. Ils repréfentoient que l'Armée n'étoit nombreufe; que de nouvelles levées ne feroient ni aguerries, ni fuffifan-tes par le nombre pour faire face; que les .ftnances étoient épuilees; que le Peuple accablé d'impôts, après tant d'années de guerre , étoit incapable d'en porter de nouveaux ; que l'Ukraine & la Po-dolie entre les mains de Mahomet, & quatre-vingt-mille Turcs aux frontières fixoient le malheureux deltin de la Pologne. „Nous fouîmes affervis, difoient-„ils, mais enfin nous vivons. Voulons-„nous voir faccager nos Villes, égorger „nos femmes & nos enfans, & rendre le „dernier foupir fur leurs corps palpitans. „S'il nous convient de nous 11 efurer en-„core avec le Turc, attendons du moins „que nos forces foient réparées; & prenions le teins de former des alliances & „de folliciter des fu b! kle s, C'eit ici i'af-„ faire de ia Chrétienté aulil bien que la „nôtre Histoire A. 1673. nnotreCe l'étoit effectivement; car depuis l'embouchure du Boryfthène jusqu'aux Etats de Veni fe on voyoit laMof-covie, la Hongrie, la Grece, les Isles tour à tour en proie aux armes de Mahomet: & les Polonois penfoient que tous les Chrétiens devoient faire caufe commune. Ces raifons paroilioient fans réplique. Sobieski eut befoin de cette force de génie qui fubjugue la multitude. J1 fer oit à fouhaiter que les Ecrivains des Nations confervalïent ces morceaux d' éloquence qui déterminent Je fort des Etats libres. Je 11e donne qu'un précis du .difcotofs de Sobieski tel que je l'ai trouvé. „Je connois comme vous, dit-il, le „ petit nombre de nos troupes & l'épuisement des finances; mais ces deux „maux ne font pas fans remede. Ce Peuple de ferfs qui laboure nos terres, fe „met dans une efpece de liberté en prenant les armes; & bien-tôt il eft Sol-. „ dat, fi. le Chef eft Général. Je ne demande que foixante mille hommes pour „vous arracher au joug Othoman. Mais „vous me demandez à moi où l'on prendra les fonds pour les foudoyer. Si je „vous propofois de vendre les vafes fa-„crés, vous devriez y confentir; parce „que la Patrie eft plus facrée que les in— „ftrumens de la Religion. Mais non_____*• d e jean sobieski. ai? „La République a un tréfor dans le châ- A „teau de Cracovie. Attendez - vous que „Mahomet vous l'enleve dès qu'il en au-„ra connoifiance? Employons-le à brifer „les fers qu'il nous a donnés. Vous vouliez attendre un tems plus favorable, des „alliances, des fublides. Les négociations font longues, l'avenir eft incertain, .„le pré fen t eft en notre puiffance. Vos „ancêtres aurcient préféré la mort à un „au d'efclavage ". Quiconque a de la dignité & de l'éloquence ne doit jamais défefpérer des grandes alïemblées. Le feu du Démolthène Polonois palla dans le Sénat & dans l'Ordre Equeftre. Le Traité de Boudchaz fut déclaré nul, la paix rompue, & la guerre rallumée. On croyoit déjà voir Mahomet humilié fous l'épée du Grand-Général. Les Polonois dans leurs louanges ont toujours quelque chofe de l'enflure Afiatique, Les uns difent que les Grecs auroient pris Sobieski pour l'Oracle d'Apollon qui li Toit dans l'avenir. Les autres rappellant le dogme de Py-thagore, affurent que toutes les âmes des Héros fondues enfemble ont palle dans le corps de celui-ci. Il étoit plus grand que le Roi qui entendoit tout du. haut de fon Ti or.e. Mais il y a du danger à être trop grand. L'envie en murmuroit. La Cour eu fré-HiJl.deSob. T,I. T mifloit. us Histoire 167}. miiïoit. tJn Gentilhomme fans fortune, Plébéien dans la Nobleile, comme il en. eft tant en Pologne, gens peu délicats fur les moyens de fubfifter, Łoziński, homme hardi , & Tachant manier la parole, fe leva & dit qu'il avoit un grand forfait à déférer ù la République; qu'un traître avoit appelle le.s Turcs &lesTar-tares; que Kaminieck avoit été vendu douze cents mille florins ; qu'il avoit vû ce tréfor fur des chariots fans favoir d'abord ce que c'étoit; mais qu'ayant que-ftionné les condućteurs, on lui avoit répondu que c'étoit le prix de Kaminieck; qu'il avoit encore apperçu, par furprife, entre les mains d'un Officier à Zloczow *), un billet d'une fomme qui devoit lui venir de Conftantinople pour un Grand de la République; & qu'il étoit au défefpoir d'acculer le Grand-Général dont les intelligences avec l'ennemi pourroient a-chever de perdre l'Etat **). Il eft impoffible de peindre l'étonne-ment qui fe montra fur tous les vifages. Sobieski fans changer de couleur & fou-tenant tous les regards fixés fur lui, s'a-dreffa au Roi, & aux deux Ordres en di-lant: „Si je fuis coupable je dois être „puni, & je ne mérite plus de paroître „au *) Mîiifon de campagne appartenante à Sobieski. **) Zuluski, tom. 2. de Jean Sobieski. 2t9 „au Sénat. Je me retire pour ne fortir A. 167 „de chez moi que lorfque je ferai ou „convaincu ou jultiiié. " Il n'y avoit aucune apparence que celui qui avoit battu les Tartares, les eût appelles; que celui qui avoit envoyé huit Régimens pour défendre Kaminiek, l'eût vendu. Le premier mouvement du Sénat fut de fe lever pour retenir Sobieski, & le conjurer de méprifer cette calomnie qui tomboit d'elle-même. Le Roi fe croyant obligé d'en faire autant, defcen-dit de l'on Trône. Sobieski fut inébranlable. Il fortit accompagné du Primat & des Seigneurs de la ligue. L'accufa-teur fut arrêté fur le champ; & par un decret de la Diète le proc ès fut i nitru it par quatre Sénateurs & huit Députés des Provinces. Cette procédure étoit nécef-faire pour l'honneur de l'accufé & pour la fureté de 1' Etat. Voilà ce qu'on ne voit prefque jamais dans les Monarchies abfolues. Perfonne n'ofe y accufer des hommes en place'; le Public murmure; mais le Monarque couvre le crime & croit afiurer fon autorité en fauvant ceux qui en abufent. Ce n'eft que dans les paj^s de liberté où la loi interroge tous les Citoyens fans di-ftinćtion de rang, ni de nai.fiance. Le délateur ne fe foutint pas dans l'interrogation ; il tergiverfa, il altéra fa dé-T % poli- aio Histoire A. 1673. pofitiqn ; & d'ailleurs on lui prouva que Prujhiowski (c'étoit le prétendu porteur du billet en queftion ) n'avoit pas mis le pied à Zloczow depuis la prife de Ka-minieck. Convaincu de faux , il avoua enfin qu'un parti puifiant 1'avoit poufle à cette calomnie, en lui promettant une fortune; & il nomma deux Seigneurs du premier rang, l'un Sénateur, l'autre un des premiers Officiers de la Couronne*). Sobieski effrayé des fuites qui ne re-gardoient plus fa perfonne, mais le repos d'un grand nombre de familles , & peut-être le repos public, fe rendit au Sénat où il déclara que content d'être juftifié, il fupplioit la République d'arrêter le cours de cette affaire; que pour lui il donnoit fon reflentiment à l'Etat dont la lituation demandoit qu'on s'appliquât à toute autre chofe qu'à punir des haines particulières. La République voulut un jugement. Le délateur fut condamné à mort, & remis entre les mains de Sobieski Le uranufcrit qui me guide tait leurs noms par égard pour leurs niaifons: mais c'eit le fecret°de toute la Pologne. L'un d'eux, pendant l' inftru&ion du procès, fit donner la queltion du feu à quelques Tartares captifs fiour leur faire avouer que Sobieski avoit fclieve leur Nation contre la Pologne. La verta eut plus de pouvoir fur ces Infidçles que fur les Chrétiens qui les tourmentcrcnt inutilement. de Jean Sobieskt, ki même pour en ordonner l'exécution A. 1673 en qualité de Grand-Maréchal. C'é toit lui fauver la vie. 11 la conferva par la générofité de celui qu'il avoit voulu perdre; mais il vécut dans la haine des gens de bien & dans les remars* Les deux Seigneurs qui avoient corrompu ce malheureux, en furent quittes pour marquer leur repentir à Sobieski en préfetice des douze Commilïaires. Encore Sobieski leur adoucit-il cette a-mertume. Le Palais où il logeoit étoit à quelques cents pas de la Ville. Il leuc fit favoir qu'à telle heure il monteroit à cheval pour aller au Sénat. On f© rencontra & tout fe paffa fort légèrement. Ces Seigneurs, en marquant leur repentir, avouoient le crime. Pourquoi a-voient - ils fubi un autre jugement que Łoziński? C'elt la plainte de tous les iléclcs. Les inftrumens font punis; les auteurs font épargnés. Tous ceux qui aimoient la Patrie, & fur-tout les Seigneurs ligués qui ne l'é-« toient plus, triomphèrent de la juftifìca-tion de Sobieski. Le Roi lui-même fe crut obligé d'en marquer de la joie. Tout fe calma dans la Diète, tout s'y arrangea ^ pour le falut public. . Le Primat Prazmowski ne jouit guerres du rétabliflement de l'ordre auquel il avoit tant contribué. Il avoit paru àVar-T 3 fôviej, 2,22 Histoire A. 1673. fovie, avant même l'arrivée de Sobieski, environné de fa dignité, pour fauve-garde. Une maladie dangereufe l'étendit fur un lit d'où il ne devoit pas fe relever. La Cour envoyoit fouvent vili ter le malade, bien pius pour favoir le moment où l'on en feroit délivré, que pour pleurer fa mort. Il ne vit pas la fin de la Diète. Mais avant que de fermer les yeux il protetta, il coniigna dans fon Teftament que tout ce qu'il avoit tenté fous le régne préfent, il l'avoit fait poulies loix , la liberté & la Patrie; & qu'il en efpéroit la récompenfe du Maître des Rois & des Peuples. C'étoit un Prélat qui avec de grandes qualités, avoit peut-être outré vis - à-vis de fon Roi le zele de citoyen. Mais l'amour de la Patrie eft fi beau, que fes excès, à l'heure même de la mort, paroiflent encore des vertus; & ce fut une bienféancepour le parti contraire de pleurer celui qu'il haïflbit *). La Diète fe termina heureufement en recommandant au Grand - Général tous les préparatifs d'une guerre qui alloit fau-ver la Pologne ou confommer fa ruine. Le tréfor de Cracovie, ani affé depuis plu-fieurs fiécles, fut apporté dans la Capitale. Il confiftoit en pierreries de toute efpece, montées en or. Le Grand -Tré- forier #) Załuski, toin. 1. pag. 439 & fuiv. joï jean sobieski. 2*3 forier Morftyn prétendit au dépôt pour A. «673. en faire la diftribution : c' étoit effe&ive-ment le droit de fa charge. Le Grand-Général dans une conjondure aufîi pref-fante, craignoit tout ce qui fentoit la formalité, fource de lenteur. Le trelor lui fut remis. Les arts de luxe étoient alors fi peu connus en Pologne, qu il fallut faire venir des ouvriers de Vienne, de Venife & de Breslaw pour eftimer les pièces dont le prix fut diftribué aux Officiers pour faire leurs recrues. ^ On s'apperçut bien-tôt que le trefor ne fuffiroit pas pour foudoyer le grand nombre de troupes qu'on vouloit mettre fur pied. La République demanda un nouveau fublide auquel on fe prêta avec une facilité fur prenante, malgré l'épuifement où 1' 011 étoit. On ne craint pas autant les charges extraordinaires dans un Gouvernement libre que dans une Monarchie, abfolue. On fait qu'on ne les impole que dans des cas forcés, & qu'elles ne font que paûageres. Pendant qu'on travailloit aux recrues, Sobieski envoya des efpions enValaquie, en Tartarie, au Danube & au camp de Choczin. Ils rapportèrent qu'il y avoit quelques mouvemens en Valaquie; que la Tartarie étoit tranquile; qu'après le retour de Mahomet, les ponts fur le Danube avoient été rompus, fans apparençe T 4 qu'on 2&4; Histoire m ^73- qu'on penfàt à les rétablir. Maïs ils firent une peinture effrayante du camp de Choczin qui reffembloit, difoient-ils, à une i ni m en fe for ter effe pour dominer la Pologne, en communiquant par fes ponts iur le Nieller avec la Podolie & Kaminieck. Sobieski, fans fe faire ili ufi on fur les rifques, mais flatté de la grandeur de l'expédition, dépêchoit couriers fur cou-riers au Grand-Général de Lithuanie, Michel Paç, pour preffer la marche de fes troupes. Cette Armée Lithuanienne fe fît attendre jufqu'à la fin de Septembre dans la plaine de Glinian, à quelques lieues de Leopol, ou l'Armée Polonoife s?impatientoît, & avec raifon ; car c'étoit le tems de finir la campagne plutôt que de la commencer. Sobieski diilìmula fon chagrin fur cette lenteur. Il en eut un plus grand. Il étoit bien éloigné de croire que le Roi fans gout comme fans expérience pour la guerre, & qui jufqu'alors n'avoit point abandonné la Cour, viendroit fe mettre à la téte des troupes pour une expédition fi critique. Le noir foupçon eft quelquefois plus aft if que l'amour de la gloire. Le Roi, credule à l'excès, n'avoit pu cha fier de fon efprit des bruits tant de lO.s lefutes, que Sobieski n'étoit pas toujours inexorable à.l'or des Infidèles; & d'ail- d e Jean Sobieski. 225 d'ailleurs jaloux depuis longtems d' une A. 1675. conlidéracion A laquelle ii ne pouvoit atteindre , il voyoit avec douleur que l'Armée s'accoutumoit trop à ne con-noître que fon Général. Il fe montra donc à elle pour la commander. Sobieski & tous ceux qui aimoient la Patrie, en p évo voient de grands inconvéniens Jamais on n'avoit eu plus befoin d'un Chef qui pût agir par lui-même. Tout autre n'étoit bon qu'à troubler 1'aćtion. Le premier procédé du Roi fut de tenir un Confeil dans fa tente, où il remit en queftion s'il étoit à propos d'aller provoquer une puiffance auffi. formidable que le Turc. Le Grand-Chancelier André Olfowski, l'un de fes favoris, répondit, au hafard de lui déplaire: Nous avons paffè le Rubicon ; il n' ejl plus tems de regarder en arriéré *). Paç, qui ne voyoit pas d'un œil content les lauriers de Sobieski, quoiqu'il eu eût moi-lionne lui-même , dit d'un ton ironique : gpcii pourvu mon Armée pour Jept ans: & dans cette croifade je Juis bien fâché que la vraie croix ne J'oit plus à ^fér ufałem. Sobieski prit la parole à fon tour: „Je m'atten-„dois, dit-il, à d'autres fujets de délibération. A quoi bon agiter encore dans T 5 ,,un *) C'cft le mot dc Céfar5 Iorfqu'il marchoit contre Rome. zi6 Histoire; A. 1673. „un Confeil particulier ce que l'affemblée „de la Nation a décidé. Nous en étions „nous-mêmes. L'avons-nous oublié & „oublions-nous auffi l'obéiffance que nous „devons à la République? Tout eli re-„glé: il ne s'agit que d'exécuter. Nous „n'avons déjà que trop perdu de jours. " Paç preffé par ce raisonnement objefte qu'il attend encore quelques troupes. On lui aiïigne un point de jonćtion qu'il accepte. Le Roi, après ce Confeil inutile , voulut faire la revue de l'Armée. Ceux qui connoilient la Pologne feront étonnés qu'elle ait pû affembler cinquante miile hommes en fi peu de tems. Sobieski créoit. Le Roi applaudiflbit à la beauté des troupes: mais les troupes ne jui ren-doient pas fes applaudiffemens ; elles ne voyoient dans lui qu'un Prince foible qui avoit ligné l'efclavage de la Pologne. Il lui auroit fallu des fiécles de vertu pour réparer une telle lâcheté; & d' ailleurs il n'avoit point cet air guerrier qui plaît tant au Soldat, cette mine haute qui annonce le Héros. Il étoit habillé à la Françoife, (moyen de déplaire, parce que toute Nation tient à fes ufages,) couvert de rubans, fon chapeau chargé d'un bouquet de plumes, une canne à la main au lieu du bâton de Commandement. On l'eût de Jean Sobieski. zzy l'eut pris pour un Héros de bal; & on A. 1673. alioit fur un champ de bataille. 11 n'acheva pas la revue. Tout-à-coup fa couleur changea, une fueur froide cou i oit fur fon vifage. La maladie étoit dans fes reins. On le tranfporta à Léo pol où la Médecine lui fut plus néeeffaire qu'il ne l'étoit à l'Armée *). Sobieski plus fouhaité que le Roi, fe mit en mouvement & commença une marche de fix femaines. Arrivé aux bords du Nieller, il s'y arrêta quelques jours pour attendre les Lithuaniens qui joignirent. Jufques-là les troupes a-voient marqué de la volonté: niais les vivres commençoient à devenir plus rares, les chemins plus difficiles, & l'hy-ver s'avançoit avec fes frimats. Il y a-voit dans l'Armée un parti dévoué à la Cour, toujours prêt à profiter de tout pour femer le découragement. Il fe dé-guifa fous le mafque du bien public. 11 demanda un Confeil de Guerre, qui fut fort nombreux. Ce fut la crainte qui parla. Elle ne voyoit que des fleuves enflés, des forêts immenfes à traverfer, des Armées bien fupérieures à défier, des maladies & la famine. Falloit-il, dans une campagne commencée trop tard , en- fevelir Lcngnich, pag. 243. a28 Histoire A. 1675. fevelir les Héros du Sénat, la .fleur de l'Ordre Equeftre & toutes les forces de la Pologne ? Sobieski indigné de voir la Pologne vaincue avant que d'avoir combattu, parla fortement de la honte qu'il y auroit à reculer après une marche d'un fi grand éclat; & du danger de laiffer plus long-tems la République aux fers. „Je fais, „dit-il, qu'un Aga elt parti de Con ftaniti no pie pour venir demander ce tribut „flétriliant auquel nous nous fommes fou-i,mis danś la dernier© paix; & qu'il ap-„porte à notre Roi cette vefte ignomi-„nieufe *) qui va le marquer au rang des „efclaves de fia Porte? Vous craignez la „difette. Penfez-vous que je n'aie paa „tout prévu? Vous aurez des vivres d'où „vous ne les attendez pas. Vous redoutez le nombre des ennemis. Faut-„il donc que nous foyons en nombre égal „pour les battre? Mais la Porte n'a point „encore mis en campagne ces grands „corps d'Armées qui épouvantent l'Europe. Elle a feulement quatre-vingt „mille hommes fous les murs deChoezfn. C'eft *) Le Cafetan que l'Empereur Turc dcnne quelquefois aux Ambafladeurs des Pu i {Tances E-trnngeres. Ils le prennent pour une marque d'honneur: mais ce feroit pour leurs maîtres un ligne de dépendance. de Jean Sobieskl 119 „C'eft i Choczin que je vous mene. Et A. „ fi les Officiers m* abandonnent , je me „flatte du moins que les Soldats avec qui „j'ai vaincu tant de fois, fuivront enco-„re mes pas. Ou je reviendrai vi-„ttorieux , ou j'expirerai fur un cadavre Turc *). „ Ces fortes de difcours font plus nécef-faires avec des hommes libres que dans un Gouvernement abfolu où tout marche fous les loix d'une obéilTance aveugle. Ils relevent fouvent les courages abbat-tus. Celui-ci pourtant ne fut point fuivi de ce murmure agréable qui marqua l'ap-plaudiflement. Au contraire la ré fi france augmenta; & le lendemain a la pointe du jour on vint avertir Sobieski que les Lithuaniens refufoient d'aller plus loin. On voit ici le mauvais effet de cette indépendance réciproque de deux corps d'Armée, dont l'un veut fuir le but, tandis que i'auire y marche. Paç diloit que l'Armée Poionoife ne s'informoit pas feulement fi les Lithuaniens fuivoient ; qu'en marchant la premiere elle ne Ja.it-foit que la difette fur fon pa liage ; que le tems de la folde militaire s'écouloir, que la campagne touchoit à fa fin; & d'autres rai fons apparentes dont on ne manque Załuski, Tora. 1. pag. 493- 43 a HISTOIRK i6?j. que jamais, quand on veut embarraffer un rival. Sobieski lui détacha l'Enfeignede Pof-nanie, Scorazowski. Cet homme éloquent & agréable à celui qu'il falloittou-clier, rendit un plus grand fervice à l'Etat que s'il eût expoie la vie fur un champ; de bataille. Paç l'écouta , & dès ce moment le palïage du Nieller fut réfolu. Le fleuve débordé n'ofïroit point de gué. Ceux qui avoient montré le plus de réfi-ftanee, furent les premiers à fe jetter à la nage; comme pour laver la tache dont ils s'étoient noircis. Sobieski arrêta cette fougue téméraire qui en noya quelques-uns. Un pont de batteaux s'ache-voit. Le Chef paiïa le dernier, & on s'avança vers la Bucovine, forêt de trente lieues de longueur, fur autant de largeur. Une branche des monts Carpates y forme des défilés extrêmement difficiles que le voyageur ne paffe pas fans frémir. Il eft vraifemblable que Conflantinople ignoroit encore la rupture du Traité & la marche des Polonois. On rencontra l'Envoyé Turc qui venoit demander le premier payement du tribut. Il parut avec cette hauteur qu'il croyoit pouvoir montrer impunément à des vaincus tributaires. Sobieski lui demanda fes lettres de Jean Sobieski.' zjt très pour les ouvrir. Cet honneur, ré- A. 1675. pondit-il, ri appartient qu'à ton Roi à qui elles font adrejjees ; & la mort feule m'empêchera de fuivre les ordres de l'invincible Mahomet. Sobieski fut tenté de le charger de fers, ou du moins de lui faire couper la barbe, ce qui cil dans l'Orient le plus grand de tous les affronts. Mais il refpeéta le droit des gens , & le laiffa continuer fa route, tandis que l'Armée s'enfonça dans la forêt où elle s'atten-doit à dilputer les partages. L'ennemi ne parut qu'au débouché dans la plaine; quelques petits corps feulement qui fe retirerent bien vite. Sobieski preffant fa marche cotoya le Pruth, l'ancien Hierafus qui fe jette dans le Danube. C'ell fur le bord de cette riviere que le Czar Pierre en 1711 vit tout d'un coup fon Armée fans vivres, fans fourages, & cent cinquante mille Turcs devant lui; plus malheureux en ce moment que fon rival Charles XII, à Pul-tawa. Mais le moment fut court. Une femme le fauva en négociant la paix du Pruth ; femme d'un fimple Dragon, elle époufa fon Empereur & lui fuccéda. Sobieski abandonnant le Pruth fe pré-fenta le 9 Novembre devant le camp de Choczin. La Ville fur la rive droite du Nieller 4^2 Histoire A. «673. Niefter étoit défendue par une citadelle élevée; & un Fort fur la rive gauche couvrait la tête d'un pont. C'eft là où cinquante ans auparavant, lorfquele Sultan Ofman fut vaincu, le pere de Sobieski avoit fait de fi grandes chofes: le fils en tentoit de plys grandes, avec cette différence qu'alors les Polonois défen-doient le camp; en ce jour ils venoient l'attaquer. Le Séraskier Hui&im, éleve du fameux Cuprogli, y commandoit quatre-vingt mille combattansde ces vieilles troupes qui avoient emporté Candie. Il y avoit dans l'Armée des Bachas à trois queues, Mahomet lui en avoit envoyé une trôifiéme, afin qu'il pût les commander. Le titre de Seraskier fe donne à tous les Généraux en chef qui reprétentent le Vi (ir. Hulïeim avoit épuif'é la plaine à dix ou douze lieues à la ronde pour mettre l'abondance dans fon camp, tandis que les Polonois , dont la plupart n'avoient jamais vu le feu, manquaient de beaucoup de chofes. Paç balançant l'inégalité des forces dans un Confeil de guerre qui fe tint la nuit, protetta qu'on 11e, pouvoit lans une témérité puniHablé expofer à une perte certaine les dernieres r e fio u r ces de Ja République ; & que pour lui , au lever du Soleil il le retireroit avec les Litliua- de Jean Sobieski. 233 Lithuaniens pour les conferver à la A; 167-5-Patrie. Sobieski plus fatigué par l'ami que par l'ennemi, répondit qu'il avoit prévûtout ce qu'il voyoit, excepté la réfolution de Paç ; que la fituation des chofes ne l'ef-frayoit point; qu'il étoit plus dangereux de fe retirer devant un ennemi fupérieur que de l'attaquer; & qu'enfin il lui de-mandoit pour toute grace d'être feulement fpećtateur des premiers coups. Paç aimoit la gloire ; & puifque Sobieski s'obftinoit à la chercher , il eût été au défefpoir qu'il l'eut trouvée ians lui. Le 10 tout fe difpofa pour: attaquer. Il y avoit dans l'Armée une troupe de Co fa que s que Sobieski avoit attirés par fes largëlTes. Samuel Motovildo impa--tient de fefignaler à leur tête, fans attendre l'ordre du Général [ ouvrit la feerie. Ił étoit déjà fur le retranchement,, Jorfqu'il tomba fatis-vie fur un JaniÛaire qu'il venoit de percer. Ce brave homme avoit fouffert un efelavage de-dix-neuf ans fur les galeres Turques; 11 s etoit mis en liberté par fon courage avec trois cens compagnons de fon malheur. Vainqueur de la galere où il étoit enchaîné,, & teint du fang dei fes tyrans;,,il avoit HiJÌ, de Sob. T. / U abordé-' 234 Histoire A. 1673. abordé à Venife. Il méritoît de mourir libre *). Sa troupe fat hachée. Ce n'étoit pas ce jour-là que Sobieski a voit delti né au fang. Il refta en bataille dans l'efpéranee que l'ennemi avec tant de fupériorité fortiroit de fon camp. Il n'y eut que de la canonade. Sur le foir un événement inattendu fortifia les Polo-nois. A la droite des Turcs il y avoit un camp féparé de fept à huit milie chevaux Valaques & Moldaves , troupes Chrétiennes à leurs ordres. Elles ne ré-pondoient ni par la beauté, ni par le nombre aux efpérances du Séraskier. Les deux Hofpodars qui les avoient amenées , furent traités en efclaves. Le Séraskier s'oublia jufqu'à- frapper le Moldave d'une hache d'armes. Les deux Princes, emportés par la vengeance, vinrent offrir à Sobieski leurs bras & leurs troupes. Les Turcs virent cette défer-tion en frémilfant, hors d'état de l'empêcher **). Cette nuit fut bien dure à paffer fous les armes. Le Soldat glacé par la neige qui tomboit en abondance, regardoit Sobieski vifitant les polies , le repofantfur un affût de canon & refufant une tente. A la ł) Załuski, Tom. 1. pnę. 493. **) Caniémir, Tom. 2. pag. 96. de Jean Sobieski. 235- A la pointe du jour il obferva que Jes A. rangs des ennemis s'éclairciffoient. On yoyoit fur le parapet le même nombre de drapeaux, mais beaucoup moins de Ja-niffaires Les Turcs accoutumés à une douceur de climat, que les Polonois ne connoifient pas , font moins faits à la fatigue Excédés d'avoir été vingt-quatre heures en bataille au milieu des frimats, & ne pouvant fe perfuader qu'on ofât les attaquer en plein jour, ils prenaient un peu de repos. Voici le moment que j'attendais, dit Sobieski, aux Officiers dont il étoit environné: portez mes ordres pour l'attaque; & à l'inftalit il donna un exemple qu'en toute autre occafion on blâmeroit dans un Général. Voyant les premieres brigades flotter entre le courage & la crainte, il fit mettre pied à terre à fon Régiment de Dragons, troupe formée par fes mains; & marchand à leur tête, il arriva aux retranchemens. Sa taille puifiante Fembarraffoit pour monter. Il fut aidé en efluyant le feu de l'ennemi, & il fe montra avec fes Dragons fur le parapet. L'Infanterie qui ie voit & qui trem-» ble pour lui s'élance de droite & de gauche pour le foutenir, plie les premiers poftes les uns fur Jes autres, & tourne contre eux leur propre canon. U z Pen- % Histoire " M,i$73. Pendant- que cela fé paffoit le Palatili de Ridile, Jabłonowski, fit un mouvement de la derniere importance. La Cavalerie n'âvoit pas encore pénétré, & l'Infanterie craignoit d'être enveloppée en ^'engageant trop avant. J1 tourna, par le camp que les Moldaves avoient abandonné, & avec les Pancernes il perça. Il y nvoit près d'une heure que Sobieski, com-battoit à pied. Il eut enfin un cheval ; & le relte de la Cavalerie fe fit bien-tôt jour pai" le retranchement même. La furprife fait plus de ravage que le feu & le fer. Les Tur. s pouffes de toute part perdoient beaucoup d'hommes & de terrein. Mais les Polonois trouvant plus de riches pavillons abandonnés que d'ennemis, s'arrèierent au pillage, écueil ordinaire des troupes où la difcipline eft foible. Si la victoire balança, ce fut dans ce moment. Les Turcs charmés du p.ouvoir, de leurs dépouilles reprirent courage & repouffoîent les vainqueurs. Sobieski avec les Towarisz foutint ce premier choc.. Jabłonowski le fecondoit avec les Pancernes. Le Palatin de Podał qui e., Ledczinski, ramena les pillards aux drapeaux; & laviftoire qui fenibloit fuir , reparut avec l'ordre.. Sobieski dans la chaleur de l'aftion, ppstoic ie s. regards Jur. les fuites. Il ordonna dk Jean Sobieski. 2.37 donna au Baron de Beham, Officier Fran- A. .1675. çois, de marcher au pont pour ôter la. retraite à l'ennemi *). 11.n'y avoit plus que les JanilTaires qui fiffent ferme, n'o-fant lâcher le pied fous les yeux du bra^ ve Soliman qui les commandoit. Le Sé-raskier de fon côté faifoit tout ce qu'on, pouvoit artendre d'un Général qui fe trouve forcé dans fon camp. 11 rappeiioit au combat fes efcadrons rompuSi Mais lorfque des fuyards repoufles des ponts vinrent annoncer que la retraite étoit coupée, les Turcs, au lieu de pui-fer du courage dans le délefpoir, ne fen-tirent plus que la terreur: un corps de fix à fept mille chevaux cherchoit à s'é-chaper par un endroit où le rocher s'ab-bailloit. Les Lithuaniens qui entroient p.ar cette ouverture les chargèrent. Re-p.ouflés fur le champ de bataille, ils fe heurterent à toute bride contre un peloton de Cavalerie Polonoife. Sobieski en écoit, parce qu'il fe portdit partout.. Malheur au Général qui dans une pareille circonltance ne fçauroii. pas être Soldat. Il le fut ; & la fortune le fervit autant que la bravoure. Son bras fe iaf-foit de frapper. On lui portoit un coup mortel: un jeune Héros , Zelinski, le U 3 reçut: *) Il coupa le pont, daignant d'y être.forcé, 5-38 Histoire A. 1673. reçut: fa mort fut vengée. C'étoit un combat particulier au milieu d'une affaire générale. Le Palatin de Kalish & le Caftellan de Pofnanie accoururent avec un gros de Gendarmerie & dégagèrent les Polonois. Tout le camp fe jonchoit d'infîdeles expirans. Soliman venoit d'être bielle & pris au milieu des janif-faires. Ces braves gens plioient enfin. Les Spahis poulToient leurs chevaux pê-le-mêle fans autre deilein que celui d'éviter Je labre qui les pourfuivoit. LeSé-raskier couvert de plaies ne penfoit plus qu'à fauver les malheureux débris de fa défaite: mais par où? Tout ce qui s'of-froit à fon idée c'étoit ou quelques Rentiers à travers les rochers} ou les flots du Nieller. Dès ce moment, û on jette les yeux fur toute l'Armée Turque, ce n'eft plus une bataille , c'eft une déroute compiette où la deftruftion fe multiplie fous toutes les formes. Ici c'eft un rocher d'où les fuyards fe précipitent pour fe brifer fur d'autres rochers : on y voit des hommes & des chevaux entaflés les uns fur les autres à plufieurs piques de hauteur. Là c'eft une Infanterie éperdue qui court vers la citadelle: mais la citadelle regorgeant déjà de monde, la renvoie au fabre de^l'ennemi. Plus loin c'eft de la Cava- ł de Jean Sobieski. 2-35» Cavalerie qui fe jette dans le fleuve ou le A, 1673. feu l'atteint pour finir les horreurs. Ceux même qui gagnent l'autre bord, ou ceux qui avoient paiTé avant la rupture du pont ne font pas en fureté. Ils s'é-toient remis en bataille pour protéger & recevoir leurs compagnons qui tente-roient le paffage. Un Brigadier de Cavalerie , l'impétueux Mondréoski , ne confent point à les voir vivre. Il fe jette à la nage, fuivi de fa brigade. Une balle vient le frapper au milieu du fleuve & le laifïe fans connoiffance. On le ra-mene au point d'où il étoit parti pour ne perdre la vie que dix ans après dans une^bataille encore plus éclatante. Sa troupe fuit fon objet, de nouveaux efca-drons s'y joignent ; & l'ennemi battu par-tout; cherche fon falut fous les murs de Kaminieck. L'eau étoit couverte de dix mille Turbans & la terre de vingt mille morts, parmi lefquels on comptoit huit mille Ja-niflaires. Il n'en coûta aux vainqueurs que cinq à fix mille hommes tués ou blefie s. Le Grand Veneur fut beaucoup regretté. Biginski retiré d'un tas de cadavres le lendemain de la bataille, eut le plaifir de favoir qu'on avoit pleuré fa mort. Quand on penfe à la fupériorité des vaincus on croit lire une fable. De deux ząo Histoire A. 1673. deux chofes l'âne: ou c'efi: un grand désavantage d'attendre l'ennemi dans des retranchemens; ouleCiel combattitpour les Polonois. Une troifiéme peut-être donne la folution. Quand les hommes fe battent, non pour la fantaiile d'un Souverain , mais pour leur bonheur réel, & celui de la Patrie, ils s'élevent au-deJTiis de l'humanité. On avoit fait un grand nombre de pri-fonniers qui flétrirent les lauriers de Sobieski. 11 eft fans doute à propos de faire remarquer le mal que les hommes puif-fans font aux autres hommes, C'eft à eux à ne faire que du bien , s'ils veulent qu'on n'écrive que du bien, A peine Sobieski eut-il remercié Dieu par Je facri-fice de la IVIeffe dans le. magnifique'pavillon du Général Turc, qu'il fit malïacrer des captifs qui ne fe défendoientplus; & à cette premiere barbarie il en ajouta une feconde : un ordre aux habitans du pays de mettre à mort tout infidele qui auroit cherché un afyle dans leurs foyers, fous peine de la vie pour eux-mêmes. 11 oublioit que le Dieu des Batailles, (qualité qu'il ne prend que lorlque des forcenés troublent la terre,) eft encore plus le Dieu de l'humanité. Des Bâchas périrent dans cette boucherie: mais il n'eut pas le cruel plaifir d'y eu- velopr © E JEAN Sobieski. 241 velopper le Séraskier Huffeim qui s'étoit A. 1673.. évadé à tenis *). Il fut plus humain envers les malheureux qui attendoient leur fort dans la Citadelle de Choczin, où il y avoit; de grandes richeffes. Les Grecs, les Arméniens & les Juifs y te« oient leurs magafins pour le camp. L'artillerie fut avancée le même jour. Il étoit impolTible que la citadelle tînt. Un fecours lui arrîvoit de Kaminieck , qui fut bien - tôt repoulfé par Samuel Co-facowski. Après quoi , Sobieski envoya aux Affiégés un Député Polonois avec un prifonnier de diftinttion , le Bacha Czaufio, pour les fommer de fe rendre ou de fe réfoudre à être palfés au fil de l'épée. Ces malheureux oferent encore demander une capitulation honorable, d'être conduits à Kaminieck en emportant leurs effets fur quarante chariots. Le bon Turc qui lut les conditions à Sobieski, en les arrofant de fes larmes, le fupplia de confidé-rer que la Vi&oire ne s'attache con-ftamment à aucune Nation ; que Dieu punit ceux qui en abufent & qu'il a plus •) Załuski, Tome 1. pag. 498 Se fuiv, tiifl, icSob. T. /. X Histoi&je 1673. plus d'une fois abbaiffé le lendemain ceux qu'il avoit élevés la veille. Sobieski accorda prefque tout ; & fur le champ le Bacha qui commandoit à Kaniinieck reconnut cette bonté en renvoyant fans rançon cinquante captifs Polonois. Les Polonois dans tous leurs écrits traitent les Turcs de Barbares. Ces Barbares enfeignent quelquefois la vertu aux Chrétiens. L'Hiftoire , après avoir accufé le Général Paç dans la marche & avant l'attaque, lui doit cette jullice que pendant l'aétion, rendu à fon courage naturel & à l'amour de la Patrie, il fe conduifit en Héros avec tes Lithuaniens qui laifferent douter fi les Polonois étoient plus braves. Pendant que tout cela fe paiToit entre le Pruth & le Niefter, l'Aga avoit fait fon chemin. Arrivé à Léopol vers le commencement de Novembre, il y avoit trouvé le Roi à l'extrémité. La maladie qui s'étoit déclarée pendant la revue avoit fait des progrès à déf-efpérer. Un ulcere dans les reins, du fang au lieu d'urine, des convulfions d'eftomach, des vomiffemens continuels ne lui laifloient qu'un fouffle de vie de Jean Sobieski. 243 qui ne lui permettoit pas de donner A« audience. Cependant l'Ambaffadeur in-fiftoit avec plus de hauteur encore qu'il n'en avoit montré à 1' Armée. Il vouloit abfoluraent remettre au Roi la lettre de Mahomet & la cafiétte donte il étoit chargé. Les Grands-Officiera de la Couronne & de la Cour étoient dans une agitation mortelle. Ils crai-gnoient que la lettre ne contînt des expreiîions impérieufes, le ftyle d'un Seigneur à fon Vallai; ils craignoienfe jufqu'à la fufcription qui pouvoit être changée depuis que la Pologne étoit devenue tributaire de la Porte. Le Vice - Chancelier , avant que de pro-« pofer l'audience au Roi mourant, de-mandoit à voir la lettre, & la cadette qui donnoit encore plus d'inquie-tude. On fe repréfentoit ce bâton de commandement, cette velie, lignes hu-milians de vaffalité que le Grand-Seigneur envoie à fes tributaires dans trois Parties du monde : en revêtir ce Prince expirant , c' étoit lui donner le coup de mort ; & quel affront éternel pour la Pologne ! Ce qui aug-mentoit les foupçons , c'eft qu'il n'y avoit point de lettre pour le Vice-Chancelier. Ce procédé contre l'ufa-ge ne préfentoit que des ténébres qui X % cou- 244 Histoire i673- couvroient quelque chofe de funefte. Cependant l'Ambaffadeur s'obftinoit à ne rien révéler qu'au lit du Roi. U femble qu'on au'roit pû le laiiïer murmurer dans fon obftination. Mais les fuites en paroifloient à craindre. On ne favoit pas quel fuccès auroit l'Armée ; les dernieres nouvelles n'en étoient pas heareufes ; & fi on echouoit dans l'expédition de Choczin, quel joug feroit déformais aflez pe-fant pour les vaincus ? L'adrefle vient ordinairement au fecours de la foibiefr Se. On dilììmula ; on flatta l'Aga. On lui fit entendre que le Roi re-prenoit des forces, & que dans peu de jours il feroit en état de l'écouter. Effe&ivement l'ulcere s' étoit ouvert , & les Médecins efpéroient tout: mais la nature, qui les trompe fi fou-vent en bien ou en mal, avoit décidé contr'eux. Michel expira le 10 Novembre fans postérité à l'âge de 35 ans , après quatre ans de regne, ou plutôt d'agitation , de flétriiTure , de troubles & d'horreurs. Si le Sceptre peut rendre un mortel heureux, c'elï feulement celui qui fait le porter. Michel né avec un cœur fen-fible eût été bon Roi, s'il avoit pû être un grand Roi. Son incapacité fit de Jean Sobieski. fit fon malheur & celui de l'Etat. A. 1673. La Royauté ne l'étoit venu chercher que pour l'abbreuver de fiel, fans aucun mélange de confolation. Il a-voit vu le mal, il ne vit pas le bien. Ses yeux s'étoient fermés la veille de la victoire de Choczin. Trois jours après, l'efpoir d'un nouveau triomphe vint flatter Sobieski. Il fçut par le Prince Moldave que dix mille Turcs, après avoir pafie le Danube , traverfoient la Moldavie pour groflir encore le camp de Choczin. Il prit avec lui une partie de fa Cavalerie fans équipage, & dans quatre jours de marche forcée arrivant à Pére ri ta fur le bord du Pruth, il eut le regret de manquer fon objet. Le Général Turc, Kaplan Baila, inftruit dans fa route de la défaite de Choczin, avoit repris le chemin du Danube. Sobieski revenu a fon Armée pen-foit à tirer les plus grands avantages de fes fuccès : mais tout s'y oppofa. Paç, qui s'étoit fait traîner à la victoire, n'étoit pas d'humeur à la fui-vre. Il avoit repris la route de Li-thuanie avec fes troupes pendant l'ab-fence de Sobieski. Les Polonois a -X 3 voient 2Ą 6 Histoire A. 1675. voient encore de la volonté : mais la nouvelle de la mort du Roi changea la difpofition des efprits , ou fut un prétexte pour un grand nombre. Ceux qui étoient chargés da butin de l'Orient, étoient prelies d'aller le mettre à couvert dans leurs foyers. D' autres que les travaux laffoient dans une faifon fi dure , en défiroient la fin. Tous difoient que l'élection du nouveau "Roi étoit l' unique affaire dont il falloit aller s'occuper en Pologne. Sobieski repréfentoit que l'élection ne pouvoit avoir lieu qu'au Frintems, & que i'hyver feroit bien employé, à chaffer les Turcs de i' Ukraine , & peut - être à tenter quelque cbofe fur Kaminieck. Il montroit une lettre du Grand - Chancelier qui con-feilloit de pourfuivre la vi&oire, en annonçant la mort du Roi, On eft étonné de voir Sobieski lì peu pref-fé de retourner à Varfovie pour y former des brigues, lui qui avoit tant de titres pour la Couronne, fi le mérite en fait. 11 ébranloit les Polo-nois , il les reporcoit à de nouvelles entreprîtes Uff ordre du Primat Czartoriski 1' arrêta. Cet oure pur- de Jean Sobieski. 247 portoit de ramener, rans délai, l'Ar-A. 167 mée en Pologne. La volonté de l'Inter - Roi eft plus facrée que celle du Roi. 11 fallut obéir. Tout ce que put faire le Grand - Général , ce fut de laiiïer une garnifon à Choczin où l'on éleva un tertre que les Po-lonois appellent Mogiła , monument gro Hier d'un beau triomphe, 11 n'é-toit pas j'iile d'abandonner à la vengeance des Turcs les Moldaves & les Valaques, qui étoient venus fe livrer à Sobieski. Il détacha un Corps de huit mille hommes fous la conduite du Grand - Enfeigne Sienawski pour défendre le pays & les deux Hofpo-dars ; défenfe qui 11e leur fervit guè-res. Le Moldave Pètreczéicus , fuc-combant bien - tôt fous la puiifance Opiomane , fe fauva en Pologne , où le moindre Staroite fe mettoit au-deff. s d' un Prince dépouillé. Il fe rrpeuit de n'a\oir pas fouffert un affront plutôt que de s'expofer à mil-le. La mort le' délivra. Le Vaia-que Grégoire , après a\ oir été amu-fé pur l' Empereur , chercha de i' appui chez le Pape qui lui paria d'entrer dans la communion Romaine. Il retta Schifmatique & Prince en faifant fa paix avec Conlian-X 4 tino- ^48 Histoire A 1675. tinople *)-. Sobieski ne manquoifc pourtant pas à la reconnoiffance ; il avoit fait pour eux tout ce qui é-toit en fon pouvoir ; après quoi, il reprit, malgré lui, la route de Pologne. Si on examine cette expédition du côté de la conquête , elle n' offre prefque rien d' avantageux. On ga-gnoit Choczin , un amas de cabanes couvertes de chaume. La citadelle bonne pour le pays fut repri-fe par les Turcs pendant l' hyver : mais à coniìderer 1' expédition du coté de la gloire , & de la conferva-tion , il en eft peu d' aufli brillantes , & qui présentent autant d' intérêt:. Elle empêchoit la ratification du traité de Boudchaz par le premier payement du tribut ; elle fufpendoit l'efclavage de la Pologne; elle affoibliïïoit les Turcs par la perte d'une armée aguerrie ; elle leur apprenoit que la Pologne , avec des forces médiocres, pouvoit braver leur énorme puiffance. Sobieski. Cantémir, Tome a. pag. 139. de Jean Sobieski. 449 Sobieski couvert de gloire fe ren- A. dit à Léopol où il reçut les félicitations de tous les Ordres : Les Pala-tinats les plus éloignés envoyerent des Députés au Libérateur de la Pàtrie. Que les Rois s'enyvrent , s'iis peuvent, de l' encens qu'on leur prodigue après des victoires où fou vent ils n'ont eu aucune part: encens de commande ; celui que Sobieski rece-voit étoit offert par la reconnoiffance & la joie. Au bruit du triomphe de Choczin , on avoit quitté le deuil d'un Roi qu'on ne pleuroit pas, pour prendre les couleurs & le ton. de l' allégreile. Si quelqu' un étoit fâché de cette mort, c'étoit l'Envoyé Turc. Elle l'avoit empêché de remplir fa commiflion , & il redoutoit la févérité de la Porte. Le Primat lui donna un certificat qui atteftoit que Michel étoit mort, avant que l'Envoyé pût faire fa charge. Cependant tout retentifloit à Var-fovie des brigues qui fe faifoient pour la Couronne ; & Sobieski reftoit à Léopol , comme s'il eût été fans prétention. Il croyoit que le meilleur tître étoit de continuer à défendre la ajo His t. de Jean Sobieski. A. 1673. la Patrie. Fixé à Léopol pour tout l' hy ver, il fe mettoit à portée de contenir les Tartares & les Cofaques, ou même de travailler à regagner ces derniers. Fin du troifième Livre & du premier Tome. HISTOIRE D E JEAN SOBIESKI, ROI DE POLOGNE. Par M. L'A Fi B H COYER. TOME SECOND. A AMSTERDAM, Et fe trouve à LE IP Sic, Chez MAURICE GEORGE WEIDMANN. 9 a$> <9M Q>À HISTOIRE D E JEAN SOBIESKI, ROI DE POLOGNE. LIVRE IV. ^ r vt.-\ i & 'a Diete de convocation qui A.i6; i' précédé celle de l'Eleftion 'j-fyjil ^ut indiquée aa 15 Jan- $=5^' vier. Elle devoit fe termi-net- en quinze jours : mais ia paiiion que tout le monde avoit d'y voir Sobieski la fit proroger au 22 Février. Il Te refufa à cet emprefleinent parce que l'ennemi l'occupoit. Tout s'y pafia tranquillement fous la direction du Primat Inter-R01, à qui la République dut encore le calme général dont elle jouit durant tout l'in ter - regne , tems ordinairement orageux dont les brigands & les leditieux A 2 pro- 4 Histoire 1674. profitent. La mort du Roi & le tems de l'Election furent notifiés félon la coutume aux PuilTances de l'Europe. Le champ Elećtoral fut ouvert au premier de Mai. Il faut fe rappeller qu'il y a deux manières d'élire les Rois de Pologne, où dans l'afiemblée générale de la Noblefle, ce qu'on appelle Diete à cheval, ou feulement par les fuffrages du Sénat & des Nonces qui repréTentent la Nobleffe & les Provinces. Le Primat Inter-Roi craignant les dangers de la premiere, qui eli ordinairement tumultueufe & violente , mania fi adroitement les efprits, qu'il fît préférer la feconde, où la Nation re-préfentée par ce qu'il y a de plus fage peut attendre un meilleur choix. Sobieski montra tant d' indifférence pour la Couronne, qu'il n'arriva que le io Mai, malgré toutes les inftances du champ Electoral qui vouloit s'éclairer de fes lumieres. Peut-être aufïi y mit il de la politique pour être plus remarqué. C'étoit la premiere fois qu'il reparoiffoit devant les Ordres affemblés depuis la victoire de Choczin. Il fut reçu avec une pompe à étonner les Etrangers, qui ne font point accoutumés à voir leurs Généraux dans les honneurs du triomphe. Six Rivaux marchandèrent la Couronne par leurs Âmbafïadeurs. Le de Je an Sobieski. $ Le Prince Thomas de Savoye offroit A, 1674 deux millions pour foudoyer les troupes de la République pendant quelques mois, avec un fecours de cinq mille hommes d'Infanterie jufqu'à la cofrclufion de la paix avec le Turc. Il promettoit outre cela de vendre tous les biens qu'il polie-doit en Savoye ou en France valant neuf millions de florins , fomme qu'il appli-queroit au bien de la République & qui la délivreroit des fauffes monnoies dont elle étoit infeftée; tout cela fous la garantie du Duc de Savoye fon oncle. Le Duc de Modene modelle en réalités étoit prodigue en proteftions. Le crédit des deux Cardinaux Barbérins, dont il pouvait difpofer ; fes alliances & fes liaifons d'amitié avec tous les Souverains , & furtout avec la Marfon d'Autriche. L'arriéré-petit-Fils de Philippe II. fe flattoit de tirer de grands fecours ' des deux branches contre le Turc. Le Prince George de Danemark, celui que l'Europe a vu Mari d'une Reine, fan» être Roi *), outre des offres pécuniaires, promettoit une alliance défenfive entre les deux Etats. Un autre point plus intéreiTant peut-être, mais qui toucha peu les Polonois, c'étoit de les ini-A 3 tier *) Anne, Reine d'Angleterre. 6 Histoire A. 1674, tîer dans le commerce en leur ouvrant d'abord celui des Indes Orientales. Le Prince de Tranlilvanie offroit quinze millions , unifToit fa Principauté à la Couronne & prornettoit d'entretenir quinze mille hommes, tant que la République auroit guerre avec le Turc. La proportion parut trop confidérable pour persuader qu'il étoit dans le pouvoir d'y fa-tisfaire. Le Prince Charles de Lorraine qui, dansladerniereEle&ion, avoit vu la Couronne balancer fur fa tête, fe repréfen-toi't pour l'y fixer. Sans être plus riche, il avoit trouvé de bonnes cautions pour les offres qu'il faifoit ; l'Empereur & le Roi d'Efpagne. Il s'engageoit à entretenir cinq mille hommes d'Infanterie pour l'expédition contre le Turc , à prendre cinq cens Nobles Polonois dans fa garde , à fonder une Académie où cent autre Nobles recevroient une bonne éducation, à conftruire deux Forts, l'un contre la Turquie, l'autre contre laMofce-vie< à fournir neuf mois de folde Militaire avec la promeffe d';iffecler à la Pologne la moitié des revenus de la Lorraine & du Duché de Bar, dès qu'il en feroit en poffeili on. Le Prince Guillaume de Neubourg, qui fut depuis Elećteur Palatin , fe flattant ti'tere plus heureux que fon Pere, que la de Jean Sobieski. 7'. la Pologne avoit refufé dans la derniere A. 1674. Eléftion, enchériffoit fur toutes les offres de fes Rivaux : au lieu de fix ou neuf mois de folde Militaire, il en promettoit un an. Son Pere lui abandon-noit, dès le moment même, les revenus du Duché de Juliers qu'il appliqueroitaux nécefiités de la République , en attendant qu'il pût la gratifier fans meture lorfque l'immenfe fucceiîion qu'il attendent, feroit ouverte. Un objet plus le-duiiant encore dans la crite ou l'on fe trouvoit, c'eft qu'il prendroit à fa folde vingt mille Suédois & fix mille Biande-bourgeois pour les employer contre le Turc *). . , Si l'on n'achetoit cette Couronne que de la République même, ce feroit un bien: mais on Pachete encore des Particuliers qui la proftituent au plus offrant; &pour furcroît de malheur, ces grandes offres , qu'un. Candidat ambitieux fait à la République, il les oublie, autant qu'il peut, lorfju'il eli fur le Trône. Des fix Compétiteurs il y en eut quatre qui n'eurent pas même la fatistaftion. palTagere de balancer les fufïrages ; le Prince Thomas de Savoye , le Due de Modene, le Prince George deDanemark? & le Prince de Tranfilvanie. Les deux A 4 au- *) Załuski, ibid. page 586' 8 Histoire A-i<74; autres, le Prince Charles & le Prince de Neubourg, difputerent. _ L'Empereur Léopold, qui avoit facri-iîe le Prince Charles dans l'Ele&ion précédente , avoit les plus fortes raifons pour 1 appuyer dans celle-ci; c'étoit un Epoux pour la Reine Eléonore, qui en lui donnant fa main, refteroit fur le Trône ; & il paroiiToit beau d?y conferver le iang Autrichien; beau & avantageux, puiiqu'on pouvoit tout attendre de l'Empereur contre le Turc, fi on avoit cette deference pour lui & pour fa Sœur, rrefque tous les Grands le nommoient; & le Primat Inter-Roi élevoit fa voixau-deiiusdes autres. „Quandnous penfions „a depo fer le Roi Michel, difoit-il, notre „ premier mouvement fut de delliner nostre Couronne au Prince Charles en promettant fon mariage avec la Reine Eléo-„nore. Ce que nous ne pouvions faire „alors fans de violentes fecoufîes, nous „le pouvons à préfent par la liberté de „nos fuiirages & pour le bien de la Patrie. Pourquoi changerions - nous d'arts ? Dans tout autre arrangement nous „n'avons rien à efpérer de mieux; &nous „aurions deux Reines dont l'entretien „chargeroit la République. „ Ce qui xortifîoit beaucoup cette faftion, c'étoit les deux Paç, l'un Grand-Général, l'autre Grand - Chancelier deLithuanie; qui entrai- de Jjùan Sobieski. 9, entraînoient les Lithuaniens. La faction A. 16741» ■ étoit fì aveugle dans fon zele, qu'elle prétendit donner le pas à l'Envoyé du Prince Charles fur l'Ambaffadeur de France. La propofition parut li abfurde qu'elle tomba d'elle-même. Mais l'Ambaffadeur de Francef Touffaint de Forbin, Evêque de Maifeille , diloit une chofe qui étoit écoutée avec plus d'attention. Il recommandoit à la République de ne pas choifir un Prince ennemi de fon Maître ; & il portoit le Prince de Neu-bourg. Le Parti de ce Prince n'étoit pas aulît ébloui que les Grands de la fplendeur du Sang Autrichien. Cett® Reine Eléonore qu'il falloit laiffer fur le Trône fi on cou-ronnoit le Prince Gharles, ce Parti ia craignoit ; & il redoutoît encore plus l'influence du Confeil de Vienne fur le Gouvernement de Pologne. On n'avoit ' pas les mêmes chofes à craindre du Prince de Neubourg, ni de la Princeffe qu'il épouferoit; puifqu'il offroit de fe marier au gré de la République. L'Article dur Mariage des Rois en Pologne fouffre toujours de grandes difficultés. Ailleurs il» fe marient pour eux fans confulter leurs Sujets. En Pologne ils fe marient pour la République; & comme il n'y a point de droit héréditaire au Trône, elle aime-roit encore mieux qu'ils vécuffent dans As le io Histoire A. 1674. le célibat. Les grandes offres du Prince de Neubourg; & les mêmes PuilVances qui avoient porté fon Pere dans la der-niere Ele&ion, parloient pour le Fils dans celle-ci; & fi fon parti n'étoit pas le plus fort par l'éminence des per-fonnages, il étoit plus conliderabie par le nombre. Sobieski en fufcita un troifiéme. Il repréfenta que dans la lituation où fe trouvoit la République, à la veille de voir fondre fur elle toutes les forces Ochomanes , elle avoit befoin d'un Héros tout formé dont le nom feul annonçât la vittoire ; que ce Héros on ne l'appercevoit pas dans le Prince de Neubourg, qui ne l'avoit pas encore cherchée; pas même dans le Prince Charles qui n'en connoiffoit que le premier fouri-re: mais qu'on le trouveroit dans le Prince de Condé, fi familier avec fes faveurs & fi célèbre dans l'Europe; qti'on auroit déjà dû le couronner dans la derniere vacance du Trône, fans s'arrêter à un mi-férable libelle dont les Auteurs n'ofoient pas fe montrer: mais qu'il étoit encore tems de fe donner un Roi que tontes les Nations ambitionneroient, fi elles pou-voient difpofer d'elles-mêmes *). Ce Id. ibid. pag. 555 & fuiv. de Jean Sobieski. ïi Ce nouveau Candidat qui n'avoit fait A. 1674. aucune proportion à la République, auquel perfonne ne s'attendoit, fit foup-çonner que la France n'étoit pas fincere dans fa recommandation pour le Prince de Neubourg. Les deux Partis contraires jetterent des regards de défiance fur fon AmbalTadeur. Ils crurent qu'il ré-p au doit fecretvement de l'or pour le Prince de Condé; & que Sobieski n'avoit pas fermé la main. Ils fe trompèrent. La propofition de Sobieski renfermoit un mytlere qui ne tarda pas à le dévoiler. Il étoit étonnant que le Champ Ele&oral ne penfât pas à le couronner lui-même, lui qui étoit le Héros de la Pologne. Deux prétextes l'éloignoient du Trône, tandis que les taiens & les vertus l'en approchoient. Marie d'Ar-quien fa femme (au jugement des Grands) n'étoit pas faite pour s'y affeoir. „Cet „honneur fuprême, difoient-ils, conve-„noit mieux au Sang Autrichien. „ C'eft ainfl que les hommes facrifient fouvent leur bonheur à un fantôme. Un autre obftacle plus réel, c'étoit une exclufioii pofitive que les Lithuaniens donnoient à tout Piajl. „ La Nation , s'écrioient-„ils, qui a tant fouffert de l'imbecille „Gouvernement de Michel doit chercher „un Roi chez l'Etranger. „ Et la Reine avoit influé fecrettement dans cette ex- clufion Histoire A. 1674. clufìon fì humiliante pour la Pologne. Les Lithuaniens ne difoient pas la vraie raifon. La Reine & lesPaç ne pouvoient fe figurer que Sobieski n'eût aucune vue fur la Couronne. Il étoit venu avec une magnificence digne d'un Roi, il en avoit le mérite : il falloit l'exclure fous la qualité de Piajl. Sobieski dans cette pofition & fentant fes forces pour porter la Couronne, imagina de femer Je Champ Eleftoral de difficultés. Il voyoit deux Rivaux puifl'ans. Il s'agifloit d'en triompher en leur oppo-fant le Prince de Condé. Il lavoit fort bien qu'il ne lui gagneroit pas la pluralité des fuffrages. Il vouloit feulement les divifer pour les réunir enfuite fur lui-même, s'il étoit polîible. Il réuiïït d'abord à divifer au-delà de fes efpéran-ces. Au nom de Condé les Neubour-giens frémirent. Les Lorrains tonne-rent. On rappella contre lui tout ce que le libelle avoit de plus odieux. On enchérit encore. On touchoit à une fcif-fton, & peut-être à une guerre civile. On fentoit que Sobieski étoit allez fort pôur fe rendre maître de l'Ele&ion , l'étant déjà de l'Armée Polonoife qui de-mandoit tout haut le Prince de Condé, ne fuivanten cela que l'impreïïion du Général , fans pénétrer fes vues. Les Paç avec l'Armée Lithuanienne moins nombreuse de Jean Sob i'e ski, t$ breufe à'la vérité, fe préparoient à fou- A. 1674. tenir les intérêts de la Reine & du Prince Charles. Les deux Freres avoientfur les Lithuaniens tout l'afcendant qu'ils vouloient. Ils favoient que le Prince Charles étoit en Silélie avec des troupes qui jointes aux leurs balanceroient les forces Polonoifes. L'horreur d'une guerre civile failoit trembler ceux qui ai-moient la Patrie. Pans cette fermentation de volontés contraires, Sobieski préfenta un moyen de conciliation, qui n'êtoit propre qu'à brouiller encore plus. Il falloit que la Reine Eleonorę fe détachât du Prince Charles pour donner fa main au Prince de Neubourg, dont la République efpé-roit beaucoup plus à caule de fa grande fortune ; & à cette condition le Parti def Condé difparoîtroit. Ce fut-là l'objet d'une députation du Sénat *). La Reine qui avoit engagé fon cœur & fes pierreries au Prince Charles , montra, par fa réponfe, qu'elle lui relloit invioiable-tnent attachée; & l'Ambaffadeur de Vienne protetta hautement que fa Cour ne le départiroit point de Ion Candidat. Les Grands pęrfiftoient à lui donner leurs fuffrages ; & vraifemblabîement il auroit régné fi le Primat Inter - Roi , Florian Czar- •) Id. ibid. Histoire A.1674 Czartoriski, eût vécu quelques jours de plus. La mort le furprit au milieu d'un feltin que Sobieski donnoit à Villanow; & comme elle fervoit Sobieski, on le foupçonna de l'avoir appellée. Ses ennemis femerent des bruits de poifon: mais 1' Hiftoire qui veut des preuves nous apprend qu' un grain de fable qui avoit grolïi dans les reins du Primat lui ôta la vie *). C'étoit un génie aft if, puiflan-t fur les efprits, rapide & plein de feu, femblabie au Soleil qui entraîne les Plane ttes dans ^on tourbillon. Sa mort af-foiblit le Palrt du Prince Charles & changea toute la face de l'Eleftion. L' Evêque de Cracovie d' un caraftere plus froid, André Trzebi ski, prit fa place dans le champ éleftoral & fit la fonftion d'Inter-Roi fans pouvoir réunir les fuf-frages. Ici l'on entendoit le nom du Prince Charles: là celui du Prince de Neubourg; plus encore celui de Condé. Un Sénateur que la naiflance, la fortune, les loix & les armes rendoient également recommandable , parlant comme il com-battoit, ami de Sobieski, parce qu'il ai-moit la Patrie; le Palatin de Ruffie, Stanislas Jabłonowski, **) entreprit de fixer les 0 Lengn. pag. 245. Załuski, tom.i. pag. 556. *) Sa Petite - Fille, digne de lui, a époufé en France le Prince de Talmont. DE JEAN Sobieski. les incertitudes: „fi pour nous donner A. 1674. „un Roi, dit-il, il ne s'agifloit que de fe „décider fur les apparences, il feroit à „peu près égal de choiftr le Prince de „Lorraine ou celui de Neubourg: L'un & „l'autre montrent des fleurs; mais ce „font des fruits qu'il nous faut.; & dans „ce point de vue je donnerais mon fuf-„frage au grand Condé, fi des fruits trop „mûrs ne touchoient pas à la corruption. „Je méprife comme vous ce libelle in-„fâme qui tenta de le noircir dans la „derniere éleftion. Je ne m'attache qu'à „des objets frappans. Sobieski, en nous .,1e propofant, ne regarde que fes qualités héroïques. Mai moi je jette les „yeux fur fon âge, fes infirmités & fes „habitudes. Il eft accoutumé à un autre „climat, à une autre façon de faire la „guerre, à d'autres ufages, à d'autres „mœurs, à d'autres loix. Il ignore nostre langue & notre liberté. 11 ne conçoit que le gouvernement arbitraire fous „lequel il a vieilli. Eli:-il tems, fous „des cheveux qui blanchiffent & dans ,,1'épuifement qui le menace, de fe faire „un nouveau corps & une nouvelle ame? „Sa vie fera ufée avant qu'il ait appris ,,une partie dece qu'il faut favoir pour „nous gouverner fagement. Encore une j,fois Sobieski ne voit que la gloire qui i,couvre les ruines du Héros: & pour- „quoi, ï6 Histoire • i®74*„quoi, tandis qu'il s'oublie, ne penfe-„rions - nous pas à lui-même? Il eli fous v vos yeux. L'âge, la fante, la vigeur, „les taiens, la fortune, tout parle pour „lui. Il eft né parmi vous II s'eft nourri de vos principes & de vos fentimens. wIi vous a éclairés dans le Sénat & dans „les Diètes. 11 vous a menés tant de „fois à la vittoire. Il a foutenu cecte ^Couronne; il faura la porter. En c4ier-„chant'un Roi chez l'Etranger, voulons-„tious faire dire que la Pologne ne produit point de Héros ? En le cherchant „dans des Maifons Souveraines, elle a „plus d'une fois trouvé fa perte. Vous „êtes quitte envers la Reine Eléonore, „puifqu'elle a -refufé l'époux qu'on lui a „préfenté: mais vous ne l'êtes pas envers la Patrie dont le falut eft attaché à „Sobieski.,, Il y avoir, dans le difeours <łe Jabłonowski des chofes vraies: d'autres extrêmement hafardées. Ce Héros qu'il préfenroit dans ies infirmités & i'é-puifeuient, Condé livra cette année même la bataille de Senef, celle, où emporté par fon feu, il prodigua le plus fa vie & tel je de fes Soldats ; voulant encore recommencer le lendemain, malgré la goutte qui le tourmentoit; „mais il n'y „avoit plus que lui, dit un Oiïicier qui ,>y étoit, qui eût envie de fe battre. " A peine de Jean Sobieski. *7 A peine Jabłonowski finiiToit-îl de A. 1674 parler, que cinq Palatinats, c'eft-à-dire, leurs Nonces, leurs Caftellans, leurs Palatins & quantité de Nobleffe s'écrie-rent : vive Sobieski. Nous périrons tous ou nous l' aurons pour Roi, Le Palatinat de Ruiïie, pays natal de Sobieski fe di~ ftinguoit parmi les plus zélés ; & avant la fin du jour l'acclamation devint générale du côté des Polonois: mais les Lithuaniens frémiffoient. Les deux Paç quittèrent brufquement l'Affembiée avec leurs amis pour protefter au Greffe de la Chancellerie contre une Eleftion qui n'é-toit pas unanime. La Couronne llùtta encore pendant la nuit. Nuit d'agitation & de difeorde. Jabłonowski &l'Inter-Roi firent tout pour concilier les fuffra-ges. Us s'addreflerent à une DameFran-çoife , Elifabeth Claire de Mailly, Fem* me du Grand-Chancelier Paç: mais elle ne voulut point*fe détacher des intérêts de la Reine Eléonore dont elle étoit Dame d'honneur, après l'avoir été de la Reine Louife,qui l'avoit amenée en Pologne. Cela fit dire que les Femmes font quelquefois capables d'une grande fermecé. Les deux Paç, après avoir cherché en vain pendant toute la nuit des moyens pour faire tomber l'Eleâion, & réfléchif-fant fur la foibleffe du petit nombre coit-tre le grand, fur le danger même de leur la vérité/pour" être Ambafladeur. Tous , fans nieme excepter celui de Vienne^ témoignèrent au nouveau Roi la joie qu'auroient leurs. Maîtres de cette Election: Pendant que cour Varfovie étoit en fêtes, la Reine Eléonore étoic malade par bienîéance.-. Le nouveau Roi la vi fi ta:. mais ce n'étoit pas le Prince Charles, & il falloit céder 'e Trône à Marie d'Ar-quien.. Les Créatures d'Eiéonore dans ta Sénat '.•ncixi'iex'ent fans dèì&i a xa ven-, & peut-être à dégoûter Sobieski du Trône avant qu'il s'y ,:ûc a ili s, lisdref-B z ferent 20 Histoire A. 1674. forent des fiadta conventa qui donnoient des bornes plus étroites que les ancien* nés a la depenie de la Maifon Royale & à l'autorité du Prince *). Sobieski fentit le piège & l'évita en montrant un noble dé/intéreflement qui reulïit toujours aux Grands Hommes. „Vous m'avez choifi pour votre Roi, dit-„il, mais l'ouvrage n'eil pas achevé: & „moi je balance encore. La République ..ne m'a pas encore remis le Diplôme „d'Elettion; & je n'ai pas encore accepte dans cette forme qui confomme tout: «c'eft pourquoi fi par une défiance que je <*n'ai pas méritée, vous vouiez medonner „des chaînes que mes prédéceffeurs au-„roient refufées, je les refufe avec la ^Couronne. u Ce procédé généreux ferma la bouche aux perturbateurs; & le 5 Juin fut dettine a i errer les liens du Roi avec la République par la tradition folemnelle du Diplôme d'Eleftion, & par l'acceptation de la part du Roi. Mais quelques jours a-vant, un nouvel orage ie fit encore chanceler fur le Trône ou il s'afféyoità peine. Les mêmes perturbateurs contefteient i'Eie&ion. lis dirent que le Grand-Duché de Litbuanie avoit montré une réll-ftance bien marquée; que Sobieski, a- vant *) Załuski, tom. 1. pag. J48. de Jean Sobieski.' ii vant que d'être élu, avoit promis la fol- A, 1674; de Militaire pour fix mois; & qu'après 1'Elećtion il rétra&oit fa promeile. Jabłonowski & l'Inter -Roi, à la tête de tous ceux qui aimoient la paix & la Patrie , répondirent au premier chef que la réfiftance du Grand-Duché de Lithua-nie affuroit Péle&ion, bien loin de l'af-foiblir, puifqu'elle avoit celle par uneac-ceffion libre & réfléchie: que l'Ele&ion de Michel avoit paffé pour légitime malgré la violence qu'on avoit mife en œuvre pour la cimenter: que le Sénat n'a-voit fléchi que dans la vue de ne pas troubler la République. Le fécond chef, quoique moins grave, n'étoit pas fi aifé à détruire. 11 étoit vrai que Sobieski, avant que d'être élu, avoit promis d'entretenir l'Armée à fes frais pendant fix mois: mais après 1'Elećlion comptant avec lui-même il en avoit vu rimpolïibilité. „S'il avoit voulu vous „tromper, difoit Jabłonowski, il n'avoit „qu'à vous laifler dans cette efpérance „fans exécution; comment l'auriez-vous „contraint lorfqu'il auroit affermi le „Sceptre dans fa main? Point du tout: „il vous dit ingénument; je mefuistrom-„pé moi-même, mes fonds ne fuffifent „pas; & fi cette condition eft abfolu-„ment nécefTaire pour porter votre Couronne, je vous en remercie, je vous la B 3 „rends* ■ii Histoire A. 167i- „rends. Polonois, foyons aulïl gene-, „reux que lui. Vous avez eu cent rai-„fons, toutes plus fortes les unes que les „autres pour dépofer le Roi Michel: vous „ne l'avez pas fait. Voudriez-vous pour „un objet auffi mince anéantir une Ele-„ćtion légitime & vous priver du plus „grand des Rois? Ce qu'il promet à présent, après un examen plus réfléchi, il „le tiendra. Il va jurer dans les Patta, „conventa qui font fous vos yeux, de pren-„dré fur la Men le Royale la penfion que „vous affignez à la veuve du Roi Michel, „de racheter de les deniers les prierre-„ries de la Couronne qui ont été engagées, de fonder une Ecole Militaire „pour la jeune Noblefle, & d'élever deux „Forts au gré de la République. " La. face de Ja République prit enfin un air de fer é ni té ; & tout étant calme ou paroiflant l'être, le nouveau Roi reçut folemnellement le Diplôme d'Eie&ion dans la même Bafilique où il avoit été conduit en quittant le Champ Electoral. Il eft d' ulage dans cette folemnité de faire un difcours qui place toujours le nouveau Roi au-deffus de tous ceux qui l'ont précédé, L' Orateur mêla le facré & le profane, félon la coutume du Pays: en voici un extrait pour donner une idée du ton de i'éloquence Polonoife. C'étoit dans i'Egiile de Saint Jean qu'il parloir j, Comme de Jean Sobieski. 2,3 „Comme autrefois S. gfean préparoit A. 1674. „les voies au Melile, ainfi la République „en donnant le Diplofne de la Royauté „à ąfean Sobieski, prépare les voies à fou » Seigneur, dont le nom eli $ean. La „Vierge Marie fanftifia Jean dans le feia „de fa Mere: la Reine Louife-Marie, E-„poufe de Cafimir,. avoit rempli de bé-„nédiftions le Roi Jean en le mariant „avec Marie d'Arquien ; cet océan de qualités Angéliques. La République s'tv „toit trompée dans la précédente E!le-„ćtion en cboififfant Michel, elle corrige fon erreur en prenant $ean-. gfean „eli un nom de grace qui rétablira la dilati pline Militaire & la fortune de i a Pologne. Les Moldaves & les Valaques „ont adoré çfean & nous ont appris à „l'adorer nous-mêmes comme le Sau-„veur de toute la Chrétienté. Le Soleil „fe montre après les nuages: mais fou-„vent il en produit d'autres. L'Altre „nouveau qui fe leve fur notre horifon „nous promet du pain & non pas des „foudres. Nous avons attendu le Saint-„Efprit aux fêtes de la Pentecôte, nous „l'avons reçu dans la perfonne de ofe.au: „aujourd'hui l'Eglife célébré la fête du „Dieu Sauveur caché fous les efpeces du „pain, voilà que rrous nous donnons un „autre Sauveur fous la figure d'un hom-„tue. C'elt uu Samedi, veille de la Tri- >;nité 14 Histoire A. 1674. ;,nité que nous nous fomraes tous réunis „pour élire ffean. Il eit lui-même une „Trinité, notre Enfant, notre Pere & „notre Roi. Ce n'elt point le hafard qui „a remis l'Ele&ion au tems de ces grandes Fêtes. Celle de la Trinité annonce „que la Maifon de^Vas» regnerà au moins „trois cents ans, & plût à Dieu trois „mille! C'eft la femence de Jacob qui ne „périra jamais & qui fera toujours le bonheur de la République, &c. *). u Ce n'étoit pas un Moine qui parloitain-fi, c'étoit le Palatin de Culm, Gninski, qui avoit lui-même le bonheur de porter le nom de £fean. Qu'on n'imagine pas cependant que l'éloquence Polonoife foit toujours fur ce ton. U y a des exceptions hors du Panégyrique, & fur-tout lorsqu'elle défend la Patrie, parce qu'alors tout homme libre qui eft né avec quelque talent s'anime de cet efprit qui agitoit Cicéron & Démofthène. Le Po-lonois s'en remplit aulïit mais il fe bour-fouffle. On ne s'en tint pas aux adulations du Panégyrique. On produifit des Prophéties Latines fur tous les Rois de Pologne pafles & futurs, de même valeur que celles de Saint Malachie fur les Papes. L' Oracle qui regardent Sobieski, etoit Manus Congregatorum, la force des AiTem- *) Załuski, ibid. dï Jean Sobieski. Aflfemblées , avec la lettre qui fembloit A, déligner fon nom, puifqu'il s'appelloit QjPeau. Des Seigneurs Polonois qui fe nommoient Jacques, avoient cru que la prophétie pan oit pour eux. Sobieski étoit dans un âge également éloigné du feu des paillons & du froid de la vieilleffe, l'âge où l'homme elt tout ce qu'il doit être ; il avoit 4, ans, & li le Trône fe donnoit à l'avantage de la figure, il l'eut encore mérité par cet endroit. Une taille haute, un vifage plein , des traits réguliers, un nez aquilin, des yeux pleins de feu, une phyfionomie noble & ouverte ; c' eli; l'on portrait. Il n'avoit pas encore alors cette réplétion qui avec le tems diminua de fa bonne grace: on ne lui voyoit que cet embonpoint qui en marquant une fanté florill'ante, cadre fi bien à l'habit Polonois. L'air Majeftueux que les Courtifans prèrent à tous les Souverains , la nature l'en avoit doué. Il prit le nom de Jkan III. Deux Rois de Pologne qui l'avoient porté avant lui, Ue l'avoient pas honore. $can - Albert, petit-fils du grand gfa-geilon , n'eft connu que par des projets informes , des guerres malheureufes , des trêves mal concertées &des alliés trahis; efprit foible, inappliqué, ouvert ù tous les préjugés , ne voyant que par les yeux. d'autrui. Son précepteur Buona Corji, Jtiiji, de Sob. T. U. C plus i<î Histoire A. 1674. p]u« connu fous le nom de Callimaque. ce Poète Grec auquel il refiembloit fi peu, l'avoit corrompu & fubjugué dès fon enfance. Il régnoit pour lui. Nous avons vu qu'un autre g?e an, gfean Cafmiir ne fut jamais plus en fa place que Jorfqu'il fe rendit jufticeen abdiquant un Royaume pour pofìeder une Abbaye. çfean III bien différent des deux premiers, fans être du Sang Royal, avoit 1' h me d' un Roi. A peine étoit-il fur le Trône qu'on iui fabriqua une généalogie dont il fut éton-ié lui-même: mais qu'il lai(Ta croire à ceux qui le voulurent. On lui montra fon origine dans le Duc Lesko III. au commencement du neuvième lié-cle, avant que la Pologne eût des Rois. Ce Duc avoit un fils nommé Sobieslas, qui eut la Bohême en Souveraineté. 11 parut tout fimple de trouver Sobieski dans Sobieslas. La Reine auffi vit croître fon arbre généalogique. La tige étoit dans Hugues Caput & pouffoit fes branches jufques dans la Maifon de la Grange d' Arquien. Marie avoit des ehofes bien plus réelles, une taille élégante, le port noble, le teint éclatant, les yeux pleins de feu, le regard fier, beaucoup d'efprit, trop de manège peut-être. La Reine Autrichienne lui pardonnoit tout cela, & même fa généalogie: mais elle de Jiaîî Sobieski. 27 elle ne lui pardonnoit pas de lui avoir A, 1674. enlevé le Trône dont l'éclat ne pouvoit plus que la blelïer. Elle fe retira quelques mois après en Siiéfie fous le bon plaifir de l'Empereur "fon frere. Elle ne donna d'abord à cette retraite que la couleur d'un voyage, afin de ne pas perdre fon douaire ; car lelon les Loix de Pologne, pour jouir des biens de l'Etat, il "faut être regnicole. Au refte, fi elle avoit perdu le Trône, elle confervoit le Prince Charles qu'elle époufa en 1^78 ; & fi l'amour pouvoit dé.Jommager les cœurs ambitieux, le fien eût écé rempli. Celui de la nouvelle Reine fentoit encore un defir qui l'agitoit vivement. Elle bruloit d'effayer la Couronne. Le Roi fe contentoit encore de l'avoir méritée. Le couronnement, pour les Rois héréditaires, n* e il qu'une cérémonie qui n'ajoute rien à l'autorité qu'ils tiennent du Sang. Mais pour les Rois élefîifs., c'eft un afte tolemnel & néceflaire qui leur donne l'exercice de la Souveraineté. L'intervalle de l'éleftion au couronnement eli; une fuite de l'interregne qui la!Ile encore le Gouvernement dans les mains du Primat* Le nouveau Roi ne peut dater fon regne que du jour où il reçoit la Couronne, & il a les mains liées jufqu'à ne pouvoir ligner fimple-mentRoi, il faut qu'il ajoute élu. C 1 Jean, 28 histoire 1674 Jean, malgré tarit de défavantages qu'il pouvoit finir d'un feul mot, fut plus pref-fé de venger la Pologne, que de regner fur elle. Parvenu à la Couronne à force de mérite, il différa fon couronnement pour fe livrer tout entier àia guerre contre le Turc. La République reconnut cette générofité par une autre; dérogeant aux inftitutions pour cette fois, elle lui permit de compter fon regne du jour de l'Elettion, de décider de la paix & de la guerre, de publier des Univerfaux *) fous fon fceau privé pour les Diètes & la Pofpolite en cas de néceiiité. Elle lui permit encore les dépêches aux Cours étrangères fous le même fceau ; & enfin de nommer aux charges vacantes. Celle de Grand-Maréchal en étoit une. Ce bâton devoit fortir de fes mains, dès qu'il p'ortoit le Sceptre. Nous avons vu que le Roi Cafìmir de fa propre autorité, exemple inoui, en avoit dépouillé Lubomirski pour le lui donner. Jean le rendit au Fils qui en étoit digne, a&e de ju-ftice & de politique tout à la fois. 11 ramenoit à lui un cœur aliéné qui pouvoit en foulever d'autres. La premiere place de la République vaquoît auiîi, la Pri- * ) Ce font des lettres circulaires que les Rois de Pologne envoyenr dans les Provinces & iux Grands du Royaume pour les affaires publiques. Litttrix univerfait;. de Jean Sobieski 29 Primatie *). André Trzébiskï en avoit A. 1 fait les fonćtions dans 1* inter - regne ; & il n'avoit pas peu contribué à l' éle&ion de Sobieski. 11 devoit s'attendre a fa re-connoifl'ance. Un autre fut nomme, André Olfowski Evêque de Culm, & Vice-Chancelier du Royaume, vraiment homme d'Etat. Deux régnés & deux interrègnes l'avoient prouvé. 11 paroît qu en cette occafion le nouveau Roi fit ceder la reconnoiffance au mérite, en même tems qu'il oublioit la pompe de fon couronnement pour le bien de la Patrit. 11 fit encore un Sacrifice qui dut lui coûter beaucoup. Né avec un tempe-ramment de feu, auffi galant que brave, il avoit eu des Maîcreiles ; & celle qui depuis trois ans lui faifoit oublier les autres, il avoit juré de l'aimer toujours. C'étoit le ferment d'un Particulier. Ro'„ & devenu l'exemple des Peuples, il crut devoir y manquer; & il en fut récom-penfé tout le tems de fa vie; car la Reine qui jufqu'alors avoit fermé les yeux fur ces amours volages, n'en vouloit plus fouffrir dans la crainte de voir paffer à une Maître de le crédit de la Reine. Pour concevoir toutes les amertumes que le» humeurs d'une Princeffe encore belle & aufii fiere aur oient jettées dans la vie t'va C 3 Prince? •) Legnich. pag, 247. 30 Histoire A. 1674, Prince, il faut favoîr qu'au - de flus de la foule des Rois dans les Confeils & fur les champs de bataille, il étoit au niveau du citoyen par fon amour pour la paix, domeftique.. Un nuage qui auroit pû la troubler , l'inqui étoit plus que l'ennemi. Mahomet ne penfoit pas pour cette année à venger la défaite de Choczin. Cu-progli étoit mort; & en mourant, les yeux fur l'Alcoran, il avoit dit: Prophète , je m'en vais voir Ji tu dis vrai: mais vrai ou non, je fuis ajjurè d'être heureux, Ji la vertu eji la meilleure de toutes les Religions. ]^a mort de ce grand homme laiffoit l' Empire Othoman dans la langueur. Jean crut le moment favorable pour cueillir les fruits de fa victoire. Son premier objet fut de rendre' l' Uk raine à Ja Pologne.. Les Cofaques ne s' étaient livrés au Turc que par défe-fpoir: & ils fentoient déjà la pefanteur de ce nouveau i.oug: mais, ils craignoient encore plus de retourner à l'ancien. Les Maîtres du monde qui n'ont pas voulu écouter les Rebelles ,, ou qui leur ont manqué de parois en les puniffant, après les avoir flattés-du pardon r ont trouvé le fecret de perpétuer les révoltes. Les Cofaques n'oferent eflayer la clémence de Jean, Informés qu'il marchoit à eux, que Mahomet n'armoit pas pour les défendre,, ils cherchèrent un troifiéme Maître. de Jean Sobieski. 31 Maitre. On les vit déferter par troupes A. fur les terres Mofcovites, au-delà du Borylthène *).• C'eft fur fes boras que les Suédois mirent bas les armes, tandis que Charles XII blefie & vaincu, après tant de vi&oires, fuyoit chez, les Turcs. Cependant Mahomet envoya ordre au Kan desTartares d'employer toutes fes forces à défendre l'Ukraine, fous peine d'encourir l'indignation de la fublime Porte. Paç avec fes Lithuaniens joignit l'Armée Polonoife au commencement de Septembre. Son égal & fon rival étoit devenu fon Roi ; mais la maje lié du Maître ne fubjugua point la fierté du Sujet. Paç fît pendre un Tambour-Major de Ion. Armée, qui avoit ofé batrre la générale peu- ordre du Roi , fans attendre le fien. Malheur dans tons les tems au foible,qui fe trouve ferré entre deux Puiflances l Jean diflimula cette injure. Fit-il bien? C 4, Les Ce Fleuve dont le nom moderne eft Niéper ou Dnieper, n' avoit point de fou ree connue au tems d'Hérodote, Liv. 4. chap. rj.- Elle s'eft trouvée dans ln Ruffie Mufeovite, entre Wolock & Olefchno. Hérodote croy.oit le; Fleuve navigable partout. Il ne connoifloit: pas fans doute les treize fauts nommés Forouis,, que les Cofaques fçuls ofent franchir dans des canots ; & après le fucces ils font un feitiu avec du millet. L'embouchure elt dans U-Mer Noire. i* H jSToias A. «74- Les" Sénateurs qui marchoient avec lui rapprouvèrent, parce qu'on avoit befoin de Paç. Il facrifia fon relfentiment à la République; & il tint plus qu'il n'avoit promis dans fon Elećtion; car ił foudoya les troupes de les deniers durant cette campagne; & il entra en Ukraine avec trente a trente-cinq mille hommes. Plu-fieurs places , Bar, Nimirow, Braclawi Kalnik fe rendirent aux premiers coups de canon» Pçtvoloc, avec une garnifon toute t.plaque fe préparoit à une vigou-reufe defenfe. Une forcie de la place îaifla quelques prifonniers. Jean les habilla,leur donna de l'argent, & les renvoya libres dans la Ville avec des lettres qui exhortoient les Aiïlégés à ne pas Jbuiïrir les dernieres extrémités, leur promettant, parole de Roi & de Sobieski, de ne retenir aucun de ceux qui vou-dr oient pafier dans le parti deDorofcens-ko. lis fe rendirent, & la bonté du Maî-tie les retint tous fous fes drapeaux. Jean, par cette conduite où l'humanité parloit a des rebelles, épargna beaucoup de fang Cofaque & Polonois. Tout Roi qu il et oit y il fai Toit cas de la vie des nommes. La Religion feule, mal entendue, (mal aûez ordinaire en Pologne) le rendoit quelquelois barbare pour les Infideles qui ne ceflent ni d'être des hommes , ni d' être 110s frères. U de Jean Sobieski. 33 Le Kan avec cent mille Tartares fe A, 1674. contentoit de côtoyer & de harceler l'Armée Polonoife, n'ofant rifquer une bataille. Human, la plus grande Ville & la plus peuplée de l'Ukraine , attendoit fon fort. Elle contenoit près de vingt mille habi-tans avec une garnifon nombreufe. Jean en forma le fiége en prélence du Kan : il la prit & méprifant le Tartare, il divifa fon Armée pour multiplier les opérations ; car les neiges & les glaces avertifloient de fe hâter. Jabłonowski fournit tout ce qui réfiltoit fur fa marche. Koreski pénétra jufqu'à Kasków, place dont il s'empara, fur la frontiere de Tartarie. Paç pouffoit les Tartares devant lui, les bat-toit en détail, & favorifoit toutes les entreprifes : mais fon zélé s'arrêta. 11 reprit le chemin de Lithuanie contre la parole qu'il avoit donnée au Roi *). Il eft vrai que l'hy ver étoit extrêmement rigoureux , les travaux continuels & les vivres difficiles. Ce ne fut pourtant pas la patience qui lui manqua. Paç étoit Soldat aulïi bien que Général: mais il a-voit toujours des raifons pour ne dépendre que de lui-même; & depuis que fon rival étoit fur le Trône , fon antipathie avoit pris de nouvelles forces. Le Le-C 5 fteur *) Lengnich, paj.247. Załuski, pag. 546- 34- Histoire A. 1674, ćteur ne doit pas oublier qu'en Pologne on n' eit fournis à i' autorité Royale que jufqu'à un certain point; un Grand-Général la lent à peine. Le Roi, fans cette défe&ion, auroit achevé de foumettre l'Ukraine où l'on verfoit du fang depuis trente ans. Le Primat lui écrivit: „que dans les annales „de Pologne il n'y avoit point d'exemple d'une pareille fciffion, fous les yeux „mêmes du Roi; que c'étoit un forfait „horrible & de la plus- funefte confé-„quence; que li l'Armée Lithuanienne „11e rentroit pas dans le devoir, il falloit „informer contre ie Chef, les Colonels &: „les juger fui vaut Jes Loix ; qu'il fefl.att.oit „que cous les bons Citoyens s'intéref-„ '-roient à venger l'injure faite au à la Royauté & à la Républi^ „ que *>. Si Jean fut né fur le Trône il auroit vraisemblablement embraffé la fé vérité du Primat: mais il s'étoit engagé dans une fciffion a fiez femblable à celle- ci, différente feulement en- ce que le Roi Michel ne commandoit pas en perforine lorfqu'il fut abandonné. 11 fe rappelloit qu'ayant été profcrit il s'étoit vu au moment de répandre le fang des Citoyens & peut-être celui du Roi même. Il fa- v oit. *) Załuski, tome 1. pag. 133. 645. de Jean Sobieski.. 35, " w voit donc par fâ propre expérience com- A. 1674.* bien il étoit dangereux de pouffer à bout un Grand-Général & une Armée. Il choifit la douceur & le tems ; & fi par cecte modération il ne furmonta pas l'inflexibilité de Paç, il n'eut pas du moins à le combattre, extrémité dont l'ennemi auroit tiré un grand avantage. Jean ne pouvant plus tenir la campagne avec les troupes qui lui reftoient, les diltribua dans les places conquifes. Poue lui, au lieu d' aller au milieu de fa Cour, dans les délices de Varfovie, il fe fixa à Brad a w, quartier d'hyver que chacun redoutoit. Cette Ville fur le Bog avoit été prife & f&ceagée par les Turcs en 167 z. Un» Art i fan de Varfovie fe feroit trouvé mal logé dans la maiion que jleski.. muroit contre lui comme auteur de la A. 16-guerre. On difoit „ qu'on n'aurólt jamais dû irriter Mahomet; qu'il falloit s'en „tenir à la paix qu'on avoit jurée avec „ lui ; que la viftoire de Choczin ne pro-„duifoit que des fruits amers ; que la «Pologne ne pouvoit pas lutter longtems «avec l'Afie; qu'il étoit fage de fe fou-„mettre à fon deftin; qu'il valoit mieux „payer un tribut, que de fe livrer a une „ruine totale; que le nom de tributaire „n'eft qu'un phantôme qui épouvante une „fierté mal-entendue; que les plus gran-„des puiilances de l'Europe, en payant „des fubfides, fe rendent tributaires el-^les-même; que l'Empire même d'Alle-„magne l'avoit été de celui de Conftanti-„nople; & qu'enfin ce mal, fi c'en eli „Uli, étoit préférable à toutes les hor-„reurs dont on étoit menacé. u De pareils difcours dans un Etat purement monarchique, pallient comme un nuage. Le Monarque qui les entend ou les ignore, perd ou fauve fon peuple à iafantaifie. Mais dans un gouvernement mixte il faut qu'il fubjugue fes fujets par la raifon, avant que de vaincre l'es ennemis par la force. Jean, pour raffurer la Pologne, quitta l'Ukraine où il ki fia des garni fons , & mena le refte de fes troupes à Léopol fur la.fin d'Avril. Les fiéges, les combats, les 40 H I S T 0 I S ï 1675. les rigueurs de l'hyver , les maladies avoient beaucoup diminué fon Armée, fi c'en étoit une. Il fit des recrues à la hâte, il les tira du fein du murmure & de la terreur; & à dire vrai, il falloit qu'il eut un grand afcendant fur les efprits, auffi grand qu'étoit fon nom, pour que la République confentit à s'expofer avec lui. Il envoya ordre aux Lithuaniens de joindre incefl'amment, après avoir écrit au Grand-Général Paç d'un ftyle propre à le toucher, & il forma fon plan de-dé-fenfe. Mefurant la fcience du Vizir à la fi enne, il ne douta pas de le voir fondre fur le Palatinat de Ruiïie , qui lui ouvrirait le fein de la Pologne. Dans cette idée, il confia fix mille hommes au fage Jabłonowski avec ordre de fe retrancher fous le canon de Zloczow, pour garder le paiTage. Zloczow appartenoit en propre à Jean , & il en avoit fait une citadelle pour la Pologne. Il lui reftoit douze mille hommes pour foutenir le plus grand poids de la guerre. Léopol eft une très-mauvaife place, & cependant d'une importance extrême pour couvrir la Rufiie & les Provinces voifines. C'eft: aux portes de cette Ville que Jean atten-doit l'ennemi. Il fut bien étonné lorsqu'au commencement de Juillet il apprit que le mal-adroit Vizir entroit en Ukraine pour s'amufer au fiége d'Human, a* lien de Jean Sobieski. lieu de venir du premier bond écrafer une A. 16755-petite armée dontladeftru&ion lui livroit la Pologne Puifqu'il n'en fait pas davantage , dit le Roi, je rendrai ban compte de J'a grande Armée avant la fin de la campagne. La défenfe d'une Ville était alors une-terrible cotnmiffion. Dans la guerre, entre les Puiflances de l'Europe, fi on rend une Place, le pis aller c'eft d'être prifonnier de guerre jufqu'u un échange: mais entre les Turcs & les Polonoisy il s'agiffoit de l'efclavage qu'un homme de cœur redoute plus que la mort; & avec Kara-Muttapha on pou voit s'attendre à toutes les horreurs. Human fe défendit quinze jours contre tant de forces. L'artillerie Turque étoit ecrafante, les menaces terribles. Enfin la place ouverte en plus d'un endroit, fans efpoir d'être fecourue r capitulaj mais le Vizir, par une barbarie qu'on* pardonne à peine dans un affaut T s'eny-vra de fang. Vingt mille âmes périrent; on voyoit l'enfant vomir le lait avec le fang fur le fein de fa mere : il crut fans doute effrayer la Pologne 7 & la fou-mettre par la terreur. Human lui avoit coûté trop de terra & de fol dat s pour entreprendre d'autres-lièges en Ukraine. Il tourna fur fa gauche , vint à grandes journées en Podo- Hiji.de Sok T. IL ' D' lie. 42- {hrstoike À. 1675. lie; Quelques places que la République y confervoit encore; étoient mal pourvues de troupes & de munitions. Elles appartenoient à des Seigneurs particuliers qui les avoient négligées. Un Fort fe trouvoit fur la route du Vifir. Il-l'emporta en paiTańt. 11 y avoit quelques-familles VaJaques qui depuis an fiéde a*-voie-it palle au fervice de la Pologne & sły étoient diftinguées de pere en fils. „C'eft donc ainfi, leur dit-il, que vous „trahiflez le Grand-Seigneur qui tient la „V-alaquie fous fa protection ; l'Univers „apprendra par votre exemple à refpefter fes Maîtres. 11 les fit empaler *). " Ces empalemens furent réitérés à Mi-kuJiny après l'aifaut. Enfui te le Vifir ouvrit la tranchée devant Podahieç. Jean comptoit fur la bonté de la place & encore plus fur l'expérience du Commandant Makowiski. C'étoit un brave homme : mais on ne l'è fi pas toujours. U eut peur de l'empalement ainfi que les principaux Officiers. Lu place fe rendit ians combattre; & malgré cet abandon à la clémence du vainqueur, elle en éprouva toute la rigueur, fauf l'effufîon du fang Les Temples & les tombeaux furent violés, les fortifications- ralees , les rie belles pillées, & les liabitans riéfervés à t'efcla- :if) Załuski, Tom. t. pag. 555 & fuiv. de Jean Sobieski. 4* à l'efclavage, le Commandant lié avec la A-, foule. L'atrocité du Vifir produifoit deux effets bien différens. Les ames foibles ce-doient à la premiere attaque afin de fau-ver leur vie. Les ames fortes au contraire cherchaient à mourir les armes à la main. Tel fut celui qui défendit Sbaras, grand château couvert de quelques dehors, po~ fé fur une montagne & fai fant partie du grand domaine de Vieçnowieçki, Petit-Général de l'Armée Polonoife. Ce Seigneur y avoit fait entrer fix cents Fan-taiïitis commandés par des Auteuils, Gentilhomme François , originaire de Picardie. Il étoit difficile de confier la place a de meilleures mains. Il fe défendit vigoureusement pendant quatorze jours. Le Vifir frémifioit & menaçoit à fon ordinaire. Des Familles Nobles qui s'é-toîcnt réfugiées dans le château, pref-foient des Auteuils de fe rendre. Sourd a leur crainte, il les menaça de les chaîner de la place s'il entendoit encore ce propos timide. Les lâches fe turent: filais faififì'ant un momentoù des Auteuils étoit fans défenfe, ils le percerent.de Plulieurs coups & le jetterent par - deffus les murailles. Le Vijir lui-même eut horreur de ce forfait ; & couvrant fa cruauté naturelle du mafque de lajultice, D 1 II 4+ Histoire A. 1675. ii fit couper toutes les têtes qu'il trouva, dans la place pour venger, difoit-il, la mort du Commandant. Le Barbare, par fes fuccès fattglans, ne faifoit que préluder à la viftoire compiette qu'il méditoit. En pofant fott camp devant Sbaras il avoit détaché cinquante milJe hommes fous la conduite de Nu rad in Sultan , avec ordre d'attaquer ie Roi fans faire quartier à perforine, & de répandre la deftruétion fur fa route. L'Armée du Roi dans ie camp de Léopol avoit reçu quelques recrues: la totalité faifoit quinze mille hommes. PaÇ dans ce danger extrême ue s'étoit pać preiïé de joindre avec fes Lithuaniens. Léopkol, Ville très - confidérabie par le tram merce qui- s'y fait, par fes- richefi'es, par le franti nombre de fes habitans de toute Nation & de toute Religion, par tro-portanee eie une des plus mauvaifes places à défendre. Située dans un fond, elle eli entourée de hauteurs qui la commandent , & qui, en certains endroits, la ferrent de fi prés qu'on pourrait. avec la main Jet ter des pierres fur le rempart. R'u i autre roté ces hauteurs en s'éloi-gna;k forment un croiffant fort fpacicux Celi- de Jean Sobieski. 45 C'eft-la où le Roi campoit; & c'eft-là où A la petite Armée s'effrayoit pour lui, en le conjurant de mettre du moins fa per-fonile en fureté : Vous me mépriferiez, dit-il, fi je fmvois votre confeil *). 11 eli étonnant que le Vifir ne foit pas venu en perfonne lui préfenter la bataille , au lieu de s'occuper à prendre de mauvaifes places. C'étoit ici l'affaire d'honneur, l'affaire capitale qui terminoit tout. Le Tartare qu'il en chargeoit n'a-voit pas une réputation à défefpérer. Ce qu'il fit de mieux, ce fut d'employer la rapidité. Sa marche reffembloit à un feu dévorant. Tous les Villages & les Ha meaux s'embràfoient par fon ordre. Il parut comme un éclair devant le petit camp de Jabłonowski. Il tenta même quelque chofe fur les retranchemens ; mais ce Général lui fit bien-tôt fentir qu'il n'étoit pas facile à entamer; & le Tartare vouloit conferver toutes fes forces pour une plus grande opération. Sa célérité & fon attention à enlever tous les Coureurs Polonois furent fi fuivies, que fans les flammes qui s'approchoient de Léopol, le Roi qu'on ne furprenoit guères, étoit furpris. Ce fut fur les dix heures du matin qu'on apperçut l'Armée ennemie, toute P 3 cava- *) Załuski, Tora. 1. pag. 555*■ 46' H I S T o 1 K K A. 1675, cavalerie Turque & Tartare, dans une vaile plaine qui venoic Te terminer au pied des montagnes. On. étoit au mois d'Août. Il neigea: & un autre nuage fondit en grêle fort grolle qui fut plus incommode aux Infideles qu'aux Chrétiens. Tout ce qu'il y avoit de Prêtres, d'Evêques & de mauvais Phyficiens dans l'Armée Chrétienne, cria au miracle; & les Mémoires du tems Soutiennent que c'en étoit un. Le Roi s'en aida pour in-fpirer la confiance à fa petite Armée, fans négliger la prudence humaine *). 11 n'attendit pas l'ennemi dans fon camp. Il le porta fur les hauteurs. Il ordonna aux Towarisz de planter leurs lances finies (ommets r afin de fe multiplier aux yeux de l'ennemi qui gagnoit- déjà le pied des montagnes. Il fit defceudre fon, Régiment de Dragons par pelotons à la fa veur des brouflailJes. Ces Dragons tirant de fort près contraignirent l'avant-garde ennemi à s'éloigner. UnElcadron Polonois remplit le premier vuide: d'autres fe preflerent, arrivèrent, & bientôt toute l'Armée fe forma en batailie, tandis que les lances des Towarisz figu-roient encore fur les liauteurs. Les Infideles ne voyant plus rien def-cendre & fe confiant au nombre, chargèrent 0 Id. ibid. DE J K AvN SoBIES'KT. 47 gerent avec des cris & des hurlemens-A. 167*. qui produiroient peut-être un efîet furie-fte fur des comhattans qui les enten-droient pour la premiere fois. Les Polonois n'en furent pas effrayés;- mais la charge fut terrible. Ils flottoient : le Roi les remit & laiffa jetter aux-Infideles leur premier feu. Ils reviennent pluOeurs fois à la charge ; & on fe contente de les recevoir avec fermeté. Le Roiavoitem-bufqué une troupe pour les prendre en flanc; & une batterie s'avançotfe fur une colline pour les foudroyer. C'étoit le moment qu'il attendoit pour les charger à fon tour. Jamais Général plus décidé, & jamais les troupes Polonoifes ne montrèrent plus de valeur. Les Infidèles attaqués en téte & en Hanc plient à la feconde charge, la déroute fe met parmi eux. On les pourfuit jufqu'à un marais profond où un grand nombre s'abîme. Us laiffent quatorze à quinze mille hommes fur ie champ de bataille, & la nuit fauve le refie. Nui aditi s'étoit vanté de prendre le Roi & de le mener au Vifir. U pen fa être pris lui-même, & il porta la nouvelle de fa défaite au camp de Sba-ras *). Le Vifir concerné voulut terminer la campagne par un coup d'éclat. Ce n'é- toit 1 ld. ibid. 4» Histoire •167$. toit pas en marchant lui-même au Vainqueur pour lui arracher la viétoire, mais en prenant Trembowla *), à l'entrée de la Podolie. Cette Fortereile avec de grandes & bonnes défenfes eft fufpendue fur un rocher dont l'accès n'eft praticable que par un endroit qui conduit à une petite plaine bordée de bois épais. Ce côté acceiilble eft défendu par deux ravelins, avec de bons foffés & un chemin couvert. La riviere d'Ianow, profonde 6c bourbeufe , fait prefque le tour du rocher, ce qui oblige une Armée à fe fé-parer en plulieurs quartiers pour former le liège. Kara-Muftapha fe flattoit d'emporter la place avant que Jean pût l'inquiéter ; &c pour y réullir plus promptement en épargnant le fang des Janilfaires, il employa la foupleffe avant la force. La réputation du Commandant l'inquiétoit. C'étoit un Juif renégat qui avoit quitté la Loi de Moïfe pour celle de Jéfus, plus zélé contre les Circoncis que s'il ne l'eût pas été lui-même, Samuel Chrafonowski. Le Vifir lui fit écrire par Makowi ski fon captif; „qu'il ne s'obltinât pas témérairement à défendre une place qui feroit „infailliblement prife; qu'il penfât plutôt *) T.eç Géographes François écrivent Tremblovifl* Ils devraient coniulter les naturels du Pay#- . de Jean Sobieski. 49 „tôt à mériter la clémence du vainqueur l^75-„qu'à irriter la colere; qu'en fe foumet-„tant à un deftin inévitable, il feroit „traité favorablement, lui, la garnifon „& la bourgeoise; que malgré les ordres „féveres de Mahomet il pou voit faire „grace à qui il vouloit, & fur-tout distinguer les gens de cœur. " -Chrazonowski fit une double repoli fe; l'une à Makowiski en ces termes: „ Je „ne fuis pas furpris qu'étant dans les fers „tu a y es l'aine d'un efclave: mais ce qui „m'étonne, c'eft que tu ofes me parler „de la clémence du Vifir, après les mal-. „heurs de Podahyeç Òc les tiens. Adieu: „tout le roui que je te fouhaîte, c'eft de „vivre longteiiis dans l'infamie & les fers „que tu mérités. La mort que tu ne fais „pas te donner, feroit une grace pour „toi. « La réponfe au Vifir n'étoit pas moins fiere: „Tu te trompes, fi ta crois trou» „ver ici de l'or: il n'y a que du fer & «des Soldats en petit nombre. Mais nostre courage eft grand. Ne te flatte pas «que nous nous rendions : il faut que tu „nous prennes lorfque le dernier de nous «expirera. Je te prépare une autre ré-«ponfe par la bouche du canon u Le *) Załuski, Tom. 1. pag. 155 & fuiv, Hifi. de Sob. T. II. E , 5® histoire A. ìó'/j. Le Vi lir écumant de rage fit battre la piace à tout excès. S'il manquoit de conduite , il ne manquoit pas de bravoure. On le voyoit fouvent dans les tranchées, malgré le feu des ramparts, pour pref-fer ies Janiffaires. La Place fe défendoit "au-deià de ce qu'on en pouvoit attendre. Ce que je vais raconter fera peut-être traité de fable : mais je le trouve prouvé plus que beaucoup de faits dont on ne doute pas. La femme du Commandant Juif, aufli belle que Judith & plus entreprenante, ne pouvant, à fon exemple, couper la tête du Vifir endormi, verfoit le fang des Turcs dans des forties qu'el-• le conduifoit elle-même, combloit leurs travaux & combattoit fur la brèche. Mais que peuvent les forts quand les foi-bles en plus grand nombre ne cherchent qu'à céder ? Chrazonowski avoit ici le même inconvénient qui avoit perdu des Auteuils & Sbaras. La Nobleffe réfugiée voyant une brèche ouverte qui s'élargiffoit d'heure en heure, & fe repréfentant la fureur implacable du Vifir, fi on fouffroit l'af-faut, perdit courage. Son défefpoir étoit d'autant plus grand qu'elle n'atten-doit aucun fecours: elle fe trompoit ; rArmé° de Lithuanie avoit enfin joint les Polonois au camp de Léopol. Le Roi marchôit, & prenant en paliant le petit corps de Jean Sobieski. 51 corps de Jabłonowski, il fe trouvoit fort A. 1675. de trente-trois milie hommes ; mais un ' fecours dont Trembowla n'avoit aucune nouvelle, ne produifoit rien pour la cri-Ce où l'on étoit. La Noblelfe effrayée, au lieu de continuer à combattre comme elle avoit fait, communiqua fa frayée^ aux Officiers de la Garnifou, & accoutumée à partager le pouvoir fouverain dans les Diètes, elle fe regarda dans cette extrémité comme repréfentant la Patrie. Elle s'arrogea donc le pouvoir de difpofer du fort de Trembowla. L'héroïne Juive écoucoit les délibérations fans être apperçue. On pari oit décidément de fe rendre. Elle vole à fon mari fur la brèche; elle l'inltruit au milieu du feu. Ce brave homme accourt à ce confeil de lâches: „ił n'ett pas cer-«tain, leur dit-il, que l'ennemi nous «prenne; mais il l'eft que je vais vous «brûler dans cette falle même, fi vous jiperfiftez dans votre lâche deflein. Des «Soldats font aux portes la mèche allu-«tnée pour exécuter mes ordres. " La Vue d'une mort inévitable leur remit les armes à la main; & ils tâchèrent d'effa-Çer leur honte. Le Vifir n'ignoroit pas la marche de Jean : & il préeipitoit les attaques. La place avoit déjà foutenu quatre affauts, Chrafonowski lui-même trembloit pour E a le \ 52. Histoire . 1675. le cinquième. Sa femme prit cette jufte inquiétude pour une foibleffe de mauvais augure. Une femme qui a franchi une fois la timidité de fon fexe, devient plus qu'homme Cette Romaine du Nord, ar- C;>e de deux poignards, dit à fon mari: voilà un que je te deitine lì tu te rends; Fallire e il pour moi *). Ce fut dans ce moment de détrefle que l'Armée Polonoife arriva. Le Viiir ne croyant pas que le Roi y fut en perfon-ne, fe déterminoit à combattre. Un efpion Polonois qui fut pris le défabufa. Ji portoit une lettre écrite de la main du Roi ; & déjà des fignaux Tannonçoient aux alìiégés qui recueilloient le relie de leurs forces avec de grands cris de joie. Le Vifir leva le liège, n'ofant commettre fa fortune avec céile de Jean. L'événement Ty força parce qu'il prit fon parti trop tard. ïi repafîbit IManow; la moitié de fon armée étoit encore en deçà de la riviere. Jean chargea en criant aux premiers efcadrons qu'il ne leur demandait que ce qu'il allait faire lui même. Le combat fut long, & les Turcs montrèrent qu'avec un Chef digne d'eux, ils au-roient pû prétendre à la victoire. Ils perdirent fept à huit mille hommes, & fe retirèrent fous le Canon de Kaminiek. Les *) Id. ibid. de Je an Son tes kt. $3 Les Garnifons des Places qu'ils avoient A. 167 prifes n'attendirent pas la vengeance des Polonois ; elles les abandonnèrent pour aller rejoindre leur armée. Trembowla délivré rendit grâces àia fermetedeChra-fonowski. Il fut élevé aux honneurs militaires. Sa femme fe contenta des ap« plaudiffemens de la Nation ; & le Soldat reçut de l'argent d'une République pauvre. Telle fut toujours la pratique des Vainqueurs du monde pour le Soldat, de l'argent ou des terres. Kara - Muftapha avoit appris que le grand nombre, la cruauté, là préfomption ne fuflfifent pas pour vaincre. Il s'arrêta quelque tems fous Kaminiek, & reprit le chemin du Danube. Il avoit lait de grands maux à la Pologne par le pillage, la dévaluation, la démolition des Villes & des Forts, & par le grand nombre d'efclaves qu'il ernmenoit. Il n'en eft pas de la Pologne comme des Pays com-taerçans. Londres ravagée par la pelle & incendiée en 1666, au fort d'une guerre malheureufe, fut rebâtie en trois années , beaucoup plus belle & plus com-frode quTelle n'étoit auparavant. Les Villes de Pologne une fois détruites ne fe rétabliffent plus. Mais tous ces maux n'étaient rien en comparaifon de ceux que Ie Vifir auroit pu faire. Il étoit aux frontières de la République dès le mois de e 3 m- *4 Histoire A.IÓ75T- Juillet. Un Capitaine expérimenté avec les forces qu'il avoit, feroit venu donner la Loi à Varfovie, & auroit mis la Pologne au rang des Provinces Turques; ou enfin le moindre fruit qu'il auroit dû tirer de fa campagne , c'étoitl de s'établir dans le Palatinat de Rulïie, de fe maintenir dans l'Ukraine & la Podolie. Maître comme il l'étoit du Nielter, Kaminiek & Choczin derriere lui, cette pofi-tion auroit marqué le deftin de la Pologne pour la campagne fuivante. Les Diètes dans la fuite firent un crime à Jean de n'avoir pas formé fur le Champ le fiége de Kaminiek. La Place venoitde recevoir un convoi de cinq cents ciariots, avec un renfort de Janiffaires; la faifon étoit avancée , tout le paj^s mangé: les ehofes étant ainfi, pouvoit-il commencer un fiége dont le progrès feroit de longue haleine & Je fuccès douteux? 11 le contenta de brûler les villages , les hameaux & les batteaux qui fer-voient à l'approvilionnement de la Ville. Il lui ôta encore la reflource des hommes & des bêtes , en les tran fpor tant fur les terres de la République. Par cette conduite il préparoit le recouvrement de Kaminiek, allez glorieux d'ailleurs d'avoir triomphé de tant d'ennemis avec tant d'inégalité dans les forces. Cette campagne doit apprendre aux Nations foibles à ne dł Jean Sobif.skt. 5$ à ne pas défefpérer, quand elles ont: de A. grands Rois. . ■ . » L'Armée prit fes quartiers d hiver , 0c Jean vint fe repofer a Zolkiew , 'Q dans le Palatinat de Ruffie, à trois lieues de Léopol. C'étoit une partie de la fortune des Żółkiewski, fes ayeux maternels. Le Château paiToit pour un enei-d'oeuvre d'Architetture , dans un pays où elle eli encore en enfance. 11 ar e-ftionna conltamment ce féjour. ^ C'elt-ià qu'il apprit la mort d'un Heros François, dont il fut vivement touche par un effet de cette fympathie que les Grands Hommes fentent les uns pour les autres; & quel eût été ion attendrifle-ment, s'il eut pu prévoir qu'un jour le fang de Turenne fe mêleroit avec le lien ? ^ Cependant Varfovie étoit impatiente de^ revoir fon Roi, Les dix-fruit mois qci s'étoient écoulés depuis l'élection, avoit employés dans les travaux a nieri-ter de plus en plus la Couronne; & la Couronne n'étoit pas encore fur fa tête, Ï1 fe rendit donc au vœux de fa Capitale où, avant le couronnement, il reçut Un honneur qui n'arrive quaux Piinces dont le nom étonne la terre. Une Puif-fance éloignée qui n'avoit rien a deme-ler avec la Pologne, la Perfe lui envoya Un Ambaffadeur. sénat fe flatta E 4 d'abord 5e Je a n Sobieski. 67 re'dan s cette derniere & importante cam- A. pagne, c'étoit Ibrahim S haït an, d'une valeur froide & d'une grande expérience; Un autre Uliûe pour la rufe. Le furnom de Skaï tan, qui veut dire Diable, indi-quoit cette derniere qualité. L'Armée Othomane fut longtems à remplir lesvui-des que les pertes précédentes avoient laiiVés. Elle ne s' approcha du Nieller que vers la fin d'Août, au-delTous de Choczin, où les Tartares joignirent. La Pologne, malgré les victoires de Jean, fe retrouvoit encore fur le penchant de fa ruine. Elle afiembloit trente-huit mille combattans dans la plaine de Glinian, près de Léopol. C'eli avec ce petit nombre que Jean marcha contre deux cents mille. La Reine l'accompagna jufqu'à Javarow *), & ce ne fut que pour allarmer fa tendrefle ; accouchée depuis peu à Cracovie de Thérefe-Cune-gonde Sobieska , elle fe rétabliffoit à peine: fa foibleffe, la fatigue du voyage, & encore plus la vue des périls qui envi-^nnoient fon augufte époux, la jetterent dans une maladie mortelle. -Le Roi 1" ai— *oit avec palii on ; une autre époufe eut Pourtant la préférence, la République; ^ fans différer il continua fa marche F z pour *) Lieu de plaifance des Rois de Pologne. «8 Histoire A. 1676.pour la défendre. Rendu à fon armée, il attendit les mouvemens de l' ennemi. Ibrahim , aiin de lui donner le change, jetta des ponts fur le Niefter, imaginant qu'il viendroit difputer Je paffage; & alors fe portant plus haut, il méditoit de pénétrer par la Pokucie & de couper l'armée Poionoife. Jean ne fe flattoit pas de l'empêcher de pafler le fleuve; une armée auili nombreufe le pouvoit, lorf-qu'elJe le voudroit, en fe divifant; mais pour prendre un parti, il voulut s'afîurer de celui d' Ibrahim, en reliant dans fon camp. Ibrahim, api es avoir perdu plusieurs jours à l'attendre, rompit fes ponts, traverfa la Bucovine pour gagner la Pokucie. Jean commençant à demêler fon ennemi, conçut un deflein dont l'exécution parut impoffible à tous fes Généraux, ce lut de porter & de fixer le théâtre de la guerre aux extrémités de la République, pour en fauver le corps, il décampa; Vieçnowieçki commandoit le centre; Jabłonowski la droite ; Paç la gauche : celui- ci paroifloit enfin fentir tous les mé-nagetnens que le Roi avoit eus pour lui ; & les Lithuaniens n'a voient qu'une même volonté avec les Polonois. On de-voit encore recevoir des recrues Lithuaniennes & Polonoifes que Radziwil & Potoçk* étoient chargés d'amener. Jean de Jean Sobieski. mit beaucoup de célérité dans fa marche; A. 1676. & il palia le Nieller au grand étonne-ment d'Ibrahim qui enétoit encore àquel-ques lieues. Zurawno , bourgade fans nom , prit une célébrité qui fe confervera dans tous les tems. Cette bicoque de Pokucie , au continent de la Scévits & du Niefter, 11'elt fermée que d'un rempart de terre, „ fans autre dérenfe. La maifon du Seigneur ( c' étoit alors comme aujourd'hui Un Sapieha ) eil couverte d'un fécond rempart fembiable au premier avec quatre petites piate-formes où l'on met quelques pieces de canon contre les incurfions des Tartarea. A côté de la Ville en remontant le Niefter eft une plaine qui s' éloigne du fleuve à une demi-lieue pour faire piace à un grand bois de haute-futaye qui eft terminé par un marais fort profond. De ce marais fort un gros ruifleaa qui, après avoir traverfé la plaine ent re deux bords très-élevés, fe jette dans ies foHés de la Ville pour fe perdre dans le Getter. Ce fleuve fur fa rive oppofée P'éfente une chaine de montagnes de plufieurs lieues au-deflus & au-deffous Zurawno. L'armée Chrétienne s'étendit dans la plaine entre la Ville & le marais; fa gauche appuyoit à la Ville & à la Scévits torrent qui, après avoir tout entraîné la F 3 veille, 7o Histoire A, 1676. veille, eft guéable par-tout le lendemain. Elle avoit le marais à fa droite; le bois & le Nieller à dos. 11 étoit queftion de fortifier le front ; le tems manquoit: les Infideles pouvoient paroître d'un moment à 1' autre. Jean, pour établir les travaux de l'Infanterie, paffa la Scévits, chercha l'ennemi, tomba fur l'avant - garde qu'il renverfa fur le centre. Mais au moment d'être enveloppé par cette multitude qui couvroit la plaine à plufieurs lieues, il lit fa retraite en bon ordre, repaffa la riviere & y arrêta les Tnfiaeles un jour entier, tems précieux pour les travaux des re-tranchemens qu'il trouva foibles. L'Art Militaire dans toute fon étendue lui étoit cfbnnu. Des Redoutes & des Fortins dé* tachés, tracés fous fes yeux, formèrent une double défenfe. Ce fut là où il enferma la derniere reffource, & le deltin de la Pologne, réfolu de périr avec elle, ou de la conferver dans fa gloire. Les Officiers les plus intrépides n'étoient pas fans crainte ; parce que le courage ne fuffit pas où les forces manquent. Ne vous ai-je pas j'auvés , leur di foi t-il, cm camp de Podhayeç où nous n'étions que vingt quatre mille. ajjiègès par cent nulle ? La Couronne auroit-elle aj'oibli ma tête? O11 efpé/a contre toute raifon d'efpérer. Ibrahim étonné de tant d'audace, s'en réjouiûoit. Il étendit fon Armée en arc, dont de Jean Sobieski. 71 dont le Niefter faifoit la corde; & dans A. 1676 cet efpace il enferma le Marais , le bois, l'Armée Polonoife, la Ville & le gros ruifleau qui féparoit les deux camps. Ce fc'eft pas tout: Nuradin Sultan détachant Une Armée de l'Armée Turque, palTa le fleuve & occupa la chaîne des montagnes qui le borde. Toute communication fut coupée, plus de convois, plus de fecours à efpérer pour les Polonois, Quand on fe représente trente - huit mille hommes ainfi bloqués par deux cents mille , on croit voir trente-huit mille vitti-mes deftinées au glaive, & leur patrie aux chaînes. Et fi l'eftime fe mefure par les difficultés vaincues, quels devoient être ces hommes,& quel étoit leur Roi? On étoit au 21 Septembre. Le 27 parut dèci fi f. Ibrahim fe mit en bataille faisant porter devant lui de grands amas de fafcines pour combler le ruiffeau qui féparoit les deux camps. Jean, au lieu de l'attendre derriere fes lignes, fe présenta dans les efpaces des Fortins détachés. Cette manœuvre hardie arrêta les Infidèles au-delà du ruill'eau. Le 29, ils marquèrent plus de réfolution. IJn Corps de Janiflaires paffa & attaqua les redoutes de la droite. Les Dragons Polonois les défendirent fi bien que 1' aćtion générale fut encore fufpendue. Jean Histoire A. 1676. Jean employoît tout ce que l'Art de la guerre a de plus grand & de plus con-fomraé, & avec une contenance fi fiere il crut pouvoir, fans honte, demander Ja paix, fauf à la rejetter fi les conditions étoient trop dures. Bidinski & Koricki furent les Négociateurs. Ils traitèrent dabord avec le Prince Tartare: „Nous „venons demander la paix, lui dirent-„ils, fous votre médiation. Voici à quelles conditions nous la voulons. Que le „Turc nous rende les places qu'il nous a „enlevées, Kaminiek fur-tout, & qu'il „ ceiTe de protéger la révolte uesCofaques. " II vous fied bien mal, reprit le Kan, de prendre un ton fi élevé, tandis que vous êtes Jous la foudre. Commencez par payer le tribut que la fuhlime Porte vous a im-pofè en vous accordant la paix lorfqu'elle pouvoit vous êcrajer Jous le poids de fes Armes; après quoi elle verra quelle place elle peut rendre a jes Tributaires. „Que parlez - vous de tribut, reprit „Bidinski, d'un tribut qui nous fut im-„pofé dans un tems que la République fe „déchiroit elle-même fous un Roi foi-„bie. Celni qui nous gouverne aujourd'hui eft un Prince fort: c'eft le vainqueur de Choczin, vous le favez; la „République périra avec lui avant que „d'être Tributaire de quelque Puiffance ,•>que ce foit. C'eft l'amour de la pai* dont de Jean Sobieski. 73 „dont vous avez befoin vous-mêmes, qui A. „tious appelle ici. Nous n'apportons ni „ les lettres, ni des vifages de fupplians: «mais un courage à l'épreuve de tout; & wee ier nous donnera ia paix, fi la négo-» dation nous la refufe. " En difant c-fS derniers mots, il avoit tiré fon fabre à demi. Ce gelte irrita le Kan. Bidinski étoit courageux, mais étoit-il fage? -, General Turc attendoit dans fes pavillons le réfultat de cette conférence. qu il JN'eut appris, il fit favoir au Kan qu il eût a rompre la négociation & que les olonois devoient bien plutôt fonger a demander pardon de leur vi&oireUle Choczin , revolce dont il alloit les punir, ^u a s'en vanter *). Les Polonois n'efpérantplus rien, cher-c icrent des forces dans la vigilance & la £iOLre- Le g Octobre les mit dans un grand danger. Leur droite fut encore attaquée; &, pendant le combat, Nuradin Palla le Nieller à la nage au-defious de embouchure de la Scevits qu'il traverfa ?§aiement, & vint fondre fur !a gauche. Le centre relia toujours immobile, obfer-V£mt les mouvemens d'Ibrahim, qui at-tendoit le moment d'une affaire générale. moment ne vint pas. Les deux atta-^Ues) quoique très-vives, furent fans fuccès. j Załuski, tom. i. pag. yôy. Lengn. p. 240. tiift.de Sob. T. II. G 74 H i s t o ï r e 1676. fuccès. 'Trois mille Infideles y périrent. Les Tartares repafferent le fleuve; & les Turcs le ruifleau. Ibrahim Tentant toute la difficulté de la vićtoire, voulut mettre plus d'art dans fes attaques. L'Armée qu'il tenoit bloquée, il l' alîiégea. Des tranchées furent ouvertes comme devant une place; fept grands Cavaliers élevés avec un travail dont peut-être les Turcs feuls font capables. On voyoit au milieu des travailleurs les pavillons d'Ibrahim qui les ani-moit à l'ouvrage. La grolle artillerie fut bien-tòt en batterie: des pieces de quarante-huit livres de balle qui labouroient le camp Polonois du matin au foir, emportant les hommes & les chevaux. Le Général-Major Gébroski fut pleuré. Il lui refta un tombeau Militaire à la façon des Anciens Romains. Un boulet vint traverfer la tente du Roi. On le pria de s'éloigner, ou du moins de fouffrir une éievation de terre pour le couvrir. Cette précaution qu'il eût peut-être goûtée dans une autre conjoncture, il la refufa dans celle-ci. Quand le danger éft extrême, un Roi doit le partager avec fes Sujets qui facrifient plus à fa gloire qu'à la leur. Quelques Officiers Généraux qui s'étoient creufé des afyles, reparurent en bonne contenance. Cepen- d'e Jean Sobieski. 75; Cependant les tranchées Turques fe A. 1676. pouCloient avec vigueur & s'approchoient des retranchemens. Jean ordonna des contre - tranchées, & on vit ici ce qu'on H'avoit pas vû: deux Armées aller l'une a l'autre par-deflous terre. Une bataille e>it foulage les Polonois: leur fituation devenoit extrême. Les fourages qu'on avoir amaffes dans le camp étoient con-fommés. La forêt adjacente qui pour derniere reilource fournilïbit des feuilles aux chevaux, des feuilles qu'on mêioit avec un peu de grain, ne montroit pref-que plus que du bois; & ce bois, c'eft-à-dire, les branches les plus tendres, fer-vit encore de nourriture. Les hommes n'etoient pas mieux: du pain donné par la dilette ; c'eit tout ce qui reitoit ; & le N Roi vivoit comme le Soldat. L'artillerie obligée de répondre à un feu bien fupé-rieur épuifoit fes boulets. La poudre même demandoit du ménagement. Celle ^u'on amenoit de Dantzic s'étoit arrêtée a Léopold. Si dans les alfauts continuels qu'il falloit repoufifer, les Infideles a-Voient beaucoup perdu, les Chrétiens a-v°ient perdu bien davantage en proportion de leur petit nombre. Radziwil & Potoçki, ces libérateurs qu'on attendoit avec tant d'impatience, avoient marché avec dix mille hommes de troupes fraîches: mais nul fecours , nul convoi n'a-G 1 voient fll's t.0 i * ï 1676. voient pu percer. Tout manquoifc, excepté le courage; chaque heure pou-voit être fatale *). La Reine convaîefcente à Varfovie, entreprit de fufpendre la deftinée du Roi & du Royaume. Elle affembla les Sénateurs dans fon Palais. Elle leur peignit l'affreux état des chofes. Tous opinèrent pour la convocation de la Pofpoli-te ; <& le Primat la publia par les Uni-v-erfaux : pratique ordinaire en Pologne, lorfque tout eft perdu. Au refte il faut que l'autorité foit une chofe bien délicate; car , aulîl- tôt que le Roi apprit ce Senatus-Confulte pour le fauver, il fe plaignit amerement de ce qu'on avoit blefie la prérogative Royale qui attribue au Roi feul le pouvoir d' affembler la Po-fpolite. Dans le fait il comptoit beaucoup plus fur fon courage & celui de fes troupes que fur les efforts tardifs de cette Noblefle fans difcipline. Ibrahim fe croyant affuré de vaincre par la famine, & voulant ménager le fang Mufulmann , lui députa deuxBachaS & vingt-quatre JanllTaires qui n'avoient dans leurs mains que de longs bâtons blancs, leurs feules armes quand ils ne vont point au combat. Les Turcs s'étonnent que les Chrétiens en pleine paix, entrent chez leurs amis 1' épée au côté. Les *) Załuski, tom. i, pag.óii & fuiv. db Jean Sobieski. Les Députes repréfenterent à Jean, „que A. „le Séraskier écoit parfaitement inftruit „des extrémités du Camp; qu'aucun fe-„ cours n'écoit pofïible; qu'un Prince fa-,,ge devoit fe rendre à la loi de la nécef-«fité, que le délefpoir avoit plus perdit „d'Armées, qu'il n'en avoit fauvé; que le „Grand-Seigneur n'afpiroit point à de „nouvelles conquêtes en Pologne; qu'il „ne demandoit que l'exécution duTrai-„té de Boudçhaz perfidement rompu; „que la Pologne Tributaire vivreit défor-„mais tranquille fous fa haute protection, „ainfi que les Tartares, les Coiaques, & „tant d'autres; & ils jurerent tous fur „leurs barbes & fur leurs mouftaches le „falut de l'Armée Polonoife, s'offrant à „reiter en orage jufqu'à ce qu'elle eût re-. „palTé le Nieller, après la figliature d'une «paix plus folide que la premiere. Jean répondit que, „fi dans le Traité-jjOn faifoit la moindre mention du tribut »>inipofé à fon prédécefleur, il ne vou-« 1 oit point de paix; & que, fi le Seras-»kier avoit ordre d'infifter fur ce point % »U le prioit de lui abandonner, au-delà »du ruifTeau, un terrein fuffifant pour «ranger les troupes en bataille; & que "pour lors ils decideroient les armes à la «main." Les Députés partirent en lui reprochant tout le fang qui ail oit couler. G 5 On 78 Histoire .1676. On peut dire que la fierté du Roi ne convenoit gueres aux extrémités où il fe trouvoit. 11 fit compter les rations; il n'y en avoit plus que pour quatre jours. Il donna fes ordres à l'entrée de la nuit pour attaquer le lendemain au lever de l'aurore. 11 a depuis avoué que jamais il n'avoit fenti d'agitations pareilles à celles de cette nuit. Il fe repréfentoit que c'étoit lui qui avoit rejette la République dans cette guerre; que c'étoit lui qui a-voit tracé le plan de la campagne contre l'avis des Généraux : que toutes fes vi-ćloires précédentes étoient inutiles, s'il manquoit celle-ci; qu'il falloit ou être détruit par la faim, ou pafler fur le ventre à plus de cent quatre - vingt mille hommes avec trente & quelques mille; & qu'enfin, au lieu de continuer à être le Héros de fon pays, il alloit peut-être en devenir le deftrućteur. Mais lorfqu'il penfoit que, pour fauver l'Armée, il falloit revenir à l'infame Traité de Boud-chaz, fon ame s' afifermiflfoit dans la réfo-lution de tout rifquer. Que celui qui ne connoit pas le pouvoir du courage & les jeux de la fortune apprenne à efpérer. Jean fut extrêmement furpris de revoir, avant le point du jour, les deux Bachas qui l'avoient harangué la veille. La fcène avoit change de Jsan Sobieski, 7» pendant la nuit par un concours d' eve- A. 16 nemens inattendus. Les Janiffaires , dès le commencement de la campagne av oient murmure de ne pas voir le Sultan, ou du moins le Vi fu* à leur tête. „Ils s'abandonnent auxplai-«firs, difoient-ils, tandis que nousfouf-jjfrons pour eux; on nous donne un lim.-,,ple Séraskier pour nous commander, «comme fi nous n'étions pas dignes de ncombattre fous les yeux de notre Em-„pereur, nous qui avons fondé l'Empire." Les marches forcées qu'ils a voient faites pour envelopper les Polonois, les travaux continuels , fans en venir a une a-ftion décifive, tout cela redoubloit les murmures, & la fédition étoit au point d'éclater *), Les Tartares qui fe voyoient retenus -aux frontières de la République, au lieu d'aller butiner dans fon fein; ne faifoient plus que de foibles efforts. Ils regar-doient la Pologne comme leur magafin général; & ils ne fouhaitoient pas qu'elle devint une Province Turque ; parce qu'ans il auroit fallu la refpećter. Jean n i-8noroit pas leur difpofition ; & pour diminuer encore leurs foibles efforts, n'a-J &nt prefque plus de poudre, il combat-toit avec de l'or. Il en avoit fait pafler G 4 àleuç ) Cantćmir, tom. 2- PaS*i78, 8° h i s t o i r fi • 1676- a leur Chef; & afin de donner de l'Inquiétude a Ibrah m, il avoit eu foin de le publier. Le Kan n'en eonvenoit pas: mais le foupcon reftoit. Four furcroît d'Inquiétudes, Ibrahim venoit d'apprendre que les Puiffance* Chrétiennes envoyoient des Ambaffadeurs pour traiter de la paix , ou pour entrer dans la guerre. Déjà celui de France, le Marquis de Béthune, & celui d'Angleterre , Milord Hide *), étoient arrivés a Leopol; & deniandoient des patieports au Général Turc pour le Camp du Roi. Une autre nouvelle J'embarrafToit encore plus. Une Armée Mofcovite étoi£ en n arche pour déboucher dans l'Ukraine & délivrer la Pologne: c'étoit le fruit «rune négociation fecrette de Jean. Enfin la fai l'on qui s'avançoit, (on étoit au 2% Oćtobre, le trente-huitième jour du blocus,).les pluies qui tornboient depuis quelque tems, la longue retraite au-delà du Danubeles .vivres qui pouvoient enfin manquer à une fi grande multitude; toutes ces considérations déterminoient Ibrahim à prêter une oreille plus favorable 0 T; étoit Beau -Frere de Jacques II, parla prs. ni,ere femme de ce Prince' Il eSvoyaim Trompette avec fix Vainques & un Interorcte. i otites ces teres furent coupées par les Tarta, rcs qm connoiffent le droit des Gens. de Jèan Sobieski. ii ble à la paixf &. il le faifoit favoir à A. Jean. Ibrahim avoit des pouvoirs fort étendus, avec un ordre précis de terminer cette longue guerre le plus avantageusement qu'il pourroit. Il n'innfta plus lur le tribut. Mais il difta, ou peu s'en faL-lut, les autres conditions. Il e .igea d'abord que la Pologne fît alliance avec les Tartare» contre les Mole o vices qui marchoient à fa délivrance. Cette demande fut rejettée avec horreur, comme injufte & flétriffante. On fut au moment de reprendre les armes. Ibrahim, après s'être emporté contre la délicateffe d'un, ennemi à qui il croyoit faire grace, le calma, & revint à des conditions plus Supportables qui furent acceptées» i. L'Ukraine avoit allumé la première" étincelle delà guerre. La Porte en aban-donnoit les deux tiers à la Pologne ; & l'autre tiers aux Cofaques qui continue» roient à vivre fous la protection du Grand - Seigneur. Par cet arrangement, le Turc confervo-it un pied dans l'Ukraine, &: une entrée dans la Pologne pour les circonftances qui pourroient naître. II. La Podolie, cette autre clé de la Pologne > avoit été cédée au Turc pai1 le G 5 mal- 82, H i s t o i r £ A, 1676. malheureux Michel; il en rendoit une parcie aux Polonois. Il gardoit les meilleures places, £faslowiecz, Kaminieck: Kaminieck furtout. Sans la confervation de cette Fortereiïe, Ibrahim n'auroit pas ligné la paix. III. Des Hordes de Tartares s'étoient établies en Lithuanie; apparemment qu'elles fe laffoient de la domination Polonoi-fe. Il fut convenu qu'il leur feroit libre de retourner fous la protection de l'Empire Othoman. La Lithuanie y perdit des Guerriers & des Colons. IV. Il fut arrêté que les Captifs, (car on ne connoit point le nom de Prifonniers de guerre entre les Turcs & les Polonois) feroient rendus de part & d'autres. V. Comme la Porte met ordinairement du faite dans fes Traités, la Pologne s'obli-geoit à lui envoyer une grande Ambaf-fade, & à faire partir, en attendant, avec Ibrahim même, un Envoyé comme pré-curfeur. Ce fut André Modrzewski ; Echanfon de Siradie, Ibrahim demanda fi par fa taille, fon air & fon port, il étoit digne de paroître devant le Grand-Seigneur. de Jean Sobieski. gneur. Il voulut le voir, il en fut a. content. 11 ne faut pas s'étonner de cette déli-cateffe Turque. Tous les enfans qu'on éléve au Serrail pour repréfenter dans ies Charges publiques font bien faits & de bonne mine. Ils ne doivent avoir aucun défaut naturel. Point de Cours mieux compofées pour l'extérieur. Les Turcs difent qu'il eli impoffible qu'une vilaine ame habite dans un beau corps. Un dernier article fut vivement conte-fté. * Le Grec Payanotos, cet autre Ulyf-fe qui avoit contribué par une rufe à la prife de Candie en 16-59, avoit obtenu de Cuprogli que l'Eglife Grecque Schifma-tique auroit déformais la garde de tous les Lieux Suinrs, malgré l'oppofition des Religieux du Rit Latin. Le Divan avoit décidé que l'Eglife Grecque ayant compté Jérufalem dans fon diftrićt, avant le -tems des Croifades, fa prétention étoit jufte. Jean exigeoitque les Lieux Saints fuffent remis aux Latins Orthodoxes: Que vous importe, diioit Ibrahim, pourvu que vous y veniez adorer votre prétendu Dieu: nous ne vous en empêchions point; & ces Grecs enfin ne font-ils pas Chrétiens comme vous? 11 ne vouloit pas entendre que le Dieu, dont ils gardoient les monumens, les rejettoit. Cependant il ne crut pas que cette difficulté dût éioi- 84 Histoire A» 1676. éloigner la paix qui fut lignée le in Oćtobre. Ibrahim n'avoit point fait tout ce qu'il pouvoit avec tant de forces. Jean étoit allé bien au-delà des fiennes. Lorfqu'il patta le Nieller pour arrêter deux grandes années aux frontières, toute l'Europe l'accufa de témérité, & le crut perdu. Les Héros fe jugent mieux entr'èux. Le Grand Condé l'admira & le félicita par lettres. Mais-quand on réfléchit fur la car.fe d'une guei^e fi longue, qui eft-cequi ■ o fera louer la fé vérité? Les Cofaqnes s'é-toient plaintson ne les écouta pas : ils fe révoltèrent. On eût pu les ramener par la juilice & la bonté. La rigueur jette leurs Maîtres dans une guerre de .38ans. Le Turc s'en mêle; & chaque campagne ouvre le tombeau de la Pologne. La catastrophe arrive; & on déplore également le pouvoir des Princes & le malheur des peuples. Quatre campagnes avoient coûté à Mahomet plus de deux cent mille Soldats, & des fournies qui auroient fuffi pour foulager des roil-.lions de malheureux. De tant de dépen-fes en hommes & en argent, que lui re-ftoit-il? Quelques Places dans la Podo-lie & dans l'Ukraine, qu'il n'étoit pas fur de couferver longçems. La de Jean Sobieskî. g; / / La Pologne qui de fon côté avoit foui- A. 1676. fert tant de ravages , d'incendies, de de-population , & d'horreurs, le ci ut lui -famment dédommagée en fe délivrant du tribut ignominieux que Mahomet lui avoit impofé. Jean couronné de gloire parut l'obfcur-cir aux yeux de la fierté Républicaine. Elie avoit reproché au foible Michel d^a-. voir accepté l'Ordre de lu Toi fon. Ori. apportait à Jean celui du Saint Efprit, Il le reçut à Zolkiew des mains du Marquis de Betbune, Beau-frere de la Reine. „C'étoit", difoit- on , s'humilier fous ia „France que d^en prendre les livrées: indécence d'autant plus grande que la France avoit conftamment réfuté aux Rois de Pologne le titre de Majeftê : & a lui gfean nommément, iorfqu'en 1674 il l'a-voit fait felliciter par Ion Ambafl'adeur André Chryloftôme Załuski *). Ce titre de Majeftê dont T raj un ne fe crut pas digne, &: qu'autrefois le Chriftianifmene àonnoit qu'à Dieu, peu de Rois le méri-toient plus que çjfectn Sobieski, & Louis XIV qui le lui re fu foit, avoit donné en 1655 le titre de frere à l'ufurpateur Croni-wel dans fes lettres. La Reine favoifc tout cela; mais plus Françoife alors que Polonoife elle avoit engagé fon époux à donner *} Zalûski, Tom. a. paj>. 525- Histoire A. 1676. donner à la France cette marque de cou-fidéracion , fans confulter la Pologne. a. 1677. La République en marqua fon relìenti-ment, lorfque daus l'affemblée des Etats-Généraux, il fut queition de ratifier la paix de Zurawno. On n'a voit rien à reprocher au Roi fur ce traité: mais on vouloit le mortifier» La foibleffe desob-jeftions marquoit aflez la difpofition des efprits. L'Empereur qui gagnoit beaucoup lorfque la Pologne occupoit le Turc, en s'épuifant, travailloit par fes Emiûaires & fon argent à brouiller encore plus. Jean furmonta tout, & il fit partir la grande A mb affa de qu'Ibrahim avoit exigée. Le Palatin de Culm étoit à la têre. Arrivé à Daud-Pacha. lieu de piai fance des Sui tans à un mille de Con-ftantinople, il crue augmenter la dignité de la République en exigeant un honneur qui jamais ne fut accordé , d'être reçu par le Vifir à la porte même de la Ville. La réponfe de Kara-Muftapha, le plus haut des Vifirs, fut que fi l'Ambaffâdeur fe trouvoit bien à Daud-Pacha, il pou-voit y relier jufqu'à nouvel ordre» Il y relia en effet obfervé rigidement ; mais quand on parla au Vifir des provifions qu'il demandoit pour un cortège de fept cents Polonois, le Vilir lui fit dire que „s'il étoit venu pour prendre Conftanti- „nople, DE JEAN SOBÎ'ESKT, îf „nople , il avoit trop peu de monde; & A. „que fi ce n'étoit que pour représenter il „en avoit trop; qu'au refte il étoit auiîl »aifé au Grand Seigneur de fournir des „tables à fept cents Polonois, que d'en „nourrir fept mille qui ramoient fur les „Galeres *). " Il ne falloit qu'un pareil incident pour rejetter les deux Nations dans la guerre: tant l'effufion du fang humain coûte peu aux Maîtres du monde! niais le Roi de Pologne inftruit du démêlé, & ne croyant pas qu'il fût de la dignité u e fa Couronne de foutenir les torts de fon Ambalìadeur, lui envoya ordre de faire fon encrée, fans s'obiliner à une demande info lite. Il obéit, mais voulant toujours être extraordinaire, il fit mettre à fes chevaux des fers d'argent, qui ne tenant qu'à deux cloux fe perdoient dans la marche. Un Ambalìadeur de France en fit autant à Rome: tous deux également condamnables; c'elt toujours le Peuple qui paye ces magnifiques extravagances. On porta un de ces fers au Vifir qui dit: Cet Infidèle a des fers d'argent ; mais il a une tête de plomb ; puijqu'envoyé par une pauvre République, il ne fait pas employer l'argent utilement **)♦ L Arru- *) Cantémir, Tome 2. pag. 73. *•) Id. ibid. pag. 74. H i s t o i s é a. 1677. L'Ambaffadeur fat encote au moment de tout fufpendre lorfque deux Capuji-Backis le prenant; fous les bras pour le conduire au Trône du Grand-Seigneur, l'avertirent -de quitter fon épée : telle eft la Loi cię la Porte à l'égard de tous les Auibafladeurs ; 6c ce fut une néceflité d'y fouler ire. Ce qu'il fit de mieux ce fut, en délivrant la ratification de la République , d'exiger deux articles qui furent ajoutés au Traité de Zurawno : les voici. Nous commandons, dit le Sultan, à nos Armées des Tartares de Crimée & du Budziac, aux Cofaques & aux Tranfyl-vains de s'abftenir dès ce jour, & pour toujours d'entrer en Pologne fan* nos ordres , & nous leur défendons d'y commettre aucun pillage ou autre hoftiiité quelconque ; & s'il arrive que de leur part il aie été fait brèche à cette paix, ceux qui auront reçu quelques dommages en recevront reftitution fur les preuves qui en feront produites. Nous promettons fur notre parole Impériale & notre ferment, & proteftons devant Dieu, Créateur du Ciel & de la Terre, & par les miracles de Mahomet le Grand Prophete, le Soleil des deux âges fur qui repofe la gloire de la Ma-jefté divine, que nous ne tranfgrefferons aucun de ces articles, & ne les embar- ralTe- ds Jean Sobieski, g?' rafferons point de difficultés ou êqnfvo-ques: mais plutôt que cette paix&uniorr accomplie & confirmée fera durable aufiï longtems que notre glorieux Empire,, bien entendu que le Roi de Pologne, fes Palatins & fes Généraux n'y apporteront aucun obftacle ; & ne feront rien de contraire aux droits de cette paix & amitié, & l'honoreront félon fa jufte valeur. Puiflent les Habitans de Pologne, en jouir dans toute fon étendue, à l'ombre de notre proteftion. Tout fut enfin confommé. On avoit pafîe fix mois à convenir du cérémonial de i'Ambafiade. Onn'avoit employé que trois jours fur un champ de bataille à pacifier les deux Nations. Fin du quatrième Livre* HiJlJe Sob.TM H Histoire HISTOIRE d e JEAN SOBIESKI, ROI DE POLOGNE. LIVRE V. A. 1677. Y1 y avoit longtems que la République h 11e fe foucenoit que par le 1er. Elle -*■- refpiroit enfin fous les lauriers dont fon Héros lavoit couronnée; & les fept années qui vont fuivre feront des années de paix. Il y eut au commencement de celle-ci un événement qui excita des plaintes dans la Diète affemblée à Varfovie. La Pologne fuit une coutume dont les autres Etats Catholiques lui donnent l'exemple. Des bords du Tibre un Cardinal fans autorité , fans armée , fans avoir en fa difpofition les honneurs ou la fortune, forti quelquefois du néant du Cloître, protège les Nations & les Rois: Le Cardinal des Urfins, alors prote&eur de la Pologne, en avoit placé les Armes fur 1» de Jean Sobieski. 91 grande porte de fon Palais, d'où il les a. 1677. avoit transférées (on ne fait par quel caprice) dans un lieu moins apparent & moins décent. La Diète crioit à l'inful-te. Le Roi lui promit de faire fentir à Rome qu'un Royaume eft en état de fe protéger lui - même : la fatisfa&ion fut prompte *). Les Diètes en Pologne font affez ordinairement orageufes. Celle-ci fut tranquille. Le Roi y donna audience a un AmbalTadeur Tartare qui venoit cimenter l'amitié avec la République. Sa fuite étoit peu brillante. Les Huifîiers, à la porte de la falle, lui enleverent fon bonnet qu'il n'eût pas certainement ôté lui-même. Il refta avec une calotte blanche. Il y avoit en face du Roi un grand couifin à la Turque où, après trois révérences , il s'alïit les jambes croifées & harangua. Jean lui demanda des nouvelles de la fanté du Kan, lui parla des avantages réciproques de la bonne intelligence & le congédia chargé de préfens. Il reçut aulïi l'hommage du Duthé de Cour-lande par fon Envoyé; mais à condition qu'à l'avenir le Duc le rendroit en per-fonne **), La Diète marqua fon contentement de la paix de Zuravno avec le H z Turc, Załuski, Tome s. page 673. **j Chvalc. Jur. Pubi, page 542. s>* Histoire A. 1677. Turc, en donnant mille bénédiélioiis au Libérateur de la Patrie ; & tous les Ordres n'eurent qu'une même volonté avec lui *). Mats fi la République étoit calme, des convulfîons irtteftines agitoient une Ville qui floriffbit fous fa protection. Demi-zie, après avoir eu le bonheur d'échapper à la tyrannie des Chevaliers Teuto-niques, & au pouvoir des Rois pour jouir de la liberté Anféatique, fembloit fe laf-fer d'être-heureufe. Les Magiftrats ac-eufoient le Peuple d'indocilité: & le Peuple fe p'aignoit d'être opprimé par les Magiftrats: On traînoit des révoltés aux priions , & d'autres révoltés brifoient leurs fers pour en aflommer les Satellites, Si on n'òfoit pas encore lever le poignard fur les Magiftrats, on ne leur épargnoit pas les iniblfes. Tout annonçoit l'anar-ćhie & l'eftufion du fang. Jean laiifant fes fujets dans le fein de la paix, courut à ces furieux. La Reine, malgré fa grofiefie, le fui vit. Aucune femme,, dans cette fituation, ne s'écoutait moins. Elle voyageoit a.ulïî lia r dîme ne qu'une Bourgeoife de Varfo-vie , portant un préferyatif dont on de-vroit ailleurs éprouver la vertu ; imd éeiiitare de peau de U vus ,k efpece de Bufle Lengnich, pa*. 252. de Jean Sobieski. 93 Bufle qui a le poil fort long & une baibe A, 1677. de Bouc. Dantzie, à l'arrivée du Roi, refpira, IPécouta le Peuple & fes Magiftrats. S'il fembla panclier d'un côté , ce fut fuivant la régie delà Chine, qui dans les diiifen-lions publiques donne toujours le tort aux Mandarins. Ce n'efi: pas qu'il n'y eut des torts de part & d'autre. Mais comme il ne pouvoit, fans injuftice, frapper fur le Peuple, en épargnant les Ma»-giftrats, il leur fit fentir qu'il étoit de leur propre intérêt qu'il n'y eût point d'échafaut. 11 fallut entendre toutes les plaintes, examiner de nouveau toutes les Loix, éclairer Padminiftration des deniers publics , rétablir la proportion dans les impots, remonter toute la machine du gouvernement qui alloit fe diffoudre. Il eut plus de peine à ramener l'ordre qu'à vaincre fes ennemis, & il s'applaudilïoit plus de ce fuccès qui pacifioit les hommes fans les détruire , que d'une victoire. Son féjour dans cette Ville fut de fix tnois. Sa joie y fut troublée par la mort du Primat Olfowski, dont il avoit déf.ré la préfence & les confeils, & qui meri-toit les larmes de la République. Ce le-roit peu de dire qu'ii avoit rempli les devoirs de l'Epilcopat avec édification Ni la colère j ai la faveur des Rois n'a.v oient H 3 ?4 Histoire A. 1677. pû corrompre fes vertus patriotiques. Il avoit rélii'té à Cafimir dans i'éietìàon prématurée qu'il méditoit pour fe donner un fuecefieur. îi avoit biâmé hautement la profcription du célébré Lubomirski. Le Roi après la Loi, c'étoit Ton mot. Une Ambafiade dans laquelle il avoit engagé l'Empereur à retirer fes troupes de la Pologne, lui avoit fait beaucoup d'honneur. Les Lettres qu'il aimoit & qu'il vouioit faire aimer en fondant une Bibliothèque publique, avoient perfectionné fon éloquence naturelle. Avec cette arme il avoit fubjugué plus d'une faftion , & ramené l'armée Lithuanienne à fon devoir. Les Polonois difoient de lui qu'il furpaf-foit Caton par fa gravité , Cïcéron par fon éloquence, Metellus par la pureté de fes mœurs. L'emphafe Poionoife laiiibit ici un fond de vérité *). Le îRoi regrettoit un ami avec autant d'amertume qu'un fimple Particulier au-roit pû en relTentir. La naiflance d'un fécond fils, le Prince Alexandre, tempéra fa douleur. On appelloit le Prince ofacques, le fils du Grand Maréchal: celui-ci fut nommé l'enfant du Roi. Ce fut â Dant2ic même que la Reine lui donna le jour. Si elle accompagnoit fon époux dans tous fes voyages, c'étoit autant *) Załuski, Tom. i. pag. 694 & 695 de Jean Sobteski. tant par goût pour les affaires que par A. 1677. tendreffe conjugale. Cette paillon de gouverner déplaifoit au Royaume, & at-tiroit de la haine au Roi. 11 eit très-e^prellément défendu aux Reines de fe mêler de l'adminiftration. Les Chanceliers, les Chambellans, les Nonces même font chargés de veiller aux contraventions & de les dénoncer à la Diète. Ce n'eft pas que les Polonois ne conviennent qu'une Reine appliquée, qui n'abu-feroit pas du manège & des grâces de fou fexe, ne pût rendre de grands fervices au Prince & au Peuple; mais ils craignent beaucoup plus les abus, qu'ils 11'e-ftiment les fervices. Jean, après avoir appaifé les troubles de Dantzic, fit fentir à la Mofcovie qu'il etoit de fon intérêt de vivre en paix avec lui. Elle s'étoit emparée, pendant qu'il* combattoit avec le Turc, de trois liaro-fties Polonoifes qui formoient une Province* Elle les reftitua avec un dédommagement de deux millions de florins »). Peu de tems après il fe laiffa entraîner dans une injuftice qui lui réuflit mal. L'Elefteur de Brandebourg fondoit une puifïance dont la grandeur l'étonneroit aujourd'hui. Il ne foupçonnoit pas que Berlin . *) Lengnich, pag. 2$}> Histoire A.167& Berlin balanceroît un jour les forces de Stockolm , de P etersbourg, du Corps Germanique, de Piemie & de Ferfaille s ; & que s'il fut le Grami-Electeur, fon arriéré Petit - Fils feroit un grand Roi. L'Ele&eur commandoit en Allace l'Armée des Alliés contre la France. Il étoit important de lui donner de l'occupation chez lui. C'eft à quoi fongeoit Louis XIV7. Son Ambafiadeur en Pologne, le Marquis de Bethune, l'entreprit. Il joignoit la fouplelfe d'un Courtifan aimable, aux talens de la guerre & de la négociation. Vif, entreprenant , laborieux , écrivant avec une facilité mer-veilleufe & parlant de même , il forma une liaifort étroite avec l'Ambaiiadeur de Suéde; & par ce canal il perça dans le Confeil de Stockolm. La trame fe noua. Les Suédois firent irruption dans la Pruf-fe Brandebourgeoife contre la foi des Traités. Le paffage par la Courlande & la Samogitie leur étoit néceffaire. gfean le livra, féduit par Bethune qui lui fît entendre qu'une partie de la conquête refteroit à fa Maifon par droit héréditaire. La conquête eft le grand titre de la plûpart des Souverains; $t,an crut pouvoir agir en Roi. Son efpérance fut trompée. L'Eleéteur accourut avec un Corps de dix mille hommes ; le Général Suédois, Henri Horn, en commandoit feize d e jean sobieski. 57 felze mille. A peine en rentra-t-il deux A. 1678. mii le cinq cents en Livonie *); & il ne relia au Roi de Pologne que le regret de s'être fait un ennemi en pure perte. Peu de tems après ii eut une autre mortification du coté de la France pour un intérêt de famille. Le Marquis d'Ar-quien, fon Beąu-Pere, vivoit en France de la Charge de Capitaine de Cenr-Suifles de Ja garde de Monjieur. La Reine, fille du Marquis, fouhaitoît pallio nu émeut qu'il fût décoré du titre de Duc, Le Roi qui avoit le même defir, demanda cette grace à Louis XIV ; & il ne doutoit pas du luccès. Dans tout le cours de fa fortune il avoit toujours entretenu de grandes liaifons avec ce Monarque; il avoit toujours été le chef du parti de la France., dans le Champ Electoral ; & en cas qu'il fut obligé de quitter fa Patrie par la haine qu'il pourroit s'attirer, le Monarque François lui avoit offert de grands eta-bliffements dans fes Etats, le Bâton de Maréchal de France, fi la gloire des armes le tentoit encore; ou le titre de Dite s'il ne goùtoit plus qu'une végétation tranquille & honorable. Cette dignité dont il 11'avoit plus befoin, il fe flattoit bien d'en couvrir fon Beau-Pere. Louis lui répondit qu'il étoit tout prêt à l'oblisi ) t.engnich, pag. 25;. Hifî, de Sou, 1, li. I £8 Histoire A. 1678. ger, pourvu que le Marquis fe mît ea état de recevoir cette faveur par l'acqui-lition d'une Terre qui pût foutenir le titre de Duché. An milieu de ces proportions, le Marquis de Bethune qui afpiroit au même honneur fans favoir qu'il devenoit le riva! de fon Beau-Pere, intérefïoit pour lui-même M. de Scigliela] fon ami & M. Coibert, leur faifant entendre qu'il auro i.t la protection du Roi de Pologne, fon Beau-Frere, quand il en feroit tems. Les deux. Minillies lui avoient promis de ménager l'oceafion, & en parlèrent effectivement à leur Maître. Louis auroit mieux. aimé élever Béchune qu'un Dometti que de Monjieur. „je ne ferai pas, ditali , deux Ducs à la fois dans une même ,, famille. Je préférerai celui que le Roi ,/de Pologne voudra. " Perforine ne s'afc-retidoit à un troifiéme concurrent qui en-xroit dans la lice. C'étoit le nommé Brifacier, Secrétaire des Commandemens de la Reine de France , Mark- Thè refe. Un Carme François étoit arrivé à Varfovie, chargé de lettres pour le Roi de Pologne. La premiere portoit : „ Que celui qui avoit „l'honneur de l'écrire fe trouvoit obligé, „aux dépens de la réputation de fa mere, . de faire fouvenir le Roi qu'étant en Fran-,,ce au fortir de l'Académie, il avoit ai- „nié de Jean Sobieski. 99 „mé une belle femme qui avoit mis fur le A. 1678. „compte de fon mari un fils qui avoit „ l'honneur d'appartenir à Sa Majefté ; & „que ce Fils, avec les biens de fon prétendu Pere, avoit à peine eu le moyen „d'acheter la charge de Secrétaire des Commandemens de la Reine de France; „que puifque la fortune & le mérite j>avoient mis le vrai Pere fur le Trône, „le Fils avoir lieu d'efpérer quelqu'éle-„vation, & qu'enfin la Reine de France le „protégeoit vivement." A ces mots le Moine préfenta au Roi une Jettre i.e cette Reine, qui le prefioit dans les termes les plus forts de reconnoître Brifacier & de foliiciter pour lui le titre de Duc. ofean étonné ne fe fouvenoit de rien : tuais line'troili ém e lettre, une lettre de change de cent mille éeus, (c'eft une forame en Pologne même pour un Roi) cette lettre payable à Dantzic, débrouilla le cahos de fes idées: lacho fc enfin étoit poilible ; & un nouveau trait de lumiere acheva de l'éblouir. C'étoit le portrait de la Reine enrichi de diamans qui termina la commidlon du Moine. Il prit donc le parti de demander à Versailles le titre de Duc pour ce fils qu'il avoit oublié en France, & qu'il vouloit reconnoître. Louis trouva fort fingulier que de la même part on lui demandât trois grâces de la même nature. Il tint le cas I 2, fecret, ïoo Histoire A. 1678. fecret, & donna ordre à Ton AirbafAi-deur de découvrir fi effectivement ]e Roi de Pologne étoit perfuaaé que Brifacier fut fon fils. Le Marquis de 13éthune prit un de ces momens ou l'ame s'ouvre d'elle-même, une partie de chatte. Par Saint Stanislas, lui dit le Roi, je ne J'ai ce. que c'ejî que Monfieur & Madame Brifacier. ffiétois bien jeune quand je vivois en France. £fai eu pkijieurs bonnes 6? mauvaises fortunes dans un pays où les femmes font fi douces , Madame Brifacier a pu être du nombre. Mais comment voulez-vous que je doute ? Cette lettre de change , ce portrait, & plus que tout cela, la lettre de la Reine qui m'afj'nre que fou Secrétaire eft mon fils. Le Marquis de Bé-thune eut l'adrefle de le faire confier cette Lettre qu'il fit palier à fon Maître. La Reine reconnut fa figliature; mais en li-fant, elle s'écria qu'elle n'avoit jamais petifé à une telle impertinence, qu'il fal-loit que Brif acier fût devenu fou. Cependant elle avoit figné; mais comme les Princes lignent, fans voir. Brifacier au-łieu d'un Hôtel où il eût affiché fon titre de Duc, fut loger dans la Baltille où il avoua fon impofture. Cette avanture qui auroit jette une forte de ridicule fur tout autre qu'un Roi, ralentit la follicitation de Jean pour fon Beau-Pere; &: d'ailleurs la Terre qui de- voit de Jean Sobieski, 101 voit ótre érigée en Duché, ne s aclietoit A. 1678- po n: encore. Quant au Marquis de Béthune que les *.1679. contreiems ne rebutoient pas , toujours les yeux, ouverts fur la face de l'Europe, il réfolut de mériter les honneurs qu'il devnandoit, par quelque nouveau fervice qu'il rendroit à la France dans le cours de fon Ambalîade. Si la diverfion qu'il avoit opérée en Suede n'avoit pas eu un piein fuccès, une autre pouvoit etreplus heureufe. Louis XIV7 travail 1 oit fans celle à s'agrandir furies ruines de la Mai-fon d'Autriche. L'Empereur Leopold, fous les apparences de la moderati on,, nourififoit une ambition profonde. La Hongrie qu'il ne poffédoit que par ele-ftiou, il vouloir fe l'approprier; & il la gouvernoit avec un Sceptre de fer. Oli avoit vû fur un échafaut .les Comtes Scrini *), Frangipani, Nadajìi & Tattem-back: ces ames fortes qui n'avoient d'autres crimes que celui d'avoir foutenu leurs droits, leur liberté & leur Religion. Des Jéfuites avoient donné ces confeils vio-lens. C'étoit l'ufage alors d'avilir le gouvernement en y affociant des Moines. Le fameux Tekeli brûloit de venger les I 3 amis ^ Scrini que les Auteurs François nomment Semi, voulant toujours plier les noms écran-«■ers à leur langue : c'elt les dénaturer. iojł Histoire i679« amis & fa Patrie. Le Marquis de Béthu-ne ne l'ignoroit pas. Il conçut le pro-jet de lui fournir des hommes & des armes que la Pologne prêteroit, & que la France payeroit. Le projet pafîa au Cabinet de Verfailles où il fut approuvé. Louis XIV chafioit les Proteftans de fes Etats; niais il les protégeoit en Hongrie contre Léopold. C'eft ainii que les Souverains appuyent des fafrions qu'ils pu-lûroient chez eux du dernier fupplice. Jean étoit gagné; mais une difficulté larrêtoit. 11 ne pou voit lever des troupes fans le consentement de la République. Les Rois ont plus d'une façon d'éluder les Loix. 11 confervoit la Staro-ffo'e de Strick, qu'il avoit déjà pollédée étant Grand-Maréchal, Il ferma les yeux fur ee qui pouvoit s'y pafTer: ceux qui devoient voir pour la République les fermèrent auiii ; & le Marquis de Béthune, s petit bruit, enrôla dans la Staroftiedix mille hommes qu'il fe difpofoit à mener à Tékeii. Des François qui pafloientin-fenfib'ement en Pologne devoient fe joindre à ce Corps de troupes. C'étoit un coup mortel pour l'Empereur : une femme le para, fans y penfer, la Marquife même de Béthune. Elle étoit Sœur de la Reine; & avant fon mariage, elle avoit été Pille d'honneur de Madame Henriette d'Angleterre, femme de Mon- fieni'» DE JE A» SOBIESKI. 103 jìeur. La Marquife ne pouvoit fe défen- i679' dre d'un peu de jaloufie en jettant les yeux fur la Couronne de fa Sœur. Leur Pere , le Marquis d-'Arquien etoit encore en France avec fa charge de Capitaine des Gardes de Monfieur, & beaucoup de dettes. La Reine qui avoit pris d'autres vues pour l'élever, que celle du Duché, avoit une extrême pafûon de fe montrer à lui dans la fplendeur du Trône. 11 vendit fa charge pour fe mettre en etat de pa~ roûre. °Riais la Marquife de Béthune engagea Monfieur à retenir l'argent pour af-furer fa dot. Ce petit démêlé de famille devint une affaire d'Etat. La Reine in— ftruite du procédé de la Sœur, sen plaignit à elle-même, & à fon Mari qui en étoit innocent. Tous deux, pora: l'appaifer , écrivirent tout ce qu'elle voulut à Monfieur ; & tous deux (fila duplicité eit un crime à la Cour) furent, bien-tôt coupables. lis firent précéder le Courier de la Reine par un expies a Monfieur, pour le prier de ne rien faire de ce qu'elle exigeoit. lia Reine lui écrivoit du haut du Trône: le Prince qui l'avoit vue à fes pieds l'en fit Ibuvenu-dans fa réponfe, en lui dévoilant toute l'intrigue. _ La Reine étoit fiere & haute. Son pere fans Duché, le prix de Gì Chat ge I 4 retenu, Histoire ^79' retenu, la rop on Te de Monjieur, tout cela r'ouvroif dans fon cœur une plaie mal fermée. ^ Elle a voit: eu envie, quelque tems après ion élévation fur le Trône, de faire un voyage en France, par le dell r naturel de briller dans fa Patrie. Elle prenoit pour prétexte les eaux de Bourbon ; mais ayant fait demander à la Cour de łrance li on ne lui ferole pas ie même traitement qu'à la Reine douairière d'An-g.eierie, le i\larquis de Louvoisquimét-toit de la dureté par-tout, avoir répondu il y avait bien de la différence entre Reine héréditaire & une Reine èle~ l'îivè, Elle réfolut de venger à la fois toutes ces injures, en y enveloppant fa famille même. Elle éveilla les Sénateurs fur les enrô-lemens qui fe faifoient dans la Staroftié; elle manda le Grand & le Petit-Général & leur dit qu'un armement fans l'aveu de la République cachoit quelque mauvais deilein. Les deux Généraux ne manquèrent pas de répondre que rien ne s'étoit fait fans un ordre tacite du Roi. *Ihcz doue !c iroiiver, reprit la Reine, fj? 't i nu e z-lui compte du reproche que je vous al fait. Rien de plus décidé que la fermeté du Roi a la tete d'une Armée; mais H aimoit la tranquillité domeftique. Il croit entré dans 1e refïentiment delà Reine & il donna ordre aux. Généraux d'aller de Jean Sobieski. ioj 1er eux-mêmes àStrick licencier les trou- A. 1679. pes & congédier tous les Officiers Français qui étoient accouru pour partager la gloire de l'entrepri fe. Louis fe trouva ollenfé. Jean de l'on côté fe plaignit de l'Ambaffadeur de France & de l'Ambàf-fadrice. L'une & l'autre furent rappel-lés. L'Ambafiadrice fut exilée en Toti-raine. L'AmbalFadeur eut permiflion de venir compter fes raifons à la Cour, rejettent tout fou malheur fur la conduite de fa femme. Dès ce moment Versailles &r Varfovie ne vécurent plus dans les mêmes liaifons. Le Marquis de Béthune retta Marquis ; & le Capitaine des Cent-Suifies que la ï rance n'avoit pas fait Duc, Rome lui trouva allez de qualités pour en faire un Cardinal. Jean fe tourna du côté de la Maifon A>i6$o. d'Autriche , dont il efpéroit beaucoup pour une expédition qu'il méditoit 11 favoit par fes intelligences auSerrailque Mahomet projettoit d'attaquer l'Kmpe-reur Léopold ; mais ce n'étoit encore qu'un projet, &c comme les Turcs font pour l'ordinaire des armemens immenfei, on a le tems d'agir tandis qu'ils préparent. Il favoit auffi que Mahomet fe re-p'ofant far le dernier Traité avec la Pologne, laiffoit Kami ni eli & la Podolie fans grandes défenfes ; Kaminiek que la I 5 Repu- io 6 Histoire A. 1680. République regrettoit fans celle, & dont le recouvrement importait tant à la gloire du Chef. Mahomet avoit effeftive-men-t lieu d'être tranquille, fi de Chrétiens à Infideles les Traités obligent; aaais on prend fes idées de morale du ficelé & du lieu où l'on vit. Rome étoit toujours prête à abfoudre les Polonois des fermens quils avoient faits aux Turcs. Jean voyait donc que, s'il pouvoit engager Leopold menacé, à prévenir Mahomet, il auroit le tems d'enlever rapidement Kamini ek, fous promette de joindre enfu i te fes armes à celles de Leopold. II fongeoit de plus à faire entrer dans la ligue, Venife pour une diverfion fur mer, & Rome pour de l'argent. Il avoit befoin dans cette négociation d'un Ambafladeur du premier mérite. Celui qu'il envoya aimoit paffionnément la Chymie & J'entendoit médiocrement : mais il avoit époufé une fœur de la Reine. C'étoit le Prince Radziwil qui, après avoir échoué à Vienne & à Venife, alla proftituer à Rome la grandeur de Dieu & celle de fon Maître. 11 traita le Pape innocent XI, de Divine Majefté fur la terre, & il mit la Couronne de Pologne fous les pieds de la Divinité qu'il créoit. Le Pape écartant pour le moment la que-ftion d'argent, ne répondit que par des louanges, des fouhaits & des bénédictions. de jean sobieski. 107 «Étions. Le Prince Radziwil avoit plutôt A, 168©. regardé cette Ambaffade comme un voyage honorable de curioiité, que fous le point de vue du bien public. C'étoit le plus riche Seigneur de Pologne; & il fe flattoi-t, en courant le monde de trouver la Pierre Philojophale. La mort lui épargna les juftes reproches qu'on auroit pù lui faire *), S'il eft de cruels m omen 9 pour les Peuples qui vivent fous un gouvernement abfolu, il en efir auffi pour les Rois qui n'ont qu'un pouvoir limité. Tandis que l'Ambafladeur de Pologne avoit perdu fa foible éloquence dans les Cours Etrangères , Jean avoit déployé toute la force de-la fienne à la Diète deVarfovie. Il ne s'étoit pas étendu fur la néceffité, mais fur la facilité de reprendre Kaminiek. Les deux Ordres écoutoient avidement & fe difpofoient à entrer dans fes vûes, lorfque des gens timides qui craignoieht de revoir les urcs dans leurs foyers,ou des ennemis de la gloire du Roi, arrêtèrent les délibérations-. Il y eut même Une fingularité remarquable. Ce ne tufe point un Nonce , félon l'ufage, qui rompit la Diète. Ce fut un Sénateur, le Palatin de Pofnanie, Breza. On ne pouvoit pas lui en contefter le droit : mais la ł) Załuski , Tom. 2. pag- 666- log Histoire .1680. lanouveauté da fait, mit le Souverain dans un état d'indécilìon qu'il n'avait pu prévoir. Le dilVours véhément qu'il lit dans le Sénat, après cette cataftrophe, ne fer-vit qu'à contrifler les vrais Patriotes, & à faire triompher fécrettement la faftion qui l'enchâînoit. „Rendez-nous, difoit-„ii à ces derniers, rendez-nous la fureté „que vous nous enlevez; la gloire dont „vous nous privez. Vous dites qu'on „penfera une autre fois à reprendre Ka-„miniek. Impi-udensI étes-vousles maî-„tres du tems? Ferez-vous renaître l'oc-„callon? Le Turc penfera à lui. Il apprendra notre projet , il s'en vengera „peut-être; & au lieu d'un peu de fang „que vous euffiez verfé pou»* un grand „fuccès, nous en répandrons à flots pour „notre ruine *). " Une autre amertume vint abbreuver tout à la fois le Pere & le Roi. L'Electeur de Brandebourg, dont il s'étoit fait un ennemi, jettoit les yeux fur la plus riche héritiere de Pologne, pour le Margrave Louis de Brandebourg un de fes fils. Elle étoit fille unique du Prince de Radziwii dont nous avons indiqué la mort. Ce mariage portoit dans une mai-fon déjà trop redoutable à la Pologne, les biens immenfes que quatre fiécles a voient *) Załuski, Tûir.c 2. pag. 133. 784- de Jean So biesili. 109 a voient accumulés fur celle de Radziwii ; A. 1680. quatre Duchés qui du fein de la Lithua-nie confinoient à la Mofcovie & à la Suéde ; & comme l'Ele&eur s'attendoit à des oppofitions, il envoya fubitement fon fils pour ferrer ces nœuds dangereux, fans confulter la République, ni même le Roi, quoiqu'il fut tuteur de la Prin-ceffe. Tous les efprits furent révoltés, „Quoi ! difoient le Sénat & l'Ordre Equestre, un Prince étranger viendra nous „ravir un tréfor qu'il nous importe tant „de conferver! Lorfqu'il l'aura en fapof-„feftion, nous lui accorderons, ou nous ,>lui refuferons l'indigénat *). Si nous }f accordons», il dominera dans nos Diéti->,nes & 110s Diètes. 11 fe 1er vira de fes «forces en Lithuaniepourdi&ernos Trai-?;tés , & peut-être pour fe liguer contre «nous. Si nous refufons, il s'armera des „droits de fon mariage & des foudres de „fon pere, pour nous forcer. Non,non, î,point d'alliance avec le Lion; c'eftallez «pour nous d'être obligés de fouffrir un « Roi. " Le Roi étoit encore plus bielle de cette alliance que la République. 11 deiti- noit L'Indigena t , qu'on appella ailleurs Lettres de Naturaliré, eft néceffaire en Polo» ne pour pofleHcr biens ou chapes, & pour entrer dans les Dictes. ti3 H r g t o ï r x A., lèso, noi t la jeune Prince (Te à fon flis" aîné, le Prince Jacques qui touehoit à la puberté. Il eft vrai que la Reine, & tout ce qu'il y avoit de François à la Cour de Pologne, ne regrettaient pas cette alliance, point afiez élevée, difoient- ils, pour le fils d'un Roi, qui doit époufer une Princeffe par la grace de fa naiffance, & non par celle du Saint-Empire; une lille de Mai-fon Souveraine, & non celle d'un Sénateur. Ces idées Monarchiques n' en-troi-ent point dans des têtes Républicaines; encore moins dans celle du Roi qui fa voit que les Empereurs Romains, c'eLi-à-dire, les Maîtres des Rois, s'alli-oient au łan g des Sénateurs, & qu'en dernier lieu, Jacques II, Roi d'Angleterre avoit epoufé la fille de l'Avocat Hyde , devenu Chancelier, & placé par lesAnglois au rang des Grands H o tom es. Le Roi examinoit d'ailleurs de quelle importance écoient pour fon fils les grands biens de la jeune héritiere. Un Monarque abfolu auroit fans doute armé fou peuple pour les intérêts de la Maifon. Il eut peint Tenlevement de la Princeffe comme un affront fait à la Couronne & X la Nation; & peut-être que Troie auroit péri pour cette Hélene. Mais formé aux mœurs d'an pays libre & retenu par les Loix, il écouta la République qui revenue de fon premier emportement j penfi* de jean sobieski. m qu'il vaio i t mieux céder une héritiere, A. î68o. que de s'expofer à une guerre dont le fort, quel qu'iL fût, laifferoit toujours d« grandes playes. Elle chercha feulement un tempérament pour adoucir l'amertume du Roi. La Princeffe conteftée étoit fa Nièce : 1'EJećleur de Brandebourg promit que ce mariage ne préjudicieroit en aucune façon aux droits de la Maifon Royale ; & les nœuds fe ferrerent *). La Maifon Royale s'augmentoit encore par la fécondité de la Reine qui accoucha d'un troi (téme fiis. Ce fut le Prince Confanti», L'année fuivante fut remarquable par A. î6$i. une Dièce qui fe tint dans une Ville qui n'en avoit jamais été le théâtre. Le lieu fixé par les Loix & l'ufage, c'étoit Varsovie qui, par fa fituation, fa grandeur & fa rich-effe elt bien propre à raflemblei* la Nation. U y avoit-longtem-s que les Lithuaniens, les Paç fur-tout, deman-doient la convocation alternative en Pologne & en Lithuanie. La propolition avoit paflé en 1673. avec cette modification. que la Lithuanie ne jouiroit de cet ^vautage que tons les fix ans. Mais la Loi étoit reftée fans exécution. Ce fut dotic cette année, pour la premiere fois, çfeati ne pouvant plus rélifter aux mou- Puffendorf. Załuski, tom. 2. psg. 765. iia Histoire i68i. mouvemens, aux clameurs des Paç, transporta la Diète en Lithuanie. Mais au lieu de la placer à Vilna, qui en eft la capitale, il l'indiqua à Grodno♦ Parce coup il mortifioic les Paç , le Grand - Général fur - tout, Palatin de Vilna, & il favorifoit le Starofte de Grodno, fon proche parent, qui dans un fi grand concours de monde augmentoit prodigieu-fement les revenus de fes terres. Mais Grodno n'eft qu'une bicoque d'un actes difficile fur la riviere de Mémel, mal bâtie &: malfaine, connue feulement par le tombeau d'Etienne Bat ori, monument qui. ne procuroit aucune commodité à la Diète» Les ferviteurs même du Roi difoient* que quand on veut fe venger de fes envieux & obliger fes parens il faut dia moins que ce foit fans préjudice du Public: Le Roi méprifa ces cris: c'étoit un commencement de defpotifme aux yeux de la liberté, La Diète s'ouvrit par une conteftation fort vive. On procédoit fuivant 1' ufage àl'éieftion d'un Maréchal de la Diète. Les Paç en vouloient un le Roi en por-toit un aut re; c'étoit François Sapieha, d'une illultre Maifon, qu'il projettoit a'é-lever fur la ruine des Paç LeRoi fit plier l'éleftion fous fa volonté. Un autre objet agitoif encore plus les efprits. Les Seigneurs i'uionoi s s'a vi fen t quel- de Jean Sobieski. iij quelquefois de lever des troupes a leur A-folde; comme en France les Grands Vaf-faux fous le Gouvernement féodal. Celt ce qu'avait fait un Lubomirski *), frere du Grand - Maréchal & Grand -Enfeigne de la Couronne, pour favorifer Tekeliqui, depuis trois ans, fécondé par le Bacha de Bade , tàchoit de foulever toute la Hongrie. La démarche de Lubomirski étoit Une fuite des intrigues avortées du Marquis de Béthune. Le Grand - Général Vieçnowieçki cita le Grand - Enfeigne pour avoir violé les Loix , & l' Ambaffa-deur de l'Empereur, le Comte d*Atteinr prelToit vivement la.punition du coupable. La fermentation croilloit, lorfque le nonce du Pape, Martelli, étouffa cette chaleur en exhortant l'Affemblée à reprendre les armes contre le Turc. C'éroit alors un cri de guerre toujours accueilli par le grand nombre, & il ne fut plus mention de l'accule. La Reine avoit un intérêt perfonnel à faire traiter à la Diète. Elle vouloit augmenter l' état de fa Maifon. Les Ordres *) On Fappeïïoft le Chevalier de Lubomirski. Cette dénomination peut étonner le Lefteur pour la Pologne où tout Noble eft au moins Chevalier, puifqu'il eft de l'Ordre Eq u eft rei mais Lubomirski avoit de grandes Commanderas de Malte, qu il qxiirta dans la fuite pour «poufer une Fille dr honneur de la Reine.. Hijl, de ùob. T. II. K Histoire A. 1Ó81.dres mécoutens de fe trouver a Grodno, n etoient pas bien dilpofes. Le Roi pref— fontane la fituacion des efprits avoit prié la Reine de remectre fa demande à un tems plus favorable, Celui-ci étoit celui de la Reine. Elle affilloit félon fon ufage à toutes les feances, non pas publiquement, ce qui auroit offenfé la République; mais dans un lieu où, fans être vue, elle entendoit toutes les délibérations. C'eit de-là que prenant fon moment elle envoye fon Chancelier au pied du Trône, pour prier le Roi de penfer à elle. Le Roi avec un regard fevere &un gefte de refus, congédie le Chancelier. Le Chancelier revient à ia Reine, & retourne au Prince fur un fécond ordre, .Le Prince impatienté s'échappe en propos durs contre une viftime qui ne fait qu'obéir. Le Chancelier, homme d'E-giife, lui répond avec autant de fermeté que de refpecc. Si lotre Mcijejlb oublie que je fais Prêtre, qu'elle fe fouvienne du moins que je fuis Gentil - homme, „11 me filili'l , reprend le Roi, que vous foyez „homme, je fens mon toit, vous n'au-,,rcz plus à vous plaindre de moi. " La Re ine favoit à quoi s'en tenir en s'oblH-nant; elle avoit gagné des fufirages dont le Roi ne fe doucoit pas. Elle eutkl'uc-cès qu'elle atteudoit *). De *) Zuluski, tom. i. pa°- J04. de Jean SOBIESKI. 115 Dé toutes les vertus, celle dont le Roi A.iCgî-fe piquoit le plus, après le courage, c'é-toit la clémence. Un de ces hommes qui par la feélérateffe & l'atrocité de leur ame, fe rendent redoutables aux Dieux mêmes de la Terre, avoit vomi de fa bouche impure mille blafphêmes contre le Roi ; & comme s'il eût voulu raffurer fa main pour le frapper, il s'étoit elTayé fur le portrait qu'il avoit percé d'une balle. Ce monftre forti des flancs de laNo-b le fie fut interrogé dans la Diète & condamné à expier fon forfait dans l'horreur des fupplices. Les Loix avoient porté l'Arrêt de mort. Le Prince fit grace: $e ne Ici fer ois pas, dit-51, s'il avoit outragé la Patrie. Le Parricide ne perdit que fa liberté ; & même ce ne fut que pour un tems. Chacun difoit : quel eli le barbare qui oferoit encore otlenfer tin-Roi qui fait pardonner? Le coupable ne celia de le bénir tout le relie de fa vie*). Il y eut pendant la tenue de la Diète tin événement qui feroit indigne de la gravité de l'Hilloire, s'il n'étoit lié aux affaires publiques. Un revenant faifoin grand bruit dans la maiion d'un Noble Polonois en Volhinie, & ce bruit retenir % tiffoit Zalusfci, tom. ï. pag. 706. Histoire tidfoît dans toutes les Provinces*. Le Mort di fait bien des chofes qui intéref* foient ia réputation des vivans &: la gloire du Gouvernement. Il en ordonnoit de la part de Dieu qui déplaifoient au Roi. Le Jéfuite Guievofzy Théologien du Grand-Général^. avoit attelle au pied du Trône la réalité du revenant. Le Rot envoya un Militaire adroit qui avoit quelque peine à fe perfuader que la mort fui-pendîc fes loix éternelles pour venir effrayer la Terre. C'étoit, comme c'eft toujours, pure comédie, qui cependant finit tragiquement, lorfque le Commi'--laire rendit compte. Le Prince, en ce moment, étoit environné de CourtifanS» Son Confefleur, autre Jéfuite qui avoit déjà dirigé deux confciences RoyalesT Pikarski, étoit à fes côtés. On écoutoit avidement le rapport & le tiiîu de la lu-percherie. Au dénouement, le Roi jet— tant un regard de colere fur fon Miniltre de- co'iîfcience, lui adreffa ces paroles: Eh bien i que dit à cela votre fourbe G nie-voj.z? Le Directeur qui préchoit à tout le monde la patience & la fermeté Chrétienne,, ne fur vécut que huit jours à c° coup de foudre. Il perdit beaucoup pouf ce monde. Le Roi dont il avoit la con-fiance r lui deftinoit l'Evêché de Kio vi® & les Sceaux du Royaume. Jean rC" gretta l'innocent, fans punir le fou^10, ^ £ Oli de Jean Subies k't. 117 On eût dit qu'il n'aimoit qu'à récompen- A. 1681. fer *): Ce grief du Roi contre les Jéfuites a-voit été précédé d'un autre qui tomboit fur une ditcuiiion d' intérêt. Ces Religieux ont de grandes porterions à Jaros, law, Ville de la Ruffiê Noire, fur la riviere du San. La Reine y avoit aufiî des biens qu'elle vouloit conferver. Les Religieux s'embrouillant dans leurs titres, anticipoient chaque jour fur ia Reine» Voilà encore un de ces petits faits que je ne rapporterois pas s'il ne fervoit à montrer la douceur de Jean. Au lieu de joindre l'autorité à la Loi, il écrivit nu Général des Jéfuites en ces termes: „Je ne veux pas faire juger vos Freres de „Jarosław dans la Diète où j'aurois poar -, moi la juftice & le refpect qui m'eft du. „Je craindrais encore d'envenimer la „haine qu'on vous porte déjà. Dét'iez-„vous de ceux que vous prépofez à vos „Mai fon s ; ils mettent leur gloire à en „étendre les domaines par toutes fortes „de voies, fans confulter la juftice; ordonnez leur de produire leurs titres à j,deux Commiffaires que je nommerai,, „afin que tout fe termine paifiblement & „fans fcandale. Adieu. Souvenez-vous „que je fuis Roi. " Les pièces furent K 3 enfirs #) Załuski, tom. u pag. ?c6*. U8 Histoire 1681. enfin produites; & on fife convenir les bons Religieux qu'ils entendoient mieux les biens que les titres *). La Diète étoit ouverte depuis fixmois. Les efprits fe laiToient d' être tendus. Le Chevalier Lubomirski qu'on venoit d'ac-cufer, fut fait Maréchal de la Cour, fans oppofition quelconque. On avoit encore bien des points à traiter; & pour en hâter l'expédition, le Roi s'avifa dans une féance de faire allumer des chandelles, entreprise contre un ufage palle en Loi. Le Nonce Prziemski, gagné par la France, où il avoit fervi en qualité de Mouf-quetaire, n'attendoit qu'un prétexte pour rompre la Diète. Il protetta & s'éloigna. Ceux qui connoiffent le penchant des Rois vers le defpotifme & la délicate/Te de la liberté, ne favent s'ils doivent blâmer le Nonce: mais du moins il fut coupable pour s'être obftiné à ne pas rendre l'activité aux Etats; & pour avoir entraîné dans fa faćtion une partie du Sénat & de l'Ordre Equeihe **). La •) Ibid. tom. 2. pag. 77jr. Pour conno'irre l'empire que cet homme avoit fur la multitude, il (uffir d'un coup d'œil fur lin tenis hien poftorieur à celui dont je parle. Quand il fut queftion de donner un fucceiTeur au Roi Jean, prefque tous les Palatinats 0-voient déjà crié, vive Saxe. „Quoi! MeS „Trêves , cria Pi ziemski, vous élifez un Hérétique 1 Qu'eit devenu votre zélé pour U '„Re* de Jean Sosie ski. up La Pologne comptoit déjà cinq années A. 1682? de paix. La lixiéme fe paffa dans un calme ténébreux qui annonçoit une tempête. L'orage fe formoit à Conftantino-P'e, & on le figuroit à Vienne qu'il me-naçoit la Pologne; tandis qu'à Varfovie on étoit perfuadé qu'il tomberait fur Vienne. A tout événement Léopold & Jean penferent à unir leurs forces par un Traité défenfif & offenfif. L'Empereur s'obligeoit à entretenir une Armée de foi-xante mille hommes en Hongrie: le Roî de Pologne quarante mille pour être employés où il conviendroit. Les deux Souverains devoient marcher au fecours 1 un de l'autre, lelon le befoin , & celui des deux qui fe trouveroit à l'Armée, au-r°it le commandement général. Cette dernière convention le livroit tacitement si Jean. Léopold n'étoit pas guerrier. Pour l'article des fubfides, comme la guerre étoit inftante, & que la Pologne Ee pouvoit faire des levées d'argent que dans la Diète qu'il n'étoit pas poffible d afletnbler li - tôt, l'Empereur devoit lui avancer douze cents mille florins qui fe-roient rembourfés par le Pape; & il fe char- Religion? Ce n'eft pas à nous que vous êtes „engagés, cefł à celui-ci. ..." en découvrant un Crucifix qu'il avoit caché dans Ì00 fein. Aulïï-tôt on cria, vive Conti, 120 Histoire A. 1682. chargeoit encore d'engager leRoi d'Efpa-gne à obtenir des décimes dans fes Etats d'Italie pour être employées au profit de la République. De plus les deux Puiiïances combinées promettoient de (aire tous leurs efforts pour étendre la ligue dont le Pape le déclaroit le chef. C'étoit Ode/calchi, fils d' un Banquier du Milanois, né fous la domination Autrichienne, ayant même fait deux campagnes dans les troupes ; ce qui lui laifibit un relie d'humeur guerriere. Il gouver-noit l'Eglife fous le nom à* Innocent XI, Pontife fage, Théologien médiocre, Prince courageux, fier &c magnifique, aimant les entreprises d'éclat, & les foutenant de fon argent & de fes forces. Les Papes ont de tout tems fonné le toefin contre le Turc. 11 ne faut pas croire que la Religion feule les ait animés. Tandis que les Puiiïances Chrétiennes fe battent & s'épuifent pour arracher des Provinces aux Infîdeles, Rome étend fa domination fpirituelle, & l'Italie refte plus à couvert. Innocent XI n'ignoroit pas que Mahomet II. après s'être emparé de Conflanti** nople que Confiantin ne comptoit pa^ bâtir pour les Turcs, avoit courut jufqu'^ Triefte aux portes de Venife, & arbo1'® le Croifiant au milieu de la Calabre, d'oi* il menaçoit Rome & toute l'Italie, H la" de Jean Sobieski. voit auffi qu'en dernier lieu le fameux A. Vilir Cuprogli, après la conquête de Candie, avoit mis dans les projets celui de renverfer le Saint Siege. Ce Pontife dans la conjoncture prelente crioit aux Armes, il appelloit tous les Souverains de l'Europe. Quelques-uns écoutèrent, la plupart furent fourds. Louis XIV fut de ces derniers ; fa fierté qui s'irritoit contre celle du Pape, cherchoit à le mortifier. Cette raifon feule l'eût empêché d'entrer dans la ligue; une vue politique l'en détournoit encore. Malgré la paix qu'il avoit fignée à Nimégue en 167? avec la Maifon d'Autriche, il ne pouvoit goûter un Traité qui la foutenoit; au contraire il intriguoit en Pologne pour ^n empêcher la confommation ; & fes Ambaffadeurs à laCourOthomane lapref-foient de porter la guerre en Allemagne. Ce 11'eft pas ainfi qu'il penfoit en 1664, lorlqu il envoya îix mille Irançois qui partagèrent le triomphe de la journée de St. Gothard, où. Montécuculi battit les I urcs. Louis n'avoit pas encore 3uré alors l'abbaiiTement de la Maifon ^'Autriche. Mais fi Louis manquoit à Leopold, Leopold fe manquoit encore plus à lui-freme. Il 11e fut pas longtems fans découvrir que l'orage alloit fondre, non fur la Pologne, mais fur fes Etats. Maho-Biji.de Sob. T. Il L met i as Histoire A.i6g2. met lui dépêcha un. courier pour l'avertir que Tékéli & les Hongrois, dans la vue d' éviter l'oppreiïloh , s' étoient fournis à l'Empire Othoman, dont ils étoient déformais les tributaires & les fujets; qu'ainfi il eût àrappeller les troupes qu'il avoit envoyées contre eux, & à reftituer les Places qu'il tenoit encore dans ce Royaume; à moins qu'il ne voulût être regardé comme 1' infraćteur de la paix, voir fa témérité punie *). Leopold, malgré cette fatale certitude, refufoit le titre de Majefté au Roi Jean qui feul pou-voit le fauver. Il ne faut pas s'en étonner , puifque le prédécefîeur de Leopold, Ferdinand III dans les préliminaires de la paix de WeftphaLie, ne vouloit donner que le titre de Sêrènijfime au Roi Très-Chrétien fon vainqueur; & la Cour de France , à fon tour, avoit eu de la peine à traiter de Majejiè le grand Guftave qui croioit que le premier des Rois étoit celui qui battoit les autres. On eut donc dit dans ce moment critique que Leopold aimoit mieux s'enfevelir avec toute fa hauteur, que de voir une nouvelle Majefté en Europe. Jean fut ferme, & ne voulut traiter qu'à ce prix. Que les Chrétiens apprennent quelque^ vertus des Turcs. L'Armement des Infidèles *) Cantémir, tom. 2. pag. 85. de Jean Sobieski. 12:3 fîdeles étoit prêt dès le mois d'Avril: A. mais la treve avec la Muifon d'Autriche n'etoit pas expirée. Cette bonne foiMu-fulmanne donna le tems aux deux Souverains de difputer; & la difpute finit palla concrffion d'un titre qui auroit lailïé de la reconnoiflance dans le cœur de Jean, s'il eût été accordé de bonne grace *). Pendant que ce différend s' arrangeoit, le Comte Albert Caprara, Ambaiïadeur extraordinaire de Vienne tâchoit d'appai -ier le Sultan qui ne voulut rien changer aux Loix qu'il avoit diftées, & il déclara la guerre à l'Empereur vers la fin de 1 Automne. Caprara vit les queues de cheval arborées au Serrai!, & partit fu-bitement dans la crainte d'être arrêté **). Le cara&ere d'Ambafiudeur à la Porte eft difficile à foutenir à. caufe de la hauteur * urque. Cette Puifiance eft accoutumée a recevoir des Ambafiadeurs ordinaires de toutes les Cours, & n'en envoye a perfonne. Elle regarde ces Ambaûades perpétuelles comme un hommage que les Chrétiens rendent à fa fupériorité. Elle Marque plus d'égards à un Marchand qui rend utile à l'Etat, qu'à un Ambaffa-^eur. Louis XIV, qui fe faifoit faire des reparations fi éclatantes partout où l' on L i avoit ^ Załuski, roni. 2. pas:. 803. 0 Cantémir, teniez, page 82. 124 histoire A.i6s2. avoit manqué à fa Couronne dans la personne de fes Minières, n'exigea rien des Turcs pour les indignes traitemens qu'ils avoient faits à M. de la Haye. L'Am-bafladeur de Vienne n'auroit pas été plus ménagé. 11 ne reftoit à Léopold qu'à cimenter au plutôt le Traité de ligue. Ses Plénipotentiaires arrivèrent en Pologne au mois de Janvier. Le Traité ne fut V 1683. juré que le 31 Mars à Varfovie, & à Rome prefqu'en même tems par les Cardinaux protećleurs, entre les mains du Pape. Une chofe bien finguliere & qui ne le paroiflok point alors, c'elt que les deux Potentats s'engagerent expreffément par un article féparé à ne point demander au Pape la permiiiion de fe parjurer en fureté de confcience *). Il y avoit bien des fiécles que cette fauile confcience in-fettoit le Chriiiianifme. Philippe II, au tems de la révolte des Pays-Bas, avoit publié dans un Edit qu'il avoit violé fans crime le ferment qu'il avoit fait aux ï la-mands, attendu que le Pape l'en avoit di fpen fe. Mais, fans examiner ici la Religion du ferment que les Barbares mêmes ont re-fpectée, ni la paix fignée par Jean lui-même avec le Turc à Zurowno, Jean étoit-il fage d'entrer dans cette ligue? P#r *) Załuski, toir». 2. pag. gog. DE JEAN Sobieski. 125 Par le Traité il s'obligeoit de porter fes A, 16g troupes où. Léopold en auroit befoin, au lieu qu'en ne prenant aucun engagement, & laiffant Vienne aux prifes avec Con-fîantinople, il eût trouvé pendant ce tems-là toutes les facilités à reprendre Kaminieck, & tout ce que Mahomet avoit enlevé à la République. Si l'on en croit l'Auteur de l'Etat préfent de la Pologne, il fut entraîné dans la ligue par le defir qu'avoit la Reine de fe venger de la France, qui n'avoit pas voulu faire Duc 6c Pair le Marquis d' Arquien fon Pere. La Reine avoit encore à venger une injure perfonnelle, le refus que la France avoifc fait de la traiter en Reine dans le voyage qu'elle avoit projette pour revoir fa Patrie. De moindres intérêts ont quelquefois produit des guerres fanglantes. Mais Leopold employa fur Jean des refforts plus puiflans. Il le flatta de faire épou-fer une Archiduchelle au Prince Jacques, de perpétuer la Couronne de Pologne dans fa ł amille, en la rendant héréditaire de gré ou de force dans une Diète où l'autorité d'Innocent XI interv iendroit. Leopold, du fond de fon Cabinet, tramoit: & opéroit les plus grandes révolutions. On fait qu'il a créé un Electeur & un Roi, & que les Hongrois ont perdu fous lui le droit d' élire leur Prince, L 3 Jean Histoire 1683. Jean Te laiiTa donc aller à des offres fi féduifantes ; & la ligue étant formée, ił ne s'occupa plus que de l'exécution: mais chaque corde qu' il remuoit dans la République le roidiiïoit contre fa main. Les Univerfaux publiés fur le champ ex-citerent des murmures. Les E*iétines ne parurent s'affembler que pour former des siuages. Les Palatinats ^roteltoient qu'ils «noient épuifés d'argent. Les Généraux ne favoient où prendre un fì grand nombre de troupes; &, par-sni les Sénateurs, t-eux mêmes qui étoienfc les plus dévoués aux volontés du Roi, snontroient de l'éloignement. La Lithua-nie ordinairement moins prompte à s'armer que la Pologne, l'étoit encore moins d'ans cette conjonfture. Les Paç fufci-feoient des difficultés en fuivant l'averfion naturelle qu'ils avoicnt toujours marquée pour le Prince. Ce Prince comptoit fur ïes Sapieha, Maifon qu'il avoit réfolud'élever pour l'oppofer à celle des Paç, qu'il vouloit abbattre. Les Sapieha étoient quatre freres fort riches, bien unis, pleins de cœur & de fierté. Jean leur avoit donné des places importantes: l'aîné étoit Petit-Général & Caftellan de Wilna j le fécond, Grand-Tréforier; Ie troifiéme, Grand - Ecuyer ; le dernier, vGvnnit- Maître de J'Artillerie & Traforiti* ue la Cour. Revêtus de ces CJi«r" ëe£> ce Jean Sobieski. 127 ges, ils ponvoient beaucoup en Lithua- A» 16^5. nie ; cependant leurs mouvemens étoient lents; & ils paroiffoient oublier ce qu'ils devoient à leur bienfaiteur. Jean au milieu de tant de contrariétés chercha à en deviner la caufe. 11 furprit des lettres de l'Ambaffadeur de France qui l'éclairerent. Forbiti, alors Evêque de Marfeille , avoit montré, dans fa premiere Ambaflade en Pologne, qu'il étoit au moins aufîi propre aux intrigues d'Etat, qu'au gouvernement d'un Diocèfe. Il fuivoic dans celle-ci le plan du Marquis deBéthune pour traverfer Léopold. „11 fe vantoit dans fes lettres de détruire la ligue avec l'Empereur. 11 di-„foit qu'il fa voit par le Grand - Tréforier „André Morjîyn, tous les Confeiis du „Cabinet de Varlovie; qu'il avoit gagné, „par fon moyen, le Grand-Tréforier de v „Lithuanie; qu'il avoit attiré les Sapieha „au parti de la France; qu'il avoit ébloui „Jabłonowski, en lui faifant entrevoir, „de la part de Louis XIV, la Couronne „de Pologne lorfqu'elle viendroit à va-„quer; que les Diétines agiffoient déjà „ouvertement contre les intentions de „Jean; que tout cela n'avoitpûfe faire fans, „argent; qu'il avoit déjà diftribué des pen-„ 110ns pour cinquante mille Impériales *)r L 4 „félon ) L Imperiale, monnoie des Eropcrcm*$? vslLqì£" environ 3 livres 15 fous de France. 1*8 H i s t o i £ s • 1682. feïon l'ordre de fon Maître ; qu'ii „fourniffoit aulii de l'argent à Tékéli „pour foutenir fon parti en Hongrie. H „ajoutoit qu'il n'avoit tenté de corrompre ]a République qu'après avoir attaqué inutilement la vertu du Roi, qui, „pour cette fois, avoit non-feulement „réfifté à l'or, mais encore à l'efpérance •..qu'il lui donnoit de faire élire, avant le „tems, par le credit de la France, Ie „Prince Jacques fon Fils pour lui fuccé-„der, pourvu que dans la crife préfente „il voulut abandonner la Maifon d'Autriche aux coups de la France; & qu'au „furplus cette inflexibilité du Roi n'avoit „produit d'autres mauvais effets que la „nécelTité de répandre de plus grandes „fommes dans une Nation toute vénale, ■„ qui n'a ni honnêteté, ni bonne-foi." C'eft ainfi que l'or & l'intrigue entre les mains d'un Ambaffadeur font fouvent la deftinée des Etats. Jean muni de cette pièce en ordonne la lefture en plein Sénat. Parmi les Sénateurs, les uns montrent cet air d'embarras qui décéle le crime; les autres cette indignation fubite qui montre l'innocence. Tous fe regardent; & le Roi leS fixant tous, leur parle en ces termes: „J'ignore ce que vous penfez fur ces lettres. Je crois bien qu'un Morjiyn & „fes femblables fe font laifle corrompre ;/Par de Jean Sobieski. ' 129 „par l'argent. Mais je ne faurois meA.iós'jv „perfuader que les Sapieha aient vendu „leur foi. Je crois encore moins queja-„blonowski ait voulu fe frayer un che-„min au Trône, en trahiffant fa Patrie & i, łon Roi. Un Ambaffadeur qui travaille „dans les ténèbres, & qui veut, à quel-hque prix que ce ioit, le rendre agréable „à fon Maître, fe flatte ailement dans les „complots qu'il forme. Il interprete un „geiłe, une paroJe équivoque en faveur „de fes defleins; il va même jufqu'à en-* „fier le nombre des confpi rateurs pour fe „rendre plus important: fauf après, s'il „en eft befoin, à rejetter fon erreur fur „ inconftance humaine. Quant à ce qu'il «dit de moi, ce n'eft pas une impofture. «Il eft vrai qu'il a ofé me tenter par une «profufion d'or; & encore plus par l'ap-„pas fédu&eur d'affurer le Trône à mon „His. J'ai méprifé l'or; il m'a été plus „difficile de réfifter à la voix du fang:' „mais celle de la République a été plus «forte; & fi un autre Sobieski doit ré-«gner fur vous, il ne regnerà que par la wliberte de vos fuffrages. L'Ambaffadeur «nous outrage tous en nous peignant «comme une Nation vénale, fans foi & «fans honnêteté. Ne juftifions pas ces «odieufes imputations par la rupture d'un « Iraité qui ne s'eft pas conclu fans la «participation de tous les Ordres, & qu'il L 5 fau- i3ô Histoire A-i6sj. „faudroit négocier s'il n'étoit pas fait. „Le Turc s'arme, vous le lavez comme „moi. Si Vienne tombe, quelle eli la „PuilTance qui garantira Varfovie? Montrons à la France & à l'Europe que nous „avons des lumieres , de la bonne - foi & „de l'honnêteté. " A ce difcours plufieurs voix s'élevèrent pour approfondir la corruption, de-reaiquer les fa&ieux & les traiter comme tels. Celui qui infilloit le plus étoit Jabłonowski. Il fe piquoit d'une vertu ians tache, & fartout de reconnoiflance. Le Roi qui lui devoit beaucoup, avoit voulu s'acquitter en failiffant toutes les occafions de l'élever. Après lui avoir donné le Bâton de Petit-Général, il l'a-voit fait Caftellan de Cracovie, & en dernier lieu Grand - Général. Comme Grand-Général il n'auroit pû avoir place au Se* nat: mais étant encore Caftellan de Cracovie, il fe trouvoit le premier Sénateur laïc, & tout ce qu'il difoit étoit d' un grand poids. gfean qui craignoit d'aigrir les plaies de la République en voulant les guérir, & qui voyoit qu'on alloit perdre en difcuffions dangéreufes un temS qui étoit fi néceïïaire à l'action, perfuadâ au Sénat de laiffer dans les ténébres ceU* qui avoient voulu s'y envelopper; ajoutant qu'ils trouveroient leur châtiment dans iâ crainte d'être découverts, 6c da»s J le de Je an Sobieski. ijì le fuccès du Traité. Il n' excepta de A. 1683» cette elpéce d'amniftie que le Grand Trésorier Morjlyn, qui fe trouvoit convaincu par fa propre confeiïion; car on lut suffi une de fes Lettres où il profelïbit un dévouement total aux intérêts de la France, où il lui promettait de lui ouvrir le Cabinet de Varfovie, de troubler les Diétines, de renverfer les projets du Sénat, de femer la défiance dans tous les Ordres, d'amener le Roi au point d'être obligé de cboifir entre la rupture du Traité, ou l'abdication de la Couronne. De quels moyens devoit- il fe fervir? Ils etoient peut-être contenus dans des chi-fies dont on n'avoit pas la clé *). Son jugement fut renvoyé à la Diète. Une mine éventée n'eft plus à craindre. Auffitôt que les Diétines eurent c°nnoiflance de ce qui arrivait, les avis changèrent; perfonne ne voulut pàfîer pour s'être laiiïe corrompre. Les Nonces vinrent à la Diète avec des difpoll-tions favorables. Le premier point qu'on en délibération fut le crime de Mor-flyn. Il y avoit longtems qu'ils s'étoit rendu fufpećt par fon attachement à la ■France où il avoit acheté des terres qui ^arquoientune envie d'y fixer fafortune. La Załuski, tcm. 2. pag.28t. 132» Histoire A. 1683. La Diète vouloit le juger fommaire-ment & à la rigueur comme coupable de haute trahifon. Le Roi modéra cette chaleur; & l'accufé entreprit de fe jufti-fier à la face de la République: mais ce ne fut que par des traits d'une éloquence vague , par des proteftations de fafoumif-fion refpećtueufe pour le Roi, à quiilre-commandoit fon honneur, fa fortune & fa vie. LaDiète s'appercevant que le Roi. inclinoit à la douceur, lui remit le jugement du coupable. On exigea de lui la clé des chifres; on l'obligea à fournir à l'Armée une troupe qu'il entretiendroit à fes frais: l'entrée du Sénat & des Diètes lui fut interdite. Il fut dépouillé de fa charge de Grand-Tréforier, avec injonction de rendre fes comptes lorfque la République les demanderoit dans un tems plus commode. Morftyn profita fans délai de la planche qui lui reftoit ajprès le naufrage. Il s'échappa pour chercher un afyle en France , où il finit fes jours dans un repos qu'il ne méritoit pas. On n'eut ni la clé des chifres, ni la reddition des comptes. Quand on alla au tréfor public, on le trouva fort au-deffous de ce qu'on le croyoit. La République n'a rien oublié pour prévenir la diilipation de fon tréfor j mais il n'eft point de précautions allez grandes, quand les mœurs manquent. CÔC'àl' ce JEAN Sobieski. 135 Céfar vola celui des Romains; &ie bruit A fut général que Morftyn avoit été en ce point un autre Céfar. 11 elt certain du moins que le Roi le fuppofa dans une inlcrućtion qu'il donnoit à une Dié-tine *). Le fugitif ne laifla dans fa Patrie qu'un magnifique débris de fa grande fortune un Palais fitué dans un fauxbourg de Var-fovie. Il n'avoit eu, en commençant qu'une très petite maifon ; & comme il etoit ecrafé, bien des gens vouloient lui ifputer jufqu'à la Noblelle. On préten-ou avoir vu domellique dans la mai-Ion du Grand-Maréchal Lubomirski. En vou ant trop prouver, on rie prouvoit jlen, car en Pologne la plupart des va-ets f°nt Gentils-hommes; & il en avoit ^ui-même de cette etpèce dans ce eau Palais qu'il laifloit. Le Roi Auguri l'acheta en 17x6 r avec les terreins Voifins, pour y établir fa réfidenre. Une ^cienne conftitution défendoit aux Rois acquérir dans un Etat où l'on ne veut < autre puiffance que la force publique, eut befoin du confentementpofi-d'une Diète. Cette indulgence qui f frayé le chemin à d'autres, peut un être funefte à la Pologne. La ) Zuluski, Tom. 2. pag. 883- t34 Histoire A. 168j'. La Diète, après le jugement de Mor-ftyn, donna tous fes foins aux moyens de remplir le Traité de ligue. L'argent du Pape qu'on venoit de recevoir ne Tuffi foît pas. Le tréfor public étoit pillé: Jean ouvrit le fien: & alors ce qui avoit paru impoffible , devint aifé. Les cœurs étant changés , les efprits jugeoient mieux. Cette révolution étoit due à la conduite de Jean. Si en ufant de toute la rigueur que la République & la Royauté pouvoient lui permettre, il eût poufle à bout le parti de la France, cette faction n'ayant plus rien à ménager , fe fe-roit portée aux derniers excès contre les volontés du Roi. Il n'y a que les Defpo-tes qui puiiïent tout ofer fur leurs efcia-ves ; & encore malheur à eux fi les efcla-ves , après avoir blanchi le frein de leur écume, viennent à le rompre. Jean s'étant rendu maître des Con-feiis, ne s'occupa plus que de l'Armée. Il falloit un tems confidérable pour I'af-fembler. Les vieilles troupes , avant la paix de Zurawno, étoient accoutumées à un brigandage inteftin qui défoloit Ie Payfan. Le Roi les avoit jettées fur les frontières, où elles campoient dans Ie defert de Podolie & dans une partie de l'Ukraine. Cette police étoit au-defluì d'une viétoire. Après la paix l'Armée de la Couronne avoit été réduite à douz6 mille be Jean Sobieski. mille hommes, "& celle de Lithuanie à À. fix. Ce nombre étoit bien inférieur au fecours que Vienne attendoit. On tra-vailloit fans relâche aux recrues & aux Nouvelles levées. Le Roi qui vouloit fiiarcher en perfonne, montoit tous les jours à cheval quatre & cinq heures de luite. L'Ambaffadeur de France qui le voyoit, mandoit pourtant à fon Maître qu'il ne feroit pas la campagne, attendu qu'il étoit devenu troppefant. Louis XIV craignoit qu'il ne la fît avec trop de'fuc-ces. On tâche toujours de dire des choies agreables aux Souverains, Fin du cinquième Livre. HIS TOI- 13$ Histoire HISTOIRE D E JEAN SOBIESKI, ROI DE POLOGNE. LIVRE VI, A. *683- apprît, au commencement de Mai, ■ K que Mahomet avoit fait mettre an% v-/ j'ept Tours, (la Baftille de Con-ftuncìnople) , l'Envoyé de Pologne, Ie Chevalier Troski. C'eft effectivement l'ufage des Turcs de faire arrêter les Minières des Princes auxquels ils déclarent la guerre: & voici comme ils s'excufent en violant le droit le plus facré des Nations ; Nous ne faifons jamais que des guerres jujies, difent-ils: fAmbafj'adeur, qui rìejl qu'un efpion honorable, eft doflC complice des infidélités de fon Maître vl°' lateur des Traités. On apprit aulïi que les forces Othoma-ties arrivoient de l'A fie & de rAfri4ue dans les vaftes & fertiles plaines d'An-drinople ; leur rendez-vous ordinaire quand de Jean Sobieski. 137 quand elles marchent contre les Chré-A.i68 tiens. Andrlnople, que les Arabes &: les 1 arcs nomment Adranah, fut autrefois le Siege du petit Empire de Théodore Lafcaris; & enfuite la capitale de Empire Turc avant la prife de Conftan-tinopje. Mahomet y vint établir fa Cour, afin d'être moins éloigné du théâtre de la guerre, & pour donner plus de mouvement à l'expédition. Il auroit pû attaquer 1 Empire d'Allemagne, avant la paix de Nimegue, lorfque Léopold étoit aux prifes avec Louis XIV, & alors l'Empire étoit perdu. La Porte a prefque toujours mal pris fon tems pour attaquer les Chrétiens, qui en fe déchirant fi fouvent es uns les autres fe livrent, pour ainfi lrei a fes coups. Mais enfin fi le dan-|ei étoit moins grand qu'avant la paix de 1 lł^egue) ii l'étoit encore trop. Tékéli que Léopold n'avoit pas voulu v^ticre par la bonté, & qu'il n'avoit pû I uire par la force, frayoit aux Turcs r°ute*de Vienne. Il avoit reçu de Ma-^ll»et un Turban enrichi de pierreries, a , rapeau, un fabre, des habits Royaux ^ e° Je titre de Roi de la haute Hongrie. n ^ Porte donnoit alors quatre Couronnes <]e 08 ^r*nces Chrétiens, celle-là, celle la T*afifylvanie, de la Valaquie, & de ' T°ldavie, On lifoit fur la monnoie L ^ notlveau R°i fit battre , pro Deo, de Sob. T. JJ. M pro i38 Histoire 68;. pro Patria & pro liberiate; pour Dieu, pour la Patrio & pour la liberté. Les mécontens qu'il commandoit étoient animés de fon efprit. Caprara & Schulz, deux Généraux de l'Empereur, n'avoient pu les foumettre. Caprara étoit bien plus humilié d'avoir été battu par les rebelles T que d'avoir fui devant Turenne en 1*74. Le Général des forces Othomanes étoit ce même Grand - Viiir, Kara - MuJiapha, qui s'étoit mefuré avec le Roi Jean à Trembowla & à Lêopal. Toujours aimé delà Sultane Validé, après avoir gagne aulïi le cœur de Mahomet, il avoit épou-fé fa fi lie. Le Sultan ne donne pas à tous les Vi fi rs fon Ckatifchérif; c'eit-à-dire , un plein pouvoir. Celui-ci en étoit muni. jamais l'ambition & l'orgueil, deux pallions qui le dévot'oient, ne trouvèrent un champ plus valle: cent quarante mille hommes de troupes régulières, Jauitïaires, Spahis, & autres; dix-huit milie, tant Valaques, Moldaves y que Tranfylvains , conduits par leurs Princes refpe&ifs ; quinze mille Hongrois, menés par Tékéli; cinquante mille Tartares commandés par le Kan, Sèiim-Gerai; & fi l'on compte les volontaires, les prépofés aux bagages & aux vivres, les ouvriers en tout genre, les -uonieitiques, en tout plus de trois cents mille de Jean Sobieski. ï3s> mille hommes , trente - un Bachas, cinq A. Souverains, trois cents pièces de canon foUs les ordres; & il marchoit à la conquête de l'Empire d'Occident *). Mais qui croiroit, en jettant un coup d'œil fur ce nombre prodigieux de troupes , qu'il y avoit alors un Monarque en Europe quipûtlefurpaffer? Jamaisi'Em-pire Turc, fi puiliant en Afie, en Afrique aufll bien qu'en Europe , n'a eu quatre cents cinquante mille hommes en armes comme Louis XIV, & en tems dê paix il fe garde avec quarante-cinq mille Janiiïaires & à peu près autant de Spahis» Lu raifon de cette économie Turque, c'ejl qu'il ne faut pas cor,fumer légèrement id (ubflanc e du Peuple. Mahomet fit la revue de fon Armé* dans les plaines d'Andrinople ; & s'arré-tant dans cette Ville, il coniia fa gloire à la Fortune de fon Vifir. Le Duc de Lorraine Charles V, commandoit les Troupes Impériales. C'était ce même Prince Charles que nous avons "Vn difputer la Couronne de Pologne à Sobieski en 1674. Jeune alors, il avoit déjà laififé entrevoir l'ame d'un Héros, depuis ce tems-là fon nom étoit cité-parmi ceux des grands Capitaines, & ił étoit devenu beau-frere de l'Empereur M 2 en Journal du Siège de Vienne, page 159. 14° / H i s t o i & e A. 1683. en époufant la Reine Douairiere de Pologne, Eléonore d'A utriche. Ces deux grandes Maifons forties, dit-on, de la même tige, étoient faites pour s'allier l'une à l'autre, & finir par n'en faire plus qu'une. Le Généralat qu'on déféroit à la capacité de Charles beaucoup plus qu'à Ion rang-, auroit effrayé tout autre que lui : il n'avoit que trente-fept mille com~ battans pour s'oppoier à ce torrent d'In-fideles qui alloit inonder l'Empire. Le Vifir s'avance par la rive droite dti Danube, pafle la Save & la Drave, pouffe le Duc devant lui, fait mine d'en vouloir à Raab *), tandis qu'il détache cinquante mille Tartares furia route de Vienne. Le Duc s'étant apperçu de la feintet le dérobe à fon tour, elîuye un échec à Pétronel ; & à peine a-t-il le tems de gagner Vienne où il jette une partie de fon infanterie pour renforcer la garnifon, en prenant pofte dans l'Isle de Léopolllat, formée par Je Danube au Nord de la Ville. Les Tartares arrivoient en même tems du côté du Midi. On vit un de ces fpe&acles qui font faits pour inilruire les Souverains & attendrir les Peuples, lors même que les Souve- *} Autrement Javarili, l'une des meilleures Places de la Hongrie, au confluent du Raab & du Danube. de Jean Sobieski. 141 Souverains n'ont pas mérité leur tendref- A. 1683.' le: Léopold, le plus puifiant Empereur depuis Charles - Quint, fuyant de fa Capitale avec l'Impératrice fa Belle - Mere, l'Impératrice 1a Femme, les Archiducs, les Archiducheffes, une moitié des habi-tans fuivant la Cour en défordre. La catnpagne n'offroit que des fugitifs, dea équipages, des chariots chargés de meubles ; les derniers devenant la proie des Tartares jufqu'aux portes de Lintz *). Lintz, où l'on portoit la frayeur, ne parut pas encore un afyle affuré. Il fallut fe fauver à PafTau **). On couchalapre-miere nuit dans un bois où l'Impératrice, dans une groffeffe avancée, apprit qu'on pouvoit repofer fur de la paille à côté de la terreur. Dans les horreurs de cette nuit on appercevoit la flamme qui con-fumoit la baffe Hongrie, & s'avançoit vers l'Autriche. Les Turcs n'étoient à craindre que comme des Guerriers civil;-fés qui font des conquêtes par la valeur : mais les Tartares bruioient, égorgeoient, emmenoient en efclavage. L'antre le plus profond n'étoit point une retraite M 3 fu re : Capitale de la haute Autriche avec un pont fur le Danube. Elle elt remarquable par la beauté de fes rues. Mais on e(f plus frappé de voir tout à la fois une Ville de Nobleffe & de Commerce, *0 ville de Baviere, fur le Danube. 142- Histoire A. 1683. fu re ; des chiens dreffés pour c h aller les hommes, découvroient les viftimes tremblantes ; & Tékéli étoit, en çe moment, Tartare, L'Empereur , dès les premiers excès de cette irruption, payoit bien cher X Jlumanîté, Il traitoit tous-les Soldats de A. 168 freres, ih louoit, ilrécompenfoifc tout ce qu'ils faitoient de bien, &■ non content d'être avec eux pendant le jour, il paffoit la nuit fur un matelas dans le Corps de garde du Palais de l'Empereur. Ce palais joignoit au baftion de la cour, compris dans l'attaque *). Dès le zi Juillet les Affiégeans étoient à la pallfîade qu'on ne défendoit qu' à, coups de main. On étoit fi près les uns des autres , qu'à travers les pieux oïl s'accrochoit mutuellement pour s'arracher la vie» Le Comte de Daun, Officier Général d'un mérite diftingué , fit attacher des faulx à de longues piques qui détruifirent beaucoup de Turcs **)• On venoit de recevoir des nouvelles du Duc de Lorraine. Celui qui les apport oit avoit pafle à la nage les quatre tras du Danube: elles annoneoient un prompt feCours. Nouvelles iau'fiès: mais-il eft des occafioiis où il faut tromper les hommes pour les fervir. L'audacieux nageur que les Romains auroient immor-talifé, & dont on ne nous dit pas même le nom, retourna au Duc par lé hienie* chemin avec une lettre du Gouverneur, N 4 11 , *) Journal du Siège, page 99. Ibid. page 86. h* Histoire A. 16g"3. T! fut pris; & la lettre fut renvoyée par les Turcs dans la Ville au bout d'une fléché qui portoit encore un billet latin. Ce billet diioit que déformais toute lettre étoit inutile, que Dieu alloit livrer Vienne aux fideles Mufulmans par une jufte punition pour les Chrétiens qui fe fai-ioient un jeu de violer les Traités *). Ces Traites violés qu'ils reprochoient à 1 Empereur, c'etoit la paix qui fuivit la joui nee de Saint Gothardj c'étoit les privilèges des Hongrois foulés aux pieds; c'étoit deux trêves faites avec Tékéli & bien-tôt rompues. Quant à la Pologne, ils lui reprochoient de reprendre les armes contre la Porte fans être attaquée, & malgré les fermens faits à Boudchaz & à la derniere paix de Zurawno. Dans cette confiance ou étoient les Turcs fur la juftice de leur caufe, on en voyoit qui venoient faire des bravades pareilles à celles que nous lifons dans les anciennes guerres. Un champion d'une taille extraordinaire s'avança me-Jiaçant, infultant de la voix & du fabre. Un Soldat Chrétien ne put fouffrir cet affront. Il accourt, il eli: blefie, il blef-fe, il défarme fon ennemi, lui coupe la tête avec fon propre cimetere, Je dépouille & trouve cinquante pièces d'or . coufues *) Ibid. pages 71 & 82. de Jean Sobieski, 153 coufues dans fa vette* Cette aifance À. 1683. plus ou moins grande du Soldat Turc l'attache à fon métier & prévient la désertion. On croiroit que le champion Chrétien fut récompenfé , il relia Sol-®at; & fon nom n'eft point venu jufqu'à Nous. Les Affiégés qui virent l'aftion du haut des remparts, en tirerent nu bon augure * ) , & le courage re-doubloit. L'ennemi ne s'empara de la contre-fcarpe que le 7 Août, après vingt-trois jours de combats, avec une grande efïu-fion de fang de part & d'autre. Le Comte Serini avoit retardé la prife de cet ouvrage par cent aftions de bravoure: point de fortie où il ne fe trouvât. L'ardeur lui l'emportoit l'empêcha un jour de fen-tir une flèche qu'il avoit reçue dans l'épaule. Il continuoit à combattre au moment qu'on la lui| arraçhoit **). Leopold avoit fait trancher la cete à fon oncle le fameux Serini dont nous avons parlé. Le Neveu expofoit tous les jours la Henne pour Léopold. Tel eli le privilège des Souverains. Les Turcs en étoient à la defcente du foifé. Perfonne ne leur reilemble pour N 5 remuer *) Ibid. page 116. **) Journal du Sié&c, pages 79 & 84' *54 HISTOIRE j683- remuer la terre. La profondeur de leurs ouvrages étoanoit. La terre qu'ils en tiraient étoit rélevée à la hauteur de neuf pieds, furmontée d'ais & de poutres en forme de planchers , fous lefquels ils travaillaient en aflurance. Leurs tran*-chées différent des nôtres par la forme : ce font des coupures en croiffant qui fe couvrent les unes les autres-, en confer-vant la communication, femblables à des écailles de poiflon qui cachent un labyrinthe, d'où Ton tire fans incommoder ceux qui font en avant; & d'où il eie prefqu'impoiìible de les déloger. Quand les Janilïaires y font entrés, ils n'en fartent prefque plus , leur feu devenoit toujours plus vif ; celui des Aifiégés fe ra-lentiffoit. On commençoit à ménager la poudre ; & les grenades manquoient. Le Baron de Kielmanfegg inventa un moulin à poudre & des grenades d'argile qui furent d'un grand fecours^ C'elt ainfi-que riadnftrie fert autant que le courage : cette derniere refîource étoit la plus commune, fur-tout a ceux qui étoient chai'---gés de donner l'exemple. Le Prince de Virtemberg, Colonel d'un Régiment àe fon nom, & qui ne conno i fiait point tes faufles délicateffes, fut bielle en remplit fant une fonćtion de Capitaine *). Cent *j Journal du Siège, pages 147 & 153. ce Jean Sobteskï. 355 Cent autres avec des bleffures encore A. faisantes, revehoient à la charge: mars lei gérance de tenir encore longtems di-rmnuoit. Les mines de l'ennemi, fes attaques continuelles , la garn i fon qui fe ^"cruiioit , les vivres qui s'épuifoient, tout donnoit la plus vive inquiétude; & ayec tant de maux réels on s'en faiioit ^ 'lnaginaires. Un bruit s'étoit répandu que des traîtres travailloient à des che-^■'ns fouterrains pour introduire l'ennemi, Chucun eut ordre de veiller dans fa cave. Cette furfati gue ôroit le fommeil de la ^Uit. D'autres propos rouloient fur des 1ncendiaires à gage pour feconder les Turcs. Un jeune homme qu'on trouva dans une Eglife qui commençoit à s'em-fcrafer, fort innocent peut-être, fut mis en pièces par le peuple. L'artillerie Tur-étoit plus à craindre que tous ces ph anto me s. On s'occupoit fans celle à éteindre le feu que les bombes & les bou-*ets rouges portoient dans Ja Ville, tandis que les dehors tomboient en éclats. La demi lune fouilroit déjà beaucoup. Le Duc de Lorraine écrivoit lettre fur lettre au Roi Jean pour hâter fa marche. Quelque diligence qu'il eut laite, ton •Armée 11e put être raffemblée que vers le milieu du mois d'Août. Le rendez-vous «toit à Tarnowits , premiere Ville deSi-léfie fur les confins de la Pologne. Il ayoit lj. avoit fait partir les premiers Corps arrivés fous la conduite du Petit-Général Sieniawski, Palatin de Volhinie; & en attendant le gros de l'Armée, il féjour-noit à Cracovie où il ne perdit pas fon tenis. La eh alfe, le jeu, les fêtes , ne lui plaifoient que lor (que la République étoit tranquille. Il examinoit les détails qu'il recevoit du fiége. Il étudioit Ie terrein de Vienne fur une carte topogra-pliique. Il fe repréfentoit la politiondeS Turcs fous tous fes rapports. Il arran-geoit fon ordre de bataille; & il combi-noit fes marches pour fixer ce grand jour. Une propofition lui étoit venue dans une lettre du Duc, d'arriver du côté de Prefbourg en remontant fur Vienne. Le Roi chai fît un autre parti qu'il communiqua au Duc avec les raifons qui le détei'-îi'i i noient. Le Corifei l de Guerre a fïern-blé décida pour le Roi qui étoit à deux cents lieues du terrein. Le Duc fe détacha de fa propofition , en applaudii fant au plan du Roi. Ce trait fait honneur à tous deux. • Le Prince Jacques, âgé de 16 ans, avoit Alivi fon auguile Pere à Cracovie; dune Place qui eft dans un péril des «plus éminens. Ce ne font donc plus '> vos troupes, Sire, que nous attendons ; „ mais Histoire A. 1635. „mais pr.éfence de Votre Ma]ejlś, bien „perfuadés que nous fouîmes que fi la „ Royale Perfonne veut bien paroître à la „tête de 110s troupes ; quoiqu'elles foient „moins nombreuses qne les leurs , Ton „nom fi redoutable à nos ennemis cotn-„irains rendra feul leur défaite certaine. " Ï1 en coûtoit fiirement à Leopold de faih*e cet aveu. Dès qu'il n'étoit plus queftion de troupes Polonoifes, rienne l'émpêchoit de Ce mettre à la tête des tiennes & de celles de l'Empire.: mais Je palle & le pré fen t lui faifoient fen tir la néceiììté d'un autre Chef, auquel il ne difputoît plus ni le titre de Héros, ni celui de Majefté. Les Turcs depuis long-tems avoient pris fur les Allemands une fupériorité qui annonce toujours aux vaincus de nouveaux malheurs. Mòntècuculli<, qui avoit arrêté leur fuccès à St. Got-hard, n'étoit plus. Jean fe préfentoit comme le feul Héros à leur oppofer. Il coiinoiffoit leur façon de combattre & celle de les vaincre. L'Empereur fini doit fa lettre par un détail de toutes les troupes qu'il affembloit, & qui arriveroient incellamment au pont fur lequel elles devoient palier , affli raut que ce pont étoit achevé. La fuite montrera que l'Empereur changea bien- tôt DE Jean Sobieski. 13$ de ton a l égard de ffian ; & qu'il étoit A. 16s îompe lui les faits. Sa lettre exiite encore dans les Archives de Pologne. ^ La fituation critique des chofes & la con ance de Leopold décerminerent Jean a un parti qui mettoit fa perfonne en cłan-Laiffant fon Armée fous la con-uite (..u Grand-Général Jabłonowski, il o ut de la devancer, & même decom-a-tie fans elle, li Je falut de Vienne exigeoit. Pour pénétrer, il n'a voit point -Autie route à prendre que de traveder A ! eiie • la Moravie & la partie de l'Au-i° îe q^i ,e£ |3ajgn(se par Danube au P ^-ntrioii : trois Provinces infeftées de Ie0i5Srois' de Turcs & de Tartares, que cit'^C Lorrame, avec toute fa capa-e &c fon courage, délefp.éroit de contenir P}Lls longteins. Jean, dans cette marche, a)'oit que deux mille chevaux. D'autres 01s fe font garder dans une Armée, par 11116 Armée. Son équipage étoit atìili léger ^Ue celui .des braves gens qui marchoient c^t ^ ^ne c'ia'ie ruivoit. LePria-q ^'lcques même 11e s'en fer vit pas. Le Iç1?^ î'eiir voiture. Il eft vrai que Uxe & la mollette n'avoient point en-y?lc 8agné les Armées. Louis XIV, le fa'°n?r^ue P^us PomPeux l'Europe, Val*"0us fes.voyages de guerre à Cheli ' Jean , pendant cette route de cent eues ) à compter de Tarnowits au Danube, itfó Histoire ió8J. nube , n'entra que dans deux Villes, campant toujours avec fa troupe, voyant fans celie des ravages, des meurtres & des incendies, préfage de ce qu'il pouvoit attendre pour lui - même. Tous les RoîS ne font pas faits pour être Héros: mais celui qui a cette belle ambition doit lavoir marcher, fouffrir & rifquer en Soldat, lorfque Toccali on le demande. Loin de marquer de la crainte, ii rafluroit tout le pays confterné. Les Payfans qui n'a-voient femé que pour ne pas moiflbnner, & qui regrettoient Je fort de leurs parens égorgés, accouroient de tous les hameaux pourvoir leur Libérateur, & fe regaf-doient déjà comme délivrés *). La troupe qu'il conduifoit à travers tant de pe* rils avoit befoin aulìì d'être encouragée. ÏJ tiroit parti de tout. Un matin, à quelques lieues d'Olm&tz, un Aigle vola ftif la droite. Les Polonois ont conferve uû refte de foi pour les Augures. Il leur cita un trait de i'Hiiloire Romaine. Le vol de l'Aigle fut un figue de viètoii'e* Un autre jour, le Ciel étant ferein, api'eS' un brouillard épais, un Arc-en-Ciel reti" verfé (phénomène rare, mais qui arrive enfin,) parut fur l'herbe d'une prairie. Le Soldat y vit du miracle, Je Prince acheva de le perfuader **). Cette' *) Dupont. *•) Załuski, tom. s, pag. 83^' »e Jean Sobieski. ksi Cette marche, au milieu de tant d'en- A* nemis, fans tirer le labre, a fait dire à des eciivains de cetems-là, qu'il y avoit une convention fecrette avec Tékéii, de n'être point attaqué. Si le fait e(l vrai, il a oit que Fekéli eut pour le Roi cette crainte refpe&ueufe que les Grands Hom-Ines inspirent toujours; & que preflen-ant la défaite des Turcs, ii voulue fe ménager un Protecteur. Ce preflentiment, s'il l'avoit, ne pouvoit être fondé que fur l'inconduite de leur Général; car à examiner les forces, les Ciirétiens dévoient périr. Jean arriva enfin au Danube. Le pafiV ge etoit impraticable par les ponts de XndT ' T ,préfence de Ennemi. Il fe rendit a Tuin, petite Ville fur la rive j 01ir 11 enve, à cinq lieues au-défi us Comte "de l u ^ ^ °" *ut 11110^ 1* le nom'de S'/ f T" EmPe,'"'r dit-on nr^' P Xomlphe /, pour avoir, fortune' • 11 c^®val à un Curé. Sa droit 7^°^ flnê'uliere par plus d'un en-tel d' Ot avo^ écé Grand-Maître d'Hô-QU'il f tocare> Roi de Bohême. Dés ce R -U j ^rône Impérial, il prefia téo ^ rendre hommage. Le Roi avoif ^ ^L1ne (^evo't r"ienł qn'il Itti (je ^es £aSes- Léopold defeen-Jûe e "°doiphe n'étoit pas fur en ce mo-^ ^ conferver l'Empire qu'il lui avoit hlAdeSob. T. II. O laiiïe. ida H I S T o I K JE K, sé%. laiiTé. II avoit écrit à Jean que le pont de Tulli étoit achevé; on y travaillait"* La mera e lettre lui difoit qu'il trouverons les troupes Allemandes arrivées; il 11 Y vit que la petite-Armée du Duc de hoi~ raine , & deux bataillons qui gardoie^t la téte du pont. A cet afpeft il s'emporta* l' Empereur me prend -iï pour un Aventi^ rier ? £fe quitte mon Armée , parce rp* [ nïajJiiYE que la Jiennë n*attend que w01" Eft-ce pour moi, ou pour lui que je vû'ltS combattre? . . . Le Duc aulll lage courageux, l'appaila Croira-t-on que l'Armée Polon oi^* lai Ree à une fi grande di (lance, arriva l*1 premiere? La promtitude de cette rrfli-che fît beaucoup d'honneur au Gran0--Général Jabłonowski. Ce fut I e ^c : fl C1 Septembre qu' il parut. Les iaénéràu^ Allemands, précédant leurs troupes, s c" toient rendus auprès du Roi. Ils lui nirJ,*" querent de l'inquiétude fur l'a g1*'111 journée qui s' apprcchoit: PenfeZ , ćiit-Wy au General que vous avez a c0!i' battre r & non à là multitude qu*d Ljhl". mande., Qui de vous à la tête de cènfs mille combatta,ns auroit JbuffV'- ^ conJlriMìon dì: ce pont à cinq lieues àt j° camp ? Cet homme ejł jans capacité *'r )- • 3Dép *) Diigonr. Idem, d b J e a n S o'b T- ers k T. Deja l Armee Polonoife paffbit le pont.A-La Cavalerie fe fai Toit admirer par les* elievaux, 1 habillement & la bonne min t.. On eut dit qu'elle étoit équipée aux dépens de l'Infanterie, . 11 y avoit entr'au--tres un bataillon fort mal vétu. Le Prirv-ce Lubomirski confeilloit au Roi, pour l'honneur de la Nation., de le faire p aller de nuit. Le Roi en jugea autrement; fc lorfque cette troupe fut fur Je pont; Re-gai weź- la bien-, dit-il aux fpećtateurs: c'ejl une troupe invincible qui a fait ferment de ne jamais porter que les habits de / ennemi.. Dans la. derniere guerre ils■ étaient tous vêtus à la Turque. Si ces paroles ne les habilloient pas. elles les cui-rafloient.. Les Poloiiois, au forti'r du pont, en' uent fur la droite, expofés pendant vingt-quatre heures à être taillé» en pie^ ees, fi Kara-Multapha eut fa profiter de manXrta^S' En8a les trouPes mandes «raverentd'une heure i I'autre,. Duc- ° i ' emW® le 7- Ou. voyoit le trichil? 0rra!ne avec cette Cavalerie Au-fano-- lîle ^ avoif déjà tant verfé de' de T ' Ce, r*nce «voit fait te perfonnage reiix^011 8UX ThermoPylesj P^as heu--Wf, ^ 'Lî^ puifqu'il vivoit pour corn^ Battre encore. , '•Eleèeur de Baviere, Maximilien-- 11 anuel, a l'âge de-dix-luût aii3. en- O Zr i«4 histoire A. i6$3.trott dans le champ de la gloire. Il am®-noit douze mille hommes de belles troupes. Sa Cavalerie étoit fupérieurement montée. L'Electeur de Saxe, Jean-Georges I après s'être fîgnalé dans plufieurs guerres pour la Maifon d'Autriche, venoit encore avec dix mille hommes époufer l"a querelle. Le Prince de Valdeck conduifoit les troupes des Cercles. Toute l'Armée Chrétienne compofoit environ foixante & quatorze mille hommes. On y comptoit quatre Souverains & vingt-fix Princes de Maifon Souveraine; trois d'Anhàît; deux de Hanovre; trois de Saxe; trois de Neubourg; deu* de Virtemberg; deux de Holftein: un de He fie - CafTel ; un de Hoenzollern; deu* de Bade; un de Salm ; le Chevalier de Savoie; le Prince de Saxe Lavembourg? de i' ancienne & maiheureufe d' Afcanie. L' Empereur pour qui l'on fe battoit, n'y étoit pas; & s'il elt vrai.^ comme or* le lit dans les Mémoires du Maréchal de Vii Jars *), que le Comte de Sintzendorit & d'autres Minières le diiluaderent de s'y Tome i. page 329= de Jean Sobieski. i<5$ s'y trouver, ils ont, par Ge confeii timi- A. 1685. de, fletn fa mémoire. Avant que le Roi de Pologne fût arrive, tous les Princes qui amenoient des iecours avoient des prétentions qui au-roient perdu l'Empereur au lieu de le j uver. L'Electeur de Baviere vouloit le commandement; celui de Saxe le dif-putoit. Tout autre qui fournifibit quelques troupes ne vouloit point dépendre. C'étoient les Grecs divifés devant Troie. Agamemnon parut; & l'harmonie générale s'établit contre l'ennemi commun *) On entendoit du camp de Tuln le bruit effroyable des batteries Turques. Vienne etoit aux abois. Quantité d'Officiers du ptemier mérite avoient perdu la vie: le aron de Walteri, le Siléfien Kottolins-„ ' uiTip er qui avoit défendu la place SouchesP,Tlluitre F0mpas' 16 - tnré io • cl . ^rançois, qui avoit prêté un u-1 ^ne Saint Gothard à Mon-G..fln ,U pa^enfels, le Comte de Leslé, voit f Maitre de l'Artillerie , dont il a-âi} U51} ^ grand ufage; avant que de frère • S'eto^ yû arrofé du fang de fon eri j'^eune ^omme qui donnoit les plus a? es efpérances. Le tombeau s'ou-1Ł pour ne point fe refermer. Une a a(iie auffi meurtriere que le fer, la O 3 dyf- *) Dupont. i6S h x s t o i r e, A. i6§3» dyffenterie enlevoît jufqu'à foixante p65"" formes par jour. Staremberg lui-meme en étoit attaqué ; & Capliers étoit chargé du commandement. . On ne compt01*-plus que trois ou quatre Offici ers par ha~ taillon, la plupart blefles; prefque tous les Chefs avoient di (paru Le Soldat miné par la fatigue & la mauvaife nourriture fe traînoit aux brèches; & celui quC le feu de l'ennemi ne confumoit pas , piroit de langueur. Le peuple, qui, aU commencement, fe livroit aux travaux du fiége, ne connoifioit plus d'autre fenfe que la priere : il remplifibit ieS Eglifés où la bombe &le boulet venoieut porter la frayeur. Des le 22 Août, Capliers, qui pefoit jl bien les forces, jugeoit qu'on ne pouvoit plus tenir que trois jours, fi les ennemis Jivroient un afiaut général *). Dep"lë cette époque, une ruine fe précipitoit iar l'autre. La demi - lune étoit prife; brèches de dix 'S- Dupont, Journal du Siège. DE Jean Sobieski. itsp „ bomirski, & quatre ou cinq Efcadrons A e nos Gendarmes, à la place defquels "°n nous donnera des Dragons ou quel-«qur.s aatic.-, Troupes Allemandes, Ce " n°rPS- fcra commandé par Monfieur Je »Uuc de Lorraine, rL Armée Polonoife occupera l'aîle « i oite qui fera commandée par le Grandît General,, Jabłonowski, & les autres » Généraux de cette Nation. „ Les Troupes de Meilleurs les Ele-wfteurs de Baviere & de Saxe feront à ■ «l'aîle gauche, auxquelles nous donne-y?rons auiîl quelques Efcadrons de nos «Gendarmes & de notre autre Cavalerie sjPolonoiïe, à la Place defquels ils nous » onneront des Dragons ou de l'Infialitene. canons feront partagés, & en veni- tv /' °. Urs les Elefteurs n'en a-' rainp ?RS 2 ' ^on^eur l^uc de Lor-'comi t!1 r°urn'ra« Cette aîle fera 7 I ^°rpe Par Meffieurs les Ele&eurs. . s"f')-CS j rouPes des Cercles de l'Empire :i'^V°nt 'e Danube avec •'leur en fe rabattant un peu fur ??la D-p r?lte; & cela par deux raifons: w dans' Pour "lclu^l'er les ennemis la ,,a Cla*nte d'être chargés enfiane; "ter 1 lecon(te' Pour ^tre a portée de jet-"n I Un ^cours dans la Ville en cas que » Us ne puiifions pas pou (1er les enne-deiSob. T.IL P t.mîa vj2, .Histoire A. 1683. Cette marche toute hé riffe e de ditìì-cultés dura trois jours. Il y en avoit deux que l'Armée Polonoife n'avoit vu fon Roi; elle le demandoit avec la der* îliere inquiétude. Il étoit parmi les troupes de l'Empire pour les encourager. On approchoit de la derniere montagne appeliée Calemberg. Il étoit encore tems pour le'Vifir de réparer fes fautes. Il n' avoit qu' à s'emparer de cette hauteur, mafquer les défilés; il arrêtoit l'Armée Chrétienne. Il ne le fit pas. C'eft dans ce moment que les JaniiTaires indignés de tant de bévues, s'écrioient: Venez, Infideles, la feule vue de vos chapeaux nous fera fuir. Ce fommet du Calemberg qui reftoifc Libre, découvrit aux Chrétiens, une heure avant la nuit, un des plus beaux & des plus terribles fpećtacles de la puif-fanoe humaine; une vafte plaine & les Jsles du Danube couvertes de pavillons, dont la magnificence refiembloit plutôt à un Camp de plaifir qu'à la dureté de la guerre; une multitude innombrable de Chevaux, de Chameaux & de Bufles *); deux cents mille combattans en mouvement; Les Turcs employent les Bufles à traîner l'artillerie. Les chevaux & les chameaux peur porter les équipages; car ils ne fa fervent point de chavriots. de Jean Sobieski. 173 ïïient; de^efifains de Tartares qui côto- A. 1683. yoient le pied de la montagne dans leur confufion ordinaire; le feu terrible des Aiïiégeans, & celui des Affiégés tel qu'il pou voit être; une grande Ville qu'on ne diftinguoit plus qu'à la pointe des clochers, au feu & à la fumée qyi la eoa-vroient. Des fignaux avertirent incontinent les Aiïiégés du fecours qui leur arrivoit. II faut avoir foufïert toutes les extrémités d'un long liège , & fe voir deftiné avec fa femme & fes enfans au glaive du Vainqueur, ou à l'efciavage dans une terre infidele, pour fentir toute la joie que la Ville éprouva: mais la crainte reparoif-foit auffi- tôt. Kara-Muitapha, avec tant de forces, pouvoit encore prétendre à un fuccès qu'il ne méritoit pas. Jean, qui examittoit fes difpofitions, dit aux Généraux Allemands : Cet homme eft niai campé, c'efi un ignorant ? nous le battrons. Il ne faut pas prendre ce mot pour un oracle hafardé dans la vûe dfc donner de la confiance. On fait que iè Maréchal de Villars, occupé fans gloire dans les Cévennes, prophétifa la délaite de Tailard fur fa mauvaife polition àrfâ journée d'Hochftet. Un Général qui ne fait pas prophétifer ainfi, doit quitter.-le commandement. Le i7o Histoire A. i6g}. „mis auffitôt que nous l'efpérofis. Monsieur le Prince de Valdeck commandera „ce Corps. „La premiere ligne ne fera que d'Tn- „fancerie avec des canons, fuivie de pres „par une ligne de Cavalerie. Si ces deax Signes étoient mêlées, elles s'embaraf-„ eroient fans doute dans les paflages des „défilés, bois & montagnes. Mais auifi-„:ôr qu'on fera entré dans la plaine, 'a „Cavalerie prendra (es polies dans l^s „intervalles des bataillons qui feront ménagés à cet effet; & tur - tout nos Gendarmes qui chargeront les premiers. „Si nous mettons toutes nos Armées „en trois lignes, feulement, cela nous „prendra plus d'une lieue & demie d Al" „lemagne, ce qui ne feroit pas a r\o je „avantagej & il faudroit palier la petite „riviere de Vien qui. doit nous demeurer „à notre aîie droite. C'elt pourquoi il .„faut faire quatre lignes; & cette quatrie-„me fervira de Corps de rélerve. „Pour une plus grande fureté de l'I»-„fanterie, contre le premier effort de l» „Cavalerie Turque, qui efl: toujours iot „vif, on fe pourroit fort bien fervir de Spctnchëraijlres ou Chevaux - de - Fri&i „mais forts légers pour les porter cotn-.,mo'dément, & à chaque alte les jetter » la tête des bataillons. *e Jkan Sobieski. 171 pje prie tous Meflleurs les Généraux, A. i68j. i>qu à mefure que les Armées feront def-*jceadues de lu dferniere montagne en en-«tiant dajis la plaine, chacune pienne w fon polire, comme il eli marqué dans ce a prélent ordre. " On n'avoit que cinq lieues à faire pour arriver aux Turcs, dont on étoit fépavé par une chaîne de montagnes. Deux routes fe préfentoient; l'une par la partie la plus élevée: l'autre par le côté où les fommets s'abbaiffant, devenoient plus praticables. Le Confeil de Guerre affem-blé fut pour la derniere. Le Roi décida pour la premiere qui étoit beaucoup plus courre, & perfonne ne murmura, parce quii fît feutir que Je falut de Vienne dé-pendoit d'un moment, & qu'il étoit des prudence lall°ÌC Pr^erer i' a&ivité à la ^ 9 Septembre toutes les troupes s'é-fieur61"011^ .^es Allemands, après piu-d'r'r îenta^ves pour monter leur canon, He ej3ere^ent & laifierent dans la plai-ûaii GS ^°^ono's furent plus entrepre-rj S' Palatin de Kio vie, Konski, fe,an. ^a^re de l'Artillerie, en fit paf-fe ihuit pièces, & ce furent les 4- SI11* tirerent le jour de la ba- P t Cette *) Dupont. 174 H i s t o i r e ï68J. Le Canon préluda de part & d'autre & la grande fcéne du lendemain. C'était le 12 Septembre, moment où il falloir décider fi Vienne, fous.Mahomet IV au-roit le fort de Conftantinople fous Mahomet II & fi l'Empire d'Occident iroit fe réunir à l'Empire d'Orient: peut-être encore fi l'Europe refteroit Chrétienne. Deux heures avant l'Aurore, le Roi, le Duc de Lorraine & plùfieurs Généraux firent un atte de Religion peu pratique de notre tems. Ils s'adrefferent au Fils de Dieu, en le recevant dans l'Euchari-ftie; tandis- que les Turcs crioient au I)ieu unique &: folitaire d'Abraham, Ail h! Allah! *) Ces cris redoublerent au lever du fo-leil, lorfque l'Armée Chrétienne defcen-dit à pas lent & égal, preffant les rangs, ro liant du canon devant elle, faifant alte ai bout de trente ou quarante pas, pour tirer & recharger. Ce front s'élargiffoit &: prenoit de la profondeur, à mefure que i'efpace augmentoit: valle amphithéâtre où les Turcs dans le plus grand mouvement, confidéroient leurs ennemi S* Ce fut alors que le Kan des Tartares & obfer- *) Mot Arabe qui répond à ceux d' Eloh'nr> d* Adonai, & de Tétvagrammaton. Tous L"eS mots fignifient l'Etre par excellence, rE»ctt" ce Divine. oe Jean Sobieski. j?* observer au Vifir les lances ornés de ban- A. derolles dans la Gendarmerie Polonoife, en lui di faut: Le Roi eft à la tête; parole qui le remplit d' inquiétude *). Sur le champ, après avoir donné ordre aux Tartares de mettre à mort tous leurs captifs, au nombre de trente mille, boucherie digne d'un tel Chef, il fait marcher à la montagne, & en même-tems il ordonne l'afìaut général à la Place. Ce dernier ordre n'étoit plus de faifon. Les AfTiégés avoient repris courage; & les JanilTaires irrités l'avoient perdu. Cependant les Chrétiens continuoient a defeendre, & les Turcs montoient. L'a&ion s'engagea. La premiere ligne des Chrétiens , toute infanterie, chargea avec tant d'invpétuofité, qu'elle fit place a une ligue de Cavalerie qui prit polie dans les intervalles des bataillons. Le Roi, les Princes & les Généraux gagnant la tête, combattoient tantôt avec la Cavalerie, tantôt avec l'Infanterie. Les deux autres lignes prefloient les premie-res- Konski, auiYi favant dans l'Art Militaire , qu' intrépide dans l'aftion, dici-geoit Ì Artillerie qui droit à cartouche & de tort près. Le champ de ce premier choc, entre a p ame k la montagne, étoit coupé de P 4 vignes. Journal du Siège, page i.?6 histoire s 683-vignes, de hauteurs & de petits vallons. , L'ennemi ayant lai lì e fon eanon à l'entrée des vignes, fouffroit beaucoup de celui des Chrétiens. Les Combattant répandus fur ce terrein inégal, fe le dif-puterent avec acharnement jufques fur Ie midi. Le Comte de Maligni, frère de la Reins de Pologne, venoit de s'établir fur une hauteur qui prenoit les Turcs en .flanc.j ceux-ci chafTés de collines en collines, fe retirèrent dans la plaine en bordant leur camp. L'armée Chrétienne, l'aile gauchefur-tout, s'emportant & criant vièto ire, voulut les pouffer fans relâche. Cette ardeur étoit belle; mais le Roi la jugea dangéreufe. La Cavalerie Allemande, montée pefaroment, fe feroit bien-tôt îïiife hors d'^haleine dans l'efpace qu'il fclloit parcourir. Une autre raifon plu® forte encore; c'eit que tous les Corps ayant combattu, tantôt fur des hauteurs, tantôt dans des fonds, avoient double née elfai rem en t les uns fur les autres & dérangé l'ordre de bataille. On donna quelque tern s à le rétablir; & la plain® devint le théâtre d'un triomphe que la poltérité aura toujours peine à croira Soixante & dix mille hommes allaient fe heurter contre 4eux cents mille. DafiS l'Armée Turque, le Bacha de Diarbek'U" fiûiiupandoit .l'aile droite, celui de 13u^c Jean: Sobieski," 177 la gauche, le Vifir etoit au centre, ayant A. 1683 a les côtes T Aga des Janiflaires & le Général aes Spahis. Les deux Armées refterent immobiles quelque tems: les Chrétiens dans le fi- ' < S ^urcs & ^es Tartares redou-iems ciis au (on des clairons. Dans mo,muit terrible un pavillon rouge s'é-m-Va,ri U t'Hl'eLl ^es Infideles; cv: à côté le F' . ", 'teni1-4|rt de Mahomet confacré par /l x OL '^n'ulmane. Cette efpéce de La-'c-iîum ou d'Oriflamme, ce preftige qui eur donne quelquefois autant de coura-ëe> que la vérité en infpire aux Chré-Iens > ne joua pas fon rôle dans cette grande occafion. Le Vifir lui avoit ôté toute fa vertu. Jean ordonne la charge. La Cavalerie a> ie fobre à la main, pouffe droit Elle'enCctr'ìt.mariqU.é ?ar 1,Etendart- perce i,2 * Premiers rangs; elle envir 1 aUX nomlJreux efeadrons qui le Vifir. Ce Corps de Spa- tre/ 1 ^Ute, v^°ire: mais tous les au-Tri'f fS a^a1Ues ? les Moldaves, les res^J v'ùns, les Tartares, les Janiffai-té- ne marcluent point de volon- e et funefte de la haine & du mépris blirT a ^°Ur Général. Il veut réta-a confiance en montrant du courage d C(T ^ tont^ ? ^ n'eft P^us tems- 11 s'a" le -c au Bacha de Bude & à d'autres P ^ Chefs Histoire A. 1683. Chefs qui ne répondent que par un filett- ce défefpérant: Et toi, dit-il au Prim e Tartare, ne veux-tu pas me fecourir? L® Kan ne voit plus s Turcs économes dans la paix, font Magnifiques à la guerre; point de tables, encore moins de jeux. Ils ont un proche., que celui qui tue un joueur de dezt eft beni par le Seigneur: mais riches bar-uois, habits & meubles de prix., armes ec°rées, pavillons fomptueux, & une °ule de Marchands qui étalent dans une foire guerriere le luxe de l'Afie. Les Allemands & les Polonois s'enrichirent de ces dépouilles. Les Généraux mêmes ne s'oublierent pas. Les mœurs des différentes Nations doivent jetter de la dif- -prence dans nos jugemens fur les guer-^ers. Nous liions dans Homere que les "eros Grecs, après la victoire, parta-§eoient le butin; & fans recourir à l'Annuité Grecque, on fait qu'au tems de Charlemagne les dépouilles des Sarrazins en Efpagne furent partagées entre Je Roi, les Officiers & les Soldats. Le Héros jour eut ici fa part. Il écrivit à la Reine, i$a histoire j Reine: que „le Grand Vifir l'avoit t'ait j,iori héritier; & qu'ii avoit trouvé dans „fes tentes la valeur de plufieurs mil-„lions de ducats. Ainfi, ajoute-t-il» „vous ne direz pas de moi ce que difent „les Femmes Tartares quand elles voient „rentrer leurs maris les mains vuides : „vous n'êtes pas des hommes, puifque „vous revenez fans butin. " Parmi tant de chofes qu'on s'appropriait, il y en eut deux qui fixèrent les regards fans irriter la convoitife. U11 grand étendart qu'une joie précipitée fit prendre pour celui de Mahomet. On fe trompa. Les grandes précautions des Turcs ont toujours prévenu cette calamité. 11 eft enfermé dans une Arche d'or avec FAlcoran & la robbe du Pro-pi :ète. Cecte Arche efl portée fur un chameau qui marche devant le Sultan oli le Vifir; & lorfque dans une bataille on déploie rétendart, il y a un Officier <1° la race de Mahomet, le JVaikbul-Efchret, qui veille au fuccès du combat; & pour peu que la viétoire panche du côté de l'ennemi, il fe fauve au plus vite avec le facré dépôt. Le Vifir, en cette occa-fîon, accompagna cette fuite *). Mais les Chrétiens qui aimoient à fe tromper fur ce fait, ont toujours crû polTéder le *) Cantémir, Tome 2. page 154, de Jean Sobies'ki. 183 le fameux Etendart; & les ;Hiftoriens, A. les uns après les autres, fans en e .ce-pter le célèbre Auteur des Annales de l'empire , ont nourri l'erreur. L'autre dépoaille facrée-, tvecok un tableau dç la Vierge, trouvé dans la tente du Viliv avec cette infeription latine : fer hmie Imaginent viti or erti, Jonnnts. fer hune Imaginetn vittor ero Joannę:. Jean, par cette image, tu vaincras. Et Jean répond: Par cette Image, je vaincrai. Imitation du ligne que Conftantin vit en i air loriqu' il ailoit combattre Ma-sence. L' Image donna beaucoup à parler. Les uns trouvoient fort fingulier que le Vifir eut dans fa tente un monument qui prophétifoit fa ruine; & qui auroit Plûtôt dù être dépofé entre les mains de «ïean. D'autres fo u ten oient qu'en fait miracles, la critique doit être extrêmement circonfpećle. L'Image fut placée dans une magnifique Chapelle que la eine de Pologne fit bâtir ; & le prétendu étendart de Mahomet fut envoyé au Pape pour en faire hommage au Dieu des Armées. Tout le canon refta à 1 Empereur, & l'Empire aufli. Le Vifir s'etoit bien flatté de lui faire la loi. « avoit apport^ toute la décoration qu'il delii- is4 histoire A.1Ó83. defti noit à fon entrée triomphale dans Vienne. 11 avoit amené en rfiagafins» en artillerie, en ouvriers-de touce efpe-ce tout ce qu'il falloit pour ravitailler & fortifier ła place où. il comptoit de réfider jufqu'à la campagne fui van te qu'il regardoit comme la fin du regne de Leopold. Vienne prife,, il enfermoit l'Italie par un double croiffant, il n'y av oit jusqu'au Rhin aucune place de ré-liltance; & on ne voj^oit plus que lafor-tune de Louis XIV capable de l'arrêter. Avec des projets lì vaftes & des forces auffi grandes, il falloit avoir d'autres mœurs & une autre tete, Il n'avoit fait qu'une aftion de vigueur, fa marche rapide fur Vienne, feignant d?en vouloir à Raab. Aurefte, jamais journée aufîi décifive ne fut moins meurtriere. Un Secrétaire Italien, Talenti, que le Roi de Pologne renvoya; au Pape, débita fur toute fa route, & au Pontife même, qu'il avoit marché durant quatre lieues fur des corps morts. Cette fable étoit bonne pour amufer Rome : mais fi le Secrétaire exa-géroit fans pudeur , un Auteur célébré qui par l'imiverfalité de les conaoiiTances & la beauté de fes ouvrages, a bien acquis le droit de faire des fautes , diminue fans vraifemblance. 11 eftime la perte des Chrétiens à deux cents hommes feulement. di Jean Sobiiskt; \îg' lement, & celle des Turcs au-deffous de-A. mille *). Le Jéfuite d'Avrigny , dans fes Mémoires , ouvrage fort- eftinaabïe d'ailleurs, croit rencontrer plus jufte en. pouffant la perte des. Chrétiens jufqu'à fix cents**). C'eft ain.fi que les erreurs fe perpétuent. Du côté des Chrétiens, un fful efcadron Polonois perdit vingt-deux. Gendarmes. Tout les efcadrons donne»* rent, & plus de cent Officiers furent tués. Or on fçait qu'il faut compter au moins dix Soldats pour un Officier. Les Allemands ne relterent pas les bras croies, & dès qu'on porte des coups , .onen r^Çoit q\ielques-uns. Les Polonois re-gvetterent Zbaski, Mac zi n ski, le Caftel-lan Urbański, le jeune Potoçki , chef d'une grande Maifon , l'intrépide Mon-dreoski, que la journée de Chocz in a voit' tant illuftré, le Lieutenant - Général Af--fuerus, & beaucoup d'autres dont les têtes furent trouvées au. pied du pavillons rouge qui mai-quoit la place du Vifir. Les Impériaux donnèrent des larmes au' Grince de Croy, comme ils en av oient donné un peu avant dans-la malheureufe affaire de Pétronel, au jeune Prince d'A~-»emberg> & au Chevalier de Savoye, fre--re du Prince Eugène. La mort de ce * ■»? ^™w'es de l'Empire, Tome 2. page 347, ) Tome 3. page 417. tiijl de Sob. 'J. II. Q Histoire 1683 ce dernier eut quelque chofe de bien déplorable; un Tartare, après l'avoir bielle d'un coup de labre, le chargea fur fofl cheval, en le ferrant de telle force qu'il lui écrafa l'eftomach. Le malheureux Prince fut dégagé pour mourir à Vienne le troiliéme jour. Quant aux Turcs qui perdirent beaucoup de drapeaux, on fait qu'on ne les rend qu'avec beaucoup de fang, & à jetter un coup d'œil rapide fur les deux Armées , qui d'abord fe difputent pied à pied, pendant fix heures, un terrein coupé de hauteurs & de vignes, & qui enfuite viennent à un engagement général ; tout cela ne fe fait pas fans une perte confidérabie : mais qui paroîtra toujours léger e, & qui le fut en effet pour une fi grande viéloire. Jean fe fit un piai lir, malin peut-être, d'en donner avis à Louis XIV. Sa lettre portoic, qu'il croyait devoir fe réjouir pav préférence, d'un Juccès fi avantageux à toute ta Chrétienté, avec le fils aine de ï Egli je. La puiffant e & les viétoires du Monarque François rempli ffoieat l'Europe. Jean n'avoit pu fe défendre d'un peu de jaloulie. 11 la marqua même l'anuée fui-vante, dans une de ces occafions où les Rois comme les Sujets difent franchement ce qu'ils pet fent. La" nouvelle de la prife de Luxembourg arriva à Varjo-vie : nouveau triomphe pour les armes de o e j'e an soeîeskt. 187 5e Louis. Un Chirurgien François qui A fer voit le Roi de Pologne, & alors dans & chambre, s'écria: Ahi c'eft un Roi, celui-là. - - Et moi, interrompit le Roi avec colere, qui fuis-je donc? - -Annoncer à Louis la délivrance de Vien-ne & de l'Empire, un li grand exploit, avec fi peu de forces, c'étoit lui faire fen-tlr qu'il n'étoit pas le Jeul Grand. Le lendemain d'une viftoire eft encore Un beau jour. Staremberg vint faluer le libérateur de Vienne. Le Héros crut pouvoir y triompher fans bleffer l'Empe-^eur. I] y entra par des ruines , au mi-lcu des acclamations. Son cheval avoit peine à percer une foule qui fe profter-qui vouloit baifer les pieds , qui appelloît fon pere, fon fauveur, le plus §rand des Princes. Vienne oublioit. en ce moment qu'elle avoit un Maître jaloux. Le plaifir de délivrer des malheureux, & it-ui reconnoillance qui n'étoit pointeom-*uandée, attendrirent Jean, jufqu'aux larges. ]1 avoua que le Trône n'avoit rien aufl\ flatteur. Les cris de joie le convoient jufqu'à la Cathédrale , où il |,°U °'t remercier le Dieu des Batailles, 11 apperçut fur ce Temple un monument dignoitîjn*e qUe je Grand Soliman y avoic fait placer *), c'étoit le Crciffant, Cn • Q * H J °naition fous laquelle il leva le Siège de Vienne, m i ss t. o ire /?■ ïl le fit- abattre, &: fouler aux pieds pal* leJPeuple. Il entonna lui-même le Te Jjeum- qui fut chanté. Pans cette cérémonie on ne vie aucun Magiftrat. LfS perfonnes même diltinguées dans la V'1-le ne s'y trouvèrent qu'en petit nombre» tandis, que le Peuple, fans politique, ohantoit les louanges de Dieu & celles du Vainqueur, Le Sermon qu'on entetv dit,.avoit pour texte: Il fut un, homnii envoyé de Dieu nommé Jean. C'a voit été l'exclamation du Pape pie V, un féale auparavant, lorfqu'i.l apprit ia fa m eu-fe bataille de Lépante, que le célébréBa tard.de Charles-Quint, Dom Juan d'Autriche;, gagna contre la flûte du Sultan S élira, 11 y avoit pourtant une grande différence entre cette viétoire & celle de Jean Sobieski. La Chrétienté ne tir» prefqu'aucun fruit de. la premiere. Celle de Vienne a fauvé l'Empire & la Religion Vienne prife, on eût vû, comme à Conftantinopje, les Eglifes Chrétiennes fe changer* en Mofquées; & qui fait où Je Mahométifme,. qui couvre déjà tant de terres •, eût fini ? Léopold qui comptoit triompher, dans fa Capitale,, fans avoir combattu, arri-v-oit par le Danube,. ofant à peine jetteï les yeux fur les ruines encore fumante,'? de Vienne, qui commerçoit A,.l'inquiéter, tandis qtue la Place étoit encore .plus inquieue. DE JEAN. SOBIES'ici,, jg$> ^ tant de hameaux, de villages., de jar-A, din s-, de maifons de piaifance, ruines fi. vaites qu'il fallut fai re-une nouvelle carte topographique-: les lieux marqués dans ceile de l'ijcher ne fubfiftoient plus *). _ mefure qu?il approchoit , il entendit des falves de canon qui n'étoient pas pour mi. Son coeur fut profondément bleiTé.; & en fe tournant vers le Comte de Sint^ zendorf, il lui dit: La foiblejfe des con-Jeils où vous avez eu part, caufe la honte que je reçois aujourd'hui. Ces paroles dites avec ce ton de Maître qui écrafe toujours le Courtilan, cauferent au Miniftre un faififfement dont il mourut le lendemain **), Un Minillre qui expireroit de douleur, pour avoir confeillé le malheur «u peuple, mériteroit des larmes. L'Empereur, pour n'être pas fpefta-leur du triomphe1 de Jean, fufpendit fa marche. Une difficulté de cérémonial iarreto.it aulii: il s'agîffoit de favoir fiia-*a,s iwRoiEleftif s'étoit trouvé avec un 3 ^ Comment il avoit été reçu... uc de Lorraine qui n'entendoit en ce rfion.ent que le cri de la reconnoiiïance, W : ^ ^ras ouverts y S'M a fauve •j-wptre. L'Empereur n'écoutoit rue la l'ijHite Impériale ? & il lit favoir à Jean n 7 Q 3 qu'il- Journal du Siège, page «6: i ^«moires du Duc de ViLUrs, Tom, j. p#3?9-. ł$>3 Histoire ; i6$3. qu'il lie lui donneroit pas la main qu'il prétendoit en qualité de Souverain. Apt eS bien des chicanes, il fut réglé qu'on fe verroit en pleine campagne. L'Empereur, en s'acheminant, pafla devant les Bavarois. L'Elećteur étoit à leur tête. Ilavoit reçu de Léopold une épée enrichie de dia-mans, dont il venoit de faire un bon ufa-ge : cela ne l'empêcha pas d'éprouver dans la fuite toute la rigueur de la Mai l'on d'Autriche. Le moment de .l'entrevue arriva. Le Roi de Pologne avec un t-ofmet à la PolonomTe une aigrette terminée par line gro fie pene fiottante , armé comme le jour de la bataille, avec un bouclier à la Romaine où étoient gravées, non les actions de iës ayeux, mais les tiennes; monté fur u» cheval fuperbe & magnifiquement harna-, cbé, aborda l'Empereur avec ce port héroïque dont la nature lui avoit fait prêtent, & cet air que donne la viftoire. L'Empereur, véfcu comme il rétoit dans fa Cour , allez Amplement, & monté de même, ne l'entretint que des fervices reçus en tout temS par les Polonois de l'amitié & de la protection des Empereurs. 11 iâcba pourtant le mou. de reeonnoiffance pour la délivrance de Vienne. A ce mot le Roi tournant bride, lui dit: Mon Frere, je fuis bien aij'ede vous avoir rendu ce petitfervice. Il ail oit tin ir l'entretien quicievenoit gênant: mais il uppercut de Jean Sobieski," perçut le Prince Jacques fon fils qui met-A. toit pied à terre pour faluer l'Empereur. ~ eft tin Prince, lui dit-il, que j*eleve pour e Iervice de la Chrétienté♦ L'Empereur, ans dire mot, fit un ligne de tête: c'étoit Pourtant ce jeune Prince dont ilavoit pro-^,s de faire Ion gendre. A quoi devaient s attendre les Palatins qui environnoient *eUr Roi ? L'un d'eux s'avança pour bai-|er la botte de SaMajefté Impériale: mais ^ s'attira une réprimande de la part de fon jjWtre: Palaia! point de bajjejje ; & on quitta Perfontie ne fut plus bielle des Procédés de Léopold pour le Libérateur dé lenne que ie Duc de Lorraine. On a dû s apercevoir, dans le cours de l'expédi-]on, des égards, de la déférence, de la generation du Duc pour le Roi Jean ; & i on fe rappelle que Jean lui avoit difputé Ci en e\e la Couronne de Pologne, on conviendra qu'il falloit être bien grand pour traiter ainfi un rival Jean mecontent de l'Empereur, après ai>oir fauve l'Empire, devoit natureile-p,f;nt penfer à retourner dans fes Etats. er°it l'intention de la République & le Jœu delà Reine. L'Empereur lui-même e fouhaitoit, pour une raifon qu'il fegar-oit manifefter. 11 favoit que les me-con, eus de Hongrie, ne comptant plus af-ez fur la fortune de Tékéii, avoient fait offrir jpz Histoire A.1685. offrir-leur Couronne à Jean pour le Prince Jacques fon fils. Ces mécòntens étoient en armes ; & Léopold-ne v-oyoit pas tranquillement à leur portée un Roi viftorieu* qui, en acceptant cette Couronne, pouvoit lui vendre chèrement le fervice qu'il lu1 avoit rendu. Cette ambition que JeanaU-roit pu juttifîer par les fuffrages d'unpeU~ pia qui reprenoit fa liberté pour endifp0" fer, n'entroit point dans fon amej il penfoit qu'à la caufe commune de la Chre-tienté & à l'intérêt particulier de laPolo-gne en continuant d'humilier l'Empir® Othoman. Il fe fiat toit même encore? maigre les procédés de Léopold, de lu* voir accomplir fes promeffes. Le mariage d'une Arc hi duc h effe avec fon fils, l'hérédité abfolue de la Couronne de Pologne dans fa M ai fon: cette double efpérance le foutenoit contre la hauteur Impériale. Lorfquele Confeil de Vienne eut pénétre fes fentimens, il réfolut de profiter encore des forces Polonoifes pour enlever Neahaufel aux Turcs.. Cette place dont le Duc de Lorraine avoit été obligé de lever ,1e fiége au commencement de la campagne eft fituée au Nord cki Danube. Ce f ége fourniffoit le rr oyen de revoir les Turcs qu'on fe repentoit d'avoir laifie échappé avec fi peu de perte» Kara- té e Jean Sobieski. Kara-Muftapha, après fa défaite, s'étùitA-l et(ré a Bude *) , où il attendoit fon fort. * qualité de gendre de Mahomet Je fer-& encore plus la Sultane Validé. j.'es Sultans ont 1:1 rçfpe& tout particu-pour leur mere au-deià même de ce J!"e la nature prefcrit. Si, fans la con-u ter , ils partageoient leur lit avec une titane, l'Alcoran & la Cour en murmu-oient. Ijs lui abandonnent une partie f 'll police du Serrail ; ils lui permettent entrer dans les Confeils d'Etat ; elledé-l'ere, à face voilée, avec le Vilfir & le ' °uphti *♦). Mahomet é toit pénétré de ce l'e!peft fîliai pour fa Mere. Elle fub-ot'i"ia des témoins qui cherchoîent à s'avan-er par une compJaifance allez ordinaire ^es Elle rejetta le défaftfe L vienne lur des têtes bien moins criminelles que celle defonFavori. Le Bacha Ae Bude fut étranglé & regretté de tout A Empire. 11 avoit fait des prodiges au lege de Candie, appaife une révolte en Egypte» (?U Royaume de Hongrie. Ondifpu-con\C e'V''ancienne Aquincum où étoît ]a fe-dansV ^ ^omaine sidjutrix. Antonin, çert exeniplair^_du Vatican, a écrit Aquineo. tôt p-^"'Weoou Aquiwemn, n'eft-ce point p!û-ten. eP°l 'ur le Danube ? D'autres encore pvé-SVT/Jnt.ce ni Bude, ni Cépol, mais fevtfr°?ne' AraP'e maticre pour une belle dif- 1Hn qui ne prouvera rien. ' antémir, Tome 2. page 151. HiJldcSol\TJI R ip4 -Histoire . Egypte, augmente le tribut de ee Royaume, fans fouler le peuple, mérité la con» flance du grand Cuprogli. Il eli vrai que dans l'occafion préfente il avoit livré le Vifir aux armes des Chrétiens , défection qjiii n'arrive prefque jamais qu'à un.Général méprifé ou détefté: faute pourtant in-excufable; il la payoit de fa tête. Trois autres Bachas expirerentavec lui. Le Kaii des Tartares fut dépofé: dépofì ti on qu'il n'auroit pas méritée fous un autre Vifir. Le même Courier qui étoit chargé de ces ordres cruels, apportait au vrai coupable des marques éclatantes d'une faveur continuée; mais à. condition de réparer fon. malheur. Tout vaincu qu'il étoit, ilavoit encore une Armée bien fupérieure à celle des vainqueurs. La liqe fe r'ouvroit. Le Roi de Pologne étoit en marche dès le 17 Septembre , pour achever la deftru-ftion de l'ennemi;, car il cr.oyoit n'avoir rien fait, tant qu'il reftoit quelque chofe à,faire. L'Armée Allemande le fuivoit, non .pas auffî notnbreufe qu'elle étoit à l'affaire de Vienne. Waldeck pen où la retraite devenoit auffî dangereufe que la refîftance, le grand Jabłonowską pria le Roi de s'échapper avec fon fils ci111 combattoit à côté de lui, ajoutant qu'avec quelques efcadrons ralliés il tâcheroit àe tenir encore quelques m omen s pour .couvrir fa perfonne facrée. Le Roi fa voit qu'il n'étolt facré que pour s'immolerait République. Il continua le combat jusqu'à ce qu'il fut entraîné , lui & fonfiîs» par la foule des fuyards. Jamais terreur plus grand e. Les Houlfards jettoientleurtf lances,les Cornettes leurs étendards; ofl voyoit tout cela pêle-mêle dans les fîll00*' avec les tymbales. Que perfonne ne fe vante d'être toujours brave, & toujours grêt. à prodiguer fa vie pour conferver fo» prince. de jean sobieski. 159 Prince. Les Officiers , ces braves de pro- A. 16&. feilïoti, abandonnoient le leur à la merci de l'ennemi. Des Généraux vouloient les retenir en leur montrant le Roi; ils l'epo^doient que leur vie étoit leur premiere affaire; & que fi le Roi étoit pris °u tué ils en feroient un autre. Voûtait-on ufer delà force: ils menaçoient fabrer. Le Comte de Maligny, Frere de la Reine, vit le fer Polonois levé far ^a_tête. L'inégalité- du terrein augmentait encore le carnage. Des filions fort creux culbutoient le Cavalier pour être ^crafé par les liens on décapité'par l'ennemi. Le jeune Lubomirski renverfé Paç terre offroit dix mille ducats à celui lui fauveroit la vie. Un palfrenier les gagna en lui cédant un cheval de main. Le Palatin de Pomeranie, -dUlnoff, n'eut pas le même bonheur. Démonté, percé une balle, il arrofoit un fillon de fo« >ng. Un Turc lui coupa la "tète." Le Roi emporté par fon Cheval, ne^ voyoit plus fon fils. Il le demandoit avec ■ a Cerniere inquiétude. D'autres yeux. Pn~tendoient le voir, & le montroient.. n le frompoit pour le calmer. Le feu . e *a pourfuite s'enflaîfr'moit toujours davantage, & ja fujte fe précipitoit à me-Ure- Chacun fe trouvoit chargé de fu lnopre confervation, le Roi comme les autres. Deux Turcs le joignirent, il le R 4. met : zoo Histoire A. 1683. met en défenfe. L'un d'eux levoit le febrę fur cette tête fi précieufe à la Pologne, & fi odieufe à l'Empire Othomafl' Un Reitre de la Garde Royale prévient 1 Infidele & le renverfe d'un coup moufqueton. Ce garde n'eut pas letemS de jouir de la reconnoiffance de fonPriû' ce. L' autre Turc venge fon camarade & pouffe au Roi. Le Grand -Ecuyer, JV]citeinski, lui fait un bouclier de fon corps» en présentant le piftolet au Turc qu'il vient a bout d'écarter par cette contenance ferme. Cette terrible fcéne fe paf-"foit plus vite qu'on ne peut la raconter, la fuite n'en étoit pas fufpendue. La fonie des fuyards qui croifioit autour du Roi, rendoit fa fit nation plus Ci nelle. Froifìe continuellement par les chevaux & par les armes, les bras meur-tiis, jes cuifles brifées, embarraffé de fa taiiiç muffante. hors d'haleine, prefque fu fi o que, il eut befoin de fecours. Ma-teinski le fourenoit d'un côté, & un p?e~ mier venu de l'autre, tandis que fon cheval , la bride fur le coi, redoubioit de vigueur. Revenu à lui, il apperçut à travers un nuage de pouffiere un jeunehom-Turc arrêtoit par le manteau.. • C etoit fon fils qui fe débarrafîa en aban-d înnant fon vêtement, & fut pouffé vers un bois où il trouva un afyle. V be Jean Sobieski. adi Il y avoit près d' une heure que la dé- A. 168 route duroit, & que la plaine fe couvroit de morts: encore quelques minutes, & la Pologne perdoit en un jour ce qu'elle a-Voit de plus précieux, fon Roi, fes Généraux & toute fa cavalerie. L'Infanterie s'avançoit à grands pas. L'Armée Impériale la fuivoit, l'artillerie fe difpo-foit. Les Turcs, en trop petit nombre pour affronter de fi grandes forces, retournèrent fur le champ de bataille, dont ils refterent maîtres. C'étoient ces mêmes Turcs qui avoienfc fui devant Vienne. Il leur manquoit un Chef. lis l'avaient trouvé dans la plaine de Rarcan On avoit vu pendant toute I action le jeune Bacha marquant les tnou-■vemens, bravant la mort, & apprenant aux autres à la mépriier. Un peu plus dexpenence & il devenoit un des plus grands Capitaines. On n'a jannus fu au jufte ]a perte des olonois. lis laiurenc les premiers mo-mens pour enterrer leurs morts, aiin d'en dero'ber la connoiûance, Lorfque cette tempête de fang eut cef-e'3e caln>e avoit quelque chofe de bien tiifte encore. Le Roi accablé de lalîîtu-de & de chagrin s'étoit jette fur du foin. 11 amena fon fils qu'il ne comptoit pas inftruire par [e maiheuri leçon utile, puiquii lui apprenoit à. le fupporter. R 5 Des zoz Histoire A. 1683- Des Seigneurs Polonois échappés au carnage , les yeux baifî'és , l'air abattu, en-vironnoient leur Maître dans an morne fil enee. Les Généraux Allemands corn-pofoient leur vifage pour la triftefre. Jean lifoit au fond de leurs coeurs: Jieurs, leur dit-il, avec cette candeur qui ne fe trouve que dans les grandi ames, j'avoue que j' cii voulu vaincre fcffl* vous pour la gloire de ma Nation : j'£>i fuis puni, j'ai été bien battu : mais je pre®~ drai ma revanche avec vous■ £îf pour vous. C'ejl de quoi il faut s'occuper. Cette éloquence du cœur eft peut-être au-deffusde toutes les harangues de Tite-Lfve. / Le jeune Bacha fier d' avoir triomphe d'un il Grand Roi avec des forces inférieures , penfoit de fon côté à de nouveaux lauriers. Il dépêcha la nuit même à Bude, pour y porter la nouvelle de fa vi&oire. Le Grand Vifir, fans perdre un moment, fit marcher un Corps de vingt mille chevaux qui arriva le lendemain paf le pont deStrigonie, la difl-ance n'étant que de fix lieues. Il écrivit en même tems à Tèkéli qui attendoit les événemenS à la tête de trente mille hommes : „que „s'il avoit eu des raifons pour ménager wle Roi de Pologne, elles celToient àpré-„ fent ; que fon Armée étoit entièrement „détruite, & lui tué ou pris; qu'il n'étoit „plus queltion que des-Allemands, dont de Jean Sobieski. 2x3 jron aurort bon marché; & qu'il devoit A-^83. »:;ure h plus grande diligence pour fe «rendre à Barcan où ti aliurerott ia Cou-«t'orine, en n évitant la protection de «l'Eu pde Othoinan, & en partageant fa » gloire " C'etfc ainfi. que Kara-Muftapha projetait d'effacer fa honte, fans venir en perenne prendre part aux dangers. Jean, à. qui le repos de la nuit avoifc *endu des forces, donna toute la joui nte du huit à ralïembler fon Armée difper-&e, à la con fole r du malheur de la veille, a Ranimer à la vengeance, a la combiner avec les Impériaux , & a regler 1 orare bataille du lendemain. Sa lettre u la. Reine, datée de ce jour, en lui apprenant fon défaftre, étoit glaçante. Il lui difoit qu'il mar choit aux ennemis & qu'elle ^ de-Voit s'attendre à leur defaite ou à un éter* Kel adieu. Tèkéli n'étoit point arrivé le matin du 5, lorfque l'a&ion s'engagea. ^ Tout autre que le jeune Bacha auroit evite 1 engagement, ou du moins ne l'auroit pas cherché. On aura peine à croire que vingt-fix mille Turcs, tous Cavalerie & fans canons, aient ofé délier cinquante miUe Chrétiens qui ne manquoient d aucune force, Infanterie, Cavalerie, Artillerie. Si c'étoit témérité , le jeune Bacha fit encore une faute plus conlidérable. 11 fe mit 204 Histoire 1683. mit en bataille dans un cul-de-fac, le Danube à fa gauche, une chaîne de montagnes à fa droite, la riviere de Gran der-riere lui, n'ayant pour toute retraite que fon pont de Strigonie, protégé par leFort de Barcan. C'étoit dire à fes Soldats, il faut vaincre ou périr. Ce beau défefpoir a reuiïï. quelquefois; la prudence vaut mieux. 11 ne forma qu'une ligne aflez profonde avec des intervalles médiocres: mais elle étoit foutenue de trois colomnes de quinze Eicadrons chacune, l'un à la queue de l'autre. Les Turcs prétendent que ces colomnes font difficiles à rompre, fe rallient aifément, fort propres à envelopper l'ennemi. Les Polonois ve-noient eie l'éprouver bien cruellement. Deux Bachas, celui de Siliftrie & celui ^ Carâjfnanie, menoient les aîles. Le General que la viftoire avoit rendu plus brillant, & qui s'en promettait une autre , étoit au centre. L'Armée Chrétienne débordoit les Turcs de toute la moitié de fon front, mélée par dillribution égale de troupes Allemandes & Polonoifes, afin que les deux Nations puflent partager les dangers, & la gloire, s'il y en avoit à vaincre avec tant de fupériorité. Le Roi étoit a ia droite, Jabłonowski à la gauche, le Duc de Lorraine au centre. Les de Jean Sobieski. ac? Les Chrétiens s'ébranloient pour char- A. 16% §er: les Turcs plus prompts arrivèrent for eux avec des hurlemens & une impé-tuofìté qu'on ne peut décrire. Un tor-rent qui fe précipite d'une montagne, n'eft ni plus bruyant, ni plus rapide. On les reçoit avec une fermeté qui laide chacun dans fa place, & avec un feu é-P°uvantable qui fait tomber hommes & chevaux. Ils font volte-face pour retirer un moment, & reviennent avec plus de fureur. Sans les chevaux deFri-fe qui couvroient les bataillons Chrétiens, les enfonçoient. Dix fois ils font au Moment de réulTir, & dix fois on les re-pouile. Jamais Eicadrons ne manœu-vrerent avec plus de légéreté & de Promptitude. C'eft-là que l'on connut kien l'excellence des chevaux Turcs. Après tant de tentatives auffiaùdacieu-fes qu'inutiles, ils changent l'ordre de Attaque. Jufqu'à ce moment ils n'ont chargé que la gauche ; ils entreprennent paiement fur le centre & fur la droite; & fi un Corps eli repouffé, P autre qui a i épris haleine fe fignale par des efforts au-deffus delà valeur ordinaire. Ce n'eft point par le feu, c'eft par l'arme blanche dans une mêlée compiette qu'ils prétendent vaincre. Si Tékéli eût paru en ce moment, comme il le pouvoit, l'Armée Chrétienne eut couru de grands rifques. Le io6 Histoire • 1683. Le Bacha de Siliftrie ,perce dans la gtfU-che; fon cheval eft t-ué fous iui. Un gros de-Cavalerie l'enveloppe. 11 fe-défend à terre, Contenu de quarante de fes domeliiques qui defcendent de cheval pour le couvrir de leurs fabres. Jabłonowski touché de cet héroïfme, crie» qu'on fauve ces braves gens. Les Allemands les mettent en pièces. Le malheureux Bacha livré à la fureur du Soldat, regarde Jabłonowski & fe rend à lui. Le Bacha de Caramanie couvert de fang eit pris au même endroit. Le Général privé, pour ainli dire, de fes deux bras, fait encore tout ce qu'on peut attendre du courage le plus décidé. U fe fait jour dans le centre: mais enfin bleifé de deux coups.de fabre,* & fentant l'épuifement de fes Troupes, il penfe à la retraite. Jean, qui en apperçoit les premieres difpofitions , ne lui en donne pas le tems. Il s'avance à la tête de fa Cavalerie pour le prendre en flanc & lui couper fa retraite. On voyoit déjà fur le pont les premiers qui fe retiroient. L'Armée Chrétienne pouffant de grands cris à fon tour, double le pas, fe déploie en croif-fant, arteint l'ennemi. Ce 11'eft plus qu'un amas de foudres qui tombent fur des gens qui cherchent à fuir» Les uns gagnent Je pont; mais ce pont de Jean Sobieski. ae? pont de batteaux , balayé par le canon, A.a6&-& furchargé., s'enfonce fous le poids. Les autres courent vers le Fort: mais le ^ort regorge & les repoufle. On en v°it fe jetter à la nage dans le Danube (lUl fe.couvre d'hommes & de chevaux; feu les atteint encore & le fleuve les eftgloutit. Dix-huit mille qui n'ofent *enter ce chemin dangereux, retient fur *e bord dans un danger plus grand. Il ^aut que l'homme n'ait qu'une .certai&e ^efure de courage comme de force.. Ćes ^ions qui vouloienttout dévorer il n'y a ?u'un moment, fe laiflent .égorger corn-111 e un troupeau fans défenfe. Tenant ei'Core leurs armes, ils ne font pas le joindre effort pour vendre leur vie: on *escroiroi; frappés du Ciel. Ils crioient QKïtnan, pardon ; & ils rece voient la tîl°rt. La pl ume tombe des mains, quand 011 voit comment les hommes en ufent avec les hommes. Les Janiffaires du Fort regardoient cet-boucherie en attendant leur defti-Ils faifoient «tous les lignes d' un ennemi qui fe rend. Ils arboroient le ^l'apeau blanc; Òc dans la crainte qu'on lle l' appei çut pas > ils déchiroient .les hanches de leurs cnemifes qu'ils préfen-toient au bout de leurs armes. Ce jour ^ eroit pas fait pour la pitié. Leur mort ec°it écrite fur leurs pa iffades, au-<^ef- fus 2'g Histoire A. 1683. fus defquelles les Soldats Polonois vo-yeient les têtes fanglantes de leurs Fre-res. La rage qui les faifit leur coûta de nouvelles larmes qu'ils auroient dû s'épargner. Les Janiliaires fur le point d'être forcés lorfqu'ils offroient de Te rendre, firent une décharge fort meurtriere. Ce fut un coup de défefpoir & leur dernier moment. L'Hiltorien de la vie du Duc de Lorraine dit que ce Prince avoit reçu let|jr capitulation. Si le fait eftvrai, tout fe réunit, en ce jour, pour noircir les Chrétiens. Ceux qui commandent ont beau rejetter fur le Soldat les cruautés inutiles. Quand le Soldat eft bien difci-pliné, il n'eft que brave. Des vingt -fi* mille Turcs qui combattirent, deux mille feulement fe fauve rent avaflt la rupture du pont. Le jeune Bacha qui auroit mé -ité la lecoude viftoire, fi la valeur fuifi oit, étoit du nombre. Tékéii fe pré l'enta fur une hauteur lorfque le fang ceifoit de couler, parce qu'il n'y en avoit plus à répandre. & auroit pu arriver à te m s. Il difparut. H n'ecoit ni aflez Chrétien, ni affez Turc: moyen fur pour être tôt ou tard la vittime de l'un ou de l'autre parti. Dans cette journée la plus fanglante du fiécle, tout étonnoit: un jeune Guerrier qui, fans avoir jamais commandé, ofoit fe commettre avec d'anciens [Généraux de Jean Sobieski^ 209 faux & défier le Héros du tems. Vingt- A. 1683., fix mille Infideles en bataille rangée contre cinquante mille Chrétiens qui fe vi-rent au moment d'être battus. Ces mêmes Infideles, plus que des hommes au commencement de l'aftion, & moins que des femmes à la fin. Des Chrétiens qui fe baignent, après lavi&oire, dans le de dix - huit mille hommes qui demandent grace : vérité que je voudrois Supprimer, fi la fidélité de l'Hiftoirele Permettait. Cette vi&oire qui donnoit aux Chrétiens le Fort de Barcan, fit changer le Pian cles opérations. On devoit affiéger Neuhaafel: on fe décida pour Strigonie Vd fe trouvoit afl'oiblie par la prife du *°rt. Cette Ville que les Allemands appellent Gran, baignée par la rive droite Danube, a fa citadelle fur un rocher très-élevé. Staremberg, pour reconnoî-*re la place, en fit deux fois le tour au Petit pas, à travers les boulets qui le c°uvroient de terre. On le loua beau-C°UP pour cette intrépidité : on ne dit PŁls un mot des Ingénieurs qui l'accom-pagnoient. Strigonie étoit abondamment Pourvue; & on s'attendoit à une longue re|iftance. Point de Nations qui fou-tiennent un fiége avec plus d' opiniâtreté que les Turcs; parce qu'ordinairement 1 y va de la vie du Bacha qui fe rend. de Sob. T. II, S " Si AIO Histoire jfâs- Si cette pratique s'établifloit dans l'Europe Chrétienne, on n'y verroit pas des conquêtes fi rapides. Cette loi Tevere ne produifit pourtant pas fon effet dans cette conjoncture. Le Bacha brûla l^S fauxbourgs & la baffe Ville; & au bout de quatre jours il battit la chamade, mettant dans fes conditions, qu'il ne rendroit Strigonie qu'au Roi de Pologne; & qu'il feroit conduit à Bude, lui & fa garnifofl* Le Roi entra dans la Place le jour de la Toulïaints, & la remit au Duc de Lorraine. Il voulut engager le Bacha à Ie fuivre e,n Pologne pour mettre fa tête et* fureté.- Le.Mufulman répondit que fa,vie étoit entre les mains de Dieu & du Grand-Seigneur & qu'il aimoit mieux mourtf par leur ordre que de vivre parmi des Infidèles. Cette réfi guati on n'étoit pas difficile. On a cru que le. Vilir n'ayant le courage de fecourir la place,, lui avoit commandé de la rendre. Il y avoit cent quarante-trois ans que le Grand Soiima» en avolt fait la. conquête fur l'Empereur Ferdinand I, Frere de Charles - Quint» Elle revenait k fes Maîtres. La faifon s'avançoit; & le Danube a-voit fait périr plus de Polonois, que la guerre, n'en avoit détruit dans trois batailles, Les eaux de ce fleuve dont Ch9îV" lemagne fe plaignoit déjà, donnent ladyf-Xentçrie.aux Etrangers. Cette maladie enjtv» de Jean Sobieski.. au * enleva le Palatin de Volhynîe, Sieniâws- a.168 l- C'eft lui qUi avoit marché le premier ■ *!u ^ec°urs de Vienne. Grand -Enfeigne ? ® la Couronne, & Petit - Général, il ? pei it au milieu d' une belle carriere. Son A?» ,avec ^es'années, parvint au Grand-eneralat qu'il aurort mérité lui - même ; , ce Mis eut le bonheur de trouver une eP°ufe digne de lui. Elle' avoit une fi S1 and e confidération en Pologne, que °UlsXlV, entretenoit une correfpondan-t C€ avec elle. La prife de Strigonie termina la carni-0ne,& les Armées fe féparerent. Les 0ll.01s' P°ur revoir leur Patrie, avoient riv^ ^'eues faire par un pays coupé de !>-res& de montagnes, infefté des me-]e°ntens de-Hongrie, femé de Villes qui •n appartenoient, ou aux Turcs5 & la einiere chaîne de montagnes qui fépare ^aJiaute Hongrie & la Pologne , ne pré* ent°it en cette faifon que des neiges, es glaces & des torrens, à travers des-çUe s ^ fal loi t fe chercher un chemin-, j C.S m°ntagnes que les Anciens appel-0lent Carpettes, les gens du pays les nient Krapack: On en étoit encore v!,e" ^°igné, & jufqn' à ce qu'on y par— les difficultés s'accumuloient. Cn 0 tr°'^érne jour de la - marche, le partfdeV'—"'r SCi-gri'r H°ngr0iS' r ^ ue lekeli, fuivi de quatre cents S che- 212 Histoire cc vaux de fes propres troupes, vint fe rendre à Jean, en le fuppliant < e foilici-ter fa grace auprès de l'Empereur: Jean l'obtint. For galle voulut la mériter dans l'occafkm même. Il fuivit l'Armée jusqu'aux. Monts Carpates , courant ianS ceffe fur les compatriotes. Ceux-ci plug irrités contre lui que contre l'Empereur même, lui drefferent une embufcade, ou toute fa troupe fut taillée en pieces. Le Chef qu'une double trahi fon avoit rendu fi odieux, n'eut pas le courage de péri* les armes à ia main: il fe fauva. Si Jean n'avoit voulu faire que fa route, il fe feroit épargné d'être farcele continuellement comme il le fut. TékéU qui vouloit toujours le ménager, auroit àifément contenu fes Hongrois; mais d vouloit marcher en conquérant, & fou-mettre à l'Empereur toutes les Villes qui fe trouvoient fur fon païïage. EpérieS fe défendit trois jours ; Sabine un pett plus. Lévocbi ouvrit fes portes. Z et-chin, Piace Turque, capitula dès qu'elle vit le canon. Jean laiffoit des garni fon® dans toutes. L'exemple de Forgafte rentré en grace, féduifoit beaucoup tle Seigneurs Hongrois. Le Comte d'Htf-manaï, beau-frere de Tékéli, fut du nombre. Jean obtenoit enfin quelque choie pour eux de la Cour de Vienne? parce qu'il y auroit eu du danger à lu1 totfË ^fi Jean Sobieski. &13 tout refu fer. Et dans le fait le Cervice A. qu'il rendoit à l'Empereur par la force & douceur de fa médiation, étoit bien plus grand que s'il lui eût livré les Rebelles; leur fang, que Vienne étoit toujours difpofée à répandre, auroit nourri la révolte, & l'eût fortifiée des armes du défefpoir, Ła grace que le Comte Humanaï & ^elques. autres transfuges veno;ent d'obtenir, leur fervit peu. Ils retomberent entre les mains de Tekeli qui leur fit trancher ia tête, fans épargner fon beau-frere. Jean traverfa les Carpates au mois de Membre, c'elt-à-dire, au tems des plus grandes horreurs, dont ces montagnes ont hériffées ; & il rentra en Pologne Vers les fêtes de Noël. 11 trouva fur les rontieres i'Armée de Lithuanie qui mar-^ °'t au fecours de Vienne dès le mois de Juillet; étrange diffonance, lorfque dans Un, même Etat il y a deux Corps d'Ardì1 e(- qui n'obéi fient pas au même Chef. pl R^ine attendoit fon augulte Epoux -à Lracovie : la viftoire & l'amour conju-1 en l'embrafiant , terminèrent fes allarrties. •Amn finit cette fameufe campagne, le a ut de Vienne & del'Enipire. Dans cette grande leène qui fixa les yeux de S 3 l'Eu- Histoire A. 1683, l'Europe 6c de l'Afie, quelques-uns des premiers acteurs, au moment même de leurs fervices, ou dans la fuite, eurent à fe plaindre de 1* ingratitude de Leopold. 11 refufa durement à PElećteur deSaxe un honneur militaire pour un Prince de fa Maifon. 11 abandonna le fils, Augnile 11, Roi de Pologne aux armes triomphantes. de Charles XII. Sur la fin de fon régne il penfoit a mettre au ban de l'Empire, PElećteur de Baviere; fon Suceeiìeur le fit. Il ne voulut pas permettre que le premier Sénateur de Pologne, PotoçM, fît élever une pyramide à fon fils fur le ter-rein de Vienne , que ce jeune Héros avoit arrofé de fon fang. Nous avons vu avec quelle hauteur il traita le Roi de Pologne lui-même, qui venoit de lui rendre fa Capitale. Il ini difputa encore quelques canons Turcs parmi le grand nombre que les Polonois avoientpris: ces braves gens ne purent obtenir des quartiers d'hiver dans unpajf5 qu'ils avoient fauve. Rome dévouée aux Empereurs, toutes les fois que fon intérêt le demande, entra dans l'ingratitude de Léopold. Innocent XI , né fon fu jet, in fi: i tua une fête, où l'on voyoit fur un- Drapeau la figure de l'Empereur & ia iieime: mais tout Ie monde jean sobieski^ 2.15 ttiondc ne parloit que de celle qu'on ne A* vo^oît pas. La Reine Chriftine, alors à °nie, écrivait au Vainqueur „qu'il lui «avoit fait ientir pour la premiere fois la «paillon de l'envie; qu'elle lui envioit le «titre glorieux de Libérateur delà Ciné-jjtienté. La {céne finit tragiquement du côté es 1 arcs.t Le Kan des Tartarea dépofé, quatre Baehas facriilés d'abord après la Journée de Vienne, ne fuffifoient pas pour ^es cris de l'Empire O-homan. e*eli fut envoyé, les fers aux pieds & atlx mains, à Conftantinople. Kara-Mu--lPh», chargé principalement des mal-enrs publics, accufé même d'avoir vou-U/e ^orfner dans Vienne, & danslaHon-&rie, un Empire indépendant du Sultan, HeÇutn[on arr,êt à Belgrade. La réiigna-. iVilllulmane étonne toutes les Reii-^ nS,' ®^cepte la Japonoife. Il eli écrit ti h ■ , ran> qu'il n'y a point de mar-J'* s p us glorieux que celui, de mourir de-® muai, ou par l'ordre dit Prince des royans. I\ara - Muli a p ha fe prolier na b^Vint cet or^'e de mort, le bai fa, e m-foi' f ■ ^a^la (lu^ l'apportait, tira de \°l?.ein ^ceau de l'Empire qu'il remit a A ga des Janiffaires, & fendit le cou à t<^atlp bourreaux qui l'étranglèrent. Sa llt portée à Conftantinople, Q.te SUX faveur élève jettent les yeux fus,- ii6 H i s t. de Jean Sobieski. A. 1683. fur ce Vifir, & qu'ils tremblent d'être heureux. Tout le profit de l'expédition fut poUf Léopold. La Pologne n'y gagna que de la gioire & un titre. Les Têtes couronnées, en lui écrivant, dans les interrègnes, adrefloient, inclytœ Reipublicœ: a la celebre République. La Cour de Vie0' ne fur-tout étoit rigoureufe fur ce point-La République, depuis la journée Vienne, e ił devenue Sêrêniffime, mot v Ulti e de fens, qui ne vaut certainement la célébrité: mais les mots dans l'étiquette des Cours l'ont au-deii'us des chofes. Fin du Jbçiefiie Livre & dit fécond Tome. HISTOIRE D E jean sobieski, ROI DE POLOGNE. Par M. L'ABBÉ COYER. TOME TROISIÈME. A AMSTERDAM. Et Je trouve à LE IP SI C9 cflez Maurice george weidmann, C I 0 I3CC LXI. ' # histoire DE JEAN SOBIESKI, ROI DE POLOGNE. livre vil ean pafìa l'hiver à Cracovie, a. i6s : où il reçut les félicitations de l'Europe. Mais aux yeux rien f • République il n'avoit c'éto>lt' S Ìi ne rePrenoit Kaminieck. ï>ièt Vœu S^n^ral dans toutes les raL]6S" conjon&ure paroifïoit favo-Ho * . ^es Turcs étoient occupés en ^ S' ie avec les Impériaux qui ven oient ïïaiff ^ttre ^ge devant Bude;; & il leur c°vi0lt nouveaux ennemis. "Les Mof-6S ^ ^es Vénitiens demandoient à fait er ^ans ^§ue' ^a Mofcovie a voit > différens tems, des pertes confi-À a déjà- 4 Histoirî A. 1684. dérables en fe mefurant avec les forces Othomanes. Venife fe plaignoit auiîi. Cette République qui, au commencement du cinquième fiécle, n'étoit qu'une retraite de Pêcheurs & de quelques fugitifs, avoit fondé fa grandeur par terre & par mer fur fon commerce, & au tewS des croifades, au lieu de fe confumer dans cette'maladie épidémique, elle s'étoit enrichie par la conquête de l'Isle de Candie, du Péloponèfe & des meilleurs pays de la Grèce. La Patrie des Periclès, des Sophocle, & des Platon auroit pu recouvrer quelque luftre: mais le Turc en chaft'ant les Vénitiens l'avoit replong^e dans laBarbarie. Un autre grief tout récent des Vénitiens, étoit que leurs vaif-feaux, pendant le fiége de Vienne, a" voient été infultés dans le Port de Con-ftantinople. Ils efpéroient donc, ainft que les Mofcovites, réparer leurs pertes, en s'alliant avec Jean, dont la conduit® & la valeur paroilïoient enchaîner le^ fuccès. Leurs Ambaiïadeurs arrivés & Varfovie, traitèrent avec lui, & en me-rae tems avec l'Empereur qui fembio^ predettine à cueillir les principaux fruits de la ligue» L'Armée Polonoife s'étoit affaiblie paI" fes victoires. Le Grand-Général Jablo-uowski n'avoit rien oublié pour la rétablir: mais malgré fes foins, ellereftolt & 1 moins Jean Sobieski. 5 tnoins foi te que dans la campagne de a. 1684. tenne. Elle regrettoit encore le Petit-enei al Sieniawski. Celui qui prit fa P açe, Andre Potoçki, Caltellan de Cra-°vie, la confola. Ce premier perfonna-e ans le Senat, fe difpofoit à devenir epiemierans l' Armée. Les Polonois i" es Lîthuiniens fur la fin de Juil-r . ejUX"c* n'avoient plus à leur tête fini ran ',Gen®ral Pac. La mort avoit 1 °n,eneralat, &: il laiffoit à la Po- «•eoï CS leSrets ^lle Ie ne parta-On connoiffoit d'autres Paç, fuc^ff qU6ls on auroit Pû lui choifir un bai(ì'e«eUr' ma*s Jean avo,'fc réfolu d'a-fut cftte Mai fon. L'aîné des Sapieha ^ evetu du fuprême commandement, ■j11 teras duPalatinat de Wilna. PareT aVo*t toutes fortes de raifons ap-campao-6 ^°Ur difpenfer ^"a^re cette d'erni^11^ ^es travaux éclatans de la lui i}616 tant autres, fembloient fuccrmettre un rePos honorable. Le des fS ^ége qu'on alloit former avec tain °rices médiocres, étoit très-incer-0rdi'n S ^a*tres Monde choifiiïent Ja j airement leur tems pour marcher à frQ:l °!re- Celle qui fe préfentoit, n' of-plu/-n d'allez éblouiflant. Ce n'étoit jjie C°n^re Mahomet en perfonne, com~ Ce ^ *łue Jean alloit combattre, aetoit pas même contre un Grand - A 3 Viûr, 6 H i s t o i k e ić&}. -Vifìr, revêtu de toute la puiffance duS^' tan. C'étoit contre un fi m ple Séraskieï" qui commandoit plus de Tartares que ^ Turcs. Un tel adverfaire ne flattoit-p0*11' l'orgueil du Trône; & enfin le Roi p voit confier l'expédition au Grand-G*6116" rai Jabłonowski y. dont il connoifìo^ ^ talens,& qui auroit bien voulu fairequei-que cliofe fans fon Roi. Tous ces motifs ne purent le retew1* dans les plaiftrs de Varfovie. 11 f® n1^ a l'à tête de l'Armée & s'avança fur Jasl^-wiecz. C'étoit la feconde Ville de Podolie, avant que les Turcs, fe fufl'eîl emparés de cette belle Province. Ils3' voient brûlé la Ville,, ne eonfervant q^e le Château, Château de défenfe ext^e" mement m affi f, compofé de huit gïo&eS tours, fitué fur un rocher, dont la rb'je~ re de Janowf fait une prefqu'isle. ^~a pied du rocher on voyoit une enceinte de murailles peu élevées avec plufiel^ tours.quarrées delà même hauteur. fut principalement la bombe qui emp0l~ la ce Fort, où il v avoit cinq centstieI1 te Janiffaires & treize pièces de canon. Les objets hors de la vue groffifie11^ ^ gré de l'imagination. Le. bruit de ce■ exploit retentit dans toute l'Europe. peine en.eût on parlé, fans le grand appareil qui l'environnoit, toutes les-ces.de* la République en mouvement d» Jean Sobieski. 7 prefence du Roi & de fa Cour; la Reine A. 1684. e-même, témoin de ce premier fuc-Ces » croyoit en partager la gloire. Son atne s allumoit au feu guerrier de fon é-campagne finit là pour elle. s agifloit de Kaminieck; ce n'étoit P us.un amufement de Reine. Le Roi, continuant fa marche, côtoya le Nieller, ans le -deffein d'y jętter un pont, d'en-rer ^ans la Moldavie, pour couper toute communication des Turcs avec Kami-^ ec , & d'hiverner dans cette Province, u cas que la Place fît toute la défenfe ôtoiï 1 !C S0it CaPable- Ce Pr°jet > ^uî -a x lace tout moyen de fe rafraî- ^ Jr> 1 auroit tenue bloquée pour la ré- Uire a fe-rendre dans-fix mois fans effu- °° de fang: manœuvre trop humaine PPUr être glorieufe. ^a grande diligence de l'ennemi dé-rangea tout le plan. A peine commeu-ÇO't-on à travailler au pont, que vingt ^ille Turcs, & urn plus grand nombre de artares parurent fur l'autre bord du euve, Mahomet avoit perdu dans la Cattypagne de Vienne dix- fept Bacha s de ferite , il ne lui en reftoit que trois de Imputation. Soliman-en étoitun; né erii ^ °fnie, Province qui nourrit des gens de ete 1 il cherchoit à fe lignaler pour mon-,ef auVifiriat que la fuite des événement Ul donna. Au premier bruit de la mas- A 4 ehe 8 Histoire A. i6S4. che du Roi, il s'étoit avancé dans la Moldavie & la Vaiaquie, ou les deux Canta-cuzenes regnoient, Démétrius & Serbai On les avoit vus Jouailliers a Conftanti-nople, ou un de leurs ancêtres avoit poi*' te la Couronne Impériale. Serban avoit des qualités: mais il entretenoit des cof-refpondanees fułpećtes avec Vienne & Mot cou: $e fais tout, lui dit Soliman, tu feras obfcrvé. L'autre, indigne de Ton nom, etoit un Prince foible, fans talent & peu propre à commander dans unterrS de crife; il le dépofa & donna la Couronne de Moldavie à Cantémir qu'il cro-Voit attaché aux intérêts de la Porte: c'était ce brave qui avoit fauve les Sultan?* devant Kaminieck. Après cet arrangement il fe préfentoit au Niefter lorfqu'o*1 l'en croyoit encore bien éloigné, & cette célérité fut foutenue d'une contenance ferme. Il ne fut pas poffible de jetter un pont en fa préfence. Les Tartares n'en eurent pas befoin pour venir aux Polonois* Cette Nation que rien n'arrête, qui vit de peu, & qui fait tout fouffrir, fer oit encore la plus redoutable de la terre, fi elle avoit Ja difeipline Européenne. Telle qu'elle eft, on craint plus fes ravages que fes armes. La Hongrie, en ce moment, fe trouvoit très-heureufe d'en être dé-burrailee. Ils eaveio^pereatl'Armée Vo-, „ \onoi~ de Jean Sobieski. 9 lonoife, en la harcelant de tous côtés, A. 1654. fans vouloir engager une action, auifi prompts à fuir qu'à fe préfenter, toujours prêts à repafier le fleuve, s'ils s'y trou-. Soient forcés. On voyoit parmi eux une Horde qui fe diftinguoit par l'audace & l'acharnement; c'etoit de ces Tartares Lipka qui avoient Vecu fous les Loix de la Pologne en Lituanie, & qui étoient retournés à leur orìgine par Ja paix de Zurawno. Cet article du Traité fut plus funefte à la Poigne, qu'il ne lui parut d'abord. Elle Pçrdoit des cultivateurs & des Soldats qu'elle avoit inquiétés fur la Religion Ma-hométane ; car malgré la Loi de toléran-Ce établie dans la République, il fe trouve quelquefois des zélés puilïans qui a-bufent de leur pouvoir. Les perfécutés devinrent fes ennemis les plus dange-reux' joignoient la rufe à la haine & aU courage. Habitués en Lithuanie depuis trois fiécles, rien ne les diftinguoit plus des Polonois. Ils en confervoient habillement, les armes & la langue. Ils avoient perdu que ce qui auroit pû fer-11 a les faire reconnoître, cette laideur Creile aux Tartares , ces petits yeux, Ce nez écrafé, ce teint bafanné, fruits du ^ llTlat d'où ils étoient fortis. Polonois ? to^t, excepté dans le cœur, ils avoient ^*pUs lç Xł (jrt Mûnzibow , d' ou ils etetl-A 5 doient 10 his t o i k js> A.b5S4., dòient leur courfe dans la Ruflie Noir?. Ils fe gli/Toient avec facilité dans les Villages, dans les Châteaux de la Noblefie, dans les Maifons Religieufes, faifoienÊ partout de grands dégâts & beaucoup d'efclaves.- L'occafion préfente augmen-toit leur ardeur. Ils entroient dans ^ camp Polonois de nuit & quelquefois de jour; ils enlevoient des équipages, il5 Ife méloient aux Fourageurs & les fa-broient. 11 étoit défendu de leur faire quartier, mais on fe trouvoit rarement dans le cas de cette Teveri té, Pendant cette petite guerre, qui lailiait pas de fatiguer les Polonais-, les Turcs, fur le bord oppofé du fleuve, le contentoient d'empêcher lepaffage. Les deux Armées fe regardoient fans décider. Un Tartare diftingué qui avoit été autrefois à la Cour de Pologne pour- traiter de la rançon de fon fre-re, cria qu'il fouhai-toit de voir encore le grand Roi. Jean fit répondre qu'il lui enverroit non- feulement une efcorte, mais des otages. Le Tartare répliqua que fa feule parole valait mieux que tous le& otages, & qu'^ viendroit le lendemain. On a ignoré.ce qui rompit cette entrevue. Cependant Kaminieck, l'objet de cette campagne, reftoit àcouvert; & l'Armée Polonoife fouffroit beaucoup dans UI1 pays entièrement défert. Lorfque Cn" progli DE J g A N S o BI E s KI. Il Pr°gii, en 167a. avoit conquis la Podolie, a. 163-4. r°vince fi belle & fi féconde alors , il avoit permis aux Polonois de f© retirer avec tout ce qu'ils pourroient emporter av ec eux. Ce n étoit pas un ordre ; -mais i ne vouloit point de mécontens fous les loix de la Porte. La Noblefle, le Clergé & les Maifons Religieufes donnereTit i exemple de la retraite ; le Peuple fuivife : conduite peu fage pour une Province qui pouvoit efpérer de rentrer un jour fous la omination Polonoife. Les vainqueurs lulerent do tre les Villes & les Villages ^formais inutiles, & toute la Podolk ' ^ exiftoit plus que dans la feule Ville de Kaminieck. Un feul terrein cultivé s'é-tendoit l'efpace de trois lieues depuis les glacis de. la place jufqu'aux ruines de ^■Waniek, Ville autrefois confidérable. ^ Armée Polonoife confomma tout ce qu'elle put; le feu détruifit le refte jufqu'aux portes de Kaminieck. C'étoit fai-re du mal à l'ennemi mais ce n'étoit pa£ le foumettre, Un fiége en forme d'une Place auilî forte où il y avoit une garnifon de dix ttulle hommes, & en préfence d'une Ai> fupérieure, devenait impoiïible. Jean voulut du moins élever une cita*. ^elle contre Kaminieck pour en prépa-rer la chute dans un tems plus favora-Ilchoifit à une lieue de di ita n ce, un la Histoire 1684. un rocher ifoié, baigné par la même riviere qui paiïe à Kamimeek, & peu éloigné du Nieller. Il occupa fon Infanterie & Dragons à le fortifier. Les Turcs ne virent pas ces trav.aux d'un œil tranq\ji^e» ils palferent le Nieller pour les troubler. C'eft ce que Jean fouhaitoit, dans l'efpe-rance d'amener une bataille: mais le Se-raskier n'étoit pas de cet avis. Il fe contenta d'efcarmoucher fans cefie avec Cavalerie Polonoife. Jean alloit fouve*1*-à lui: mais le Séraskier fe retiroitincontinent fous le canon de la Place* Le Fort de la Trinité, (ce fut le nom de l'ouvr®-ge qui s'élevoit, ) s'acheva en fix femai* nés. Ce Fort où l'on mit une garniton, incommoda beaucoup la Place tout le tems qu'elle relia encore au pouvoir de l'ennemi. Elle ne pouvoit plus recevoir feS convois qu'en tirant le fabre. La faifon s'avançoit. Jean prit le parti de fe rapprocher de Léopol où laReine Tattendoit ; mais en fe retirant, toujours aiïïégé par les Tartares, il tâcha de leS attirer dans quelque piège où il pût les battre. Il les tenoit dans une gorge-mais les Généraux objećlerent la fatig^e de la marche & l'approche de la nuit. Ils propoferent un Confeil de Guerre au moment précieux qu'il falloit charger* Quelque grand qu'un Roi de Pologne i'oit diUlS BE-JEAN SOB1ES"KÏ. T4 dans la Guerre, il n'y eft jamais abfolu. A. 1684. Les Tartares échappèrent, & frémiffant 11 danger qu'ils avoient couru, ils ralentirent leur pourfuite. Cette campagne des Armées Chrétien-es ne^ refiembloit pas à la précédente qui J0* et:e couronné par la Viftoire. Les " ^c°vites & les Vénitiens n'avoient encore rien tenté, & tandis que les Polo-n°'s manquoient Kaminieck, les Impé-riaux levoient le fiége de Bude, après y ^■voir perdu vingt-huit mille hommes & cents des meilleurs Officiers. Les îeges, au milieu de leur joie, pleu-oient eur Gouverneur tué fur la brèche, e Jeuue Bacha qui avoit eu la gloire finti!» j61 r> battre ïe Roi Jean dans la plai-f] ' 6 r:arcan- Il y avoit un mois que le r .ge et°it levé lorfque Valllein, Ambaf-Por e tienne, débitoit à la Cour de °^ne Qu'on avoit feulement renvoyé que a^eS & les bleffés ; fauffe politi- fert ^Ul démafque bien vite , & qui ne des A°t^/lliun^ment clu'^ ûter la confiance , pour la fuite d'une guerre. Le d'à Lorraine & le Roi Jean venoient ft'ea^len^re qu'avec de grands talens, oa fir r/^aS touj°urs heureux: c'étoit le Vi-Ka & le Séraskier de l' Armée de tonte'^6'1 ' Soliman, qui emportoient de■ ^ gloire de cette" campagne. Ce iIller préférant la prudence à l'éclat des h ï s t o ire * * A.(i684. des batailles,'.avoit barré tous les pf°" jets de Jean. 'Si on Te rappelle que'_Kaminieck, outre le droit de conquête, droit fi faeré dans le code des Souverains, avoit encore .ete afììirée aux Turcs par le traité de Zo-rawno , on fent que la juftice étoit àe leur côté. Le fuccèsy fut auiTi ; exemple fur lequel on ne doit pas toujours compter. Jean, peu content de fon expédition, penfa du moins à faire jouir la PologUe ces biens de la paix, au milieu d'une guerre dont on ne prévoyoit pas la fin* Au lieu d'aller aux amufemens de la capitale , il n'abandonna plus les frontiere^ & pendant qu'il contenoit les Tartares, milice toujours prête aux incurfions, Ie Noble jouiffoit de fa fortune , le Marchand faifoit fon' commerce, les terres étaient cultivées , & le Payfan vivoit» La Cour regrettant peut-être les délices de Varfovie, tâchoit de fe conformer au Prince dans cette vie guerriere. LeS Ambafîadeurs le trouvoient toujours botté. IL en arriva un fous un habit Religieux. Un Religieux, fujet peu digne de l'Hiftoire, peut cependant y trouver place, lorfqu'il entre dans les allaireS d'Etat. C'étoit le Jéfuite Vota, Savoyard de naiflance, Autrichien d'incll~ ' pation. a de an Sobieski. tç nation. Sans avoir le caraftère d'Ara->A. 1684. a ladeur, il en apportait l'efprit. 11 fe couvroit d>u titre fpécieux de Miffionnai- re député par l'Empereur en Mofcovie pour la réunion des Schifmatiques. Il ^n revenoit, en difant que le Czar n'a- , Pas voulu écouter la premiere ouver-tire : qUe je e 'ei"oit les yeux dans un autre voyait' v ei^t ^ He faifoit que paf-ei a la Cour de Pologne. Il étoit tout jPre à s'y faire retenir. 1 fì" 6S ^°*S (łu* r^Snent ont befoin de dé-J* .eftlent plus que les Sujets, Jean n'a-rj0lt Pas le talent''de s'amufer des hiĄo-***** Cour, ni de ce jargon élégant fti&f6 ^°Ue ^ur s riensł en laiflant l'a-dpc °Ujours vu'1(te> Il falloit à la fienne lip. Nourritures fubftantielles. Au mi- les ArtsdTi^^ la guerre ' 11 aimoifc turp 1 t? Pa*x 5 la Mufique, la Pein-£• la Pû«<îe, l'Eloquence. La Po-te A1 6 ^eu':~et:re auroit eu des Lully, des fon 'U'1 ' ^eS ^ornei^es & des Bojjuet, fi av°it été moins agité de fale f 1s , guerres. Il fe repoloit dans lifant"1 • & des Sciences. En ^ avoit toujours le crayon à "la les ł ^ tous fes coups de crayon fur iûe 01^es Soient autant de traits de gé-cite un 6S rernarques utiles. Qu'on me Srand homme qui n'ait pas aimé & t ê Histoire 1684- & protégé les Lettres, on l'aura trouvé-dans les annales des Tartares ou des Goths. Parlant cinq à fix langues deS> fa jeu nelle, il avoit encore appris l'Espagnol à cinquante ans. Tant de difcoui's qu'il faifoit au Sénat ou dans les DieteS, la plupart étoient en Latin, & le moyen dont on fe fervit pour engager Chai'"? les XII enfant , à l'apprendre, fut de lui dire que le Héros de la Pologne Ie fçavoit. .Le Jéfuite Vota, comme lui, outi'e les langues favantes, s'énonçolt facile ment en François, en Allemand & en Italien. La Philofophie ancienne & m0-derne , la connoiiTance des tems,, d?s lieux & des Empires, les Religions, leS Généalogies , milie anecdotes piquałl" tes, gravées dans une mémoire heureu-Te, tout cela à quoi l'on fait peu d'uttefl" tion dans la plupart des Cours, le feïl" doit intért fiant aux yeux d'un Prim® éclairé. Léopoid avoit voulu le donnai" pour précepteur à fon fils , l'Archi duc Jofeph; mais il l'avoit jugé plus tiéceff'*1" re dans la négociation. Jean , mécontent de la Cour de Vienne, fe refroidi -foit dans la ligue ; il failoit l'y con^e^T ver. C'étoit le véritable objet de la nu -lion du Jéfuite: fuccès plus facile que a converiion des Rufi'es. Un Négociateur de Jean Sobieski» 27 jans caraftère a les coudées bien plus A. 1614, franches. Vota n'exigeoit rien & fe prêtât a tout, même aux plaifanteries des °urtifans. Avide du commerce des t ands & de leurs carefl'es , il ne paroif-0lt point fâché lorfqu'elles lui man-quoient. Avide fur-tout de la confiance u Maître qui devenoit fujet à des in-°mnies, on l'a vu cent fois coucher fur e parquet d'une antichambre pour être °ujours à portée de charmer fes ennuis. «°uple & inftruit, nourri dans la politici116 Italienne, favant dans les manèges ,u Négociateur, il apportoit des talens. commença par être agréable, il finit Pai fe rendre néceffaire au point que les tobaliadeurs & les Minières de Pologne le peiçoient dans le Cabinet de Jean que rr qi!ńJeQT en °uvroit la porte. Le i lambellan même qui, fans être a 1 K°ifne U?G des flx grandes charges, hpîn»c 6 /■^rer.0Safcîve d'entrer à toute lit' 5,ent:ro|t P-tos avec la même faci-J: en n'irnte plus les Grands, & je te plus de mépris fur le gouverneurTri ^Ue lorf(lu,on voit le Cloître en Mate *a ^ Collr, Paiatin> Martin «t czinskij fit faire un tableau qui re- la rr.tnt0^ Une ^ongue Proceflion , dont w(. a. îe etoit fermée par un Jéfuite qui iuiv-01^' ^'d me^ure* Ce Religieux étoit , Un Roi : deux autres jefuites te-Jt.deSob.T.lIl. B noient 18 M i s t o i k £ £&}• noient devant lui un Livre de Mu&łue fur lequel il paroifl'oit fort attentif. Vota n'indifpofoit pas feulement Polonois, Il donna des ombrages à Ve*"*, failles ; car fi Léopold vouloit retenir Jean dans la ligue, Louis XIV afpi1'0^'l l'en détacher. Le Marquis de .arriva, non plus avec le titre d'Ambafl^ deur, comme autrefois ■, mais fous p1^-texte de venir faire fa cour à la Reine ® bel !e-fceur. Il venoit pour détruis cC que le Jéfuite édifioit. Il y avoit long-tems que la Pologne n'avoit vû la Cour de fes Rois auffi ^ri " lante: des Seigneurs étrangers qui vo) ®"1" ge oient pour la connoître, des Amb;i^a-deurs extraordinaires qui venoient f°!~ mer des alliances , de jeunes Princes t}11* vouloient apprendre la guerre fous u Héros, des Savana même qui chereben toujours les Rois inftruits* Jean &°\ digne de les entendre : c'étoit fur tout a fa table. 11 aimoit tous les plaiiirs de a fociété , mais affai Tonnés par la faine Pfu~ lofophie, fans laquelle la fociéte n» point de charn es durables. L'-inltruft'01* en tout genre avoit coûté à Jean beaucoup, d'application, de réflexions & «e veilles. Il en cueilloit- les fruits dont ia douceur éioit fouvent mêlée d'amertun.e. Ceft la condition des chofes humaines quel que iûit le rôle que l'on joue. D® Jean- SobteS-KI. !S> lw!i?!ef.e d°ntie vais rendre compte, A. 168j. 3 3 16Xcés' 11 1-uhUI»» à Varfovie . loi/.v nmois ^*evr'er- La Loi la von-exnlî Tf°dno en ^ithuanie. Jean avoit €e?r_C1Uecda^s les Univerfaux la raifon de éloîo- 111 KitCti°n , fondée fur le grand où jf1 rlil0nt ^roclno aux frontières, p0 eroit impoffible d'arriver à teins niensetlCrer en camPagne. Les Lithua-feiT1i j Peu touchés de cette raifon, s'af-frn S'""' eRtr eux a Grodno, créèrent ^ Une Chambre des Nonces, Varfo ^es Pol^ois'fe rendoient à la Ré i* pouvoit déchirer g°cj PU %Ue- Il y eut un mois de né-de Q,°,n' Jean fit propofer à l'aïïemblée n0Ur l°j H® de faire élire un Lithuanien le tio a.rec^1^ de la Diète; & de donner la vrlï! Diète de Grodno au Confeil de Jijenat;i0n fceni1 a Varfovie. Les Lithua-Hti S °0ll^entirent. G'eft ainfi que la po* Par j Conc^'e quelquefois les hommes ^ mots en place des chofes. Varr .lete de Grodno s'ouvrit donc à Le n°Vie ' mais la paix n'y regna pas. ^oit ^Chancelier de Lithuanie, Paç, qui ,îl?r,: depuis peu. Un autre Paç tir ^ V°^ vu le Grand-Genéralat for-e ^ Maifon pour honorer celle des B i Sa- Starofte de Samogitie, le feul olte qui aie place au Sénat. io histoire i6zs. Sapieha ì s'étoit flatté du moins d'obtenir cette autre dépouille. Il eli vrai que Jean qui commençoit à craindre de trop élever les Sapieha, les avoit oubliés e11 cette occafion : mais ce n'étoit point e*1 faveur de Paç. Il avoit nommé à cette place eminente Ogiński, Palatin de Troki ; & cela dans un Confeil Privé à Ja" vorow, lieu de plaifance qui lui appar' tenoit dans la Ruffie Rouge. Cette nomination étoit illégale. Elle auroit du fe faire en pleine Diète ; ufage falutaire* parce qu'un Roi craint bien plus de un mauvais choix en face de la Natio0* que vis-à-vis de fes Complaifans & delei! Minières. Cette difcuffion fermenta parmi les lithuaniens* Les uns rejettant Ogins^1? demandoient un autre Chancelier. T° vouloient du moins une nouvelle non11" nation du même; &" qu'il prêtât du fei'" ment à la Diète, afin de conferver le re" fpeét qui étoit du à la Loi. Paç cofli-me le plus intérellé , fut le plus véhément. Son éloquence fut fi audacieufe> que le Roi s'oubliant encore plus que lot» porta la main fur la poignée de fon fał>r^ & le tirant à moitié, lui dit: Ne m'oM'" gez pas à vous faire feu tir loi pefanteiir M mon bras. Paç, le moins patient dei» hommes & le plus haut, répondit par u» geile pareil, qu'il accompagna de ces paroles : de Jean Sobieski. £1 foies; Souvenez-voui qu'au teins de notre A.I68J. égalité vous avez /enti vous-nieme ce que je favois faire'en ce genre. Réponfe qui auoit allufion à un combat Hngulier où 1 s étoient mefurés dans leur jeuneffe, 011 peut-être à quelque Diétine où ils avoient argumenté à coups de fabre. Quand on fe repréfente cette fcène Publique entre le Roi & e fujet, on fré-de l'audace du fujet : malheur aux ations libres qui ne favent pas diftin-E'Uer la liberté de la licence! La Séance continua; & toujours dans a ftiême obft.ination des efprits contre la V olonté du Roi. Il eût bien voulu ne ®etie pas tant avanc£ On lui oppofoit e ouclier de la Loi avec lequel il avoit a*t reculer autrefois le Roi Michel fon vnl eQCefleUr:. mais emporté par le pou-ouverain, il ne pOŁjVoit fe réfoudre « eculer lui-même. Ce n'eft pas qu'il i 6 Co»»Ût les Loix , & ordinairement il s» refpeftoit. C'étoit la Reine qui, tendrelle conjugale, l'avoit e dans ce précipice. Elle imagina un a \r *'en ^rer* Edemander Nonces Lithuaniens par quelle au-Dr! e ^eurs Diétines préliminaires à la me^î avQient été convoquées; & corn-Dr r pS Re Purent difconvenir que c'étoit - ^^orité de ce même Grand-Chan-B 3 celier 22 Histoire A.1Ć8S* celier dont ils conteftoient la nominati on, on leur intima qu'ils n'étoient pas Nonces, fi.ce Magiitrat n'étoit.pas iégitin?e. Les Nonces voulaient relier Nonces. Quand on prend les hommes par leur intérêt , on eli fur de réuffir La contę-flation alloit finir à la fatisfaćtion du Koi* mais Ogiński faififlant ce moment où 'eS volontés te rapprochoient, voulut, poUl" rendre fa nomination plus fiable, prête1* un nouveau ferment à la République-: ce qui déplût à la Cour. La Reine montra encore dans cette Diète ce que peut la rafe où la force manque. La charge de Vice-Chance!'^ du Royaume étoit vacante; elle vou 0^-en revêtir l'Evéque de Varmie *), Rm®" ziowski, parent du Roi. Les deux p^a" ces étoient incompatibles, félonies!*0**' Eile fit déclarer l'Evêché vacant ; Radziowski , quelques jours après, ^e retrouva Evéque de Varmie & Vke" Ghancelieri, La Loi étoit éludée. Mais tout cela indifpofoit une Nation qui aifn*5 nneux fes Loix que fes Rois. Âu reft^» la place dont il étoit queftion, feroit <ł peine ,Tarmie eft une Province enclavée rd L'Evêque prend le ritmi de fa Province dont^i eft Prince Souverain, comme Clief du ChapW? dans lequel relide la Souveraineté. Je an Sobieski. veiRe regardée par un homme de qualité A. 1685. ^ans ^ autres Etats de l'Europe-. Rad-^l0Wski etoit cependant proche parent oi; c'eit qu'en Pologne tout ce qui 1 apport a Ja grande administration pu-13Ue n'©ft. au-defiaus de perfonne. av y 3 voit une négociation épi ne u fé ec la Fiance qu'il f alloit enfin termi-,er- Son AmbalTadeur en Pologne, le ^ de Vitry , avoit été infulté dans "ôtel. Des Domeftiques qu'on vou-aire pafîer pour yvres, (ils l'éloient 1 ;etre) y avoient tiré quelques coupp r| P'^olet. Jean ne fe preiîoit pas de (je r l'outrage. Louis XIV qui, pour pareilles inlultes, avoit obligé l'Efpa-^es f •°nrie ^ République de Gènes à Une rftl?faftìons ^emne^es? en vouloit thune6 a Polo8ne^ Marq,uis de Ké- fuivr ' C^arSé fecretten.ent de la pourvoit- VCUt beaucoup à travailler. H ^ Gra a'rC ^ ^es Républicains. Peint Da-o-e^ voulut le ; :êier auperfùn-fift5 p ^ excufe. Il s'en trouva-un en-Couro 6 ^rant*~-Chancelier de la f£ n^ei tt'rielopoUky , qui avoit épou-œ°r d^la Reine. Il fut reçu à u.ar ajne^eau avec pompe, comblé dô Patrie ]S j & il emporta dans fa eiirich' &4 ^°rtra^ commandoit, il étoit tout naturel M'ËU* rope de ne voir que lui, & les Généra^ s'étoient plaints plus d'une fois qu] leur ôtoit tout l'honneur des expc"1* tions. Tandis que l'Armée marchoit, Jeaîl reçut une nouvelle qui le xonfter*1?' * . - . U Archi- d e Jean Sobieskt, 2.5 ^chiduchefle promife par Léopold .au A. 1685. Uilce Jacques, époufoit 1'Elećteur de ^av iere; & il auguroit de-là ce qu'il de-n.°It ^tendre de l'autre promefie qui re-îo'r ^a^urance de la Couronne dePo-dans fa Maifon par les intrigues, !gént & ]a puifiance de la Cour de ulenne- Naturellement vif & bouillant la r ^ v*°^ence Pour diiTimuler jufqu'à [n de la campagne, & prendre fon ^rti félon le tems. Jabłonowski avoit 'lls fon Armée quelques François qui ploient apprendre le métier de la Guer-de ^arflu^s Souvré, fécond fils e l- de Louvois, en étoit un. L'ap-P^ntifiage fut dur. Le Grand - Général, ia /eU tenter Ie paffage du Nieller à avn,fUf^Ur Choczin , comme le Roi Oit fait dîne 1 i v - la campagne derniere, mus 1 ver ""I"1'' '• P e tkn- il entro iS Source à Halicz v); & forêt de^ai ^°'ÎUcie dans la Bucovine, tant ]G îrente ^Cues de longueur fur au-pâtes 6; ai^fur > depuis les monts Carres j' V^'311 Nieller. Avant les guer-peUr)f/S urcs & des Polonois, elle étoit |»0n . ^ Cultivée dans les vuides que ^01t encore. Si on y joint la Poku-») c eie cUi°pC ^7'"e autl'efois confidérable & Capitale tiro v-?yaume ^'Halicz, cit à préfent très-pe-ec un Château fort fuv le Fleuve. Hifi* de Sob. T. III, C 6 m 1 s t o i r s A. 1685. eie & lu Podolie, Provinces li mi tropik15' on a près de cent lieues de ruines, i110 nutnens déplorables de la fureur des ho#1 mes qui ne peuvent fe fouffrir fur Ws terre où ils ont fi peu de t.ems a reft51"' Une branche détachée des Carpates ia" vance dans la Bucovine & y verfe & I eaux abondantes. Les rivieres, les rais & la montagne y forment des défilé extrêmement difficiles. L'Armée avoit déjà franchi les detf* tiers de la forêt, & campoit fur un tef' rein découvert, lorfque les coureurs vip' rent annoncer que l'ennemi paroifloit-On entendit bien-tôt les gros tambou^ des JanilTaires, doubles des nôtres tout fens. Ils les battent par les deU* î^outs, de la'main droite avec la bagu^' te ordinaire, & de la gauche avec liotMine. Des jeunes gens accompagne^ avec deux efpèces d'afliete d'un mét^ fort fonore, qu'ils frappent en cadenC5 l'une contre l'autre. Ce mélange forfl^ un bruit de guerre très-éclatant. Les deux Armées fe mirent en bata#' le, un défilé entre deux. La partie toit pas égale. Quarante mille Turcs ■& autant de Tartares de voient écrafer tre11' te mille Polonois. Ceux-ci n'ofoie*1 palier le défilé devant cette multitude mais ils fouhaitoient Qu'elle le paffâtpo^ Ptl be Jéaît Sobtesxt. mf ^ venir aux mains. Le Séraskier Soli- A. 1685. rJT avo^ un autre projet. Il éleva des , °^s ^ le bord du défilé avec des t'iH 6ò ^°Ur j°*Rclre les ouvrages. Il dé-r^i- ? trfut® mille Tartares pour s'empa-Voient-S 1 iefes Par où les Polonois pou-embarr ir retirer- Des .abbatis d'arbres difïicil a' erent *-°us ces pafTages déjà très-s'écoi 6f eax"in6mes. Les Tartares veilr T ^e,i'°bés infenfiblement à la fa-ïgs p ,es k°is & de la nuit; en forte que tuati °n°ls ne s'apperçurent de leur iï-\jne a Ull'au moment du défefpoir. une rj vr.mee en face, une autre d erri ere, te (\ lere bordée de rochers fur ladroi- for't éle Pruth>y ^es niarais & un coteau riemî 6 6 ^Llr gauclie, coteau quel'en-C^-0CCUPoit * c'^fc°lent des fourches faire Hes,0^i Soliman comptoit bien les. c^er fous le joug. Chaque jour terr Um°^ les vivres & augmentait la effr 6Uy* Quelques Soldats encore plus Èan-^eS Clue *es aatres pafTerentle Pruth, où ^ toutes jambes la frontiere que1 S r®Pandirent l'allarme , en criant fut ,/°u} perdu. La consternation rt,s ^^érale. On voyoit déjà les Tarta-U o°U n'étoient pas. Les habitans de ^ l^pagne fe fauvoient dans les Villes; Ce b v^es s'attendoient à être forcées. Par .Ult grolMant comme un torrent, Jnt jufqu'au Roi qui rétabliffoit fa C 2 fanté if. Histoire i68S- fantéjà Zolkiew, non loin de la fronti re. Encore foible il fe mit à la te te 0 la Nobieffe des Provinces voifines & ® quelques troupes Lithuaniennes, qui, x'e liant de fort loin, n'avoient pu j0^ rf rArmée. Il n'eut pas le tems d'arrivé à la cataftrophe. Jabłonowski, après quinze jours, tant encore plus toute l' horreur de ^ ^ fituation , tant de braves gens ^ voient à choifir que la mort ou 1 e c vage ; fa Patrie fans Armée , fans gloire, fit un mouvement qui & un grand bois entre l'ennemi & lu1- . n'étoit encore rien. Dans cette nouye ^ pofition, il imagina une retraite^ roiffoit" impratiquable. Il avoit à dos ^ bois d'aunes, dont le fond étoit utt rais tout propre à engloutir homi*1®*' chevaux. Il fit prendre la coignee > ^ arbres tombèrent à côté les uns ures, les branchages par deflus ; ? ponts s'établirent à p'affer cinq charl de front. . y défilef Les équipages commençerent a L à l'entrée de la nuit du 8 au 9 ,Qll La Cavalerie les fuivit de près. rf{-Ç-reftoit que quinze efcadrons à Pa o°leâ que le jour parut L'Infanterie ^ Dragons avec une partie du canon raoient la retraite. Cette arrière- de Jean Sobieski; 29 etoit commandée par un homme qu'on 11e A. 168s. ftirprenoit jamais. C'étoit Konski, ce General d'Artillerie, que la bataille de vienne avoit déjà tant illuftré. Il avoit tenu fon Infanterie & fes Dragons en bataille toute la nuit. Les Turcs deboucherent du grand bois qui fai foi t face aax Polonois.^ Ce fut a oid t e la^ Cavalerie qui vint charger /-Cj. '^n imPe^u°fité ordinaire: mais el-e ^ u i ma traitée qu'elle rentra dans le ois pour laiifer le champ de bataille à d autres efcadrons tQUt fr£s> Ces char- fois ( 6 aVa'ei^e' réitérées dix à douze ve^ i° fuc*&oieiit fi rapidement qu'à ?\nc es Polonois avoient-ils le tems de ciatger. Les hommes & les chevaux ^omboient de part & d'autre ; & le car-8e ne faifoît qUe commencer. Les ame }tanS avoi™t peut-être befoin d'une Vert ^ jS> ^errtle q116 dans un Pays découla fn * {0l gnement des terres habitée», j , qui obfcurciffoit le jour, les cris s ai'tares & des Turcs méiés au bruit & Can°n> que la nature du lieu enfloit reu mUltiPnôit, tout redoubloit l'hor-» 1 ^e cette vafte folitude où les bêtes , Vages étoient moins cruelles que les Sommes. jr^ y eut quelques minutes d'ina&ion* S J^niflaires qui n'avoient pas encore C 3 conir» 5© Histoire A. ió8S- combattu, fe flattoient de terminer en fe baignant dans le fang. La Cavalerie qui les l'outenoit, frémifîoit de tant de reli* ftance de la part d'une petite troupe-C'eft ici où. les Polonois invoquèrent le défefpoir, fouvent plus aćtif que h gl01" re même. L'arme à feu n'étoit P^uS comptée. Le fabre du côté des TlircS '<& la hache- d'armes dans les mains Pol^" iicifes, alloient décider. La Cavalefie de la République, comme celle de toutes les Nations fe fert du fabre. L'hl~ fanterie & îes Dragons fe battoient av?c la hache d'armes; les Romains en l'oient ufage; fer extrêmement tranchant, avec un manche long de cinq pieds: non-feulement tranchant , mais point911*-* Jamais peut-être on inventa une arme pl°s smeurtriere dans une mêlée. Le Sol^ s'en fervant à deux mains , faifoit fauter autant de bras & de têtes qu'il en p°u" voit atteindre. La tête même d'un cheval fe partageoit fous le coup. On dit que dans la fameufe vidloire que Proèôfe h rafe, fucceifeur deZifca, gagna contre l'Empereur Sigifmond, au quinzième lîecJe, fes Soldats fe fervirent de ceS fortes de haches , nouveauté qui lettf <3 jDiia îa victoire. Ce fut auffi avec cette arme que les Polonois triomphèrent. ^ y eut de part d'autre autant de furet# que de bravoure ; piua de conduite d$ v " côlï » e jean sobieslk y: c'6te des Pplonois. Les JanilTait-es, per-A. dant plus qu'eux, furent enfin obligés de regagner le bois, & le combat finit. _ ftze a douze mille hommes s'étoient attus pendant dix heures contre quarante mille. Sans parier du coura-ge, trois chofes ^voient fauve la petite Armée. D'abord e terrein qui ne permit pas aux Turcs c préfenter un front plus étendu que u i des Polonois: enfuite la mal-adref-e du Général de l'Artilleuie Turque qui, du 11E-U ?a!Tletler canon fur le bord S'avr : °^ 11 auroit foudroyé l'ennemi. élevJ t 6 placei' un cûteau fort ■n i ; f canon Pointé du haut en bas, en t et touclloit, il entroit d'abord erre oc ne faifoit aucun bond: ma s I S avairtages devenoient inutiles,, fans capaci^ de KonskL U avoit couvert es bataillons de chevaux-de-frife ; il s'£» fait un rempart de chariots; il avoit P^ace fon canon au point du plus grand e et« Tous les Corps fe foutenoient les î?Us *es autres, comme les battions d'une °rteref[e mobile. On eût dit que toute £e.Lte arriere-garde n'étoit qu'un feul bâillon qui faifoit des évolutions dans un eamp auquel ils répondirent par eur. Tous les jours que l'on em-P °ya encore à fortir de la Bucovine, ref-etnblerent, ou peu s'en fallut, à celui-h' / défilé en défilé, fuivi, t^rce|e fans ceiïe , mais fans être bat- fuite ^or^t term*na *a Pour~ nîiïeins Jabłonowski tint encore e^caAmPagne pendant trois femaities pour ^pécher les incurfions des Tartares qui aIeî^ ^re fort mécontens. Le butin, unique folde qu'ils reçoivent du atld - Seigneur : ils retournèrent les ains vuides pour être traités par leurs ^tonnes de lâches, d'hommes efféminés r- "lignes de porter les armes: humilia-iou domeftique qu'ils redoutent plus que e!ł dangers de la guerre. armes Polonoifes remportoienfc eaucoup de gloire: mais nul avantage. 34 HISTOIRE A, 1685. Le Moldave n'étoit point fournis. KaHl^ nieck reiîoit aux Turcs. Tout l'objet l'armement étoit manqué. Il n'en alloit pas de même des autres Puifiances de la ligue Chrétienne. 1 al3" dis que la Pologne occupoît une païtie des forces Othomanes, le célébré Fravi-eefco Moro/ini attaquoit l'ennemi commi*® dans- la Grèce. On l'avoit accufé eîi plein Sénat d'avoir trahi Venife, en capitulant pour la Ville de Candie. ^eS accufations, quelquefois injuftes-, eou-fervoient les Grecs & les Romains dans la vertu. L'accufé avoit été défendu avec véhémence, & il fe juftifioit encore mieux- en prenant la Morée, ce pay* autrefois fi fameux fous le nom de Pelo-ponèfe, lorfque Corrnthe, Argos, Spar; te produlfoient des hommes, Vetiify a l'imitation des vrais Romains , appelé fort Héros F'eloponèjlaque. Vienne gagnoit encore plus que Vernie. Le Duc de Lorraine avoit battu devant Strigonie le Vifir Ibrahim, Générai d un plus grand mérite que fon prédécef-feur Kara-Muftapha, fans être plus heureux. Neuhaufel, l'un des boulevarts de l'Empire Turc en Hongrie, fat emporté d'affaut. Ti s'y paffa des excès de barbarie que les Turcs reprocheront éternellement aux Chrétiens. De toute cette. Jean Sobieski. 35 fealheureufe Ville il ne refta qu'une tren- A* 168*. aifle de Janiffaires, qui s'étoient cachés lorQu'ils virent que tout étoit perdu.. « Kiaia qui les commandoit,. fut mené '^ vienile où, après avoir tenté fans fuc-£fes forcer fa garde , il fe tua d'un. e°uP de piftolet. Sur la fin de l'afîaut, la Ville ne repouflbit plus, on n'é-Pargną. pas même les Efclaves Chrétiens JlUe les Alfiégés avaient forcés apprendre f5 ai'mes. Les premiers Guerriers qui % avlferent d'avaler leur orront occafion-bien des forfaits pour la"fuite des fié-On, voyoit les femmes de l'armé» ernande éventrer des Turcs encore fe ^'tans P°ur chercher la fortune dans e«rs entrailles. Des Princes François *)r échappés de la Cour de faire cette T , y L rent autant d'horreur que de gloire ì'Àn^Utant d'horreur T y i p" J J (le Savoie, qui reuonçoit 1 ance, ne revint pas avec eux. Il' mmençoit alors cette belle carriere qui p llllIn°italile tous le nom de Prince •^ugene. Jean achevait de rétablir fa fanté à O'luèw, non en s'abandonnant à ces enagemens outrés qui entretiennent la foibleffe : ^ ìkl Princes de Conti, de la Roehe-fur-Yon, ie ^uren ne celui qui fut tué à la bataille Histoire A. 1685. foibleffe : mais en fe livrant à i'éxefcl<^ de la chaiTe. On a toujours dit qlie chaffe eft l'image de la guerre. ^ image , en Europe, eft afîez gé°elf \ ment petite. La Pologne l'agg*'an^ł.t l'exemple de l'Alie , où les Souveiain chaiïent avec une Armée. Jean tenoit cinq cents Janiiïaires, vrais 1 ur ' pris dans les combats, confervant leU ^ armes & leurs vêtemens. On leur quoit une enceinte dans une foret ; tendoient les filets en lailTant une °|lV eIg ture qui répondit à la plaine» Des cjMe ; tenus en leiïe formoient un croi#ant une affez grande diftance. Derrière eU-^ le Roi, les Veneurs & les curieux ^ cri voi eût une même ligne. Le donné, d'autres chiens perçoient dans ^ forêt & chaffoient in différemment to^ ce qui fe rencontroit. Bien-tôt onvoy fortir des Cerfs , des Elants, des Taureaux fauvages d'une beauté, ^ force & d'une fierté finguliere, des Lo^P Cerviers, des Sangliers, des OurS chaque efpece de chiens attaquoit la qui lui étoit propre. La bête ne PoU^^ ni rentrer dans la forêt, ni s'arreter . ^ filets, parce que les JanilTaires y v loient. Les Veneurs ne fe mêl°^e11. c ^ combat que lorfque les chiens etoien-trop foibles. Cette multitude d homtae^ de chevaux, de chiens & 'd'animaux.. a DE JEAN SOBIESKI. 57 Vages, le bruit des cors, la variété des A. 1685. c°nibats, tout cet appareil de guerre, d'une magnificence convenable, Publ'10Ìt leS Cllrieux du Micli 5 & la ^ ique ne murmuroit point de cette char^6' ^arce 1u'e^e n'étoit point à fa du^p1 .C^a^e ne f®* Pas amufement A.Ì685. ^ . rince. Comme la Nation ne s'aflem-ce°f-^as cette ann^e, & qu'il étoit in-r ain. e]je repren(jroit les armes, il oit du loiîir. Une Nation jouit, lorf-au Uf ia^orieux fe délaiïe. Il fe livra t| Pkùfrr de bâtir. Il choifit une fitua-charmante fur les bords de la Viftu-no\vd/eUX ^eues de Varfovie. Villa-pjt orfc|t de terre, & i'Architefture de pla'iiV V^nt em^e^^r 1® Nord. Jean fe °ubli°l. U Vo*r élever cet édifice , fans poldei reffentiffement contre Léo- Léonoliî c éckta' Prôt à qu5ttel' k ]iSUe* quel ; ntit qu'il falloit lui préfenter Jj n°uvel appât pour l'y retenir. davie & ProP°fer la conquête de la Mol-la o ą la Valaquie pour en mettre m °Uveraineté dans fa Maifon , lui pro-des ant "n ^orPs de Troupes Allenian-îlUbe qUi .s'avancer°it des bords du Da-pr ,P°urj lui prêter la main. Ces deux (jantiI1Ces Chrétiennes, autrefois dépen-dev.eS ^L1 Royaume de Hongrie , font 111,8 de véritables Fiefs de l'Empire Turc 3$ H I S TOT H E 6BÓ. Turc fous le victorieux Soliman. / ^ fuc ce fleurs en vendent la Principauté plus offrant. Le Hofpodar Duca, c|Ui mort Łprifbnnier en Pologne , avoit ^omeltique d'un Marchand d'Yaiîi, ava1^ que d'etre affez riche pour fe faire PllI\ ce. La Valaquie a eu attiïi des How0^ dars dont la nai fiance ne valoit \ mieux. Cette double Couronne teîî t-oit Jean. D'an autre côté Mahomet qui perte fur perte, lui fit offrir , P00*. détacher de la ligue, la reftitution minieck avec des Fora mes confidi* pour dédommager la Pologne des d'une guerre fi longue. sr fa Jean, placé entre ]a République Maifon , ne fut pas a fiez-grand pol,r. ^ re un bon choix. Entraîné par nuations du Jéfuite Vota, par '^eS . citations de la Reine, & par la v0lX. fang, il fe détermina pour fa p0i laiffant à la fortune les intérêts de logne. Il colora pourtant Ion eXP , tion du beau prétexte de ne con^1 •-que pour elle, & de lui rendre nieck avec plus de gloire en coupant les fecours que la Place ne recevoit q par la Moldavie. ^ -i Il y avoitlongtems que la P°l°g^e voit vu une Armée aulïi belle oc potn- 13 E !) J£ A îï SOBIES'Kï. te m'iT ' aPProc'h°it de quaran- A. 1686. voipA v • Combattans. Les Généraux a-arrj *en fervi le Roi, ce qui ne leur re{Tafj^as toujours- Le Prince Jacques riter un Trône Qn'il falloit nié- t„e'fa,Cłl0łt ^ **e *"aire un nom > en Par-toit1 1 , travaux de guerre, & c' é-jçj. P?ur^ui qu'onalloitconquérir: pro-ftes^Ul n eto'lt fçu que de peu de perfon-dats' C^r ^ mu^t^U(^e y Officiers ou Sol-bat ' *£n°re toujours pourquoi elle fe ' " n.e s'en bat pas moins bien. éprQe.S ^^-Cultés effrayantes qu'on avoit d0nt Xees dans la derniere campagne, pêcl)06^^ une répétition, n'em-te. rrent Pas de réprendre la même rou-ce fut j,feuK différence que Jean y mit, fbrtifi' ^ta^r en marchant, des polies fron:-,eS di Itane e en diltance depuis la }a jvjc|ffe de Pologne jufqu'à la capitale de jet (J' ^Vłe" ^es ■f'orts avoient pour ob-qUi , ' lc|rcr les Couriers & les convois evoient arriver de fi loin. GÙ'^lle V' Armée traverfa la Bucovine, dans ]° S et:o*t: vue au moment de périr des t) a CamPa"Sne précédente, on jetta Voient°ntS ^Ur toUS ^es PaffaSes pou-retour retail*er ni arche ou empêcher le fang \ trouva fur ce théâtre de Répub^l ns^i avoit ii bien mérité de la »îierrit^^Ue' ^ °ù ^ reçut encore les re-as du Roi & de l'Armée. On y voyoit 40 Histoire .1686. voyoit encore des tas d'offemens (f*11 peiloient à l'un fon ami, à l'autte frere ou fon pere; & qui faifoient liaiter i' oecafion de les venger. s'affura de ce défilé par une redoute ^ paM'adée & garnie de troupes. De~ ,e' pourfuivant fa marche en côtoyal1 Pruth-, il entra dans les vaftes p'a^ie.S,iet# la Moldavie. C'étoit au mois de ju1 1. L'Armée y fouffrit exceiïivement ^ chaleur. Le Ciel, depuis trois ans, . fufoit de la pluie à ce climat, déjà c a ^ par lui-même. Les étangs & ^eS étoient prefque à fec. Le Baliil°u^> viere grande comme la Marne, n plus de cours. Les terreins marecag . montroient descrevaJïes qu'on auro1 P les pour des goufres. Mais un P ^e mène étonnoit. La tetre , malgi'e c ' aridité, étoit couverte d'une herbe u ^ de deux pieds, très -épaiiie & eW s. On n'y appercevoit point de troup^ ^ Il y en avoit eu autrefois parce qa - ^ avoit eu des hommes: mais la gueue^.^ métier fi glorieux, avoit tout ^ -On ne trouvoit que des Villes ^)rl^eSt ruines hériffées de oJiardons & d ^ 1er voient de retraite aux ferpens. étoient Pèrêrita, Chocava, Sorcch, ^ fanouf, F elki,, Gallacz & beaucoup très. La plupart devinrent des 1 ^ d'Armes pour favorifer l'expéditio11, ^ De Jean Sobieski. 4* ^omprend quelle devoit être la difficulté fan UVr? ^anS Un Pays **ans habitans & pj-S Cu tlu'e- Les Armées du cœur de NorH°^e devro*enfc demander à celles du Par,t-C°mment e^es ^OIlt Pour fubfiiter dans i>Ut" ^uPP°^e un grand ordre dan- i>rL-CailV°lS ' Une Srande fobriété ttlod^ v er ^ ^e^0jI^at? beaucoup de ra'V. 16 danS ies ^uiPages qui embar-dpv^^T . a^ament une Armée. Entre a t\at'ons ^ font la guerre, il y fruga]■j:/^ai'^er pOUr ce^e ^ui pratique la & toute la Moldavie eût reflemblé\i la Lnit ?!'ientaIe traverfoit, on eut la 10 ..a la conquête d'un défert. Mais paitie Occidentale étoit bien peuplée 'Łabm^ Cu^v®e> terre excellente que le tsZZne fait *» "»« «« fois Plus belle mombn8 ^ ^ CFOÎtre U ColLn^r de Mo3davie fe nommoife avoit Celuì ^ue Soliman èiizmg r>' ^ eîl f' au *"°ible Canta-tèmi, C etOÎt ł'ayeul de ^ Prince Can-dp Rnlr ncTUS avons vu. Ambassadeur Angwle en ^'ranceraprès l'avoir été en ' mée fAr '8 u' attendit pas que l'Ar- fou^r ZT de fa CaPitale P<™ fe covine W . a Peme de laBu- de fa Cour. arr!Ver Seigneur Uijl.deSob. T ûT°ye d"nà Je8n' q"e ' • -Ł> ion ąz Histoire • ït'âiS fon Maître s'applaudi ffoit de Te vou'bî^ tôt dt livré da- joug- Othoman pour p» ' fous es ioix de la Pologne, qu'il eto1 cbé ce ne pas venir lui - même falue* fi grand Roi; &que s'il avoit pris ^ P .. ti dc l'attendre dans l'a capi sale, c e pour empêcher le peuple de fuir. Jean, charmé de conquérir Tans ^ ver fer des pleurs, précipita fa rfal>ar-jufqu'à la plaine de Cetzora, où ił ® a reca. Cette plaine lui montrait Ie & les lauriers de fon ayeul maternel retranchemens où le fameux Zolkie^v^ avec trente mille Polonois, avoit rePfi fé une Armée de cent mille Turcs & ^^ tares: la pyramide encore fubilftante ^ les mânes de ce Héros difoient atf*J0utf ians ; Apprenez de moi combien M efi & glorieux de mourir pour cceUf Cette maxime étoit gravée dans Ie c ^ de Jean dès fa plus tendre jeflJiefie* ^ fie compte que iix lieues de la pla|ne Capitale: un détachement de hLUt n^ang Êommes en alla prendre .portelli0^ la moindre réftftance; les moiflonss eto fur pied: tenir i'Armée dans 1 eloi& mentr e'étoit ménager la Ville. c .Tajji, riche par fon covamerce a l'Afie, eli une grande Ville toute oU^.^ te, fans portes & fans murailles, on y voit une douzaine de va.fteS teaux bien fermés , & flanques neS" ■^'Occ^ent s'eli livré plus ç a ^ inaftion de la vie contemplative. le*P ^ans ces Fortereiles Baliliennes que ^ euple cherche un afyle, lorfque les peartarf viennent à palier. On ne voit raT-i " >et/'e nul^e Pal^ autant de Moines tre e^riû±es ' car 'e même fpećlacle fe nion-CetJr UT1 CÔteait en face de la Ville. ?"ommes lIuicon- '« richeffes deCwiuï f6"' '""""f Hofpodar T»- Ville & les revenus du »oinr";ttriK8n0rre «A Us vivent doit bornait bUrer.à kur P»«Cfe,o» aux. s'a&DerrVt- '' l'elclavage &o« grand 11 !■ f'1 ë^éral qu'on tireroit un mes f i dCS du côté des Ar- mettoit" ,.rkS ^ des Sciences, li on les les p-r, , ""erte. Comme le Prince qui €'efter ^e.rne ac>hete cette Souveraineté, quéreurUlt yaU ^°uP'e a rembourfer l'Ac-eharig-p ' . } affl avoit donc a gagner en 0 4at de domination. ^ z Jean, 44 H I S T O ï R E Â.1686. Jean, s'approchant en per fonti e , venir au - devant de lui l'Evoque, le Clei* gé, les premiers de la Ville & le Peuplé' mais il fut étonné de ne pas voir le H° " podar. La fituation de Cantémir eto1 des plus critiques. Il avoit un fils erI otage à Conftantinople avec quatre rons du Pays, pour répondre de fa lifé: il voyoit une Armée Chrétie',rie prête à fondre fur lui, fans r;en efpe1er' pour le moment, de l'Armée Turqlie' encore trop éloignée pour le défend fe* Il prit le parti d'une foumilïîon appa'efl" te, jafin d'engager le Vainqueur à tne^1" ger tes Etats ; & pour fe difculper ^ près d& la Porte, il fe fauva avec ia mille & fes richeffes dans l'Armée 1 u' que, qui campoit vers les bouches Danube. Sa fuite ne déplut pas à Je3*1' Il fe trouvoit débarrafle d' un per foni1 ^ ge incommode dans une conquête voulait garder; mais il étoit fâché eût conduit fes troupes à 1'ennenJ. ^ apprit des Moldaves mêmes, que c'eto le plus méchant Prince qui les eût d°^T1|^ liés depuis longtems ; qu'ayant pa) Ł Couronne fort cher, il exerçoit l'u.ftne vec une dureté exceffive; & que le 17j ^ ment: de fâ faire avoit été marqué pary-** exactions qui fu i'puffo iene fes brigat!^ ges ordinaires. Jean trouva dans fon ^ lais d'aiiez beaux appare e mens peint» ^ j E AM S O lì I E S K T. 45 inofa\q\je< iq ménagea la Ville comme A. 1636. 0n bien propre. Les boutiques refterent oiUertes, les marchés libres; & tout fut Pa> e par le Vainqueur comme par leBonr-eOis. Les Soldats difperfés dans les Mo-® eies> n'en troublerent point l'ordre; es femmes Moldaves, a affi. piquantes Par ajuftemenfc que par les grâces, fu-rent refpeftées. endant que cela fe paffoit, les Vaia-te GS n ^°'ent Pas tranquilles. La crain-^ & encore plus l'humanité du Con-Vieiant, dont la renommée faifoit grand ^es fournit. Ils obligèrent leur lo? P0(iat'i lui faire une dépuration pour vp.j-eC^ai"er ^ue ^etirs portes étoient ou-à n e-S'c ^ans ^ollte Serban Cantacuzenei qui boli m an avoit confervé la Princier fa enduite 1CS f°"?Çons cluni avo',fc Un aut ! ne 8 étoit Pas corri^é* fa place:- c'6toit <*«- te fontr VC 'lCOlan> cl111 ne fe prêtoit à cecie r,lll0?~ que pour éloigner e ^ger préfent. • & de11! ^rV0yant maître de la Moldavie avoit d a^ie> étendit fes vues. U «ajourd'huîT n' randenne Beflirabie, le Budziac*), & tout ce valle *> r D 3 ays J Les Tan des Ta m- res de Budziac font une branche Un cert-'1lCS Crimée. Ils obéiffenr jufqu'à 4UX r l,' r1 P°'nt à leurs Murfes, c'eft - à - dire, cts de leurs différentes Hordes. Qnoi- (JUS 4# Histoire A, 1686. Pays, qui eft renfermé entre le Danube & le Niefter jufqu'à la Mer Noire. Ł»a niée même pi quoi t fon ambition. ^ fiUfoît un plaiilr de châtier les Tartari fur leur propre terre in, & fembloit loir s'ouvrir un paffage jufqu'à Conftau*-1 nople, par des chemins qu'on jugeo-it nn-praticables. 11 reprit donc fa- «iar fans s'éloigner du Pruth, dont les eatf* lui étoient lì nécelïaires au milieu d un féchereife fi grande, eaux falutaires d ai leurs , qui calmoiènt une maladie don les troupes étoient attaquées. Le ? s dac brûlé par la chaleur fe jeftoît fur f concombres, des melons & d'autres fru| qui portaient, la dyiïenterie dans les entrailles. L'eau du Pruth en étoit Ie mede. La néceiîité de le fuivre dans finuofités doubloit la fatigue.. On et°l déjà fort avancé & aucun ennemi ne Pa~ roiiïbit encore ni Turc ni Tartare. Mahomet apprenant la marche de dans une contrée ii éloignée de la ® gne, avoit donné ordre à fon Général oj® ne point fortir des Isles dd Danube aux Tartares de ne pas fe présenter e» deçà du Nieller jufqu'à ce que i'^rn^e TerfS que In Porte les appelle fes Efcîàves,,1Jl5 n'a. point de Peuple plus libre. lJs'onLŁ!m..( un Etat de guerre prefque continuelle.» ' ^ dis qu'on le« traite de Brigands, il® ment Guerriers. D11 3 E A N SOBIESKI. 47 Soΰ^e.fÛt tort enfoncée dans le Pays. A. 1686. ces m 1 em ^t0lt ia*re P&"ir d«ns reur ,erïles Peines où Darius I, Empe-aPpor^S| ^enes> s'étoit repenti d'avoir Ancétie Pour punir les-Scythesy chefni!CS , CS ^ artares que Jean venoit Le ^ans leurs foyers. f)na. .dan&er augmentoit avec la marche. gnée de°VUt^ GallaCZ' Ville Peu éloi-5atlu, €rnbouchure du Pruth dans le en V !*a P*a*ne couvrit de Tartares tôtenh n' ^ les Turcs parurent bien-té a/n011 orc^re- «Tean regardoit du coque j, panu^e, d'où il attendoit le fecours Léon /,!I'Pereur lu* avoit promis: mais foitF /leÇeûfant (lu'a ^ni-niême pouf-yantfS fs en Hongrie. Jean fe vo-s'étoitl<^m^ fentit tout danger où il iriaroK -!ett®: ^ ¥ avoit trois mois qu'il à desl01t' ^ ^ palier fur le ventre jjoj-j.i tro«Pes fraîches, fupérieures en qui ]D -e C^e. P^us l^e rno^ié. Le feul parti &q Uli left°it c'était celui de la retraite; quj e retraite, encore ? Une tempête de re OLlVo^t durer deux mois avant que fions ^"ner P°rt. Voilà de ces occa-l'al r°U Un ^ ne feroit pas Géné-préci Q' verro^ P^us qu'un abîme pour s'y trava^ltei aVec ^es compag.nons de fes fe ra^-X' . Soldat regardoit fon Roi & apra Ul01t' 11 jetta un pont fur ]e Pruth . Jt entre l'ennemi & lui. Heureu- fenienfe ąi h i s t o i k s A. i6g6. fement les fourages étoient abondans fur cette autre rive; & f n'y munquoit pas. Le Pruth vit fes eaux par deux Armées pendant v » jours. On n'en puifoit qu'en repatl du lang. C'étoit, de part & d'autre,1 ^ révolution journalière de caropemellS ^ de decani pemens à la même hauteur? ie canon ne repofoit pas. _ je Cependant les Tartares paff*eren ^ Pruth à la nage pour gagner les deva de l'Armée Polonoife; <&s ils entrepïir^^ de la détruire fans l'approcher. . u-toient apperços que les herbes qu; ^ vroient la plaine, delTéchées pal" ^ inj-leii, s-'enfiamm-oient aifément, ^ lC rent le feu; & on ne voyoit des flammes à traverfer. Cette d'incendiaires donnoit plufieurs in^1 des à la fois. Elle confumoit leS j°U£a-ges; elle obligeoit une partie de ^ valerie Polonoife d'être à cheval la 1 ^ auffi bien que le jour, pour éc»rî-er jie boute-feux. Elle retardoit la parce qu'il falloit donner le teins ^ ^ flammes de s'amortir. Mais quand noit à paffer fur ces terres bruì e es ? ^ qu'on refpiroit étoit aufii brûlant. ^ cendres qui s'élevoient fous les pi0 .,r0jt iiommès & des chevaux en§'oU^ieuł* l'Armée dans un nuage noir. La .j. çjui couvroit tous les vifages y atcac ^ jean sobibski:> 49 CrilCendt.e; ^ au iieu de Polonois on eût A. 1686. qu'rJ°ir deS £thioPie»s. Les déferts friiifl Parc0uroit, n'offroient que des cileni' C?nVDÌS- n'arrivoient que di^i- les C ' eiv015 le Prince Jacques & Que] Jp e'nT - enfeISnoient à fouffrir. cette , * °&cle^s François qui faifoient tien4 p ïnîafne.et0ient éto.nnés de la pa-rannr ^ fobnété Polonoife. On fe fout d'Yaffi ' & on trouvoit fur la fait- 6 jIie ^uantité d'élévations de terre tant ri mil'n9 d,ilommes- Ce font au-rie- tornbeaul: °ù repofent des Guer. ment Kibia. «al ks devoira'da Trôr*™' ' .re'?.pl;l'0Ìt PWlÓfóphe ^^Re du ri' i & Nation, ce feroit lento-b dud«-huitième fiécle. Yam mais I \>T[t fon vain^«eur avec joie* fils d* ttoLCî0it 1;Hiftorien Cantémir', Hty-deSob. r/;/ iar£es lièrent ' & bien- H* ï s' t o t' r e A.1Ś86. .bien-tôt. IL dit *) que „le Roi abattJ°ft" „né par Léopold,& trop foible pour con" „ferver fa conquête, livra la Ville au pli" „lage, qu'il enleva jufqu'aux Vafes oa-, „crés'& aux Châfles des'Saînts, enrichi^5 .„de pierreries; qu'on le vit lui-même „flambeau à la main, mettre le feu à deti* „Monafteres qui refufoient de livrer „tré fors, que le meurtre &: le viol „en fuite les liabitans de la Ville & de * „„campagne, ce qui jetta fon Armée da0 4,une grande difette. " LesPolonois n*en toutes ces iiorreurs ; &. l'Hiftorien Pel* paroître fufpećt, puifqu'on envahifloit Souveraineté de fon pere. Toutes t Nations en guerre s'accufent de cruaute "( les unes les autres ; & dans le tems n-e • me de l'accufation, ceux qui ne font p t fur les lieux font fort embarrafles poU^ démêler la vérité. Qui eft - ce qui Pr s môme, un bien qui fe montra dès p^jUlee ^U!vante. Ces Villes 4é fer tes de-Us u longtemps commencèrent à fe re-JUPler lQus la protećtion des armes Po-01 . • Les villages citconvoifins fe ,a.'irent. Les Marchands Grecs &Ar-qui paûent fans cefle de l' Euro-ent-Cn *"e 'félicitèrent d'y trouver des ieP°ts fùrs. Les Juifs y chercheront ' } Uu atyle. Des Polonois même, je r"e ^es payfans, pour fe dérober a la E z fer- 5» histoire tótfó. feevitude oli la Nobleffe les réduit, virt" rent jouir des droits de l'humanité dai»s la nouvelle conquête. La Pokucie <łue l'on traverfa en achevant la retraite, Pr(*' a ince Polonoife aulii dévaltée que la Moi' davie Orientale, participa aux mêmeâ •avantages. Jean dans cette expédition jouiff°3t: d'une gloire bien rare; il fe trouvoit & bienfaiteur des Peuples vaincus. Léopo* en expofant fon Allié, avoit gardé toutes fes forces pour les employer à f°n propre avantage. Il fentoit chanceler ia Couronne de Hongrie, tant qu'il fl'aurort pas Bude. Le Duc de Lorraine qui ea avoit levé le fiége eu 1684, avoit repr*s fon projet avec plus d'ardeur que la pre~ miere fois. Le Bacha Apte défendoic Place très - forte par elle - même. Le V*-fir Soliman tenoit la campagne avec grande Armée. Le Duc triompha de tout» emporta Bude d'alïaut, & pouffa le Vifir jufques derriere la Drave. Ce homme de réflexion, éprouva ce qu'il a-voit dit cent fois lui - même, que les fuc* ces du fécond rang, n'affurent pas ceu* du premier. Le Bacha Apte ne fut PaS témoin de cette honte, il étoit mort fltr la brèche. Le Prince Eugène laiffoit entrevoir ce qu'il feroit un jour. En même temps les Armées Turque? elluyoient une autre difgrace dan» la rée. de Jean Sobjieski. f K !ef* ^es Vénitiens qui s'y étoient éta- A-1^8" Mis des l' année précédente, s'y fortifièrent par la prife de Caiamata, Navarrin, Modon & Napoli de Romanie *) après *voir battu les Turcs en plufieurs ren-contres. Si Jean n'en avoit pas triomphé dans Cette campagne, il les avoit du moins tenus en échec avec des forces inférieurs. Il fe ren(jjt ^ Léopol au mois de °venibre, où les Ambafiadeurs de Mof-fvie l'attendoient. Les deux Czars w^i & Pierre qui régnoient alors fur un ^ême Trône, dont un feul étoit digne, ^avoient encore rien fait pour la ligue. s vouloient auparavant s'affurer des Vil— e3( & Seigneuries Polonoifes qu'ils te-||0ient en dépôt; Smoleńsko **), Kio-/****), le Palatinat de Czernicovie, & e JJuché de Sévêrie. La Pologne, dans £Qe guerre fi longue, avoit befoin de ^'ces ^ d' argent. Les Ambafiadeuis E 3 ofFl:i- } Cette Ville que Ptolomée nomme Nnuplia tin-parce qu'elle fut bâtie par Nauplio, j de Neptune & d' Amimene, eft un Port Mer dans Un Golphe de l' ancienne Argie, lnnt Argolicur. Les Mofquées, les Synago-les Eglifes Chrétiennes y ont pris la P'ace des Temples Grecs fans chercher à le *mire, & les commerçans de toutes Nations y trouât à fervir Dieu, chacun à leur maniere. •#«n '^e fanée fur le Boryfthène. J.Kiovje ou Kiow, fur le bordOccidsntal du Fleuvç, 5*4 HisToim* 686. offrirent des troupes, remirent un liorcomptant, & en promirent un antre* La ceffion fut faite. Jean, dans ce traité, confulta plutf" Pautorité qu'il a voit acquife par fes j tus, que les Loix. Les terres de Ja H publique ne peuvent être aliénées , par elle-même dans une Diète. { lie furent dans un Sena tus - Confuîte. Lf Polonois en murmurèrent, croyant dai' leurs trop acheter les fecours d'une » v tion qu'ils regardoient alors avec ńlepr1^ Les teras ont bien changé. Ce fiecîe j vû la Mofcovie faire leur deftinée, eI1 Ifeur donnant des Rois. . , Dans la même affembléë du Sénat , Rei fe porta à une autre transgreffio" Q fit pouffer les hauts cris à la Républiq11^ Pour entendre la plainte, il faut fav°^ que la Pologne ne permet rien aux efl fans des Rais qui puiffe leur faire rega* der le Trône comme un bien de fucce , fion, & pour leur faire fentir 1' éga*lt^ Républicaine, pendant que leur pere ent le feeptre, ils font jufticiables du e nat.- Quelques-uns d'eux, comme bert & Ferdinand fils de Sigifmond ^ put ambitionné d'être Sénateurs ; Ie las reçut fous condition expreffe de p1 tsr ferment à la République. Jean, i'oecaiicn dont je parle, tenta bien P .j. jjour le Prince Jacques; il le fît 3,1 ^ur de Jean Sobieski. 53 tur le Trône à fes côtés, en donnant au- Au6Mv dience aux Ambaffadeurs Mofcovites.; C'etoit en quelque façon le défigner Roi, attentat contre la liberté de la Nation. La Reine, dans cette circonftance, s'ar-roge.a auffi une prérogative de la Royauté* La Pologne voulant tenir fes Reines lignées des affaires publiques, ne leur a pas permis de donner audience aux Am-aftadeurs. Les Mofcovites, féduits par les Çarefàs de celle-ci, lui demandèrent audience, & P obtinrent aifément. Ce* ut un mécontentement général: enforte ^Ue perfonne ne goûtoit une joie pure^ ^ae les Ambaffadeurs qui furent traité* 1Vec des diftinćtions extraordinaires. Ils-trouvèrent pas les mêmes agrémens à Cour de Vienne, où ils allèrent ciment ter le traité de ligue. Encore fauvages* al°rs, & fentant les pafflons , fans en eonnoître le frein, ils enleverent de jeu-nes filles; & des peres même vinrent rétamer leurs fils, fcandale énorme dans k^e Cour décente & auftére. Leopold prefla de ferrer l' alliance & renvoya Ces effrénés à leur patrie & à leur® Moeurs, Jean, après leur départ, mêla l'Apo-^°lat à la Royauté. Quoique lé Catho-^cifttie foit la Religion dominante enPo—* J°gue, les Provinces du Midi, la Ruffiei ^oire, la Pokucie 5 la Podolie-j la Volhi--E 4 nie- 56 Histoire A. 1686. nie & l'Ukraine montroient dix Schifr113 tiques Grecs pour un Catholique. I>eurâ Evêques étoient fournis au Patriarche de Mofcovie, comme les Monaftères liens, dont on ies tiroit. Leur dogroe |e plus facré, c'eft une haine immortelle pour Rome. Jean crut fervir Dieu^ l'Etat , en les rappellant à la Communi^11 Romaine. Les Evêques Schifmatiqtie^ S'étoient rendus à la Cour pour des intérêts temporels; il les fatisfit au-de,a de leurs demandes : enfuite il les fit cofl" fentir à examiner le point du Schifa1 J' Des conférences s'établirent, & il y . liftoit pour modérer l'aigreur théol°£*"" que. Les argumens firent peu d'impje " lion fur eux , mais la douceur & la faifance du Roi prêtèrent de la force au* raifons. Plulieurs de ces Pafteurs errant députèrent à Rome pour rentrer dans Ie Bercail de Pierre avec leurs troupeaux. Mais tandis que Jean travailloit p°ur Rome, il étoit à la veille de fe brouiHer avec elle. Ils'agilïpit de fa voir s'il y auroit des Capucins en Pologne; ou dtt moins fi la France auroit le privilège de les fournir, ou l'Italie. Innocent Xl> ne vouloit accorder que des Italiens. s'obftinoit, on s'aigrilToit de part & tre, & cette aigreur pouvoit avoir de l"a~ cheufes fuites; car les petiteiTes des ces deviennent fouvent des affair e S d'état. de Jean Sobieski. 57 Enfin, Capucins pour Capucins, Jean A. 1686.' ailna mieux recevoir le préfent de l'Italie, de relier les mains vuides. p ^ eft difficile de concilier le zélé du ape pour la ligue, & le peu de menale avo^* Pour celui qui en étoit Heros. Il y avoit huit ans que Jean pV°it nommé au Cardinalat l'Evêque de f^uvais, Forbin, qui avoit rempli deux ^Daiïades à fa Cour. Innocent XI, ^Iesj avoir laifle périr prefque tout- le acre Collège, le reffufeita par une pro-^°tion de quarante-quatre Cardinaux, ^ dans ce grand nombre on ne voyoit P°int le nom de l'Evêque de Beauvais: ïlla"ls on y comptoit deux Polonois, auxquels ie n'avoit pas pen fé : l'Evêque ,,e Varmie, Radziowski, fon parent , & ^bbé d' Hènoff, fon Envoyé extraordinaire à Rome. Il eli vraifemblable que e ^ape qui avoit eu plus d'un démêlé a-y?c la France, avoit voulu mortifier Louis 5* V, dans la perfonne de l'Evêque de ^auvais, fans fe foucier du reilentiment e Jean. Jean auffi fâché de ce qu'on donnoit, que de ce qu'on lui refufoit, Voulut pas prêter fa main Royale à la démonte de la Barette. L'Abbé d'Hé-n°ft\ fortant de Pologne pour n'y plus ^ntrer, courut la ohercher à la fource. ette aventure donna naiffance à unç Cottftitution qui exclud les Eecléllaftiques E 5 du 58 Histoire A; 1686. du Miniftère auprès du Pape. L'Evêqi*® de Varmie reçut la Barette fans brun fans éclat de celui-même qui l'app01^ toit; & à peine fut-il revêtu de la pre, qu'il prétendit prendre le pas fur . enfans de fon Maître. Ainfi l' ordonna1 Rome, par l'organe du NoncePaUt^clili' C'eft au liécle de Charles-Quinta les Cardinaux , avoient pris un vol f1^ vé. On voyoit dans prefque tousleSi^ yaumes, un Cardinal pour pre®ier niftre; Xitiunes en Espagne, toujours ve^ tu en Cordefier, mais plus haut que ^ hauteur Efpagnole ; Duprat, en ^ranC^ Wrolfey, en Angleterre; Granvcllc» Flandres; Martinufws en Hongrie» Charles-Quint lui-même, après aV°^ renvoyé Ximenès, avoit pris pour mier Min-iftre fon Précepteur, le ^ar ^ nal Adrien, que depuis il fit Pape, n'ell pas difficile à des Rois fubaltern^ d'envahir des honneurs. La Pologne n ^ toit pas accoutumée aux prétention5 la Pourpre Romaine. Jean piqué au vif défendit au nouve®} Cardinal Radziowski & au Nonce de ^ montrer devant lui,jufqu'à ce que lePaP l'eût fatisfait fur l'Evêque de BeauvaJ » & il fit porter à Rome les plaintes _ ^ plus arrières. La Cour de France y J01^ gnit les Tiennes. Innocent XI? ^e,Sf^. tendit avec joie, fans fe laiffer dfc Jean Sobieski*. 59 jk ce ne fut qu'après fa mort que les A.iégd. ettx Couronnes virent un Cardinal de fjnwjon. Ces mortifications aigrtïïbient des dou- A, ré87- ,ei11s minoient la fante de Jean. Une fneifnue blefiure qu'il avoit reçue à la taiile de Béreftesk , fous lé regne de anmir, lui avoit lailfé des impfeffion» devenoient plus fàcheufes avec Ì' âge. ,,a £> avelie, plus dangérevife , encore "^ertifioit qu'il étoit mortel. Les Mé- ^Clns lui confeilbotent de s'abfteniF dti CjOiTimandernent deś Armées & d' une ap- P'^ation trop fui vie au Gouvernemebt: _ GXirquoi fuis-je Roi? leur difoît - il ; fi '°Us Me guèrijjez, ce ne fera pas dans te-repos. Tandis que l'on confultoit fur fa gué-ri °n ) il apprit la mort du Grand Condè, dès leur premiere jeuneffe, a-fauvé leur Patrie plus d'une fois» ^Voient brigué & mérité la même ^°uronne, ils s'écoient ećrit fur leurs vi-boites. Ces rapports lui rendoient cet-te Perte plus fenfible. Une différence' ^tr'eux, c'eft que Condé avoit qùitté les Cilamps de Bataille à cinquante-cinq a,ls 5 Jean parvenu au même âge, & fen-ta&fc aufîi les atteintes du mal & du dé-pehfoit encore à combattre. ^ 9^ttfca Léopol pour Zolkiew» 6o Histoire 1687. ^ Ce changement lemettoit fur la frontiere , au milieu des quartiers d'hiver, dans une faifon où les Guerriers un peu fortunés ne cherehoient qu' à fe délafler dans la Capitale. La Reine le preffoit de s y rendre. Des députations de la K obi elle, arrivées de toutes les Provinces, appuyaient cette priere. On lui re-préfentoit combien fa fanté étoit nécef-faire à l'Etat, combien la Pologne perdi oit en le perdant. Ces difcours, pu-les flateries pour la plûpart des Roî&t ne contenoient que l'expreJiion de la vérité & du fentiment. Mais Jean n'étoit pas ne fur le Trône ; il en ignoroit la mollefie & les ménagemens toujours trop délicats, fouvent inutiles. Il réil-ila, & il avoit fes raifons. Il craignoit les excuriions des Tartarea que l'hiver n'arrête point. Il falloit rafraîchir & foutenir les polies qu'il avoit établis depuis [le Niefter jufques. dans le cœur de la Moldavie; & il favoit que les chofeS fe font toujours mieux lorfque l'œil du Maître les éclairé; maxime encore P^^ vraie, fi le Maître eft éclairé lui - même. Il étoit encore bon. lvaminieck renfermoit des prifonnier5 Polonois , ou plûtôt des Efclaves dont le fort l'affligeoit. La République avoit auffi des prifonniers Turcs. Il envoya 1 Officier meme qui me fournit ces M&" moire* JEaw SoBriiSKr. , n bVe .H16** des bornes fi étroites au voir ue fes Rois, qu'elle ne leur per- fuiet-^aS ^r» rePre^enter en rachetant leurs J ts. C'eft au nom Hn fZÂnA*oi T fe font les échanges. Dans celui- Cant'f ll0m trouva & place. Les Qen ! s llUe Roi répétoit, étoient des de C arif^ des Pancernes, deux Corps ^es aV t r^e eomP°fée de Gentils -hom-fanc ' 's.'^urcs qu'il tenoit en fa puif-de des Officiers de Spahis, & de sS{aïres ' & ^es deux Bachas, l'un avojg !• ^'autre Caramanie qui Bare Pr*s en 1683 » a l)ata^^e de Crtv, 1 Roi les avoit donnés au ^rand c*f > rai ~ueneral qui attendoit encore leur de 11 **)• Il y avoit auffi dans les fers «l'autre de fimples Soldats, fatl£ echange u' avoit rien d' embarraf- j„ , -es la premiere ouverture, le : ,a Huffein , Gouverneur de Kami- Jleck ^ipr- déclara les intentions du Grand-^neUr. Si ton Maître, dit-il à l'En- » Voy ' — ' ecliange des fimples Soldats , pars, »Vovp c,". „' ", pX ^olonoxs , veut fe contenter de ,je anSe des fimples Soldats , pars, /s ne~les, & qu'on me renvoye les ,Jv P^Iiis & les JanilTaires captifs. Je lui «N „rendrai D"-ipont. I Les deux rançons étoient de deux cents bour-es» la bourfc valant cinq cens Piaftres. Sora-^ toute, 700000 liv. de notre monnoie. & h i s t o î r i A. 1687- „rendrai même fes Gentils-hommesP01^ „de l'argent: mais quant aux „da Grand - Seigneur qui fe font 1*M ^ „prendre, les deux Bachas fur-tout, 'i1 „ leur qu'ils ne fe flattent pas de re^ °! . „la fublime Porte. Un véritable „man , portant les armes , doit peł1^ y,mi 11 e fois, plutôt que de tomber da^ ^ «i'elclavage; & fi ceux qui çomfl#^ „avoient cette fierté d'aine, ceux 4 „obéiffent, fuivroient l'exemple. " La Négociation traîna en longO«ur; Hulîein n'a voit point d'argent à donnef celui qu'il devoit recevoir des fo^i0i n'étoit pas prêt. Il eft naturel de s® tendrir fur la deftinée des deux BaC'!l dont les fers fe reforgeoient, fi 0Î1 g rappelle leur courage dans la fàng^ / journée de Barcan. Ils n'avoient * pris que couverts de blefîures & ép^ de fang au plus fort de la melée. J^ Porte ne fe relâcha de fa fé vérité ^ huit ans après. Pendant cette captivité , le Grand - Général , ^ de leur fort, les traita comnie >e frères. La Loi vouloit une Diète cette ann^ Le Sénat furfit, pour épargner la depe^ fe dans un tems où la continuation la guerre en demandoit tant : »*a's Nation, fans être ailemblée, fe fouleV coHtie Jean Sobieski. Ą uà!!!1"6 IeS ?r°jets du Chef- Dans ]a °am- A. t&?. furer^^111 PréParoit, ^ niéditoit d'af-fant- r a Corî(luetedela Moldavie, enpouf-^oir GS ^r^eS viftwwnfesjiifqtt'à la Mer ternir °U, ^ comptoit emporter les Force niCS -Ie ^'a & de Bialogrod. Sur cont-aU COnven°iĆ5 malgré fon mé-tac] /t\i:etTler{t ^e Léopold, de refter at-qu^ a *a iigue, afin que le Turc atta- ler ri 6 P^us a*^ a dépouil- l0y. Uc<^te de la Pologne. Mais la ł Posanti COnimen^k ^ Soupçonner que ces f0Q st Pr°jets regardoient plutôt fa mai- douf^ e^e même ? & ceux ne s>en qu,U°lent pas, dilbient avec amertume, fer er°it encore plus difficile de confia r ^Ue òe conquérir ; que c'étoit nour-alioU^ Sferre qui ne finiroit plusj qu'on. laift -a ^es ob>ts éloignés, tandis qu'on U P°'lt l'ennemi aux portes de - éto" ^^liq^e, dans une fortereffe qu'il honteux de ne pas reprendre, Jean cesI)0Uv°it Pas 4iiUmuler la juftice de ^ plaintes. Le bombardement de Ka-fe rUecik fut réfolu. La Milice Polonoi-ç^' ^ont la principale force confiftoit en ge^a^erie, n'étoit guères propre aux fié-encore moins à celui-ci, où il s'a-fe ^ d'une Place bien en état de fe dé-Les Turcs, depuis la prife de ^^inieck, en avoient confdurablement S^enté les fortifications j & dix mille h o m- avan9a fur Les Tn ' °U arriva le 10 nW.rcs °nt Une confîance que nous ftie} l0^fS',. ^ace étoit déjà inve-nier's pjj l/s renvoyerent des prifon-rançon°UC\r ' doût°n venoit de payer Ca?, dp ' us craindrions, en pareil la PlałIle^:re a ^couvert les défauts furprire Jl" Les Turcs eftiment que la prudens. " *!eut Muffir contre des gens de Veillé Iria^s cela ne les empêche pas "H s avojCl ^Ux intelligences fufpectes. Religio.^ ia^e l'exercice public de la feryiç „ ^"rétienne dans une Eglifedef-loie^j. j 5 deUx Jéfuites. Ils l'appel-'eur lann ^Uc^e d'IJJèvi > IHevi eft dans *®gard«^Ue le .nom de Jéfys. Les Turcs lâtres:nÌ *es Chrétiens comme des ïdo-pire» ' ^es protègent dans leur Em-abufer ^rote6t£°ri dont- les deux Jéfuites n0js ,eat- ^Ils donnoient avis aux Polo-la pjts ^i%ofitions qu'ils voyoieiit dans cep»-^e' Leurs lettres furent inter-Baclja 1* attendoient la mort. Le en ]e> esfit conduire au Prince Jacques, qu'iJsai biffant, de leurs efFets, tout ce ^oriPOUrroient emporter. Le refte fut juL,6 dans l'Eglife , portes fcellées, ordres du Grand-Seigneur. Cet-lA de Sob< T, III. F te m H i s t o i r e de Jean Sobiesìck & te douceur étonna les coupables & l'Armée Chrétienne, Le bombardement dura fix jours avec isti tracas, épouvantable. Les Afliégeatis tiroieńt avec cinquante pieces de canot' &: feize mortiers. Les Ai&égês répo11' doient avec trois cents bouches à ietf' Le Bacha Hiiffeïn avoit pris toutes précautions neceliaires pour diminué l'effet de la bombe ; & il n'en étoit p'**5 de la Place , dans cette circonftance,coiTi' me au tems ou Mahomet la prit. Elie étoit remplie alors rie toute la Noblef^ de Podolie. Cette No blefie qui crai' gnoit les dernieres extrémités, les ferfl" ińes^ fur-tout & les enfans faifoient retentir l'air de leurs cris, portoient 1* • i żyear & le trouble dans le fein de garnifon, & ne partaient que de ferefl" drę; La Place dans la crife préfente n" i?enfèrmoit que des Soldats* L'Armée Polonoife s'apperçut bien-' tôt qu'elle bruloit fa poudre afiez inutilement r- elle ralentit fon feu, lorfqu'el!® vit les Tartares pa [Ter le Nieller pour venir à elle, & peu de jours après, le Sé-raskier fe préfenta avec vingt-cinq mille Turcs , menaçant de paiTer aulïi. Le Grince Jacques deli roi t paffionnémenC d'en venir aux mains., C'étoit la premiere fois, qu'il commandoit, & il brûloit de montrer Montrer qu'il en étoit digne. Mais \e KaGZT ^raskier, qui avoit déjà fait fes preu-.-ne vouloit recevoir la bataille que-ja néceffité, & voyant l'ennemi s'é— '°igner à une lieue de la Place, il fe con-~ teiHa d'obferver fans pafifer le fîëuve» f Pendant qu'on fe regardoit, le Roi qui* etojt à Jaslowiecz, penfoit plus aux °perations de l'Armée qu'à fa fanté. Il-... ~ n'^Voit pas voulu quitter ce polie afin; ^'être à portée de ce qui fe paiïbit, & d'agir la tête lorfque la main fe- refufoit. Lat P°'ìtion n'étoit pas fans danger. Il n'e-H qu'à dix lieues des Tartares , trou* P«s vagabondes &: rapides-, & il n'a voit-Poiir fà garde qu'un petit Camp de deux -hommes. Ce qui l'inquiétoit le j^Us , c'étoit fa Cour qui Fàvoit fuivi. aUarme s'y étoit répandue au moment JUe les Tartares avoient pafi& le Niefter.., Reine, la Princeffe de Pologne, lat ft^rqoife (je Béthune & les^Filles d^hon-^eUr pouvoient devenir la proie de ces> û&rbares. Toutes-n'étoient pas des fem— tortesi il y en., eut qui tombèrent ^alades de frayeur. Ce ne fut pas la* °eine.. Entraînée par la curiofité, ellr eut l'audace de s'avancer jtffqu'aux bords. IUfleuve: des Bateliers avoient été pris^ jf même jour dans ce même endroit. 11 Envoyé Tartare qui vint ài la Cour-F x 68 Histoire A. 1687. le lendemain , dit au Roi , que feS compagnons ne portaient pas des fon-nettes. Cependant rien ne fe décidoit entre leS deux Armées. On fe canonoit à travers le fleuve avec peu de perte. La campagne s'acheva fans autre exploit que la ruine de quelques maifons dans Kami* nieck & la mort de trois ou quatre cents Tartares, qui donnèrent dans une era-bufcade : petit effet d'une grande caufe. La Ligue avoit des fuccès ailleurs î mais ils ne vinrent pas des grandes forces qui devoient naturellement les produire. Le Prince Galiczin, Favori delà Régente de Mofcovie, Premier Miniftre &c Genéraliiïime, s'étoit avancé, par l'Ukraine , vers la Mer Noire, avec trois cents mille hommes de pied & cent mille de Cavalerie. Celui qui devoit les aguerrir, Pierre le Grand, étoit encore enfant." Galiczin fe propofoit d'envahir la Crimée, cette prefqu'Isle, d'où étoient fortis tant d'eûains de Tartares pour porter la terreur jufques dans Mojfcou. En les exterminant il a uroi t affaibli la Puif-iance 7 urque. Lorfque fon Armée, qui dévoroit tous les pays qu'elle traverfoit, eut pafié la Samara , petite riviere qui termine l'Ukraine, elle ne vit plus qu'un défère fumant de cinquante lieues. Les T arta- de Jean Sobieski. 69 Tartares avoient tout brûlé" jufqu'à Pré-A. 1687. Cop, fortereffe qui défend l'ifthme de la Crimée. Galiczin , arrêté par la faim & ta maladie, vit périr une grande partie de fes Soldats, fans avoir vû l'ennemi. Morofmi, plus heureux & plus fage, avec de petites forces, après avoir pris lçs Dardanelles, Lépante, Caftelnuovo, Portoléone & l'ancienne Attique, ache-voit la conquête du Péloponefe, qui va-loit mieux que Candie. Les bombes Vénitiennes détruifirent, dans cette expédition , des monumens que lés Turcs «^voient épargnés. Le fameux Temple ^'Athènes, dédié au Dieu Inconnu *), fut du nombre. Cette Vilxe, dont les ruines font encore fi refpe&ables ,^Lpi-daure & Corinthe, fembloient fe réjouir de retourner à des Maîtres qui connoif-foient les Arts & les talens. \ F 3 Mais *) Des Savans affurent que l'infcription totale • mìe'Saint Paul avoit vue, étoit celle-ci; Aux Dieûx-de FAJie, de l'Europe de l'Afrique, aux Dieux inconnus y étrangers. Et c eit le lenti-ment très-politif de S. Jérôme, Comm. tn epft. nd Titmn, c. 1. Cependant S. Paul, dans la prédication aux Aréopagites, renferme toute l'infcription dans ces deux mots, tgnotoDto, nu Dieu inconnu. S. Jérôme prétend qui en. ufoit ainfi pour donner plus de torce- a ia prédication. On a de la peine à fe perfuader que la foi d'un feul Dieu eût befoin de ce peut avantage pour être prêché* avec fuccès. 7® H i s t o i r g 1687.- Mais le Général qui portoit les plus grands coups à l'Empire Othoman danS cette campagne, c'étoit le Duc de Lorraine. Ce défenfeur de la Maifon d'Autriche, après avoir défait le Vifir Soli" man fur les bords de la Drave , pris fon Camp tout tendu, paiTé le pont d'Elïek - avec les fuyards, s'étendoit le long tle eette riviere vers l'Efclavonie, fans perdre de vue ce qui reftoit à fubjuguerdanS la haute Hongrie. Agria Cjue les Turcs appellent l'Inexpugnable, pouvoit réfi-fter. Le Vifir voulut la faire ravitailler par douze mille Spahis qui refuferent d'obéir. Cet efprit de révolte, paiiant d'une troupe à 1 autre, avec une agitation convulfive, fit fremir le Vifir, qui chercha un.afyle à. Belgrade. L'Armé® fans Générai s'en choilit un; au liexi de s'oppofer aux progrès du Duc de Lorraine, elle marcha droit à Conftantino-pie pour changer de Maître. Mahomet XV qui avoit enlevé Candie & d'autres Xsles aux Vénitiens; l'Ukraine, la Podo-lie, la Volhinie aux Polonois; la Hongrie à la Maifon d'Autriche, touchoit au moment d'être dépouillé lui-même de toute fa puiiTance par fes propres efcla»-ves. Son regne, depuis la fatale expédition de Vienne, où Jean arrêta fes victoires, n'avoit plus été qu'un enchaînement de di 1 grâces. Lor£- de Jean Sobieski* 7* Lorfque l'Armée révoltée fut aux por- A. 1687* tes de Conftantinople, il lui fit deman-. der ce qu'elle vouloit de fon Empereur. Il s'étoit déjà exécuté, pendant la marche , fur certains points qui excitoient,. depuis longtems, les murmures publics.. avoit ôté'des impôts extraordinaires ^xquels la diliipation des finances 1 avoit forcé; il avoit vendu fes joyaux, reformé fes écuries & fes équipages de chaf-fe y diminué la dépenfe de fes jardins, congédié du Serrali un grand nombre de ^oltanes qui? entraînoient après elles un Nombre encore plus grand d efclaves. IL s'étoit détaché de Kulo gii, paffion que- Li Nature & l'Alcoran condamnoirnt-également: ce Page de fa M u fi que e<.oit veni-comme lui, toujours à fes cotes, plus riche qu'aucun Bacha, & n'ayant pas le tems de défirer. Le facrificôr qui lui avoit le plus coûté, c'étoit de depofer quatre Favoris, dont deux l'avoient ai uè à ruiner l'Empire; les deux autres n a-voient été que malheureux. L'Armée demanda leurs têtes. Il les envoya; cel-du Tefter dar, Treforier de l'Empire;. celle du Giurtimchi-Bachi, Receveur des Domaines? celle du Vifir Ibrahim, dit-gracié depuis deux ans. Soliman, Ion Succefieur, devenoit en ce jour un exemple formidable des revers de la i or tune. 11 s'étoit Ugnale dans vingt combats .y 7% h i s t o i ï ï A» 1687. eftimé & chéri tant qu'il n'avoit pas ett dans fes mains la toute-puiflan ce de fou Maître. Sa tête fut apportée la demie-re ; & les féditieux tout en fe réjouifiant de la voir abbattue, fembloient encore la refpe&er. Jufqu'à ce moment l'Armée n'avoit point franchi les barrieres de Conftanti-nople. Lés Janiflaires montrèrent l'exemple en criant dans les rues qu'il falloit dépofer l'indolent & l'infortuné Mahomet. L'Uléma, c'eft-à-dire, les Gens de Loi & de Religion s'afTemblerent dans la Mofqnée de Sainte Sophie. Son procès s'inftruifit en peu d'heures. H y avoit trop longtems qu'il étoit malheureux pour ne pas le charger de tous les maux de l'Empire. IJ le repentit de n'avoir pas ufé , à l'égard de fes freres, de la loi cruelle de Bajazet; car on rap-portoit au Serrail qu'on penfoit à couronner fon frere Soliman. T1 n'étoit plus tems de s'en défaire. Le Boftangi Bacili gardoit en force l'appartement des Princes. On lui arracha dont les rênes de l'Empire pour les remettre à Soliman qui languiflbit dans une prifon depuis quarante ans. Lorfque le Caïmacan , Ie Shérif de la Mofquée de Sainte Sophie, & le Nalub , Garde de l'Etendart de Mahomet, lui annoncèrent qu'il falloit descendre du Trône, & que tel étoit le vçeu ïi.Jean Sobieski. 73 de la dation, il répondit: La volonté di A. 16x7. Ymi foitj'aite , puifque fa colere doit tom-ber fur ma tête. Allez dire à mon frere l]Me Dieu déclare fa volonté far la bouche a,{ Peuple. On voit, par cette réponfe, HUe ces Sultans, fi defpotiques, recon- fient, dans la Nation , un pouvoir au-. Cour gagnoit tous les jours des^ parti-fans. On crioit que les Loix n etoient donc plus refpeftées; qu'on vouloit donner un Roi à la Pologne, fans fon aveu;, qu'elle ne pouvoit difpofer de fon Trône que lorfqu'il étoit vacant. On menaçoifc de rompre la Diète, & de prendre des* *Uefures visroureufes pouraffurer le Droit G 3 de 78 Histoire A. 1688. de la Nation , 11 le Prince Jacques ne for-toit pas far le champ de Lithuanie. Du~ re extrémité pour le fils d'un Roi à qui i ia Pologne devoit tant î Quand les Puif-fances font obligées de plier fous la volonté des Nations , elles cherchent du moins à pallier ces fâcheux inftans de foibleJTe» Le Prince Jacques eut envie de faire fes dévotions au Mont de Pazzi, célébré Monaftere, & de chafler aux environs de Vilna. La chaffe le conduit liors de la Lithuanie. Cette complaifance de la Cour rétablit le calme; & déjà les délibérations de & Diète prenoient une forme avantageufe: anais la Reine vivement bleffée du refus & de l'affront fait à fon fils, intriga* pour rompre la Diète. Elle fe fer vît d'un de ces hommes qui ont de l'audace, des poumons & une éloquence turbulente ; Dombroski par fes clameurs & un ï^eto ôta l'activité au Tribunal de la Nation. Si 1a Reine ofoittant, c'étoit une fuite de l'afcendant que le Roi lui avoit laifTé prendre. Le Roi, qui n'étoit pas dans le fecret, & qui vouloit mettre en délibération des objets importans pour la campagne prochaine , crut remédier au mai dans un Sencit'iis - Con fuite où fe trouvoit tout 1® premier Ordre de l'Etat; mais le vent de ? la de Jean Sobieski. 79 la difeorde fouffloit de tout côte ; & A. i6g#. d'abord le nouveau Cardinal Radziowski fut la pierre de fcandale. H etoit Sénateur en qualité d'Evêque-, & comme te , perfonne ne lui difputoit fa place au Se-nat ; mais il étoit encore Cardinal, & fous ce titre il prétendoit au premier fauteuil. Cependant les Loix de Pologne ne donnent aucun rang, aucune préféanîe a la Pourpre Romaine ; c'eil pourquoi on ny avoit vu jufqu'alors que trois Cardinaux : un Ofius, un Radziwil, & un fils de Roi, le Prince Cafimir, avant que d'être Roi, s'étoit tiré d'affaire avec eux le mieux qu'on avoît pû. Maie la plupart des Po-lonois penfoient à peu près comme les Grecs au tems du dernier Empereur de Conftantinople : Nous aimons mieux, di-foient ces Grecs, voir ici un Turban qu'un Chapeau de Cardinal. Radziow ski, em-barraffé de fa dignité dès le jour qu'il a-voit reçue, avoit évité toutes les rencontres délicates; la Cour ou il auroi fallu, félon le fyftême de Rome, difpu-ter le pas à la famille Royale ; le Senat où lesEvêques, fes confreres, ne vou-loient rien céder. Il n'y avoit qu'un événement qui pût trancher la difficulté, c'étoit de réunir dans fa perfonne la Pri-niatie avec la Pourpre. La mort l'avoit fervi promptement. L'Archeveque de Gnefne avoit difparu du nombre des vi G 4 vans, Histoir* a. f6«8. vans ? & Radziowski, par la graee da Roi, fe trouvoit Primat, exemple frappant d'une belle fortune. Né d'une Soft ieska , il avoit fait fes études à Pariai oit il etoit obligé de vivre dans une médiocrité bien au-delFous de fa naifïanceï étant donc devenu, après l'on Maître, Ie premier perfonnage de la République, U ne doutoit plus de la préféance dans 1® Senat: mais les Eveques lui objeftoient qu'il n'avoit pas encore reçu fes Bull®5* Nouvel incident, d'autant plus épineu* qu'il étoit imprévu. Après bien de 1» «haleur & des débats , l'Evéque de Cra-© îvie fit fentir à fes Pairs que les Bull®* jegardoient uniquement les fondions Spirituelles , & Radziowski s'affit au premier rang,, où le Roi le vit avec plaifif» comptant bien de s'en aider dans la coii-jon&ure même; mais le Primat, liomme plein d'obfcurité & d'artifice dans fa conduite, le çroifoit fourdement, & les cœurs «toient trop aigris. Au lieu de s'occuper, des moyens de pouffer la guerre avec plus de vigueur, ou de faire une paix avantageufe, les premiers qui parlèrent, n'ouvrirent la bou-«he que pour fe plaindre delapréfomption du Prince Jacques, de l'influence de 1& Reine dans Je Gouvernement, de la réfi* dence fulpećte du Marquis de Béthune es 1059 & 1060. *>e Jean Sobieski. 83 lûi ôterle fien. Elle partit à regret pour A.'i688. Varfovie, pleine de reflentiment contre Ceux qu'elle foupçonnoit d'avoir donné ce coufeil au Roi. ^our lui 5 après avoir calmé les efpritS jutant qu'il fut poffible, il les tourna fur 'a continuation de la guerre ,> pour laquelle on régla des fubfides fort au-def-f°Us du néceflaire; & il mit fin au Sena-con fuite, en proteftant que, maigre e fiel dont on l'abreuvait, il n'abandon-Jer°it point la République, & que la oibleffe de fa fanté ne l'empêcheroit pas coîr.rrandcr i'srméa, çnnteïifc s'il ex-P't'oit en laiflant la Pologne triomphante1 heurenfe. Il devoit être ulcéré contre les S^pieha'î cependant *! honora de j rt fen ce ia pompe funebre du Grand Ecu) r Lithuanie, leur fiere. Les ^clonois font aufli faftueux dans les funérailles que dans les Diètes. Ce faite & toutes les prieres qu'il faut acheter, aUroient donné du pain a plufieurs Gentilshommes qui étoient au fervice du Seigneur défunt. Un grand feftin ou l'on s'enivra félon la coutume termina douleur. En même - tems une feene de joie fe préparoit pour Jean. Vilna, Capitale de Lithuanie, qui n'avoit jamais vu fon Roi, foupiroit pour lui rendre fes hommages. Les u His ToiKj: A. 1688. Les Peuples n'entroient point dans leS démêlés d'Etat. Ce qui les frapp0^* c'étoit la gloire & la bonté naturelle àe leur Maître; & il:; laifloient aux Grands à difcuter fes torts» lî fut reçu iur route & dans cette grande Ville avec ces acclamations, ces fêtes qu'on ne commande point à des gens libres. De-là il fe rendit à Varfovie où laRel" ne brùloit de le revoir autant pour e plai/ir de gouverner avec lui, que Pour l'amour qu'elle lui port'oit. Elle l'enga~ gea à.fouffrir des remedes avant que de reprendre les armes ; elle s'occupa uti mariage du Prince Jacques avec une pu» j' fante veuve que toute l'Europe convoi-toit. C'étoit cette même héritiere de 1® mai fon de Radziwil, que le Prince Jacques avoit déjà voulu époufer en i68°î & que l'Elefteur de Brandebourg ^ui avoit arrachée pour la donner à fon le Prince Louis. Ce jeune Epoux n'avoit guères joui de fa conquête; & la Cour de Pologne négocioit à Berlin pour s erl emparer avec plus d'efpérance quel?PrÉV miere fois. Déjà la négociation étoit avancée, & l'Envoyé de Pologne ecH-voit que la préfence du Prince Jacq11^ étoit néceflaire pour effarer le fucceS» Le Prince vole à Berlin, y entre incogniti s'abouche avec le Minière de France qu1 avoit ordre de fon Maitre dé favoriti* de Jean Sobieski. l' alliance, dans la vue de detacher le Roi A. 1688. Jean des intérêts de la RIaifon d'Autrice. ]j[ voit la jeune veuve dans l'ombre jju-tnyftere. Il en tire une promefle en "onne forme d'époufer dans huit mois, *ernte de fon deuil, & cela fous une pei-bien exprimée de la perte de fes biens. Les préfens de noces font donnés & reÇUs des deux parts. Après quoi il re-Prend le chemin de Varfovie , en s'ap-^audifl*ant de fa fortune. Ce mariage k ttiettoit en pofleiìion de quatre I)u-c^és dans le fein de la Pologne, lui don-*oit des forces perfonnelles , l'achemi-il°it au Trône. La nouvelle, arrivée à Varfovie, reniât la Cour d'allegrefte, le Roi furtout aimoit tendrement fon fils ; & qui ?v°it un fi grand befoin d'ouvrir fon cœur ^ ^ajoie. Courte joie que l'amertume flivoit à pas précipités! ^Tandis que le ^rince Jacques n'apportoit qu'une pro-^effe, un rival heureux époufoit réellement à Berlin. C'étoit le Prince Charles Neubourg, troifiéme fils de 1'Elećteur ^iatin, & Frere de l'Impératrice. L'Electeur de. Brandebourg, à qui Léopoid montroit une Couronne Ro}'ale , avoit ori fé cette trahifon, fi on peut appel-trahifon les niauvais offices que la P°litique_a confacrés dans la morale des Souverains. C'étoit donc encore Léo- poid i Histoire A. i6#8. pold qui croifoit toutes les vues de Jeaîl fon Allié. Ce coup de foudre fut entendu a la Cour de Pologne avec tous les tranfpor':S de la douleur & de la vengeance. D%nS le premier étourdiffement , le Marqué d'Arquien qui avoit quitté la France> fans fe défaire de la vivacité François* propofa d'envoyer le Prince infulte a Hambourg avec le Comte de Malig11/ fon Oncle & un troiiiéme Champion polir y appeller en duel le Rival heureux. ^ Prince Jacques goûteit ce parti: niais Roi conlidéranfc que , 11 fon Fils venoit a fuccomber, ce feroit une perte bien ^" périeure à celle qu'on déploroit; & 3lie dans le cas de la victoire, il étoit douteux que la Princeiîe difputée vou*a époufer le meurtrier de fan mari, écaita cette fcene tragique. Jean n'auroit PaS été ofFenfé dans la perfonne de fon & y s'il eut eu les forces de Léopold ou d. Louis XIV. Il prit le feul parti q11* . reftoit, celui de la foibleÛe & de la l'al~ fon. Il lit examiner la pro m effe de la PrlIV cefle infldelle, & la peine qu'elle ®v°* acceptée. Les Jurisconfultes Pol°n°lS décidèrent que Jean étoit en droit de coti-fifquer tous fes biens. Mais pour Pr0~ noncer la confiscation il falloit Je Tnbu~ nal de la Nation aflemblée; & la Nati°n' en ce moment? ne penfoit qu'à combatif' de Jean Sobieski. i? La négociation de Berlin & la langueur A. i6ôt 11 Roi avoient rejette au mois d'Août °ûverture de la campagne: campagne ^alheureufe. Jean ne pouvoit fe détacher de fes vues la Moldavie & la Valaquie, deux \ °Uronnes qu'il vouloit du moins 1 ailier * Maifon , fi celle de Pologne en for-Ce grand objet lui fermoit les yeux Ur Kaminieck; & la Pologne continuoit es dur mures. Elle mar choit5 pourtant °Us Ces drapeaux, plus conduite parle refpe& qui'eft du aux talens héroïques, par |a convi^tion de fon propre in-er<^« 11 mena l'Armée comme en i6%6. ?a£ fe Pokucie & la Bucovine. Arrivé J ^rérita où il avoit laifle des troupes & v5s ouvriers, il vit les mafures de cette iUe défertes changées en maifons, les Vlllages voifins repeuplés, & les terres j^tivées. Ce fut le feul plaifir qu'il gou-a dans cette expédition. Il fe hâta de P^lfer le Pruth pour s' affurer de la Vaiaci1"1*6 dont il n'avoit encore reçu que des °uttiilïions vagues, confeillees par la jointe. Il n'y avoit encore établi ni po-ni troupes comme dans une partie e fe Moldavie. Il la regardoit pourtant c°tnme une conquête facile. ^lais un événement tout contraire a la ngUe fécherelTe qui avoit tant incombo dé fon Armée en i6$6. le jetta dans un e m- ń "Histoire 'A: i5gg; embarras plus grand. Des ptules al1^ Opiniâtres qu'abondantes, changèrent en peu de jours les ruitleaux en torrents, rivieres en fleuves, & la terre difi°ut„e i & en un vaiie bourbier. Cependant on traîna jufqu'à la riviere de Giocava qu orl paffa avec des difficultés ineroyaWe Mais quand on arriva au Séret, il fut 101 poffible d'en tenter le paffage. On err® fur fes bords en changeant de camp les jours, pour ne pas s'appéfantir dan la fange; &pour diftraire le Soldat d'un® trop grande attention à fes peines, femaines s'ècoulerent dans ce de!Lige * niais le déiuge ne s'écouloit pas. ^eS. Turcs <& les Tartares difoient quele^lC prenoit leur défenfe, & ne fe montrerez pas. L'Armée battue par les éle»isn reprit le chemin de la Pologne en Pel dant plus de chevaux & d'équipage 4U fi elle eut vu V ennemi. La grolle afu lerie fut enterrée dans la Bucovine poU la reprendre dans un tems commode. Les fuccès abandonnoient la Chrétienne en plus d'un endroit. ^ Mofcovites avoient repris leur projet la Crimée, & Galiczin qui avoit rxîaI\'^-cette conquête, commandoit encore pédition. Précop vit deux cents tn1 ^ combattans devant fes murs & quatcn cents pièces de canon. Les Tartaie^ ^ de Jean Sobieskii 8$; durent perdus : mais le Kan ne défefpé» ra pas; c'étoit le brave Selim - Gierai\. ^Ue les Turcs avoient dépofé après la.. J°ttrtiée de Vienne, & qu'ils avoient reji118 far le Trône à caufe de la fupériorité' e ies talens. Il amufa le Général Ruffe' Cri Propofant un accommodement, qui é-Pargneroit l'effulìon du fang. 11 difpu-^ comme quelqu'un qui veut fe rendre cherche feulement à diminuer un1 fes malheurs. Pendant les pourpar— ,ers, délais fouvent funeftes au plus fort, ® ^oible fe fortifioit fur fes derrieres ; & . ^ezin s'affbibliflbit en con fumant fes-Vl^res.j piège qu'il n'apperçut que lorf-U fallut reculer pour en chercher; & atls cette retraite ie Kan tailla en pièces 0ri arrière - garde. C'effc ainfi que la. ru-} & le courage fauverent les Tartares c'ns Wmilier les Mofcovites» Galiczin regagné les bords de la Samara ^res une marche de trois femaines dé-Pfcha des couriers à Mofcou & à Varfo-Je pour donner avis qu'il avoit battu les artapeg ^ qu'il les avoit pouffes juf-^au~delà de Précop. Les deux capi-j es firent des réjouiffances publiques ^°r%i'elles auroient dû fe couvrir de » & le Général, avant que de ren-, Mofcovie, reçut des complimens la Régente, & des récompenses pour n Armée: pratique affez familière à Hifl.ùSob.TJIL H l'Em- p© Histoibe • 1688. l'Empire Ruffie fi on excepte le règne &e Pierre le Grand. / . Les Vénitiens avoient mis le fęge vaut Négrepont, l'ancienne Chalcis dafl l'Eubée. Cette Isle, la plus l'Archipel, leur avoit été enlevée pat ^ ^ homet H, à qui rien ne réfiltoit. fini fe rappelloit les malheurs de feS c " 1 « hraVe toyens au teins de cette perte ; ^ u , ,g Erizzo fcié en deux, fa fille poignar ^ en défendant fa vertu, tout fexe, & tv0^ â^e au - de (Tus de vingt ans dévoues a i. .QfrCS mort. 11 vouloit venger tant d'01ltrc^j & de fang, & rendre à fa patrie fes anciens domaines. Ses efforts îierent; la réfiftançe fut encore P grande ; & fon projet échoua. f ., Il n'y avoit que l'heureux ke0P° ' qui, fans quitter fon cabinet, pouffolt Turcs d'une perte à une autre. Le n0^n veau Sultan Soliman 111, n'étoit paS ^ ennemi redoutable. Il avoit pafie rante ans dans une prifon à méditer ^ coran, & perfonne ne l'égaloit en Pl ^ ques religieufes. Les dévots le loi*01 à l'excès. Le Divan en faifoit cas. Les gens de guerre le inéprii0*e. Sentant du moins fa foibleffe, il al1 à Leopold des propofitions très-ava^ geufes par fon Ambaflfadeur Mauro dato, ce Médecin dePadoue, dont ^a.P!ce miere maxime en négociation > étoit ^ 1 de Jean Sobieski. 91 *^°t du Poëte Sciadi ; qu'un menfonge qui A.iSiì JQiï l*affaire, vaut mieux que la vérité qui ' ^brouille. La maxime , s'il l'employa atts cette occafion , ne lui réuffit pas. e°pold rejetta tout avec fa hauteur ordire que la profpérité augmentait en-^0rf- Il n'étoit pas plus guerrier que °^man: mais avec une profonde police 5c de la fermeté, il trouvoit des Gé-neraUx dans tous les Princes de l'Euro-j6' Il tranfporta fa faveur du Duc de °rraiiie au jeune Electeur de Baviere, j0tlt il venoit de faire fon Gendre, li ,? chargea du commandement de l'Armée de Belgrade. Cette Place irn-P°i"tante fut prife d'afiaut à la vue du Vifti:. . Léopoid étoit à la veille de chaffer les X de l'Europe : mais il entreprit trop j 'a fois. Il entra, contre Louis XIV ans la fameufe Ligue d'Ausbourg, qui Partagea fou attention, & fes forces. ette nouvelle Ligue mit Innocent -Xi, ^'ls un cas fmgulier. 11 bénifibit de la eiïle main les coups portés au Turc, òc qu'on préparoit au Roi Très-Chre-ler1. Il devoit être étonné de fa fortu-e> fils d'un Banquier Milanois, il fecou-contre les Turs l'Empire & la Polo-de fon argent, les Venitiens de galères; & s'il fut bravé dans Rome ■ par Louis XIV, ce ne fut qu'après *v°ir eu la force de l'outrager. H a Loui* \ ?z Histoire A.ì.688. Louis XIV. de fon côté travailloît pî|iS que jamais à détacher Jean de l'alliant^ de l'Empereur^ tandis que Jean croy01 avoir une raifon pour s'y attacher p'n* fortement. La prife de Belgrade av4 Histoire 1689 que en'avoit de fi grands à traiter. cepteroit - on la paix particulière °jJC] ^ par le Turc, ou continuerait-on fa guet1 avec plus de vigueur? Ceux-ci vouloi^ la paix; ceux-là s'échauffoient pour a guerre. Ce dernier fentiment écoit ce lui du Roi. Mais une autre difcum011 vint fe jetter à la traverfe. On prochoit le Traité de 1686. avec la ^i0 " covie. Il lui avoit cédé deux VilleS ' Ulj Palatinat & un Duché. Cette ceiîion q11 enlevoit des biens certains pour des a van tages incertains, n'avoit été faite qu®, l'avis du Sénat. 11 fall oit que la D^te ratifiât; le devoit-elle contre le ^ieîl commun *) ? Ce reproche fait au Roi lui en art' fubitement un autre. La Reine pa#01 toujours pour l'avoir pouffé à tout ce^e la République pouvoit défapprouver. ^ Palatin de Pofnanie, Raphael Lefczins'■*» grand par lui - même **) , plus grand en core dans un Fils que la Pologne a !*_ grette & que la Lorraine adore, ne c'a! gnit •) Załuski, tom.2. pag. 1135. -trance **) Son mérite fontenu d'une iUxiltre nVy ue, l'eleva aux grandes places de la RéPu '>trê Il fut Maréchal de la Diète de Lig"e c, le Turc, en 1683. Ambafladeur à C°n , ja nopîe, Grand Tréforjer, & Général ■ ^ Grande Pologne. 11 avoit époufé la . , paj Grand - Général Jabłonowski. Tel étoit ra du Roi Stanislas, DE Jean Sobieski. 95 ** déplaire à la Cour pour fer- A. int ,a .P^ique. 11 favoit que la Reine jesri^Uo^ fortement pour remettre fous bip ^eax ^i^te la coniifcation des ns de la Princeffe de Neubourg, que-fe°n portoit le trouble avec elle. Il Rej Ut ^ur ^°' ■> ii s'expliqua fur la ne- H dit: „qu'elle avoit une ame " des connoifiances au - deflus de 1*0 n % iexe; mais qu'elle étoit au ni- yy y A«ji-i ( . 1 5 par l'intrigue & les détours. 'n' ^"ert i'efprit, ajoûtoit-il, s'il " a^oiitit qu'à femer la difeorde dans " °'is les Ordres? Elle fe plaint fouvent ;c: u ^°iblefle de fa fanté; elle la doit, " Lt;e ^'° i bielle qui nous afflige, à fa trop "hrande application aux affaires publi-' Ues, dont l'Etat la fupplie de fe dif-^gtl^er- " La Reine venoit de perdre V'il C°n^-dente dont la mort réjouiiToit la Par 6 ^ <~our m^me* Le Palatin n'é-Ve,gna pas fa mémoire en lançant denou-1ï1q-Ux traits fur la Reine *). 11 y eût eu £e!ns de danger à offenfer le Roi que la jjj i.lle qui difoit hautement qu'elle n'ai-^ . pas les difeurs de vérités. Mais les ve°f en Pologne mettent les Sujets à cou- ^ la colere des Princes. ^ eft ainfi. que les féances s'écouloient tre^ Un PaiTaSe rapide d'un objet àunau-» fans s'arrêter fur aucun. Ces dif- fen- J Załuski, tome 2. pag. 1104 8c 1147. $6 Histoirb 1689. fenfions publiques en occafionnoient dafl-» la vie privée. Il y eut des duels. Comte Vielpolski appella l'Enfeigne ^ Cracovie; celui-ci refufa, non faiite _ courage ou par refpećt pour les L01X vines & humaines: mais c'étoit le Satf*e di, jour particulièrement fêté dans la Votion Polonoife. Cependant la Diète continuoit, ^ fans fuite dans les idées. On vavoit 1® fufé d'écouter le Roi fur les intérêts de * maifon ; & il fut obligé avec tous les dres de prêter l'oreille à un démêle paj^ ticulier entre deux Evêques. Celli1 Culm, Cafimir Opaliński, déraifonna Ion guement; & prétendant que le Roi ne ^ étoit pas favorable, il lui dit: ou ceJjeZ régner, ou régnez juflement♦. Tous confreres &: le Cardinal Primat lîiar^U^e rent fur le champ au Roi leur regret cet emportement. Le Palatin de Maczinski, fans difcerner les "in°Cn-nr du coupable, s'écria qu'il falloit cba ^ du Sénat tous les Evêques & leS ' n (i 1 ? voyer à Rome. L'un d'eux lui rep011 g „nous fommes Nobles Polonois avant q „d'être Evêques; c'eft par la „qualité que nous tenons à la çe„ „aulïï effentiellement que vous. L „.conde nous établit vos PafteurS^ „veau titre pour nous refpe&er. J querelle s' éciiaulToit. Le Roi oub ia^ Jï an Sobieski. 57 I"* le moment la fienne, s'occupa de A, & l'affoupit. Mais le mot de ccenr^f^ CuJm etoit un Polds lur f°n que, ' . ex:^eoit qu'il défavouât publi-en J'e'lL I0n ^niu^e interpellation & qu'il T)orhoetllan^a^ Part^on> comme d'un em-ClHie 1Tient 0u 'a réfléxion n'avoit eu au-dp^0 Part; Quelques Sénateurs avoient di(T n?'ne Ie ^rélat: beaucoup plus le ÇorUarent- fut alors que Jean en-Uom/nUS t0Uc^^ l'ingratitude du grand qUa re'l116 de l'outrage d'un feul, mar-(je llUe envie d'abdiquer, fe fouciantpeu toitc°mmander à des hommes dont il n'é-enp P-b aimé *). Ce premier mouvement, gée^ *:i:oul)le °ù ^OIÏ anîe étoit płonią ' diiîlpa comme une vapeur, & fiou;que de Pofuanie, pour faire diverga* * tan^ ck°cs> rendit compte d'un la' f commerce propofé par les Hol-s. . ,s; pour le bien de la Pologne. Il f^°it d'ouvrir de grands débouchés à bieds; l'un des plus grands avanta-es qu'une Nation cultivatrice puifie fe a °cUrer. Dans ces derniers tems , U Gte prouvé dans le Parlement d' Angle-re que l'exportation des grains avoit u en quatre années cent foixante dix p^ons trois cents trente mille livres de rance. Il eft,vrai que la Pologne n'a point 'Załuski, tom. 2. pag.noj. %. de Sob. T. III. I 58 Histoire A. 1689. point de Marine^ mais la Hollande la fienile. C'efl ce que repréfentoit ^ vêque de Pofnanie ; mais il y avoit d'agitation dans les efprits, qu'ils luren bien vite emportés ailleurs. » t Le feul objet qui parut les fixer, ce le jugement d'un Gentil-homme nien. Ly fiński (c'étoit fon 110m) ^ des Jéfuites vivofc dans le commerce lettres, fe communiqu-ant peu, & ,te du bien. Ami de la vérité dans le cU ' il avoit jette du ridicule fur quelques perftitions Polonoifes. On lui eut être pardonné cette hardieffe: mais 1 ^ voit une fortune confidérable ; & Ie lateur, félon les Loix, devoit lapalta ger avec le fife. Un homme en chaf^» Brzoska, l'accufa d'Athéifme. Le P ^ fort témoignage fut une note de la H1' de Lyiinski dans un livre fur l' ex.tâellC de Dieu. L'auteur Allemand de çet vrage, avec la meilleure intention prouver une vérité qui n'eut jamais foin de preuve, la détruifoit. Lyiin appercevant la fauffeté des raifonne"îe avoit mis à la marge, ergo non efl Jç / donc il n'y a point de Dieu. Les ques , depuis la derniere nomination Cardinalat, prenoient du goût polir c dignité. Celui de Pofnanie .cherchait occafion de fe rendre agréable à R°n Il crut l'avoir trouvée. Il failit aC<' fation» DE Jean Sobieski. 5^ ^afci0n' ^ remua toute la machine de laA.-itSS/ J 'S0 ' !e Corps Epifcopal fur-tout; & £> inski, après avoir été fouetté par un fu^k Ue> ^ a^ious pour l'autre Monde, 1 ule dans celui-ci. Le décret de bl°r ^ ^orto^ ( ci1ofe fmguliere ! ), que le ema^ellr av o^ non-feulement nié jj.*,1 teilce de Dieu, mais encore la Trine h ^6S Per^onnes 1 & la maternité divi-c] ,6 ^erSe Marie *). Différens fié-°ient montré en Pologne des Gen-afT p lTles perturbateurs, raviffeurs, . lns > incendiaires ; mais comme la V01 ne permet pas d'arrêter un Noble a-qu'il foit condamné, les coupables lent toujours eu le tems d'échapper f Wice. La Loi fe tut, & Lyfinski Vq arrêté auiîitôt qu'accufé, Rome, en rihfailt Proc^dure , dt-fapprouva ce ter--e décret, & le Roi fe reprocha plus ,i,tìtle fois de n'avoir pas arrêté ce zélé dorant. comptoit déjà trois mois depuis °Uverture de la Diète; & 011 n'avoit ter-. Ule que cette affaire. Lorfqu'on vou-t reprendre celles qui intéreffoient la Royale ou la République, la fa-, l0ri de l'Empereur fufeita le Nonce Sul-j^Vski, qui protetta & difparut. La le^e fans activité fe raffembla le lende-t I a main ; ^ Załuski, tom. a. pag. 1120. ïoo Histoire 1(539-main; & ce fat députation fur deptiâ, tion, pour ramener Sulkowski. ^e . lui-même le fit chercher dans la mą^otł du Grand-Général de Lithuanie, Sapie f» où l'on favoit qu'ils avoit paiïé la 11 ^ • Sapieha répondit féchement qu'où ne , avoit pas donné Sułkowski en gar Cette réponfe apportée à la Diète affllge^ Je Roi & tous ceux qui aiir.oient la . trie. Le Grand-Tréforier de Lithualll^> frere du Grand-Général parut touche, vouloir remédier au mal. Il quitta 0 ^ fauteuil & fortit en difant qu'il ne i'e^ treroit pas fans ramener Sulkowski rendre l'aètivité à la Diète. La Diete fpira: mais ce fut pour tomber dans « ^ convuliion mortelle. Le Grand ricr lui-même ne reparut plus, ke itełian de Samogitie fit une derniei'e tative, il fe leva & paflant du C^Q, ^ Dambrowski, Nonce ou Tribun acCie {je té, il le conjura au nom de la Pdt^ie . refillfciter la Diète, en lui rendant ^ kowski, fon collègue & fon ami-nom de la Patrie, reprit le Tribun : 1 . au nom du Roi; vous ne connoijj'ez ent auteurs & les victimes,. ils n'r °rî"Uen^ Pas de leur pays, & la ligue .n tlra aucun fecours. Nouveau cha-CQln P0111" Jean, qui fe voyoiten bute aux, rcg111 t tùUÌ°urs renaifìantes des Tarta-r 3.' calamité plus grande lui déchi- e cceur. L'un des dix fléaux miracu-^llx qui défolerent l'Egypte au tems de °yfe, fe renollveiia dans la Pologne* JL/0ç« ^ / . "Uees de fauterelles, apportées par Vent d'Afie, fondirent fur les campati ? ' ^ Jes couvrirent à la hauteur d'un r-se • Elles étoient d'un noir foncé. Pa-^ d'autres capitales de l'Europe, qui reÇUrent dans des boè'tes, admiroient. lap lon§Ueilr & leur groffeur, tandis que le oi°gne en étoit dévorée. Les prés, 5 Coiffons, les fruits, l'écorce même arbres, tout fut la proie de ces infe- ef Voraces qui ne périrent que deux t 0ls après leur arrivée, au premier froid*, cadavres, (trille dédommagement.) Staifferent la terre pour l'année fuivan- 6 fut très - féconde. X 4 Celle- ï©4 histoire A-*689. Celle-ci s'étoit écoulée dans la douleur, plus encore pour le Roi que poUr les fujets. Une Diète, où toutes fes vue* fivoient été trompées, Kaminieck nian quée, la difette, des faćtions qui s minoient, la diffenfion dans tons les Ordres : fon aine s'aigrifToit dans l'atneitu me. Les foupçons s'y accumuloient le potdrerent à un attentat qui pafl®1"01 ailleurs pour un droit de la Couronne-Le Grand Chancelier, Wielopolski, c'-01 mort après bien des conférences (eciet tes, avec une faćtion oppofée à la Des bruits avoient tranfpiré que les 5>a-pieha penfoient à détrôner leur bien 111 teur; & que le Primat RadzioWSki efl-troit dans le complot, auffi bien que w*?" lopolski, tous deux parens du R°** ïl 11e dii oit point fur quelle tète on voulo^ fise tire la Couronne. Ceux qui fe P1 quent de tout deviner, alfuroient q11^ l'intention des Sapieha étoit de la Pjace dans leur propre m ai fon. Leur a voit déjà quelque cliofe de Royal; une garde nombreufe & un cortège qui eva' barrafloit les plus grandes rues. qui 11e leur fuppofoient pas allez dam * tion & d'ingratitude pour convoiter ^ Couronne, feperifuadoient qu'ils pell^0l^?e du moins à en détacher pour toujours grand Duché de Lithuanie qu'ils gon ver-noient preiqu'en Souverains. de Jean Sobieski. 105 , Jean comptoit développer le myftere A. i6gj. papiers que le Chancelier avoit 1 es en mourant. Il envoya le Prince ^zartoriski pour y fouiller. L'illuftre euve refufa l'entrée de fon Palais, in-. oqua les l.oix & l'ainftance des Grands. ^ tUat^n de Siradie lui prêta fa voix & P ume. Le nombre des oppofans grof-Jean arrêté par la clameur publique teVecn*Uit que de la haine, & quand ^ jl e{\(- réuiii à forcer le Palais, il ceeiUt,rien trouvé, parceque le Chan-t°utb approcher fa iin a voit réeHU/e^e> confplration étoit-elle riér^' ^ trouve là-deffus des contra-^oìm* C'anS ^es Mémoires. Un Hittorien fait ° k°rner à dire précisément ce qu'il ^ > au lieu de deviner ce qu'il ne fait due' en ^°*t' comme tout ^r" inf ?art*Cu^er paffe en Pologne po-ur un Ornent de tyrannie, on accufoitleRoi ,tGndre au defpotifme. 11 lui en échap-^,0l,t quelques traits. Mais fi cette p affi o u tellement tourmenté, auroit-il con-, q 1*® tant de Diètes? Il n'ignoroit pas f^ toutes les fois qu'une Nation s'af-jj )e 5 elle eft au-deiTus du Chef. Mais ^Pl'éférolt la République à fon autorité. règne n'avoit vû la Nation affem-lefc0îlUfli fonvent, non-feulement dans • Comices ordinaires qui reviennent 1 5 tous iefi Histoire A. 1689. tous les deux ans: mais encore dans extraordinaires que la Loi n'ordonne pa^* Telle fut la Diète de cette année. s'ouvrit le 18 Janvier. A. 1690. L'objet capital dont elle s'occupa fula paix particulière que le Turc ne ce -foit d'offrir à la Pologne: Réfléchirez difoient au Roi ceux qui la fouhaitoien^ „ réfléchiffez fur vos tentatives inutili „contre Kaminieck, fur vos expédition® „ruineufes en Moldavie, fur l'impoiB^j1" „té de lever de nouveaux fublides, ^ *fept ans de guerre qui ont épuifé la P°" „logne pour faire triompher la Maifo11 „d'Autriche. Les alliances ont enfin des „bornes. Voulons-nous imiter les Jf* „guntins qui s'enfevelirent fous l' „des Romains? L'Empereur manque l^1-„ même à la Ligue en lui fourniffant „de troupes depuis qu'il s'eft armé con-„tre la France. EU:-ce notre faute s 1 „ne vent point de paix ni vaincu,ni vainqueur? Qu'il faffe donc la guerre avec „tes propres forces, ou qu'il nous „nifìe les moyens de la continuer *)• La Pologne étoit effectivement dans l'impolîibilité de foudoyer fes troupes» Innocent XI étoit mort:' & on ne favoit pas fi Alexandre VIII, fon fuccefleur, voudroit, comme lui, employer les xe" ? * ' venus *) Załuski, tom. 2. pag. nj?. Jean Sobieski. 107 penu.s de l'Eglife à l'humiliation de la A. 1690. uuù-nce Ottomane. ^ Jean frappé des raifons pour la paix , ^ouvoit dans une grande perplexité : ^'s 1 Empereur le tenoic attaché à la Li-v e par (îe grandes efpérances qui pou-Çoifnt etl^'ln réalifer. La faćtion Fran-e5 en ne parlant que de paix, &grof-de moment en moment, fembloit décider. Trois François ani-^ leut fecrettement cette faćlion : le ^ai4uis de Béthune, l'Abbé de Grave}, ^ejjU (-'00leiller au Parlement, Caiìiet de j^a Chambre des Nonces, gagnée par çjj0P°M & Jean, étoit pour la guerre; ^ e Pouffa des cris contre les trois Mini-q es de France, les plus violens contre On l' avoit déjà prié de quitter ^/°logne; il s'obftinoit à refter. La ^.ePublique lui ordonna de partir; il n'en ler^aS ComPte- ^re» Par «j , rand Tféforier, que s'il ne partoitpas ei'oit cité en jugement ; il éluda la me- f Ce en cherchant un afyle dans uneMai- Religieufe. La Diète le fuppofa par- $ ' rxePrit fes délibérations & confentit en- J? a îa continuation de la guerre *>. Il , rare que la Nation affemblée n'enfan- 6 ^Uelc^e nouvelle conftitution. Les Lits ■ ) ^t>id. pagas Ii6s & 1163. io| Histoire A. 1690. Lits de Êfujlice ne regardent point les af* faires publiques en Pologne» Il *ut tué que dans toutes les Diètes à certain* jours, le Roi prenant la place de Juge la Loi à la main , prononceroit fur leS caufes des Particuliers. Tels font leS •jLits de ofujiice, ou , félon l'expreffion P°' lonoife, les $ugemens Comitiaux dans Royaume, Avant Etienne Bathori l'écabliiiement des Tribunaux fédentai" Tes, le Roi jugeoit fon peuple en Pa[~ courant les Provinces. Henri de Val016 s'en étoit bien-tôt rebuté: Par mci f°h difoit- i î, ces Polonais - ci me font faim $ u g e & le ç/furij.'confuite : ils voudro^ bien-tôt encore que je faffé le métier vocat. ]1 oLiblioit que les premiers R°iS furent Juges. C'efl la coutume de terminer la Pie'70 par un difcours d'Adieu au Roi; 'eio»0 plus ou moins hyperbolique. Les grau-» des qualités de Jean fauverent bien des menfonges à l'Orateur: maïs il débita beaucoup de faufletés fur la tranquilli pré fente de la République , dont il lai)01 c honneur au Roi. Les faftions conti-nuoient, & avant même la fin de la te, l'Armée s'étoit confédérée. H étoit dû plus de vingt millions; elle déclara aux Généraux qu'elle ne niarcheroit pas fans être payée. Heur eu fe encore la République en ce que le Soldat, faSe *> e J e a uf Sobieski. 109 la révolte même, ne menaçoit point A. 169®. * exécution militaire *) ! Cette confédération caufée par la di-®fcte d'argent, mal fort ordinaire à un . tat fans commerce, anéantit tout projet (ie campagne. On fe contenta de te-hx}' ^es troupes fur la frontiere, pourem-Pecher les iftcurfions des Tartares, ra-qu'on n'évita pas entièrement. Ils jurent jufq u'aux portes de Lublin dans Petite Pologne ; & fans un efpion, le ^0l couroit rifque d'être pris **). Ces ncurfions réitérées étoient les trilles ÌUlts de la crife où l'on fe trouvoit. 1 ,fs loupes mal payées, mal vêtues ou-Jent leur devoir & leur valeur. Les efs frappés de leurs juftes plaintes Cljaignoient d'ufer de l'autorité; ilsn'em-Ployoient que l'exhortation. Les Evê-^Ues s'en mêloient en qualité de Séna-Celui de Culm, Oliowski, prit °n texte dans le mécontentement qu'on j!oit des Mofcovites. Membres de la 'Sue, c'étoit à eux d'agir contre l'enne-111 commun , lorfque la Pologne ne le P°Uvoit pas ; & leurs épées reftoient .>aJ)s 1® fourreau. Oifowski dii'oit donc o Artnee ce que Marins avoit dit à i es °ldats qui demandoient de l'eau : Il y en ) ïbid. page 1187. **) tro Histoire A. 169c~en\a dans te camp ennemi, & vous JM* Romains. M II y a de l'argent chez Je* „.MoI'qovîtes, & vous êtes Polonois. ' Ce trait d'éloquence ne produifit & ne devoit produire aucun effet. Mari^ touchoit le camp ennemi : les Polonoi» etoient fort éloignés des Mofcovite£* & ils ne marchèrent ni à eux, ni au* rr* ' 1 urcs. Ce qui "avoit retenu les Mofcovites dans l'ina&ion, c'étoit le bruit de cette paix particulière dont la Pologne s'occu-poit. Ils craignoient de relier en pt'oi0 aux Turcs & aux Tartares. Le jeune Czar Pierre, feul alors fur le Trône dont Ion aîné n'étoit pas digne, favoit qu'u11 Chiaoux *) du Grand - Seigneur & 1111 Envoyé Tartare étoient à Varfovie. Grand de fa Cour y éclairoit les démai'-cliës de la République. La Ligue Chrétienne, depuis fa naif-lance, en 1683 n'avoit pas fenti une langueur pareille. Les Polonois n'entre-prenoient rien , faute d'argent. Mofcovites fe tenoient chez eux pai' P°" liti que. Les Vénitiens faifoient quel- ques O un Officier de la Porte qui fait l'O®^ d'HuifTier: c'eft comme un Exempf aes Cj.ii-des en France Tels font les AmbaHacietirs que le Grand - Seigneur envoie aux autte Princes. de Jean S-obtes'ili. wï ^es efforts dans l'Archipel, mais trop A.1 °ibles pour fe faire craindre. Morofini, dont la préfence étoit plus néceffaire en-c<>re -a Venife depuis qu'il étoit Doge, ^ anirnoit plus la vi&oire. L'Empire étoit otl%é de faire face à Louis XIV. Les Turcs moins preffés de toute part, 7e animés par la France, au grand fean-a^e de Rome & de la Ligue, s'étoient ls en campagne de bonne heure. Ils ^rQient à leur tête Mujlctpha Cuprogli, Us > petit-fils de Grand Vifir, & parve-lui-même à cette premiere dignité: ! ne refpiroit que la guerre, blâmant °ute proportion de paix. Il avoit com-^ eric au hazard d'être bla-PoinM ^ r"mPereiir' Jean ne trouvant vaut a ^UItl'ereQu'il cherchoit, & s'éle-les / a,u-defFus des foupçons, fufpendit rènt^665' Les deux Miniftres s'engagent ' ?ar ^cr^t) ^ ne P°'nt s'attaquer ils feroient en Pologne *). fire^ ^aVers ces démêlés, les Tartares ^uff Une lrruPtlon °ans Ie l'alatinat de ges le' °ù ils brulerenfc cinquante Villa— pa ,fPPai'tenants au Roi. Les biens des ^at''CU^ers ^urent épargnés. Cette affetti °n ^re (lue c'étoit le fruit des m-I Sues de la France pour forcer le Roi à a Paix. n ^ ependant Thun avoit /inftruit Leopold (j Cf ^ui fe pafi'oit entre Béthune & lui. ^ eVenement aggravoit encore fa plain-Un Courier, qu'il avoit dépêche a K 3 Vien- ^ ibid, page 1220 & 1221. ii8 histoire A. 1691. Vienne, avoit été dépouillé en Połogu®» & attaché à un arbre, violence qu on a tribuoit à la faftion Françoife. Leopp en deinandoit la punition , Tans quoi fupprimeroit la porte qui étoit pins a^allg tageufe à la Pologne, qu'à l'Empire-procédé de Béthune l'irritoit bien dav^fl^ tage. Après avoir rappelle fes ancie^ nés plaintes contre lui; „la révolte „Hongrois qu'il avoit favorifée, ^eP01 „fon de la défiance qu'il avoit toujou1^ „fetr.é entre les deux Cours, il et „étonné de le favoir encore en Pologn®^ „qu'il auroit dû quitter dès le mois de „vrier en vertu des pactes matrimonia j „J'ai bien voulu fermer les yeux fllj „délai , en confidération de la Rcin „dont il a l'honneur d'être allié: 1T1^ „enfin ma patience eft à bout, & ^ ^ „audacieux, qui ofe braver un M'11' „Impérial, ne fort pas inceflamment ^ „Pologne, je rappellerai mon Amba „denr. " Le Comte de Konigffk, H expédioit la dépêche ajoutait de fon C que la Reine de Pologne étoit dans reur, fi elle fe flattoit de tirer 3 . ^je avantage de la Cour de France , al£ depuis longtems par la Ligue Chrétie &. tout récemment par le mariag ^ Prince Jacques; que le feul Partî P elle & pour fa famille, étoit de fe tol\e ner entièrement du. coté de la C°ur Vxen«e) i>e jean sobieski. 119 ^ienne, & qu'il étoit de fon intérêt de A, 169t. e bien perluader au Roi, Jean, trop engagé avec l'Empereur P°ur regarder en arriéré, cherchoit à le ^tisfaire. Louis XIV trancha la difìieul-n' Marquis de Béthune fut nommé ^ n';adeur en Suede, où il mourut au ^Ut dé quelques mois, fans avoir joui c S fortune proportionnée à fa naiffan- gne l0tl a^''auce avec Ie de Polo. ^ e> aux emplois qu'il avoit remplis, ni Vées^lens. Dans le peu de tems qu'il ìeiv.Ut a Coût* de Suede, il gagna tel-fes ?Ut !e Cat>inet » Un jour il lui échappa de dire en du Prince Jacques , dont la mine pas aiilïï avantageufe que celle du }-01 ' portoit l'exchtfiou de la Con-^He Jur Jon vifagc. Le Roi, qui ai-°lt lui-même les bons mots., ne s'étoifc pas. i-ib HiSTQIRB Ì6$it pąs offenfé de celui-ci, comme ii; aUl"0^ pù le faire; & c'étoit à regret quii ^ facriiìé Beduine à l'Empereur. 1 IjI' L'Empereur étant appaile, & a ftion Françoife affoiblie, les fêtes < 11 ^ ^ riage repèenoient de l'éclat, lorfquete< Difcorde entra dans la Mai fon La Reine, toujours dominante cœur du Roi, voulut faire fentir l°a ^ pire à la Princeffe de Pologne. ne- n'eut pas toute la docilité que la .ta„ mere exigeoit. Le Prince Jacques P' -gea le mécontentement de fa jeune ep ^ le, & un autre chagrin, qui lui etoitP fonnel, le dévoroit. Le Prince Alexandre, fon fi'ere \ ^u-toit de l'enfance, & commenço^ a vrir les yeux fur la fplendeur du Une premiere fleur de jeunelîe, une P ^ Honornie ouverte, une figure fêduy un air noble, des mœurs douces, ^ gagnoient le cœur de la Reine , ^ Reine n'oublioit rien pour ïen%£t\0xi core plus agréable au Roi. La y ' " ^ mêmele regardoit déjà avec compi®1 ,l & cette Nation fait fes Rois, Il ^ aV je même une expreffion qui couroit ^anS Royaume: on appelloit ce cadet, du Roi, & Tajne, celui du Grand-1 chai. D'ailleurs , comme on avoit vé dans les prophéties Polonoifes la D E J E A N Sobieski. m r!nC^' pour d^fignér le Roi $ean. On A.1691. ccetu1ra^ttee^'pourffiar£1uer îiïj^6 ^1 'uce Alexandre fut donc un rival Wie X* d? Prì-nCe JaC(lues » & la Ja- i3 t • celui-ci s'envenima, lorfqu'au £^tant Varfovie, em-, nis 11 chéri pour le montrer à Pend166 ^ ^ormer aux combats. Ce-gé i.ant / au§ufte pere n'avoit pas négli-avec Tv • ^ łWt invit^ a Suivre droit- * rinceffe de Pologne qui atteri-Com Qar\s Ie Palatinat deRuffie, dans la DpHva^n^e Reine, le retour, de l'ex- rcflition T t. . t f de t Prince Jacques mecontent pond'Ut ce moment trouble, ré-1 qu'il n'expoferoit point fon époufe aux *) Ł la°p • e Trône fut vacant, les Partifans de Iq ,ln.e Douairiere ne manquèrent pas de fai-AîV. °ir cettc A., en faveur du Prince „ ^Xa}ndve. La faction du Prince de Conti e "-4 embarraffoit, difoit que fi le Prince anÇois n'ttoit pas Alexandre de nom , il l'é-1 |3ar fa valeur. On fait que ni l'un ni l'au-^ n 'a vegné : ce fut Angufte, Electeur de Sa-j ® ' & fi la prophétie s'en étoit tenue à la c^e conferveroit encore un air de ei,té: mais elle ajoûtoit un arrêt effrayant, ""««r brevi, il mourra dans peu. Augufte a e£né trente-fix ans: terme a (Te z long pour j n Roi élu à l'âge de vingt-fept. Malgré ce-> on débite encore en Pologne que la prophétie étoit bonne, ainfi que toutes celles qui gardent les Rois à venir. % deSob. T. III. L Ii* H I S T o I R E aux duretés de la Reine; & que pour Ifj étant fans revenus, il ne pouvoit ( aux dépenfes de la campagne. Il ta'ii° la vraie raifon. Le Roi qui auroit Puv0^ donner ne fat que pere. Il le laifia a propre volonté & partit. |id Le lendemain le Prince Jacques eneo ^ plus agité, tint Confeil avec l'Atnba^ dear de Vienne; & il déclara au Grafl Chancelier qu'il fe retireroit de Polog11 ^ fi le Prince Alexandre continuoit fa te; retraite, difoit-il, que la Poloê11^ ne défapprouveroit pas , lorfqu'elle aP. prendroit dans un Manifefte que le " g deftinoit le Trône au cadet au préju^^ de l'aîné. Ce projet pouvoit être lors celui de la Reine, comme .1» j le dévoila : mais ce ne fut jamais ce g du Roi; & même, s'il eût eu flu jL» prédileftion pour les cadets dans un où les qualités de l'ame ne font point coro développées , il eli vraifetnbła^ qu'il auroit panche du côté du ^rl"r-Conftantin, le dernier né , fon vrai P. trait. Mais la paillon qui agitoit ie * ce Jacques, n'examinoit rien. Le Roi lui fit favoir qu'il pouvoit paI^ tir avec la malédiétion paternelle qua il voudroit. Mais qu'une fois parti ) ^ comptât plus revoir ni fon R°i > ni ° Pere. .Cette menace ne l'ébranl» Pa^' Jean Sobieski, xii aU :pirans : mais la fortune de Léopold ^°ulut qu'un boulet emportât le Vifir qui î! avoit gueres joui de fa haute fortune ; ^ P^rilToit dans le moment où. il étoit le glorieux & le plus neceffaire* •Aga des Janiffaires auroit pû le remplacer; un autre boulet l'étendit mort; y les Infideles confternés abandonnèrent Jà viftoire qUi n'eut cependant d'autre ^ite que la prife de Lippa, Ville^mai-pUreufe, fans ceffe prife & reprife, égalent maltraitée par les amis & par leti L 4 enne- Histoire A.. 1691. ennemis. Les Sauvages dans leurs fore^ font plus heureux. . Les autres ligués avoient encore moindres fijccès. Les Vénitiens, que Doge MoroOni ne commandoit PaS ' - g foutenoient à peine dans l'Archipel-Czar Pierre, occupé de troubles inte * dans fes Etats, avoit plûtôt penfé a s a . fermir fur fon Trône qu'à ébranler ceiu 4e Coniiantinople. Cette campagne fut la derniere de Ce n'eft pas l'extrémité de L'âge ' vertiffoit de fe retirer. 11 n'avoit Qp îoixante-un ans; mais quarante ans ^ guerre où il avoit toujours paye c'e ,eS perfonne, dix dans les grandes ch»r£ g de la République, dix-huit fur un ^î0^ qui exigeoit une a&ion continuelle, tal^ de travaux avoient affoibli fes relïorts > l'ame s'en reffentoit. Il réfigna Ie mandement de l'armée au Grafld-C*ene rai Jabłonowski, pour ne s'occuper qu® de l'adminiùration intérieure : ouvrag^ encore qui pafioit fes forces. H ^"e voit dans cette fituation équivoque ? 0 ^ ion n'a pas aiiez perdu pour être entiele ment gouverné, ni aifez conferve poU gouverner par foi-méme. Auffçr. Deux Juifs fous la prote&ion de la R** ire, s'ëmparerent de lui : l'un, de fon co*Ps' c'étoit le Médecin ^onas: l'autre, de les tnances; c'étoit un Traitant: &ces<3eUN Jjoto-- DE Jean Sobieski. 129 hommes s entendoient au mieux , pour A. 169a, Ïnïf'?1 mutuelle^nt en fecourant les ,;S/fUrS frerfs- Le Traitant, nommé bipn ^ ya S?1 ^ ^erme les terres du Roi flatter^ etlUf *eur va^eur- C'étoit le reftnit- • "nS m* P'us ^orte p affi on qui lui ine le ' 1°^ 1 e§ardoit les richeffes com-CYmr^ S rnoyen de conferver la en ÙQhm^T ^ Maifon* Mais le Juif' recevroif-1 unemain> favoit bien 9ll'u doit a ncore plus de l'autre. Il venati Kuj. US 0offrant toutes les grâces de les ^Łlltle' & il établilToit des ufures fur Keine°Uannes avoit affermées. La le p ? °yoit ce commerce infâme : mais •étn't- t! ]*%nora longtems, parce qu'il ^ °oi & infirtne. Yle eu* eftampes coururent dans Varfo-diff' v°y°it dans l'une des gens de ''rentTes Nations qui comptoient del'ar-turel' Juif Betbfal, repréfentéauna-' examinoit fi les ducats étoient re-. es> fon Maître en mettoit dans un 0111 fa vette, & fi on ne lui eût vû. neCouronne fur Ja tête, on l'auroitpris j^0ll.r Banquier ou un Changeur, Il y v°lt longtems qu'on l'accufoit d'être ava-fe* En fait d'avarice, il faut bien diftin-^Uer un Roi qui eft le maître de toutes jes finances publiques, d'un autre à qui ■Etat n'afllgne qu'une fomme modique. e premier puifant à volonté ne doit pas L 5 corn* i3o Histoire A-1692. connoître l'avarice, le fécond eft d'épargner. L'autre image arracboit larmes fur le fort des Héros. Un ^rIf, exténué paroi ffoit affi s fur les genou* ne jeune femme, & fuçoit la m*1*116 ^ d'une vieille. La quantité de C°or?[nit que le malade avoit fur la tête l'acca & ne contribuoit pas moins à fa g que la maladie. Il manquoitdesfleU^.^ à la plupart de fes Couronnes qui Pa* . .foient en auffi mauvais état que celu1 q les portoit. La jeune femme qui toit fes genoux, c'étoit la ^nCf6f-. Royale qui, par fes complaifances, s forçoit de partager le Gouvernement a /la Reine. x Jean, fe roidiffant contre fes ^ânl cherchoit à couvrir fon état de défal ^ ce» Il affiftoit au Sénat, mais rare1^ ^ il voyoit la fin des Confeils. U*1 P ^ iuireftoit, c'étoit la chaffe. ^ à cheval: mais bien-tôt obligé de de ^ dre, il fe jettoit dans une voiture4^ ^ difoit qu'on étoit moins homme; & repréfentoit avec amertume l'opini°ia Peuples, que l'ame s'affoiblit aveC organes. g Le Corps de la République ne tar aP à fe reflentir de la langueur du * Rien ne s'expédioit dans la Chance La confufion s'introduifoit dans les a ^ res. Les monnoies déjà altérées V** 15 e Jean Sobieski. 131 oifinage de i'Elefteur de Brandebourg A. 169a. lotlTnt T°re d,«anmg,, &rui-la p ^6U commerce qui vivifioit ti 0 °Spe« On ordonnoit des contribuivi ne. r^ałifoient pas. Le Grand e ouer crioit que le tréfor étoit épuifé. Vovrmee n' ttia"1 t.°Ut ce ^ue f°*°Sne regrettoit, C^S toujours fous condition de fe détail r Ligue. Jean y étoit invinci-lié par fon projet fur la Moldavie de r a^aciuie, & il attendoit le retour ^ va fanté; fi bien qu'on ne fe réfolvoit pa> c°ntinuer la guerre , ni à faire la # Chacun ne s'occupoit que de foi; pj^conque avoit du pouvoir, ne l'em-bi; ^01t ^u'à fe foutenir fur les ruines pu- bJlaues. Fin du huitième Livre. HIS T OI- 13* Histoir® histoire D E JEAN SOBIESKI» ROI DE POLOGNE. LIVRE IX. ti lfl# A-ré95. "rjour remede à tant de maux, 0 w* diquoit des Diètes; mais ces ^ «*- tes rompues augmentoient 1® ordre. On crut pourtant que ce g i<%>3 auroit du fuccés, lorfqu'un ®vej. ofl rejetta les efprits dans le trouble o011 paroiffoit fortir. je5 C'eft un ufage en Pologne, ,erres quartiers d'hyver, d'épargner Ie® j e de l'Eglife & celles de la Noble#®' Grand - Général de Lithuanie, ^ lifter ne Tachant plus comment faire ^ fon Armée, crut que tous les ^-gòfi privilèges devoient céder à la luP ^eS Loi du bien public, Il affigna donc logemens aux Troupes fur ces tet'^e_t-ong vilégiées , & il exigea des contribU^ ^ proportionnelles. La Noble^e ferriti de Jean Sobieski. plaignît pas : mais l'Evêque de Vilna, Con- A. 1693. antin Brzotowski , plus attaché aux 1 Y es Rome qu'au falut de la Reputi 'i.Cr^a (lu'on violoit les immunités Ï1 a ^ ^ue Sapieha étoit un Athée. Cn ?CU a e ^°ibleffe & de prévarication. toiJtUpre:ténsSaudet fes 1.ui. s'é" ttipmA r ir . tems- Il ne vouloit pas terres T?U?"lr le PaffaSe du Soldat furies Srani P C°pales- La Pologne, plus dix-feDf|UVa France> ne compte que dres d e(lUes- Tous ont à leurs or-ÊvA ^°adjuteurs & deux ou trois t)i6cVS in Parti^u5i f°nt itnmenfes, & des de f Un^®s û vaftes nefauroient manquer ^^rcharger le relie de la Nation. fe 1 ! Evêque de Vilna fe fût Contenté de a^dre ł on l'eût peut- être écouté C]j/S a premiere Diète, & on eût cher-^elque tempérament : mais il s'ar-es foudres fpirituelles , qui alors j0l^°'ent la Pologne encore plus qu*au-iù('1 & après trois monitions cano- tei^Uesi il les 'ança furie coupable: les ,james Je,s plus forts furent^ employés te^f* ^l^iuation de l'anatbeme eucet- ç orn;e. _ _ Comme Cafimir Sapieha, >and- Général de Liïhuanie 5 renonçant 134 H r g T o i K s A.\6yi. aux obligations de fon Buptêms -, obéir à l'infìigation du Diable, a vl0i\ ^ immunités Eccléjiajîiques , c'ejl au S de l' excommunication à retrancher ce bre pourri, crainte qu'il ne porte la ct * ruption dans le Corps des fideles •* J pourquoi par le pouvoir que Dieu s donné de lier & délier dans le Ciel & J' la terre, au nom de la Sainte TriM^, ^ Saint Pierre & de tous les Saints, lè privons de l'entrée de L'E glife, ^eS ^ cremens & de la jocieté des Chrétiens > . nous le livrons avec fes adhérens ci Wf fance de Satan & au feu éternel *)• _ ^ Celui qu'on livroit au Diable Chef de la Noblefie Lithuanienne? ^ ^ tin, Sénateur, & Grand - Général. ^ Nobles fe crurent frappés dans un ç0/oa' les Palatins dans un Palatin, leJ 'aU< teurs dans, un Sénateur & les ^eneXga„ dans un Général. Les adhérens de ^ pieha étoient les Officiers de l^^^n tous ceux qu'il employoit à l*exeCUuni-de fes ordres. Le frémiflement futrana-verfel ; & l'Evêque alloit devenir* . thème de la République. Mais 1® ^ qui vouloit affoiblir la grande Puli a qu'il avoit donnée aux Sapieha, P^1 parti de l'Evêque. Un Roi ne Te jamais, dans quelque caufe que ce *) Załuski, Tome 2. page 1359. Jean Sobieski. 13$ ans entraîner tous ceux qui craignent le A. 1693. faye~ du Trône, ou qui aiment la pur. L'Evêque, qui dans les pre- touM motnens voyoit abandonné de » e monde, trouva donc des appuis l|r - tout dans l'ordre Epifcopal. tre °irS Pfrarent des écrits pour & con-to'- evalns afiurés d'une fermentation de jl°urs P^us grande. Leś Apologiftes fec excom,^unication appelloient à leurs p[u^rs tro^s Conciles & les décifions de Ils n,Ur® Papes en faveur des immunités-^&\ilVU Pas la fameufe Bulle de fe . 'ln Coena Domini, qui anathémati-cléfiafl-'5tl^Vle °^era toucher aux biens Ecorne IC^Ues> ^ans 1® confentement de SouVe' ^ krr.ve tous les droits des ^°titiarainS' c*tG*erłt encore les Or-qUi a n?es de plufieurs Rois de Pologne Sillon0leri^ protégé les immunités. Ja-\Vetlc' ^°uis, CafimirlII, Boleslas, canon 6fSlas ' dont on ne mancluoit Pas de de la !.er *es vertus; & comme le feu but s'élance toujours au-delà du He c'r . yéque de Vilna & fes adhérens pas d'avancer que l'Eglife béra|- °^e tenoit tous fes biens de la li- Le ^ ^6S Souverains Pontifes. qUç iS ^efenfeurs de Sapieha répondoient dotu,6s SoUveraius Pontifes n'a voient put & protégées Par ,e jeS iievoient en foutenir les charge** ? Papes & les Conciles, n'ayant de ^ ^ que pour les biens du Ciel, n'aV°x< ^ue fi cune autorité fur ceux de la terie' £0is> la République , de concert avec Qt(\.o^ avoit en certain tems exempte *a " e\\e de FEglifè des Charges coin»113116 J. f0n sjvoit toujours en elle - même, ?formef pouvoir législatif, le droit de fe r^j.^ fa félon les conjonctures; & q^e pielia, en traitant les terres £cC -t ques comme celles des Nobles? ^ j>0a autorifée par la République : /(-0ît iû* concluoit que Texcommunicati^11 jufte & nulle. . ^rgé . C'eft ainfi qu'en penfoit ^ , qu* régulier du Diocèfe même de ; . & refufa de publier l'excommUlllca de fermer fes Eglifes à Sapie^a' £ardin^ C'étoit auffi. le fentiment ^ poiflt Primat. Il écrivit à Sapieha Zte 9*" s allarmer de ce coup de t° çr, f j 3-frappoit que les oreilles fans f têtes me, lorfqu'il grondoit fur de ^ j-efte-nocentes; & que bien-tôt Jt.riviten l'oit pas le moindre veftige- \ïMe' *) Id. ibid. pages 1425 & fttft» D E Jean S O B I E S K ÌÌ' 157* VeTrff" tems a l' Evéque de Vilna , en l'a- A \ atlt «qu'un zélé outré pour les in— [£*** î'Eglifel'ayoit ab ule; qu'un1 VT1 e ra§e ne fauroit montrer trop» )jCer^tet^S ^ ^0Uc*re avant que de la lan-, tie ' ^ avo*t excédé fon pouvoir, em ,,qU'-lenant c°nfeil que de lui-même; „tïig11 aur°^t du demander le ccmfente— > Dl n ^orPs EpifcopaL, & encore „-celui de la République, attendu: »êt° a Per^onne d' un Général ne/ peut łidc)6 fans bleiler la République,. } nt repréiente la puiûance; & enfin; >»l'eu ^6/^eu^ moyen ^e corriger fon er-f rî étoit de reconnoître la nullité de "fa cenfure. « L' p . A Pour 'Ve^Ue ^to't encore trop bouillant toii!; ec°llter la modération, animé fur-Cour; & chaque nouveau pas Il e„ a 0l't, étoit marqué par la rigueur. ChanC°mmunla tous ^es Keligiexxx, les pas ^es Curés qui ne vouloient U mî;,e anathôn:.e au Grand-Général; & c'ç^. vtot|tes leurs Egiifes en interditj fous pe-^^re fut défendu au Clergé, dire ja damnation éternelle, de ^re Service & d'ad- C^enldaUCtlri ^acrenient-t^ut c|>(n ant Sapieha, n'avoit jamais eu ^acrej1 ^ ^éqtìenter les Temples & c°lìiiìiuni1A6 vS ' ClUe depuis qu'il étoit ex- Hiiï j e''7 c'lacuh ufoit de fes armes : J-ae*°0.Ï.M. M, l'Evi- 138 Histoire A. 1695. l'Evêque, du glaive fpirituel: ral, d'exécutions militaires; p^nS juS ]e que frappoit fur les confciences, P ^. Général chargeoit les terres de 1 k ^ & fur-tout celles de l'Evêque, aïl^0. gard aux proportions. Ce fut a c& ç0n ment qu'il abufa véritablement de pouvoir; car quiconque n'étoit P tg ion parti étoit fûr de trouver des chez lui, & des exa&eurs fallS ricorde. 1 da*13 Le Primat, pour attaquer le ma,prjt)U-fon principe, cita l'Evêque à fr11 nal. L'Evêque ne comparut p°in ' j>ex-Primat, après avoir déclaré nul e jiv communication fulminée, prononÇ^^ ^ terdit fur l'excommunicateur. foufïre jette fur du feu. Le Nonce Apoftolique, Sdi^a' L^et attribuoit à Rome feule le droit de J lesEvêques. L'Autorité des Nonces ^ blie depuis longtems en Pologne? foutenoit alors dans toute fa oU-Ces Miniftres du Pape n'a voient r blié pour étendre leur pouvoir reN s'at-la multitude; & outre le droit*lu j.eS fa-tribuoient de juger toutes les eau ^ ^ cléfiaftiques, ils avoient ufurpe 3 r£t-0- tems de trouble beaucoup d'autres " ^ 1 ,. - . I an • gatives quiis ont perdues v.eis» |e Le fiécle dernier n' étoit pas eXlC terns Jean Sobieski. 13? teiïls ^e perdre: Santa - Croce vouloit A. tôgj. Sagner ; il caffa net la Sentence. i ^ Le Primat, en qualité de Primat & de eSat ne du Saint Siège, fe prétendit ÌU Vement fieffé dans fa Jurisdićlion. ^vit au Pape pour l'engager à rap-er ion Nonce, & le punir. lev^aP*eha, au milieu de ces conflićts, aUtrlt Une ^te P*US a^ere* ^es tro^ Mo 6S ^®n^raux de la République, Ja-ïei>ki, Potoçki, Sluska demande-CoiV^ a Rome la fatisfaftion que leur pu ^Ue attendoit, demande qui fut ap-tre e lorfque Paul V, en 1606, excom-Çtl.la le Doge, les Sénateurs & mit tout catioterdit> ^nafc défendit la publiée r 11 ^a cenfure dans toute l'étendue fpire.S terres, en difant que Dieu lui in~ bé}r • faire pendre quiconque défo-i Le Sénat de Pologne n'étoitplus cetl^ s d' empêcher la publication de la m'^s ^ pouvoit punir quicon-en conséquence. Cet avis ne ^ » & le trouble n'en fut que plus liHg ' C' eft ainii qu'on fe battoit fur ^communication, tandis que les Ma T ar- *4° histoire 1 je &0& M. 1693. Tartarea venoient ravager ies tieres *). 0it Le Roi, dans fes jours de force, ^ré prévenu ou étouffe cet incendie. ^ maintenant à des confeils 1|° confcience en favorifant fon en.vlCje feU. baiûer les Sapiehail nourriflolt ^ Il manda Sapieha pour rendre corn"-^ affa conduite; Sapieha répondit ^ ue fi tendoit le jugement du Pape, " el„ Rome n'étoit pas équitable, il eI1 3 leroit à la République.. ïïoi& Le Pape fort embarraffé entre ^0ÏlCe, lia République, le Primat & f°n ^^né-PEvéque excommunicateur & ^nagelV rai excommunié, voulut tout cQn-11 ne rappella pas fon Nonce: ^ damna ni le Primat, ni l'^'^^fpen-donna point d'abfolution: mais 1 olJJ.une dit l'effet de l'ëxcornmunicatio11 P je année à caufe du tems de gueri j jtj3na— ^importance du Grand-Général nie dans-la circonitance nofl toit traiter la querelle en Prince, g qu'il en Pape; Ce Parti, quelque 'a^eS jif- parût, mécontenta pourtant tous jjeo. iîdens, Sapieha fur-tout, Q111' d'une fa fp en Ci on de peine, fe fl'^01 réparation prompte». *5, Załuski, tome 2: pages 1229 & de Jean Sobieski, t4i elio fes etoient dans ce cahos, îorf- A. 169}. 6 1 ma^ade a Zolkiew envoya des cis;-r^x dont nous rapportons le pré-fer'] ^lUc.e clu'0^ en prit occafion de bri— ^ e re^ort qui pouvoit rétablir l'ordre,, du fl-tlC]0re P0Ur faire fentir la différence y e dans un R°i fournis aux Loix, & s Un Roi qu[ faj^ jes ]j0iXt »co ean IIT'vàla Diète que nous avons « br ^Varfovfe pour le Z2, Decem- ® e la prefente année. Salut. >11 a Providence qui nous a mis fur le j,fe d^i d'Une Nation libre> & q«i difpo-»n0ue bor?e ou de la mauvaife fante, »QUeS a Par maladie au moment ,I.,n°î.S'aliions nous ™efctre en chemin „cett* a.'l^er a Diète. Nous recevons "eft dJe'a!iapeC' t0Ute k foumiffion efpérant néan-«Paroxifmes m? blen UOUS tîr6r deS «rendre à JaP^en°i!S fouf£Vons & nous "Partir mal^i rie' ous voulions mêm® »decins Ipc c '"°tre foiWeffe 1 les Mé~ «danner'd-n tllateurs ici préfens, & le »abfolUttlP" f10tl e 7le ne nous en euffent »d°nc à vos niT a'hé' NoUS annonSons »authentinn ftlons> Par ce document «fibiiité d» u' n°tre,fituatio° & l'impof- "de Diète• a a V0US P°ur r °uvertlire «tant Do . i', nous vous demandons, * JjÛOtre ^Ul am°U1' de la Patrie que de Propre Perfonne, un délai qui M- 3> „nous. 142. Histoire A. i6^j. nnous permette de travailler a notr°"CCr ^0S ^n^ver^anx qui retardoient A, 1693. len ltte'- ^ ^eur donnoit un tltre qu'il au r refu^ jufqu' alors & fur - tout f °nces ' ce^ de Freres, La lettre dire Ut ^3S m*eux reÇue. Les Nonces ne ^ ^ue. publication des Univerfaux. n'a Pas rega**der le Primat, qui qUe autoi'ite que dans l'inter - regne ; & 0rd Ce ^er°it reconnoître un quatrième , ,aus République. „D'ailleurs, ,,fiKUi--t-ils, R0j ayant une fois „le " ^Uverture de la Diète, il n'eft plus »le "r, du tems ; & ' pour chanSf »ceiTaire' « Concours des Ordres eli né- repré^!rV*teUrs de ^our eurent beau Zolkip11 e» e ^tant infirme à «voit b7en -d^itUé de Chancelerie, cariti rrui'f •ion au primat c°tiveno!f 101 reœettoiti qu'il ne C™ PaS,P0Ur nne err™ de forme >111 bon R{,'iS e^_tr"or(1"iaire, de muletier ^ĆDnhi; ' mettre en danger la la dot1'* ralut dépendoit de & quC r'4 du fuccès de la Diète; feule*',* .aadernande du Roi étoit non- res:np C^TT U?.e' nia'ls Pratiquée fous le ^edontl' Vl1' ^ui otarda une nt la fin fut heureufe. Les 144 HistoiR® a - à A.i693, Les Notices de Lithuanie, f°ul Sp0jnt repréfentations, s'obftinerent a ne ^0 entendre Ja lećture des Univer^*' . a„, Primat s'étoit débarrafîe de la Pl.0"g reu-tion fur le Chancelier. Celai -cl ,-jr^reS dit à l'Eglife de Saint Jean cajnt- le fuivirent. Il n'y eut ni Mefle "^éeS Efprit, ni aucune des cérémonies^ ^eS à l'ouverture des Diètes. L^s de Polonois fe rangèrent d'un côte, ^ Lîthuanie de l'autre. Tout ce faire le Chancelier, ce fut d'0^60^^-moment de filence pour notifie^ ^ nia|s die du Roi légalement prouve® '|e^iir® lorfqu'il voulut entreprendre ^^çeS é-des Univerfaux , cent voix c°n n ji-toufferent la fienne. Il fe retjldalJ CM" fant qu'on les trouveroit affiches ^ teau de Varfovie. Nous y aJficiU>0'l^eS Li-fi nos proiejlations, répondirent,.^ ^ thuaniens. 11 n'y eut point de ^ jamais eiJe ne fut fi néceflaire *)• j> j> Jean ne pouvoit fe dilîimulet de vêque de Vilna avoit jette la P ' flp-difcorde; & il fe repentoit ;lV ,i(S en prouvé fa rigueur. Il lui ^cri^1 toiU°ulS ami qu'en maître, que la paix * jl0llneuf le plus grand des biens; E J£an Sobieski, publ^4uemenUudr/dlVlfii0îi 6n mar(luaut A. 1693. de s en £ T™1 de Lithua™'e le des m«ULs irrénro Le Prékt avec 1111 efprit borni K L! ' Je cœur droit, ^on dont U rffS.^.lles d'exco-, cre> fe per fu a ri ? fair°lfc un rempart Gt.0it r organe h r* ? * 6n plus W'il leux obéir à nU ; & qu>il valoîfc ï^ttentieùx il ' qU'au Roi- EfPrit ^ ConfcietlCe oet°Urdlffoit le Public de !foit-il 4 de fes clameurs, prêt, r"3' Cottime^i°Urir mai'tyr des immuni-e Cr°yoit n, ramener un homme qui ^Ue Cam-1 a,U/re ^a^nt Thomas, Eve-^ériîe blâmn° ri? Les Sens de bien es adliércn 1?nfc ^on obftination ; mais ;.Ut.r°uble- Ja, can°nifoient au milieu lP^oiejj^ ' cs plaies de l'Etat fe mulice J^q." 7S P^liaup? IC déIabrement des affai-A. 1694, j^Ccès îx travaiUoit avec plus de / Baviere J " s 1 a mai f°n. L'Electeur ^§oUv e^oit de perdre fon époufe r e' LW, , PayS * BaS P°Ur ™P*- fla^e? étoif rn reft0lt de fon ma- de e3arde comme l'héritier pré-^ere' fille ,iai^cs H- Sa malheureufe r, ifc domi' ,e ^Empereur Leopold, lui J' L'Eip/a a vie aux dépens de la fien- j^iulmëmlur 7uf étoit un grand parti Pc'rfiiices »'• P §rand encore parles ii P°"v°it fonder fur fou tSob- T.UI. N fils. *4e blensi mais ce qu'on Jean pouvnVS CnCOre' c'eft ^térêt 4uc leftel ? Prendre à la fortune del'E-11 pro;'., lnterêt étoit des plus vifs. Unique fi.1/ ,e marier à 1'Elećteur fa fille erefe Cunégonde Sobieska. *5 Załuski, iba. p,se n(>v Ni La ì48 H i s tû'i * A. 1694. La Reine , toujour-s Françoifë ^^ cœur, avoit au moins autant u-e P^Qy0\t lui à cette négociation. } 1ft frafl' un moyen d'attacher l'Ele&eui a^e fai» ce , attachement qu'il eût peut - ^ eJ} s'il avoit prévu l'avenir. ,Q foit, le mariage fat conclu, ^ [* la Pr ine effe Ele&rice prit cong .Pologne pour aller joindre 0 adie^ dans les Pays-Bas, elle reçafc & de fon pere, en forme d'epitJa faûte en vers afièz mauvais. et°v0\.¥o'étf' du fiécle, plutôt que celle du ^ Le tems de la bonne poëiie ne £e me encore arrivé pour les ^° | \e mariage fut la Cerniere joie q goûta; ; ,rotnPu' Un Incident l'avoit preiq. e34i-L'Envoyé de l'Electeur a \ at.,je jmPë' geoit une dot de cinq cent ^ir^god^ Vi aies. Cette fomme, qu'un i ^ ?&{ï3 de Londres, ou un Financier, ^ po-auroit pu donner à-fa fille, le logne la trouvoit exceffive. ^ fo# trancha le nœud en s' engage infçu pour une partie de la dot. {e que le tems de payer fut veîLo\ qui ]ul trouva embarrafiee-; car le fer-* ouvroit fon cœur & fon całun* ' va'u-moit fon tréfor. Elle chaige féaux Suédois -de bled de ofef^' 3a France, où la difette fe ^l10 de jean $ a b i es k r.. 149 Heirf commerce qui acquitta la A. ^94. 1-u/f *mPorł:ant de connoître celui qui WrUfS'Cra Cet expédient. C'étoit l'Anv-Ve],a eur extraordinaire de France, nou-AbV'1Tlent arr*v<^ 5 Melchior de Polignac, dat 6 ^ ^onPortj qui s'eft iiluftré dépuis C^0[ei . *) Załuski, tome 2. page 1364. . frt'P' '**) Lorfque Thémi/èocle dit à leve0 pe, mais écoute, celui-ci avoit la C.V nt o-i'of' fur lui. Ces mœurs qui nous paroi n'ei':' fieres, épargnoient !e ftng humain. ployoit l'ép-ée que ceûtie TenfieniJ. Dï Jean Sobieski. 151 p'as'mn3 M^fté & 16 Kn!lt- 11 n?y ent A',é** Pas moyen d' en tirer vengeance. Ie_ rCS ietines s'aflemblerent : mais el-vêon !nocient ie fabfe à la main. L' E-Donf^ ^ moS'tie, l'un de ceux qui é-fatnr-1 A C e l'Evêque de Vilna, rénanjS a a §or8e, & il y eut du fang epandu e tr eax ^ | C qn-?edéfendirent. pas un ^tv "eS ^n§^antes n'annoitçoient ce fut ^ lete. ou la rąifon prélideroit 5. Utl mov 6 rt*8e« On chercha d' abor4 avec Saen. c°ncilier l'Evêque de Vilna ^°nce A*5 la' avo^ réufîl à fléchir le regret d' qui avoit marqué fou Prhnat avo*r attenté à la Jurisdićtion du. v^que ' ^T?r ^avor^er la rigueur de l'E* eût dit n >-]^'Veilue ^ inflexible. On beau dû d'r ^ ^ fecouer le flam- premiere 1/°rc^e fur les comices. Cette nuit n • n s'écoula en clameurs,, de Lenc ^1 ^ ^Ulv^, le fils du Caftellan les .Ic* *)'s'étant échauffé à table fur ^ Co^8]3 Pukliques avec un Officier de teme ' e chercha jufques dans Tappar-, où il le trouva. Les cela , Menaces, un fouiïlet, tout ficîer au^>l Prompt qu'un éclair. L'Of-. °utragé met l'épée à la main; & *)vin N 4 il fur 1! ?e'°gne au Palatinat du mêm« nom,. 13 Aviere de Bçura. *5*• H i s t o i k E 5694- il en voit trois tirées contre lui; car fils du Caftellan s'étoit fait de deux domeftiques du Primat. ^ Officier de garde fe jette à travers le ^ pees ; & il en eli percé. La \e tend ce bruit, ouvre fa porte, fang couler, & la garde qui f® PreC'| \e On arrête ces gladiateurs, ex cep ^ plus coupable , par égard pour . a oî3f îan fon pere^ qu'on auroit dû puu11 n avoir pas donné de meilleures j11 à fon fils. Cet attentat qui vioioit ' partement de la Reine fut regarde ç ^ me un crime de Leze-Majefté, & \ jgS fta impuni. Dans la confufion -ehofes ilotoient, l'autorité étoit force *). . Ia Les féances recommencerent ^a]er Diète; mais ce ne fut que p°or e> pole fiel qui étoit dans les cœurs. Le .eI1£ lonois & les Lithuaniens ne paro* °^IJÌe plus avoir les mêmes Loix &}e ^ Koi. La fureur paffa des ^a*treS, uus : Valets. La République fouffre un g c'eft peut-être politique pour ieP3 l'efprit guerrier dans toutes leS tiòns._ Pendant les Diètes, les des Seigneurs, en grand nombre, pour la plupart, s'attroupent, deux Armées, l'une Eolonoife,^^-- *) Załuski, tomes, pagei^ij. ® e Je an Sobieski. m les exn|l^fne'/0llS ^8UX Michaux, que A.1694 te ° ^ qU'Ils ^euvent être. «ut bruit^ eS^ ?rtent ^ans campagne au uentSx łes & des tromjfetteS, s'at-feulemc^ Cr°uPs de pierres & de batona te s'affi"! iC P°urfuivent dans la dérou-& ren^rp^nt ^a-'*8 *es ma^ons voifines, des frn n en, ^aîiS la Ville comme fer & ^es reglees. Cette guerre fana fatenco?pnieU\ fanSlante pourtant, Je ^ea\ f\r s cette conj°ućture. c^QUai t- plC'ers Lithuaniens, avec cent tendus f& ava^ers quin'étoient point at-■Terit fn |irT? €^lamP de bataille, tombent J'nalivrée Polonoife avec le fabre ttiorts 1 t et"' ^ y eut ^es belles & des ïivréèp i& ^art*e n'étoit plus égale. La la nuit ° fe retira, ôc on employa fi°n dç, ^Prevenir une plus grande effu-ttiais le j On crut y avoir renili; furent en^€lnain les cadavres fanglans î)iète j?£°*tés- devant le Château où la t°nte l ^éroit t fpe&acle qui réveilla fut raSe de la Livrée Polonoife. Ce ftciçj, j 8rande imprudence aux deux Of-le Ca ltiî'Uaniens qui avaient commandé la p0 lla£e de la veille, de fe pré fen ter à *Uie rfce du Château. On fe jette fur eux, *°*We garde les fauve à peine; ïii^t j^Ars domeftiques fe voyent au rfTo-P't(' C e':re m's en pièces ; ils fe préci-^ dans le CM-teau. On les pour luit N 5 j uf- 154 Histoire T PS No*1- A. 1694. jufqu'à la chambre des Nonces. ^ ces Lithuaniens font infultes eLl*^ mes; & ils quittent leurs fiege^e ^re. criant, que puifqu'il n'y a plus ^ té pour eux dans le fanttuaire de ' Dt; publique, ils fe retirent en Pr0 e proteftation qui rompoit la Diete. Tout le tems que dura cette re^tr0it malheur au Lithuanien qui fe m- £tfe dans les rues. Il eut mieux v_a an(jre Turc otì Tartare. Le Prince A fut foupçonné d'avoir folcite cetteo- qu'il te , en répandant de l'argent. ^ti- en foit, il fallut des troupes & toU torité du Roi pour l'appaifer *)♦ • tefti- Au milieu de tant d'agitations nés, il n'étoit pas poffible auX j-e-de porter la guerre au dehors. jç fterent chez eux, oubliant l^s jjgu& leur Roi & les engagemens de ia Les Impériaux affiégeoient Belg^a 6 ievoient le fiége. Les Turcs ne e^rent fuivirent pas; mais les TartareS ^ ordre d'aller ravager laHongri-e p°u «jj ôter les fubfiftances. Le prover e . /awf /*£«>£ un pont d'or à ^ennen^l0$. fuit, fe vérifia encore en cette °cC' ve-Le Général Allemand , Hofkircheiiy loppa ceux qui vouloient 1' a^JT1lr,^ „ là leur laiffer la moindre ifiue. rtUe *) Załuski , tome 2. pagei£35* De Jean Sobieski. 15$ ^artare^ m!v Pour Ia premiere fois des A. 1694^ Wtre à n; !j V rs chevaux pour com-7i 'j • ^a*re J°ur l'épée à la W »ûta ohrïVr tte^ution & v°ient à leur td t 1 qU'ils a* m°«ienł- ,1 s Tartarea, en ce Wois, T va^01ent mieux que les Pote. ]^ePa^îique fembloît courir à fa per- Maturité' T6?. ne Parvenoient plus à ®h°fe " Lithuaniens vouloient une' ^eilx Parr^S ?^oll01's une a»tre, & ces eilcore e f*e fous-divifoient P^ffoie *1 'fleretltes branches qui fe re-autr n revenoient les unes contre ^'Ordre ^ "^e ^nat ne regaI"doit plus faĄ* (lt;ie^:re que comme une troupe t°it le1^*' L'Ordre Equellre n'écou» déol enat (^ue comme un€ aflemblée aiTlateurs. Le Roi n'étoit pl us re-Ie) que r . fw'gnoitfi peu de lui déplai-tre iie a niece fut répudiée pour un au» r^al ' ^ r^pudiateur, le Grand-Ma-fte pa ' f^ufoit de rendre la dot. Rien t,ux/°^it uni que les quatre Géné-fblen; ees deux Armées s'affoiblif-^ece °,U-'0urs ^e Plus en plus; parce 1Ue i.p, 11 que dans la paix intérieure ^at nourrit fes forces;. Si ie milieu de ces convulfions civi-s furcs fe fulTent préfentés, la Pologne HistoiR15 A lit Ą. i5$f. togne rentfoït fous le joug no\V&' Fa voit délivré.- On admira 3a'-' £a-ki, qui courut de l' agitation ( e.^e( \c$ pitale aux frontières y pour r Prî d£ Tar tar es ; & s' il ne put les enlPf \lêO' mettre le feu aux fauxbourgs jea^ poi, il fauva du moins la . 'iuSpof-etoit au défefpoir de ne pouvoir p ^e ter la terreur chez l'ennemi, la recevoir. Ï1 auroit trouve dan» ^ tan Muftapha II un ennemi peu Achmet étoit more le 27 Janvier a regretté que fon frere Soliman- ^ ^ ^ pha leur neveu, fils de Maho^e e àe toit propre à dédommager 1 "tfé ayeC l'Incapacité de fes deux onCAeS# uf l'*P~ Un jugement folide r du gout P ^3-plication , modéré dans les plal ir cjie-vare, ni prodigue, bon homairoatit val, adroit à manier les arme ^ la gloire & plein d'audace i .^il claré, en montant fur le Trône 7 g-Qfn* vouloit pas porter en vain le pereur , & qu'il commanderoi^£d® les Armées en perfonne. Il etP1 ui- fa' bonne heure en campagne ; of >. ^ feS voir ce que l'Armée penfoit de u Généraux,ilfedéguifoit fouvente*1 ^ ^ri-moyeń bien fimple pour conn01':iea}iag ai' té: mais la plupart des Souver^^ ^ ment mieux entendre des acu en^i\à^ vîfage découvert. Muftapha que^~ ok Jean Sobieski. i# ^ plaintes contre fon gouverne- A. 169s. il n ' . ^ tâcha de fe corriger: mais genî^'*" ^on Vifir avoit refufé l'ar-Wn "eoe^a^r'€ pour mettre l'artillerie en etat ' tandis que dans les comptes gler ne Par°iû°it épargné. Il lefitétran-^ vu a ^°n corPs exP°fé trois jours à ? u ^amP, fit trembler tous ceux ^ nav°ient pas autant de titres que le ^tre brigands. Les Turcs ! --es, mais jattes. Après .cette le rx1 €n valoir mille.., il avoit paiïé lipJT^ ?ris & raie deux Places, rani marché au Général lrètè~ du Chef11 fentir (lue la réfolution 1ue le\ T Pas Pour vaincre, lorf- E«ment ° tomV' dans découra- noietlt ' Janiflaires enfoncés tour-Bachag tì/OS' & à leur téte plufieurs YUe qui trai ' , ' ; 1 Repalj lnes après toi d'autres grues, A , °~tnoi friiv/i avoit ie cimeterre U th ' Jmre' -li avoit le ciiłłcucii c luì. y/111,' ^es fuyards retournent avec font ueteranł blefie , les Impériaux ^ retirent *). Sous un. ftapila J"lnce tout marche de front, Mu-tout a peine couronné avoit penfé à La Marine Turque étoit tombée - dans ntétnir, Tome 2. page 217 histoire Les avo* ieiit Ą. f$9J. dans un délabrement total. tiens , pourfuivant leurs i'uccés, pris i'Isle de Chio, d'où ils ^°rnl e^jge la Mer. Leur flotte crut voir un Prel dont elle en appercevant celle des Turcs f0us n'ofa foutenir le choc. L'Isle ren la domination Othomane; & tr|ajti-vainqueur par mer & par terre^ a pher dans fa capitale *). . ■ i ds ^ On s'étonne de Puiffance Othomane. Depuis^ *.J ^-t-de Vienne, preflee.de tout coLf'n^vctt èlle perdu? Quelques ViHeS ^UJLrtr-e £e conquiies en Hongrie. Pour a colofle, il faudr-oit qu'une f^ule ^rCeS. ce Chrétienne fût en égalité ^ fajj-ïl eft peut-être plus fage de 1® al filler," puifque Dieu le fouffre,_ épargner le fang des Chrétiens a ^ jelJf que celui des Infidèles. Quan ver0ient» parle du danger où ils fę tro1?. fi tous les Princes Chrétiens e leur^^ foient contr'eux, ils difent q_ crai*1 pereur reffemble au Lion qul citent ^ pas les petits chiens ; & Croifades. Les nouvelles des fucces ^ pre arrivoient à Varfovie ou eîl voyoit de plus funeftes. . ja P0' effet fe promettoit bien de ciat *) Cantémir, Tome 2. page *39- 15® Jean Sobieski. ÎÏHG ri • furtoat ^,/nan]ere à ne la plus craindre, A ,g0< r°s au SW" par fon Hé- % lui s aifoibliflbit. W*epU?liqUe ne P°^oit pas fubfifter ^Uvoi^ TnS ^ ^tat V*°*ent °Ù e^e *"e Ca^e an J e en P^us ac" horter I e^6 ^0n rna^» ne ceiioit d'ex-Çoit fQ es G^nds à la paix. Il les fai-pair ieV^lr tout ce qu'il avoit fait vaux , a de la Pologne, de fes tra-*1 W a,,6. viftoires, des biens dont lui av . 01t c°ftiblés , du ferment qu'ils foiprêté pour la profpérité pu* plus fa!. ' l'amour de la Patrie f le Cre tous les liens. 1* ûi^enat ^ébarraffé, par la rupture de ftpe fe ^ ^es Rameurs de l'Ordre Eque-^ent; attf de délibérer plus trariquille-eU ha'n R)a^s *es Sénateurs Lithuaniens, e*clurg6/e l'Evêque de Vilna, vouloient te pr^ u Sénat tous les Evêques. Cet-H c0rw?n^°.n ^ attaquoit ouvertement toop jr. étions de la République, étoit %ere^U^e P°ur être foutenue ; ils fe dé-a r°1.^i^>. ^ les Evêques prirent iTéance laire. W %itel*e|1T1*er P°'nfc dont on convint fut Sénat Romain dans les grands ^ts /S' fît favolr à tous les Paluti-^4uee Prendre garde à ce que la Répu-.ne fouflnt aucun dommage, ne quid !śb ïî I S T O I » ï Apr^ A, 1695;. quid detrimenti Respiiblica capiM- .ger cet avertiffement plus propre a c ^ t&0 la grandeur du mal, qu'à donner, mede, on ouvrit différens avis» la P0* Les uns opinerent à convoquer ^ fpolifce *) pour s'oppofer aux "en,ajjle-du dehors , tandis que le Sénat fra redt à pacifier Le dedans. * 1 Diete a Les autres votèrent pour J® •rnagi<-cheval, Coniitia paludata* Qu oI\to1ic^ ne le Sénat & la Chambre des .Łej fous les armes au milieu d'une ca^ #$0.* c'eft laDiête à cheval. Elle eft P ^^0 chante que les Diètes en robe, ^ togata; parce que dans le PalC " opinions le fabre décida **.)■ Pendant que le Sénat délibei0^' a, / l'Ordre . avoir encore rien arrete, i*-'1" terri' ftre s'occupoit d'un Rokosz, ble, Tignai du plus affreux t>0}co^> Tous les Nobles, en vertu du ^ ve„ font obligés de courir aux .artires P p^jej nir, difent-ils, au fecours 4e, &le ^ & c'eft toujours contre le R°* nat que fe forme cette con le L- ^r Ils jurent ?'» 6? ctni"ian > jeUr *:T '• ç. ftrtP01'! *) L-cs Lettres avocatoireS dont e" afTembler cet Arriéré-ban s appc reftium. **) Załuski > Tom. z. p»g- ł52®* DE JEAN SOBIESKI. le»r vie & leur falut. C'eft un ferment A,i%> de fang. La République effrayée de fa fituatiorrf refta comme fufpendue fans prendre aucun parti. Elle jettoit les yeux fur fou Mais ce n'était plus ce Chef plein de force & de confeil qu'il avoït fauvée tant de fois. Si elle ne périt pas dans £ette tempête, elle en eut obligation à , s Loix. Un Etat qui er.a, peut bien éprouver des fecoufles: mais c'eft later-qui tremble entre les chaînes de ro~ c"ers qui l'empêchent de fe diiToudre. Sénat voulut du moins laifTer un d'autorité qui pût plaire à la multi-Le Juif Bethfal fe rendoit toa-3°urs plus odieux. Cent fois on avoit ^0ulu l'aflaffiner: mais fa prudence avo.it Prévenu les effets de la haine publique. U entretenoit pour fa garde trente No-, s Polonois qui confervoient une vie Jjttt; ils avoient befoin pour fabfifter. ** une éipèce de Premier Miniltre **ut°t qu'un Fermier. Les Juifs fe ^oyoient revenus au regne d'Affuérus ^Us protection de Mardochée : mais af ^°l°nois le regardoient comme leur au. Ceux qui achetoient de lui les p aces de ja Qour ^ fLTrent- \es premiers à e Plaindre > & à l'accufer. 11 fut con-a mort fans égard pour le Roi. Mtjl. de Sob. T. III. O Tout 362 H i s t o x r e jC f (16 5^ A. 1695. Tout ce. que le Roi put faire, łu 1T,ifer^ fauver la vie qu'il traîna dans la pour mourir infolvable. U ® fa- peu que le Médecin Jonas ne fut a get]v crifîe à caufe de fes li alfons aV^ter atf fal : mais il parut trop dur c . c0n- Prince un Médecin qui avoit fiance. , ò 1 Le Ciel fembloit prendre P^a'l^s'clia-prouver. Ce n'étoit point affe2 ^ ^e-grins du dedans, il lui en arrivo1 ^ ^ ^ hors. Bruxelles étoit bombardee? ^ fille, l'Eleftrice de Baviere, ^ _jace. éloignée de fon mari, étoit dans a La Reine de Pologne crioit tr; °n ne ravoit k-a da»t chan confumeroit. Per- feu pnnciìpe J°Ur ^ueJ(iue portion de ce étendu fur ^U*.n°us anittie, on le voyoit ^arr" " ^ "P", enveloppé de Vernent ^U!,ne raPpelloient ni le mou-L1 m 1 atne, 1UelqnJUt1CS,(^: Ies Tartares- favoientbien tegardoieCnr de fon état • * » an in Corame un lion que les au-dort, n)iUx?r^Peftent, même quand il Arable ]S pe;.trePrirent rien de confi-ett fut 01 • U'^S Pouvo^ent tout ofer. ^artares ^u*tte P°Ur des incurfîons des r La Reine étoit accufé de O"a vo«- i6ą h i s t u 1 k ë A/1696, vouloir partager la Couronne & avec le Grand-Général Jablono^ s vl ^ dépens de fon propre fang 5 ^ 'lUroîi-qu'elle ne pat y réu^jf, de fair® ccj11^ ^ ner le Prince Alexandre au l'aîné. Dans cette derniere fupF ^ ^Q[X elle eût encore fatisfait fon cœur ambition. Lajeuneffe du Prince ^ tire, & le tendre attachement qliX ' nC( pour elle lui promettaient de goUN long-tems en fon nom. C'eft ainfi qu'on fe diTputoil. ^ pouilles d'un Roi encore vivant» ^ ^ tendant que l'argent, l'intrigò force décidaflent. Il y avoit fié* ment bien des malhëureux dans . ^s0\t publique depuis que la maladie u ^ent ; arraché les rênes du gouvei1^ . $ mais il étoit peut-être lui-menie malheureux* ; >'] 31 éprouvoit la trifte vérité qu j" ^oîî-annoncée à fa femme, avant que e ^te ter far le Trône, qu'il fe veri'oit à la méchanceté des hommes? ' jg même qui auroient le plus à lui. Les ingrats fe multiplioie' oUvo^ bienfaits. ïl avoit accumulé Ie P^g Cales richelîes & les dignités fa1 pieha ; & les 'Sapieha sétoient C ^c0ji^ contre fes projets en plufieuis ^^Çpïi'e très, feupçoanés même d'avoli dje jean sobieski. i6$ P°Ur Ini. rtvîr 1 r Gi,and-riv , ^eptre. Il avoit. fait A. 1694. loPolski - XRr \tr-r de la CoUr°nneî Wie-le» éi-aîl Je^°poÌski, fon beau-fre-ftesavon 1 Cllc e .c'ans des liaifons fufpe-2'°Wski eS ,,lP'e'la' Il avoitéWé Rad-?i°wskiaur;aitede Ja Srandeiir' en ce mo' °n coufin germain, preno;-t ^er ]e pl^ent des Gelures pour proda-de f111^6 de ^on^> cn oubliant le Cotltinuoi°tU l01'. La LiSue Chrétienne r°s. ^ ^ n'en étoit plus le Hé- ^ conrri v S S ^tre ac^arn® inutilement à Suie e.e )a Moldavie & de la Va-^aìng J 1 lai/Toit Kaminieck entre les de •^^éles. On étoit à la veil-^igtje les derniers fruits de la Piace du n!-Prince E»gène qui prenoifla ^ Lorr . nce Louis de Bade, du Duc «.iRoi Tlne' ^ Pour dire encore plus, rieufetïl nj & difpofoit à terminer glo-teiïlsn'tnt- Cette lonSue guerre. Le >0lïlW01t ?as .éioiSné où Ie Turc, rue- * Zenti ?fîn dans une bataille décifive ^an .dì foie nt quii jouiflolt de r*if' n Senie. Ceux qui avoient des Maitre ^ou^aîter un changement de ^ fimi i Uro*ent Que ce n'étoit plus que Le Vra-1 fCre d'un Roi;. & d'un, homme. rUr ia preto^ at\r fe$ Roi de Pologne ne fauroit for ^ Etats, fans le confentement t,e ^ jain, blique. Le Sénat s'affembw j,er & & permit à fon Maître d'aller c guérîfon: mais des accidetis 1 s'y £>p* auxquels on ne s'attendoit Pa& du / poferent. Le Médecin Juit p^' mercure, en trop grande q^al yage être. Le malade fentant le ;/ remede, s'écria: N'y aura- ^ frétïû£ * pour venger ma mort? Le Jul . ir>alS ce cri , non feulement P°_u.r ,'e p»1" pour fes freres , fachant tout on faifit avidement tout p ^proies facrifier; car il faut bien 1 phétie s'accompliiTe. Le Roi un peu revenu de fes & voyant autour de fon lit <■ eri[.0\eSic°]^ qui pourroient abufer de tr.eiit, damna lui-même fon eîhpor 1 &l'itt" rejetta fa mort fur la force u ïïlC fuffifance de la médecine. me de parler des reffources ^ .#y qu'il avoit trouvées chez leS y* *) Załuski, Tom. 3. j?S£- S* Je an Sobieski. 1Ó9 "Venir ^tut far le Préfent &l'a- A. ^Perdre pour lolì" T avoitvPoint de ter»s Les tréiors n eter.m*ner a un Teftament. dépôt dans amafft*s Soient en ^°it à la "P Zolkiew. Il impor- déf.roit aulE V-?U'U e" difP°rât- E1'e ^exanrltv> x 1 ri recomrnandât le Prince t0„^ ala République pour le cou-*lle-mp'm ailS ^u'tter f°n envie de régner ^Cutót!]ablonowski'«>>?= 1u'e"e employa pour le dévoué v -U^ Evé(lue dit le Roi, fi elles n'étoient pas or jjg$ Reftez dans ma Cour, vous ^'p^^ko. de tems pour vous ennuyer a ^ ,,.[e ne m')'- ennuie point, rt;Pl jeSde-„que, parce qu'après avoir reinP ^^Je-„voirs de Pafteur, je m'occupe aChryfr „ment avec Saint Ambroife? . eJJ fé-„ftòme, Platon &Ifocrate; 13,916 grao^ „fléchiffant dernièrement que ces ^ te^a-„Hommes font morts, je fis 11,01 s><£crift „ment. " - - Votre teflatnwh^ ^ le Roi, éclatant de rire, # nonçant ce vers de J.uvénals r - Q Medici, mediani pertnndtte ven' . . t. ve!»6 u „O Medecins , ouvrez-lui la - - „front pour lui rendre fon bon çatiro^ „II s'imagine que les VivanS ne te0jeitf „pas s'arranger fans le con -1 „des morts. " L'Evêque approchant du t>« » f fa de lui prouver que c'étoit fage upi« d0 Maifon & peut-être pour Ie /U°r* configner fes dernieres vol011''6;"^^ ; „A le Roi, prenant fon férieux, „quoi remédierois-je? Ne N°^rr0mptlS' „pas que tous les cœurs font co , je$ „qu'un efprit de vertige s'eft e „Polonois; dois-je me flatter DE ^Ean Sobieski. m i' • 1 utl teftament? Malheureux A. 1696. -ous-éc2rrdonnons viyan^ °n ne "Quand ^as' nous écoutera-t-on, ynd nous ne ferons plus? Port à Ce. qu ^ aj°ûta pair rap- logiie ies . lon» faut ^voir qu'en Po-iUl>i Èx£ ftamens font plus favorables ^cuteuf f ^a'aux Héritiers. Ces ^es Paiirars C'U 011 toujours parmi retei>ir p.^V^ufent de leur pouvoir pour "loUe celuT11^6, 11 ajouta donc; „Je du k- ' au milieu de l*a carriere, "^aïs fait^fra fes Proclîes & à fes amis: «leur n./q-1 ce Çu'il laiffe en mourant »<łifpoflti cra' Que font devenues les "^aos ^°ns des Rois mes prédécefleurs ? "c'eft lv!}6 ^at^on °ù- commande, »que je qui juge; & vous voulez "Ui'en tj. ? e U11 teftament ! Qu'on ne Parle plUs « reftis ^"jc eptrant à ce moment lut le f0tîlpofa 1 e,v^aSe de l'Evêque. Elle avorąb[e 6 if11 ' ^ attendit un tems plus t e ]i , 11 n en reitoit plus. t » S®toifcr)r ł J'0Ur de la TrInité, le Roi U°W. A-,°mené dans fes jardins de Villa- ('e fan^ dina même avec une lueur ' Pendant que la mort travailloit „ P î dąns alUski t u> loin. 3. pag. 7, m H i s t o ï * * rès, atf A.1696. dans fon fein, Peu d'heures att£l. milieu de la Famille Royale, afquet. que d'apoplexie le renverfa fu_r fens ' Au bout d'une heure, il reprlt ^ f0rn-& regrettant, pour ainfi dire* ,uS [et meil de mort, où il ne fentoi jałlgue peines de la vie, il dit, dans un .,^l0\S qui lui étoit familiere, jlaviï ełl yjfa-bien. La frayeur glaçoit };onSeté g^'* ges, excepté le lien. Une*®rIT1e\ę fov riere, philofophique & Chreti^1 , j*e$ tint dans fon agonie. Il e.1TA feg ett" derniers momens à faire fentir £troi' Fans la néceffité de l'union d'aU' te. Il conjura la Reine de n ^ v0u-très intérêts que les leurs ? ^ fatfûl' loit conferver la Couronne dan ^ ftjivf® le, leur recommandant à tous les confeils de Polignac qui av?nUe. * difoit-il, leur confiance & 'a . exhorta auiîl les Sénateurs qui ^ la noient à la concorde pour e nCore à 1* République, qui l'intéreproi ^ . & 1 iource des Empires, ou 1 v jo« mourut, comme Augufte, & J? c0mptoi, de fon élévation au Trône. £ge, & la foixante-fìxiéme annee de la vingt-troifiéme de fon regn $ ') Moréri & l'Auteur des RevoVuttj> gne, Mafluet, le font mouru g n0log'e pas & douce ans. Cette faute de cMO y û E JE AN S OBI eski; 173 triĄaei*starojk **■ auionrriM •' , b rs dix-neuf ansr> prononçai \ ^ Stamslas de Pologne,, tombeau R a tCîe des.Nonces> fur fou-fois ' i"!6" Copiant, j'honorerois1 Orat ' e (luence prématurée du jeu-loQoit ^ m^moire du Prince qu'il Wilk' tt 611 nrîontro^t eS fans miféricorde. Onou-foUv°nVenoit (le perdre un Héros, pour ^^Publflllr avo^ manqué de foi à la ?a c°ie" » s'étoit enSagéPar fes^: ^ néççrr ?' f elever deux Fbrterefîesoù Wuiie- l,te ^ exiger°it; on n'en voyoit ftriift-: .' a ^°nder une Académie nour l'iiF- i^unej ov,u"i ■ ~-T ; ftru^o 1 otlder une Académie pour l'ìir-H y n e trois cents Gentils-hommes y de Braj0^ tlian(lué : à fatisfaire l'ïlletteur n ebo\irg dans les prétentions qu'il P 3 avoit P^S J'.. d'autr Conféquence fi dangéreufe que tant-ce ou; s^enfonges hiftoriques qui noirciflent «ft L-ett blanc, & qui blanchiffent ce qui • Je la releve pourtant cette petite VMLJWt apprendre à ceux qui écrivent tien l>rCa ciue Ie premier devoir de l'Hiftd-®voiL?,. douter. Si Moréri & Mafluet. nich 1 Załuski, Tom. 2. png. udp. &Leng-^0^ic's! auro''ïnt ^ ^ ^-Se 'Ie 3ôaiil 174 Histoib* l'a A. 1696, a voit fur la Ville d'Elbmg; » 11 ^ oîîl pas fait; & on craignoit que cefctc^re f(j-fion ne caufât un jour quelque &uelj (vif nefte à la Pologne. Il a voit . jl toute chofe de reprendre ^•am^1.e.e p'0tif n'y avoit pas réuffi. Comment fan fe conduire dans le labyrinthe àes j>cSf mens ? Il avoit battu tant de fois if^rtel-elï*e fans pouvoir leur enlever cette i °£ucCef-fi précieufe à la Pologne; & ,Qy\t9i feur la recouvre, à la paix de Cai en 1699, fans coup férir. t l1'(? On reprochoit encore à fa fflern°eS I,oi* acquittions en Pologne, contre .^acqui défendent expreffément aux 0 jorlt quérir; fa foibleffe pour la ^-ein^t're 1'#' !1 avoit fait une femme d'Etat, c° tat; fes tentatives pour a^ur^ au Prince Jacques j avant la Nation; les brigandages du ^guef" fal; l'altération de la monnoie, ^gllt res inutiles depuis le commence c0^té à la Ligue Chrétienne, qui avoie;11 atf la Pologne deux cents mille h°fai" moins, & plus de millions qu 1 loit pour la mettre dans l'abon a , ' ccUP0 Au lieu de le pleurer, on s° s(eye&* difputer fes tréfors. La Reine - ^ £ se* diquoit. Le Prince Jacques Pe^flll emparer à force ouverte. Le ^0[e^ réchai & une partie du Sénat, pie DE JEAN SOBIESKI. 175 ^f^appartenoient à la République. CesA.1696. ^ont °n faifoit tant de bruit, » leS ? tfte Royaume & des Ar-S '.11 auy°ientpas fait la fortune d'un ils n' ™0nna*re général dans le pays où fixf-ent. Ils confìftoient en cinq à Coiip11 l0ns ' ^ue l'Abbé de Polignąc, de faireTt aVeC *a-^eiRe» eut l'adrefle de pr^nc ^(porter en France, afin que le. *on? ne s'en fervît pas pour ^rin Cl/Ur Trône, au préjudice du y p^e e Conti, que Louis XIV, vouloit Cer • ^is l'opinion les groi'iifloit. aimoit l'argent, il ne s'en défen- ^cr"88* 1Tla's ceU5Ł ^ ^U1 en ^al^°^en^ 1» e lïtle ^voient dire auffi qu'il fçavoit T°UtV^ a faire triompher la Pologne. He w ^eiìls qu'H commanda en Ukrai-foti a e^arit encore que Grand - Général, Pes ar^ent fervit mieux que fes trou-1,ar,c°ntre les prodigieufes armées de Air ìUres ^ de Cofaques qui fe jettoient fojt eS,te.rres de la République. On di-res ^^'quement les ètrennes des Tarta-0lls avons vu qu'à la grande ex-0 l°n Vienne il ouvrit fes tréfors, res 1 Voit qu'il s'en faifoit des créatures J*ïs tQutes les Cours. A l'Armée, pefp PlQïis fe louoient de fa libéralité, & n'®toit mieux fervi. Sa maxi-fc de ne répandre qu utilement. p 4 Voilà iy6 H i s ï o i B s A, 169,6. Voilà pourquoi beaucoup de inutiles fe plaignoient. Il .vr^eVjnt fur la fin de fa vie cette économie j.apt encore plus ferrée; c'eli que pre e ur la mauvaife difpofitiondes Polonc»1^^ fes enfans , il vouloit leur laifler a ^e ja tien, pour les confoler de' la Pelfce oand Couronne; faute bien pardonnai? " on penfe qu'il était pere. „pnd z*1*' Ce qui arriva à fa Mai fon, appr; ^ jjg enfans des Rois que, fans 1 ulll^e\&l£ peuvent perdre tous les avantagé NaiiTance. Le Prince Jacques, aV^gnei> d'avoir perdu toute* efpérance de fe vit pourfuivi le fabre à la ^ une .Piétine, & au lieu-d' un for-eut une prifon à Leipfik, d'ou ^ tit que pour vivre en Siléfie, i° eprifl-' plaifir de la Maifon d'Autriche. prî- ce Confcantin, échappé de la nie;un firn-fon, fe maria en Pologne corn*116 e flapie Gentil-homme. Il ®PoU a de ronne Allemande,, fille d'h°Ąne ue la Princefle de Neubourg; niaria^I1jjf te*1" paffion avoit fait, & que le re£6e prinCtf ta inutilement de diffoudre. nù le PaPe Alexandre alla vivre à Rome, ^ Jiof1-ne voulut point le voir à •î"ne les neurs qu'il demandoit: il n( avrrtlls" Comme lui, ilfut por-tes. j. r°ne par fes fervices militai-Wi\ Sraces de l'efprit, les langues j, 0lt;S les lettres dont il ffe nour-^°Uce en-j°Uernent de fa converfation, 1>a^itié Ui ^CS mœars ? la fidélité dans ^terae]1, a ^endreffe conjugale, l'amour * ^Utes ces qualités qui en au-B ), roient 178 histoire A« 1696. roîent fait un aimable Partieuljer > / roient pas fuffi à fa haute deftinee. de la force du corps & du feu . ,£réts favant dans les Loix , dans les 1 des peuples & dans la guerre, au aïlt quentdans les Diètes, ąu'entve^ ^ dans les Armées, ilavoit montre a .j tion, avant que de régner fur e e^ y içauroit la gouverner & la ^deien ^ ^ ëut éminemment la plupart des ver' Trône. 11 rendit julìic e à feś e ç\ comme à fes amis; & il tra^a.Ce^'eU3{ Comme au tems où il avoit :t ai' pour y monter. Vif, il s'en^°Jng fiel» fément: mais fon cœur etoit a . lcUs, S'il fut cruel envers les Turcs v ^ c'étoit l'efprit de croifade- q"1 _ / & -csca&ôss feulement altéroit la , aVoit fon naturel que la Philofophie ^e0fi pas allez perfeftîonné. 11 plus d'une fois dans un Etat ou a té eft toujours en garde conti e a qui gouverne, & cette main ne ^ pa„ frapper que ceux qui offenfoien trie. Sa religion ne connut P0ID \e$ tolérance: les Grecs Schifmatiqu®^ ^ Proteftans , les Juifs & quelque r ^ ^ Sociniens vécurent en paix 0 C'étoit beaucoup pour un *-eIIł8 °. t oi> très Puiffances Catholiques cha °*oIlver-étrangloient leurs fujets pour es c tir. Citoyen fous la Couronne, i ^ Jean Sobieski. 179 ft>s i*1'wat^on P*us fouvent qu'aucun de A. 1696-danc\eC rC-e^eUrS" ^on r^gne s'écouloit teg o e/ein du Sénat, au milieu des Diè-Cr , . ans ^es exploits de guerre. 11 ne être ^aiïU's ^ue Palais d'un Roi ne dût des nî.U-Ve ^emple de la magnificence & h0mmai lrs* ^ connut les affaires & les pag ' Dans tous fes projets de cam-eeoutant tout le monde, il fut ta n!ir ^°n ConfeiU & fachant combien la (iife.e^.C8 ^'un Roi eft néceiïaire pour ne ceff ile ' *a & ^a victoire, il la jj- 1 a ,^e Marcher que dans le tems que eHe 1>a^6 }'arr®ta- Sa Patrie l'admira: libre CUt aìrn^ peut-être, fi un Peuple liberté** Cra^no^ Pas **ans ce^"e Pour 1 ' P^t-être encore s'il eût moins Here a ^eine. Il eut une gjoire fingu-. ^aiie Ce kWH'iiw la puif&BCa Otto-les ri ' depuis fi longtems burnitici t fone °UlQnïîes Chrétiennes. Toute l'Eu-gue rec^ercha fon alliancej & la Polo-a nla^U': ^0US une importance qu' elle CWi CQn^ervée. L'Alexandre du Nord, dres eS,?^J> en pleurant fur fes cen-Pa$ ' S ecr*a : un fi grand R°i ne àcvoit oUe?ow^r' L'Hiftoire eft plus févere s Souverains. taiffa ^ranc* de Pologne fera celui qui, P°ur ^ etl ^a'x ^es Turcs & les Tartares regarder autour de lui une terre féconde, i8o his t. db je a n sobiïsk*' À.1696. conde, de beaux fleuves, la Met* que, & la Mer Noire, donnera des v ^ féaux , des manufa&ures, du f°mm^.anct des finances & des hommes à ce.|- nce-Royaume: celui qui ahplira la Pul Tribunitienne , lé liberum veto, J? /, gouverner la Nation par la Plu ^ des fuftrages: celui qui aPPrent^/reI1t, Nobles que les Serfs qui les n0tirrlconi-iffus des Sarmates leurs Ancêtres ^ ^ muns, font dés hommes, & qllIv a rarld empie d'un Roi de France, plllS ? j3 que Clovis & Charlemagne, bann^r ^ fervitude, cette pelle civile qui $cl-mulation1, i'induftrie, les Arts,, ©nces , l'honneur & la profpérite. *lors que chaque Pùlonois pourra cil Namque trit Ule miki fewptr Difitc Fin du neuvième dernier T table 0 E S MATIERES ontenues dans ces trois Volumes. Kota. "Tn ; . me[s\ J1L " Artkles h citation d'un To. pponcnt jufqiià /' indication d'un au in Tome. A. Achmkt II, fuccéde à fon frère So-i,man au. Trône des Ottomans, w.- , °me ai- P' 1Z7- Fait faire inutile-I3r cSs ProP°iitions de paix à Sobieski, All' Samort» lonElLT (Jean), petit-fils du Grand Jagel-tì ' ome M- Paëe z5> Ses malheurs, fon Ą Portrait, ibid. (Ie jeuneDuc d'): projet de Ca-r ^lr ' pour je faire fuccéder à Ja Cou-ìef l\e/'e ^°l°gne, Tome /, p. 115. Ce prova-' ]Ł^'ait a Ńation, Brigue en e Trône, après l'abdication de Cafi-„ f' T'5. Perd la protection de la France, p 1 a tranlporte au Prince de Condé, foa re> *>■ ne 164. 169. Après la mort de fon „ °-nCeS Ł*e bien des années au milieu des^ patrie> l'Eglife, 177. Vient mourir dans afyle, au Cliateau de Blois, fon demi ibid. -rafriqtie Autkuils (des), Valeur & 111 £j1£tealł dece Gentilhomme irançois, al1 & DES MATÏERES. tt"? qu'" ^fendoit',contre Kara-Ma^ l"pha,Tomellpagev&fuiv_ Bo varJ°RI ^^enne)> Prince de Tranfyl- aorèVf'f^0rite fur le Trône de Poigne, l u V mtr dG Henri de Valois> TOL I 5 Gmi 0U poUr regner, Anne JagelLon, Cofi! T Slorieufement, $5. Etablit les Vol]!!14' anSla,bafeP^d°lie, & la balle la Pr.1'116' ^ &fyiv. Acquiert l'Ukraine à ^ F\ r P' V- Tmnfrr? E' & P"*® tîe cefcte Ville, autre f r ibtâ. Alïiégéeune " ^venh ?ar leS ImPéria»x> 154. qui en Ce?eî ibid' ySAo' prend à ferme les terres leur6kieski au-deffus de leurva- ]?p,, ' ome Hf' P' 129. Ses ufures , ibid. « mpc^ qu'erg occafionnent,'/i?^. Autre tft0l.,lpe conti'e le Roi, 130. Condamné à B £'.f ' 1<5r- Le Roi lui fauve la vie, 162-. (je/.{J^E (le Marquis de), Compétiteur ]a ^ |'^au-Pere le Marquis d'Arquien à Tr de Duc en France, Tome II. p. p?» de pU.*r '-0 moyen de découvrir l'impofture trio-'11 ^0Î1 rival, 100 & fuiv. Ses in- ^•^Ues,& à quelle occafion, 102. Rompues, Jil ^°mment, 103. Envoyé vers JeanSobies- 7oft?0l/rf Pr®texte, & dans quelle vue, ob:' ", P'^ TO?' ^es intrigues & leurs e^sj 114, xid. Ses démêlés avec l'Ambaf- fadeur T A B VŁ £ Ta de,uf de Vienne, ibid. & fwv- 0à par Lopis XIV Ambaffadeur en t^^oit il mourut, 1:19. Jufqu'à quel point i fait goûter des Hongrois, ibid. BoleslasI, Fils de MiecislaW I? ?rf, J1 Roi de Pologne, Tome I. p. i° • ^ vi°' fuccede à fon Pere, 60. Etouffe* lence, les relies de l'Idolâtrie, ibid' ploits, H. - ^ /. Bole las II, Tyran de Pologne ^0yatf-p. i2 6? /«w. ,et3ccommuniéj,'&/oiyj], me mis en interdit par Grégoire Cbafle du Trône, 14. , deP0' Boleslas Chrobri, Souverain logne, déracine les préjugés de e-Tome I. p. 78. ^ polog*1*' Bontchouk, ce que c'eft en Tome I. p. 130. , ja pe Boudchaz (Traité de), honteux » c0n-logne, Tome 1. p. 2.07 6? fuiv. jaJ-é n11^ tre les Loix de la Nation, 2,08- e%a- à Varfovie, 217. Anéanti par la P35' rawno, Tome IL p. 81. /• Boïïlaf, ce que c'eft en pologne p. i*9- T7,kdu^r3licł Bourbon (Hen ri-Jul es de), 1 Condé. Voyez Anguien. rv0â& Brancovan (Conftantin), ° ' ntacii^e' Valaquie à la place de Serba" '^^qucile ne, Tome III. p. 45. Sa politique>c occafion , ffo'rf. {3 21 des matières; d«ffêfn3 df Jeâ„deSPK-fnlnie; s'°PP°fe al:x *IZ "■p-i0? ck' mens de Marie Thï^r Gom»ande* Tonie U Therefe, Reine de France, n cafion ibid % ^nimpoftare, à ^elleoG* &*z0t m-& /m. Punie, ioo, Vilna °WSKI (Conftautin), Evéque de ^énér'iT0?"1?^16 Cafxmir Sapieha, Grand. Pournn • !.lthuanie' Tome ln- P• 133. fuiv. w' Jd' Tr°ul>lesà ce fajet 134 & *38. Ce r ,t Par Primat de Pologne, ^ à en Tl*en[nïvit> *39' Son obftination, ibid ì^er jet3 & prêced. 151. Suites. BUd ' 0 Mv, rnens' ^aP]'ta^e de Hongrie, différent fendete, a'Îv ^et,te Ville, Tome IL p. 193 à l& les p0i l0Seepar leslmpériaux ligués avec p. l3f ynois & autres Puiflances Tornelli Co,ifîd ' °i^ever après une perte ^ut> 5^ra 'C ^ennem*> prife d'af- i*»T C. * x A à p c Q z e ne (Démétrius), Jouaillier ( °nitantinonlp 7W/> TTT m 0 p»™* id,° ^la!fntinoP'e 1 Tome III. p. 8. Règne en ibid. Sufpeft au Bacha Soli-WpP°Ur^°i> ^ ^ans Jettes cire On- £. *> wid,. V». de Sob. T. III, Q Can- ei1 MniT aP^nople, Tome III. p. g. Regne , ^id. av*eJ Elt dépofé & pourquoi, C0lla c,IrzENE (Serban), Jouaillier à table _ . „«'M Cantem ir (Conftantin), fervi ce gu ^ au Sultan Mahomet IV, & à quel e onllg fi on, Tome I. p. 207. Reçoit 'la de Moldavie, après la dépofition de trius Cantacuzene, Tome III- P- *' 44, met à Jean Sobieski,41. Parque! Se fauve avec fes troupes dans Turc, ibid. Par quelle politique, 44* chant Prince ibid. _ . nj C a n t e'm i k, Fils du précédent, H' cruautés dont il accufe Jean SobieS ^eC *»£ 7//. p. 49 6f fuiv. Peut Pal'oltie,0j $0. ■raifon, fofpeft à cet égard, & Ce qu'il dit de quelques emp010 ^ Tartarea, Si. sta. C a pli ers, commande à la P iQrg âù rem berg, Gouverneur de Vienne, gjl liège de cette Ville par les Turcs> p. 166. r ^ p0* Casimir I, de Cœnobite, fait ^0l j^ettte* logne, Tome I. p. 8. Introduit les dans ce Royaume, 78. lt Casimir II, Roi de Pologne, furno1*1 cÏJiiJle, Tome I. p. 78. de Casimir III, furnommé le Gran fe„ Pologne , fait de vains efforts P mettre le Peuple en liberté, TofflS Avantages que lui doit la Natio11 ? ^ ell Il accorde piufieurs privilèges auX faveur d'une Juive fa concubine le dernier des Piaft, 80.. CjvS1' ces matîeres, a s i j jtt -p , fléchir foUs 01 e P°î°gne, obligé de _ Jets, Tome / t^6'063 de fts Sa" \; f j Fils de Sio-ir ^ Roi de Pologne. té ' ibid- Ses cr ' P' S>7' Ce qu'n avoit é" Soutenus dpc rrUerreS contre ^es Cofaques h,W* avec e„xrt!r »? & ^ ^eonteotPm» 1 '/ 4 ^ fuiv* Au grand ^uPture de ceh- ** RéPublklue? I0> Contre Char! r? ^a'X ' io^* ^es guerres che un arti Si Uttave' l°7&fuiv. Cher-che Ies T" 6 ans la Siléfie, iog. Déta-^tàlenr ^f6? du Parti Mo^ovite, & ^Ies à J' « Jean Sobieski, ibid. Trou-^°Uìfe .. ly^0.0'1'I011 f'e **on mai"iage avec fon Frere aue de Gonzagues, veuve de felice p\. 'I14' ^on am°ur & fa complai-11 n*en • P°Ur cette P^nceffe, ii,-, faire denfans, ibid. Projette d>ĄngUiei U0r P°Ur la Couronne le Duc ^UtdPQ11Srand mécontente-M, Ifg „e Pr'ts; fur-tout de Lubomirs- ^tinieru- a ) ibid. Son ref- en arriv Contre Lubomirski, & ce qui lésion * » ïi8" Sa promeiie de laifîèr 1*&. %-aRe n fucceffeur à la liberté des *41. pf.1 Son projet d'abdication, Ue> I4> & fuiv. Sa retraite en de s c 153'. Fait » Par Louîs XIV, Abbé deŃevermain deS Prés' & de S* Martin rs j ibid. La vertu de fon nouvel Q z état table M' état foupçonnée, 153. Sa mort, i?4- ,g rivée à; Nevers, 2,05. Il eft le deinie la race des Jagellons, 15a. g qUe Castel łan de Pologne? r1 {tel' c'eft, TomeI.p.ié, Prérogatives tin ^ lan de Cracovie au préjudice du l)a^in' Sur quoi fondées, ibid. . po- CHMILIENSKI, Gofaque, ravage i* ^ log ne, Tornei, p. 99 & juiv. k ^ y pi-caiion, p8. Défait i'Armée Polonoi e ^ lawiecz, 101. Eft battu à fon 'fqu's S'iiumilie pour le bien de la Patrie, J ^ demander pardon à genoux, i°?- de les armes, ic<5. Eft battu; s'e^/ Smoleńsko pour le Czar Alexis? 3,31 €hoczin (expédition de), Tom s • ^ & fuiv. Confidérée à plufieufS egar ' e fuh'" r rnmm^ Chrasonowsk.i (Samuel);L-olT1 j,ra- de Trembowla, Tome IL p-4%- u\e âe Youre, 49. Héroi'fme prefq.u'incroy3 fa femme, 50, 51 & fuiv. yr9nCe Con: d k' (le Grand), protégé pai* _* ie d^ pour fuccéder à Całlmir V. aU de^ Pologne. Tome /. j». 15Ó. Opp°^'° tec, Polonois fous, différents vains pre 156 & fuiv. abandonné par Louis tranfporte fa faveur au Prince c n^0- bourg, 159 6?yWr. Quels furent ^ 6 eX, tifs de ce Monarque, 159 • &par clus de la couronne, 167. Eft Pr0n°j0gfle, Jean Sobieski pour le thrône de ro- des M ATT ŚHE S, aPrès la mort de Michel, Tom* //. 10 & r'V' ^ dans quelle vue, iz. Sa morts G os"* ' P'5S" de pQiUE S attachés à-la couronne g . °.°Sne, par les bienfaits d'Etienne res °ri' ^0me I' P' $7- & fuiv. Leurs guerre &?6/-0 Po^°8ne, 98 & fuiv. m & fuiv,. C*leoyV' 177:&fuiv-fini* j I,'f ^eu l'inauguration de&: P- 56 C 0 §n€) & pourquoi, Tome IL, ^Acus fiîf e me /. p \ F Souverain de Pologne , To* blit dans ce P teUr de Cracovie'S* Eta"* Juftice,7? yaume des Tribunaux de à la Porte a^n veVeûvoyé en ambaJlade T°nieII A/Pif a paÌX de Zurawao> fafnenrW ' au moment de tout ' Par tr°P de fierté' * & ES. Sa Vanta» ffra^gance, 87. Articles a, au traf^H 7 ologne» qu'Usait ajouter Cu.„ 'éeZnt™»», M &fuiv. ®ini°ckLIr Gr"d Viiir> s'emPare de Ka-d'un 1, •' ';'e '■ 'i'- 2,04■ Beau défefpoic 'bid 7,L' a a"llierie dans cette occafion, ^hometlV.» Pc°8lÌ P°Ur łf sloire de n°ple mo ê retour à-Conftanti, p, 3o ' 9' Sa mort,& fes fuites, Tome II. C Pan ent1 ( MuftaPba ), du précédent; loupes o\fraUd ^ifiriat' commande les Pe* Ottomanes contre la Ligue Chré- Q 3 tienne? T A B L TL tienne, Tome III. p. iii. Réforme qu troduit dans l'Armée, ibid. Ses e contre les Impériaux, 112. Sa moi t, Qîl-Czahnesri, commande les Polono ^ tre les Troupes Suédoifes , Tonw • jrS„ Obtient le Petit-Généralat dont Lu ki eft dépouillé, 119. de Czartorisici (Florian), }nte*~foflieII-Pologne, après la mort de Miche ? tûute . p. i3&i4i Sa mort,ibid. Elle chank la face de l'Ele&ion, 14. • rVor^e Dannemarck (le Prince u la brigue le thrône de Pologne? ^an-mort de Michel, Tome II. p. ?• ce pas même les fuffrages, 7- A ^oîit $ Daun (le Comte de), Stratagème ^ , ufe au liège de Vienne , Tome l • r ^ D1 f/t e s de Pologne, Tbratf /• V- 1 rroujotfr^ ■ fide la pui flance législative, 2.5- palati"* précédées des Diétines de chaqu ^ nat, ibid. Le Sénat en eft l'arnequo11 ■ rémonies qui s'y obfervent : matie x-up" y traite , 31 fuiv. 34 & fuìVt . pi^0 ture, remede à cet inconvenien • d'Eleftion, après l'abdication e paf 16a. Troubles dans cette 33iete c- parles faćtions des deux C o m p e t! c otl les de Lorraine & le Duc de prjnce^ i<9 6? fuiv. Efpérances de ce ejjtre anéanties, 171. Diète de paciftca DES MATIERES.' e parti de Michel, & l'Armée confédérée, ai3. Ce qui s'y palle, 2-14 & fuiv. Tout s'y termine heureufement, 111. Diète convoyée après la mort de Michel au fujet d'un ûccefteur au thrône, Tome II. p. 4. Dif-^rents partis dans cette Diète, 5 & fuiv. ^ete de Grodno, la premiere en Litlma-*llę, iii. Troubles de cette Diète, 112 6? lv' Evénement fingulier pendant fa te-115 & fuiv. Elle eft rompue, par qui, a quelle occafion, 118. Diète de Grodno ouverte contre la Loi àVarfovie, Tome T)-yP\19- Comment, ibid. Troubles 10% łete a Grodno, 76. Troubles, 77 6? fuiv. ouvelie conftitution faite par la Nation em iée) Ic^ Diète à Cheval 160. ^ En robe, ibid. r>o«"L'V"181*> Tomem-p-<-><- 'e de Grnfl» ' P£r °n ve!o< "'"P1 une ło,oscr°!' 7j. tu par Jean Snl ° ' deS C°ra1ues ' bat" fittir vl r Sob'esk', fous le régne deCa^ ^Michel"",, Cl'37') Et f°US lere?"e à Confi- • Cherche un autre maître res en^ntlin°^e' l^" ^ caufe des guer-& fuiv 16 Turcs & les Polonois, 181 ^ flls'du Czar Alexis, afpirant dation dTrT deJoloSne ' aPrès 1>ab-écarté dn n, - Vl 7ome L P-lS5- thione, & par t^uel motif, ibid. &: table & 156. Son pere s'avance à la tete eft puiliante armée pour le faire e ir ' amafé par Cafimir Paç., 164. Fktfa, verta de cette efpéce àe ■ ment chez les Turcs , Tome I- V-Fgrbin, Eveque de Marfeille , Jigtf® deur en Pologne, pour détruire ' ^ieS-formée contre le Turc entre Jeanr/- ^12,7. ài & l'Empereur Leopold , Tonie _ • Ses lettres furprifes par Sobieski ? en plein Sénat, ibid. &fuiv. G' . J l'Armé G a l i c zi n , Generali filme de jyjaUvais Mofcovite, Tome III. p-68- £rimée ? fuccès de fon entreprife iur la ^ 5e ibid. & fuiv. Reprend l'expéditi0l^eS^ gp. laifle amufer par le Kan des laf ^ Les deux Partis chantent vi&oire> G ne s ne, premiere ville de Polog1 ' ^-3. . , femmeae Gonza&ue (Louife-Marie de;, ^4. . Cafimir V, Roi de Pologne, ^ \£r la Infpire au Roi de faire déiigne-f_^-t toyS couronne le Duc d'Anguien, n?* ce fes efforts pour 1'accompliflelTie ra^er^> ., projet, 127. Sa mort, ibid. S£n C*int d'e»" 128. Deux fois Reine, ne laifla P° fans, iap. . Grange ( Marie - Cafimir de la;, Arquien ( Marie d'). , laïrran~ Gra vel (l'Abbé de), envoye Pa . t:e en Pologne, & dans quelles v ? jjj. fiES RATIERE S. j?7T ptocéié*avec cette Rép°-e*«œs^ontr^hpSVRoi t SaUe' feS ® fuiv Sa Pologne, Tome I. p. 107 Rentre melt'To;L/eme Pol°gne, & com- ÏSlRcBav 'V; ?P?ufe Jagell°à, 17. rrVeloPPele< T ' General Allemand, en-0 N G R o r s artares> Tome jIII p. 154. fcànSobiei-es)' offre^,leur Couronne à x'ils> Tomejl p0Ur ie Pdnce Jacques fon traités par ]4 P'191 & fuiv' Cruellement P' 74. Empereur Léopold, Tornelli. Pi ^°biesliŁi 'r°e ^ ^T'^raine, afiiégée par Jean ^ftapha ZnaILp-31' Reprife par Kara ' 4° & Juiv. L lïîée f u H A 1 t a n , Général de 1'Ar-P'67- C0n HC ^on*-i*eles Polonois, Tome II. T avec Jean Sobieski, la paix . ' cSc a quelles conditions, gì. Turcs fTÌt- '|Ut;re') ' 1 & Général des rr-p.ï> V/-eVer le fléSe de Bade, Tome t e ^Uc de r mV- ^attu devant Strigonie par 1Q e nr a ' 1 r',116'3*' Magique, 7 r. quelle! (P' néce*ïairé en Pologne, & U a not. °ccafions, Tome II p. 10p. A*Ùb.TlIT ' I' R Inter- T a b ł è Inter-Roï, c'eflt, en Pologne, tecuia-Tome I. p. 160. Ses fonćtions en ce lite, ibid. &fuiv. . ;ntei»ent Iwan, Czar de Mofcovie conjoi avec Pierre, Tome III. p. 53» J* •1 d® Jabłonowski ( Stanislas ), ^a^on k' Ruflle; doute à fon fujet, qui aV ya-loge, Tome I. p. 134» Sa prudence ^ leur au Camp de Choczin, H6- jea» cours en pleine Diète pour p°rC Sobieski fur leTlirône de PologB®' prin-//. p. 15 & fuiv. Grand-Pere de IV ^ cal-celle de Talmont, M. à te de rè- me les troubles excités à 1' occa}l°fuiv. & leftion de Jean Sobieski, 21 -neçoi^f valeur, 33,45. Ses dignités, i3°- ^eSld, commandement de l'armee de^ a,ił que ce Monarque veut devancer a^ant a-iiége de Vienne, 159. Arrive cepe j^ent vant le Roi, i6z. Prend le comt«a^ contfe des Troupes dans une exPedl5l0]Uelle °c" Kaminieck, Tome III. p. ^ A \ -ne, cafion, ibid. Entre dans la Buco j^yis Horrible fituation où il fe trouvé ^ ^ de l'ennemi, 27 ê? fuiv. Imag111 ^ traite prefqu' impraticable, campagne pendant quelque te > fui-deffein, 33 ff yto. -Ses meftres fO & prendre Kaminieck; rompu® y Turcs ioa. Le commandement a lui D E s Matières^ lui eft réfignépar Sobieski, Tome III. pm. PP° e aux 1 ar tares, & fauve Léopol, 15$. itinue d'arrêter les incurfions des Tarta-j ies, 153. de Ville de Podolie, brûlée pris pa |lcs' Tome III, p. iS. Son Château fait piur *ieatl Sobieski, ibid. Cet exploit j *lUoi $ bruit qu'il 11e vaut, & pour- ge crrMi1' ^ent^lomruePolonois, outra-Tome ï ement Gofaque Chmilienski, iiefte 7^*S8' Vengeance de ce dernier fu-^ 4 a i>0^°gne, p() & Juiv. vient a,E°i^ci;Es III, Elefteur de Saxe, Turcs' V"C hommes contre le; P- 151' 01S du fuige de Vienne, Tome II. j°îîas' t .. R°i p ' ^^decin de Jean Sobieski, à lap^i °^°gne, Tòme III.p. 12,8. Odieux °§ne j & pourquoi, i6x. R a Kami- Table t Podoić > Kaminiecic, Capitale de la prife par Cuprogli, TomeL P'^^nti-tuation de cette Place, 198. Sa P y&ót' quée par les Polonois, Tome IIIp- ^,ufl Kara-Mehemed, Comman atl^ je&n corps de Cavalerie Turque, de a Sobieski après la journée de VielU^' gade, II p. *98. & fuiv. Gouverneur Tom* III. p. 13. Périt au fiége a Ville, iéwk j CuPr°" k as a - Mustapha , neveu de ^ gli, fait Grand-Vifir- par Maliome me II. p. 58. S'empare ^ Huiwa®> ^ g? d'Ukraine, 4-1. Sa barbarie, ibid- r ^ fuiv. Fait le fiége de TremboW ' p0-fuiv. Le lève à 1' arrivée de 1 lonoife,?a. Général des Troupes ^ ^ ^g. nés marchantes au fiége de Vie'^ cette Magnificence de fon Camp Vqon inha" Ville, 144.172-. Sa molleffe 144» ^ j<57-bileté à profiter de fes avantageS 1 ^ ter-172 173 & fuiv. Son avarice, -t 7-reur, à l'arrivée de Jean Spb^ 0, Ordre cruel qu'il donne aux 1ar- cQ irle-Méprifé de fon Armée. Suit e <■ J?g. pris, .77- Sa lâcheté & fa Eprouve les effets de la faveui aUCUne tane Validé. 193 & fuiv* Neui fui-part aux dangers dans les aC 10 virent la journée de Vienne, ;^ . eł ifactions contre lui, 215. Sa 111011 b D£S MA TI ERES.. K1e l m a n s E g g ( le Baron de), fon indu-"ne au fiége de Vienne, Torne iI. p. 154. 10vie, prife par Boleslas II, Tome I. P'}3" Sa fituation, 13. Rentrée fous la dotation Mofcovite; fon état aćtuel , .12. a la note. 1 \ ^a^a^n Kiovie, Grand - Maî-e e 1 Artillerie Polonoife; fa manœu-e ors du fiége de Vienne, Tome II. laR^ ^-CS exPloits contre les Turcs dans bovine, Tornelli, p. 29 & fmv. '* Son indignatiora Il p lntzendorf, & à quel fu jet, Tome WvLJaloux du triomphe de Sobieski de Ce ibid. Sa Politique à l' égard Son in Cr°s » & fuites , ts>i & fu*v- Préfe ^rat*tude, & envers qui, p. 214» tenir d G Un ap.Pât a Sobieski , pour le re- ftie ^gue contre les Turcs , 'Jo- ' P' 37 & fuiv. Le trompe, 47- 12-4- R 3 S* table I y i lie Sa cruauté envers les Hongrois dan:L \\effe d'Eperies, T. III. p. 74. Oblig6 la .^-fionda pays de déclarer la Couronne p0fi-grie héréditaire, ibid. Rejette les p ^ ^ tions de Soliman III, 91. Tranfp°r j,jg, veur du Duc de Lorraine au 00» fteur de Baviere, alors fon gen J\^'rïI1ée, Le charge du commandement de contre & du liège de Belgrade, pJ- ®ntre Louis XIV dans la fameufe aU fu- bourg, z7?/ćl Amufe Jean SobiÇs * ur jet de la Valaquie, 92. Ses intrigò rompre la Diète, Ç3. Dans que cg.fyjjtf* ibid. Ses malheurs en Hongrie, i^7 , a# Lesczinsici (Raphael), Ion cu de Roi Sigifmond Augufte dans la /, k- Petrikow, & à quelle occafion, j?. 20 & fuiv. Son difcours, dans je Je^t1 tre Diète, contre la Reine, epou e . Sobieski, Tome III. p. Pj* Moti s nimoient, ibid. Note fur ce Prince, ^ fe-Lesko I, Libérateur de la,Pologne> çoit la Couronne, Tornei, p• 8- f0inz l' Lesico II, Souverain de Pologne? p. Comment, ibid. repi'i^ Liïhuanie (la), prefque tou par les Polonois, Tome I. P- Il^en% 0$1' Lithuaniens ciers) contre laLivree Polonoi , p. 153. Suites funeftes, ibid. v>J1^0fé pal Longue ville ( le Duc de),, qtt'c* Jean Sobieski pour fuccedei a v oui°' des Matieres. vouloït detrôner y Tome I. p. igp. Sa mort, a quelle occafion; la ligue contre Michel déconcertée, 194. OR R. aï ne (Charles de), compétiteur au rone de Pologne, après l'abdication de a trçir V. Tornei, p, 155. N'a plus d'autre i;\a ^u.e Duc de Neubourg, 164. Qua-es qui militent en fa faveur, 165. Ap-Se^ 6 ^obleJTe Polonoife, 167 & 170. L£S elï)erances détruites, 172. Propofépar vouf°' ^ ^°Ur ^ucc^^er a Michel qu'on mort°!f det^er) «8. Brigue, après la y0?K ^.ce Prince, le Trône de Pologne, L0Uis Yiu ?" Protefte de fe venSer de luotif A1V> a quelle occafion, & par quel périal' I$>' Commandant des Troupes Im~ trepri^g c°ntre *es Turcs, lors de leur en-tors Z fUr tienne, p. 13p. Sa conduite a-P°nfe a Jf *xploits, 147 & fuiv. Belle ré-189. Fq,,1/ a Léopold, & à quel fnjet, p, i3_ lCe de lever le fiége de Bude, T. III. tl'aûw j?' le Vifir Ibrahim, 34. Prend tuée C' , .u^aïlfel, ibid. Barbarie de l'Ar-FetIimg î"etienne, ibid. & fuiv. Surtout des Veau B S ^liemarides, 35. Affiége de non-expioij.11 G' ^ l'emporte d'aflaut, 52. Sta ^fîiéçeS f°ntre Viiir Soliman, ib.Sz 70. Hz, ^ pt'end Mongats, 74. Sa mort, fa farciire 0^ ^ recommande à l'Empereur ^0%^ 1 e & fes fujets, ibid. & fuiv. rît*; eu de Cafimir le Grand, & Roî 0ri8Lie) monte fur le Throne de Poil 4 logue, table • 7 1 P' logne, & a quelles conditions , '• '^eC Envoyé le Duc d'Oppelen pour g'ollV la Pologne en fon nom, 16. Le & pourquoi, ibid. Sa mort, ibid- jjjeS" Łoziński, calomniateur de Jeau ki, Tome I. p. ai g. niê&e Lublin, Capitale da Palatinat du nom, Tornei, p. zoo. à la note. S» ce te, ibid. / i î de P'^0" Lubomirski, Grand Marecnai f progne, & Petit Général de i'ArîTi(^ yg noife, T.I.p.m &n<5. Entre dans ^ de Ragotski, ni. Sa fermeté eontre (rUieO, jet du Roi, en faveur du Duc d i n" ^ ir5. En faveur de la Patrie, , ^uel-Soupçon de la Cour contre lui , ' ^ re^ le occalion; condamné à mort, 1 ^ fes re hors de.la Pologne 11.7 & plV' dignités, rrp. A recours aux arlîie/ . Je-Ses fuccès, ibid. &1 J'uiv. Fait ^ il décret de fa profcription efl: reV°traite & congédie fes troupes, 125. Sa re Bresiaw. Sa mort, ibid. Sonfîl5 ^ton de de Jean Sobieski devenu Roi, aU 8 Grand-Maréchal, Tome II. p-%<&' . cç>n* 1» y s 1 n s k 1, Gentilhomme Lithuafl^. ^ damné à mort, & exécuté, T- r . ^cret Sous quel prétexte, 98. Singularité ^ de mort, 99. Loi violée à fon égar ? M. îniccfc ' Ma m o m e t IV, maître de K»® les envoye des garnifons dans u pja- des matières. Places- de rUlcramo t Arrête avec- ' ]0melP-*°$ &fuiv. ch^; fait mSr °nA™ée à Boud" ™es^Uopolutnte millehom" ftantinonle 200 '*rM Sonretour a Con-tio» de Kam • f re kieski la rdHtu- avec ' P°Ur Ie détachef de l» ces> Tomo r/A pereur & autres Puiflan- v-38" Eftdépofé,7î. Sa ]\îïïlent, ibid aUX d'empoifontie- -A- x i * de Baviere EN"Emmmijel, Electeur c°ntre Jes amene douze mille hommes Tom e 77 1 urcs > l°rs d-u fiége de Vienne, »**«■' W53' °l°gne s ieÇn°wieçki, éluRoidè V, T. 1' comment ; fuccéde à Cafimir ^eariSobi ' 7^' de ce Prince avec AugUreg es ^5*73 & fuiv. Sa naifTance, 174. t^aV°rables Pent*anfc f°n eleftion, Ce Milice ^eilrs' *74 ù? fuiv. Foibleiïe de Vec ies„e> l75, 178, 195;, 196. Ses guerres a -pereUr T (iaes »177• Sollicité par l'£m-r°^Censk C°P°^' refu^e de pardonner à Domite °' r^* Guerre >avec les Turcs, c°Htre c Clr.e^us> I^° ^ IS>- Ligue formée Aî'ir, r^ce pour le détrôner, ibid. & lT?ariage,p. 19t. Contre le gré des ^ératS ' ^ forme une Con- ^^oci!on?°yale , 19?. Son inaction aux ^a^omet lS>1' Sa terreur K ceHe de fon Armée, 200. Raye ieslti ? ^ tous les Seigneurs li-R 5 gués Table gués du table au de la profcnption, Toffl* ^ f* 213. Convoque une Diète de pacificati0" ' Vafrovie, ib. Il y voit fon pouvoir diwinr ^ ziĄ. Après la rupture décidée du traite Boudchaz, fe met à la tête de fon ^ & par quel motif, 224. Son irréiol»^ ^ & à quelle occafion, 22>. Tran Miecislaw IIj Souverain de P0*0^ pere de Calìmir I, TomeI. p. 6. e Miecislaw III, Souverain de P° dépofé, Tornei, p. 12. ^e> Mignot (Marie), quelle étoit cette r ^ Tome I.p. 153. Singulièrement favo*1 f u-la fortune, ibid. Elle foutient avoir ep fé fecrettement le Roi Cafimir , i$4» ^ Mo de ne (le Duc de), brigue Ie de Pologne, après la mort de Mic^e ' 0* tue II. p. 5. ne balance pas niéxne leS frages, 7. inCe Moldavie (la), ce que cette lr u étoit, & ce qu'elle eft, Tome III>P' Pafie fous lesLoix de la Pologne, P^.jcr Mondrk'oski; Bravoure de cet ^ PolonoiSj au camp de Choczin* -*0 DES MATIERES. P- Ł39. Et fes fuites, i&wf. Tué devant ^ Vienne, Tome II. p. i$6. m rectjculi; court éloge que fait ce eros, de Turenne, de Condé, & de Cu-MPr°^li, T°™ I. p. igi. ?rS/ ^ ^ rancefco), Général des Trou-CpS \,en'^ennes > fes exploits dans la Grevai \t™6 P'34> 53' 69• échoue dettai i'e^feP-OI\<:y 9°* Élu Doge, *02. Sa a ie 1 empêche de porter de nouveaux MoBpS aUX ^fidèles, ibid. PolSJA îï ^n^re), Grand Thréforier de » ÏT%' tra^ifon découverte, II. M 7- a mort en Franrp 123 Moscovitf*. 1 » 33, , ^ loo-no t- ' eurs guerres avec la Po- Déroute Z\L\ ®7 F >»',Iu.Ê?>'V- ^-aarcot1:l%xnee:^ ces 7>.v*°' ^ans ^ue^es circonftan-Pnîfl. * Se %uent avec elle, & autres àM a?CeS> & contre qui, Tome 111, ». 4. Cri°ł 3er?e.ns leurs AmbaiTadeurs à la cour ? y*?nnet 55- Ne font d'aucun fe-s a> Ligue Chrétienne, 103. Caufe Mo "«aftion, no. ILDo (Samuel), fon courage, fes Mus^r°ltS' ^ ^ m°rfc5 T-I- P'233 &filiv. cenv™ ]1> fils de Mahomet IV, fuc-re nn* limet ir) fon oncle, à l'Empi-tra;h /m,an: r 3l- ™ à la note, O. O ci i n s k i, Palatin de Troki ; la 110î? nation illégale à la Grande ^^^ir rie de Pologne, après la mort de^ 3 ^ Paç , Tome III p. 20. Troubles a ce jet, ibid. Calmés par la Reine, 21 Terminés par Ogiński, & comment, 2' ^ Olsowski (André), Grand - ^ia"^cj,er de Pologne; fa fermeté pour ma ^ contre les Infidèles, Tome I'■ Paf.' ^ Ev eque de Culm, & Vice-Chanceli» Royaume, Tome II. p. 29, Sa f"°r. ' Son cara&ere, & fon éloge, ibid.&J'111 OP A- °pal °es M ati eres. fon^ S K1 (Cafimir), Evêque de Culm.; Jean çP0Itement en pleine Diète , contre dé na , ski ' r°m. Grand -Chancelier de Li-^t ienip ' ^auve République en amu-b 1 Zar -Alexis, & dans quelle occa-9 (M ney j0> l6*" ^a mort? TomeIII.p, jp. Uie- ^el), Grand-Général de Lithua-*°0o'ife a l5nteur pour joindre l'Armée Po- tle Jean' c °me P' i24" ^a jal°u^e c°nf retirer * obieski » "5 & 229. Veut fe pédîtio aVeC feS Lithuaniens Iors de l'ex-ie ^otif CIlotLzin; en e& empêché par 3lï Ca-r Qfc 8^0*re> £33- Son héroiTme ąyec j-0 ^ .^e Choczin , 242. Reprend, H'ï. S,T Ar"îée, la route de Lithuanïe, ** °PPofe avec le précédent à l'éle-ToUs Q Jean Sobieski, Tome II. p. 17. ^el X .en^n y coufentent , & par P 35 c. ' tâid. Sa déten tion en Ukrainę (p' , . ®ort, Tome III p. ^Qri aut]Ll ~iVJichêb, Starofce de Samogitie; Cafìon en pleine Diète, & à quelle oc-' 0I12e III. p. 20 & fuiv. P A- table P ACTA- CON VENTA (les), ce <|8ec'eft en Pologne, Tome I. p. 32. ,^ Palatin de Pologne, ce que c ' Tome I. p. 26. ,fce Pauluk, Général des Cofaques, a coupée, & à quelle occafion, T.l'• Pi ast, Chef de la feconde Claffe des 1 ces de Pologne, Tornei, p.4. Cequ fon éle&ion, 9.10. Prince vertueux &P fique, 77. Durée de la Race des ^°eIlt Pierre, Czar de Mofcovie conjoint®111 avec Iwan, TbtfZć III. p. $3. . f0' Po do lie (la), conquife par Cuprog 1> me I. p.i04. Et dévaftée, Tome iH-P', Poł Ignac (Melchior de); moyen qu 1 gere à la Reine de Pologne de s aCC^e envers 1'EieĆleur de Baviere, au fnjet ^ dot de Thérefe Cuaégonde Sobieski? ja le, Tome III.p. 149, Admiré & crain ^ Pologne, 11 ne quitte point ^e^nCe, bieski fur les derniers jours de ce 166. Sa fupériorité fur le Jéfuite\ 0 'eCja Il fait pafier en France, de conCf1-t^ d?n^ Reine, les tréfors de Jean Sobiesk1? quelle vue, 175. . v.>redit&e * Pologne (la), perd fon droit ht 7. la fin de la feconde Claffe, TofM • Révolutions dans fon gouvernemen ^ & fuiv. Devint République coinP° trois Ordres, 17. Son Sénat 27* jaIîs l'1*" lires, leur nombre en fe répétant ^ nion des deux Etats de Pologne DES m A T T E1* E S. ^Uanie, ibid. Leurs rangs, fondions, pré-^ugati ves, &c. T. I. p. 2s & fuiv. & 1<9 & fuiv. es différents Armées 35 & fuiv. Celle de ologne & celle de Lithuanie, indépendants 1 une de l'autre, 68. Ses produftions^ °n peu de commerce, 66 & fuiv. Ses Ri-leres & Fleuves, 67. Nombre de fes ha-jtans, ibid. Son étendue; ibid, & fuiv, >*age, quant aux terres de l'Eglife & delà obieife, Tome III. p. 132. Etat de ce °yaume, quant aux Sciences & Arts, 7b-/r'P'l1' Différence du Couronnement .e 'es Rois, & fur quoi fondée, Tome II. 107* Confédération Proi JTe & par quel motii^ IoS- Tout Ab,, campagne anéanti par-là, 109. £ièî;S ^Ue ia ^Pub%ue fouffre pendant les ^énnki'- r'2" Convuliions civiles dans la TflP. Diiqae, 155. Ses guerres avec les Turcs, ^0Loares' Cofaques, voyez ces mots. Tonie/°1S (leS)' ancl8»nemenfc Sarmates, fefiio • ^ vreté de la petite Nobleûe, .73* ibid. Ils dérogent par le commerce?^ ^ Hauteur de la République vis-à-vis ^ Rois, 75. Ils ont dépouillé leurs 0 droit de faire battre monnoie, w\ • ^ ^ Popiel II, Duc de Pologne, dernier Race, fon portrait, Tome I. P• 9- fc Pospolite, ce que c'eft en Polo,Ç^e' ^0. nie I. p. z6. Tome II. p. 76. Tome 1 „ ale, AfTemblée contre la prérogative Tome II. p. 76. oVie, Potoçki (André), Caftellan de 'r8lat, fuccéde à Siéniawski, au Petit-Gfc'n Tbfw ///. p. 5. - aj de P o t o ç xc 1 (Stanislas), Grand -l'Armée Polonoife, battu pat* |e Chmilienski, Tome I. p. 100 & f^iV' e%ccS Prazmowski, Primat de Poiogn Nonce de Pologne, Jadis de°Hl(luetaire en France, rompt la Diète tion yo(^no' Totne II. p. 118. Son obftina-ibìd a ne ^aS ren^re l'activité aux Etats„ ' . ^°n empire fur la multitude, ibicL Jutv a la note. lî An R c Zï°Wsk*i Evêque de Varmie, fait, ViCent^e & par la rufe de la Reine, p% az"" Chancelier de Pologne, Tome III apre' rdinal7 57. Primat de Pologne,. So rp a morc de l'Archevêque de Gnefne, W caofe dans une Diete de Y, & à queł fu^et' 79 &Juiv\ Sol,P- e c°nfpiration contre le Roi, 104. Mar» WlŁ (la Prin-ceffe de), mariée au «lsd^;eLo^sde Brandebourg, l'un des les D|^ • ^e^eur de Brandebourg, contre la (ie i°^0t:s Jean Sobieski fon Oncle, qui nie [j lti0^ au Prince Jacques fon fils, 7b-i>r0m;f Ic8 &: iro. Veuve, TomeIII.^.84. de ]»> au Prince Jacques-Louis Sobieski î>iens ^ous peine de la perte de fes % le''"P0ll^e, au mépris de fa promette fj|s lri"e Charles de Neubourg, troifié-^^pérah 6 ^ ^'e^enr Palatin, & frere de it ^ /• .riGei 8v Suites de cette infidélité, s Table fes Ragots ici, Prince de Tranfyî\'£niej pj guerres avec la Pologne, Toute, I. ?• ^ yjv, fu lv. Obligé d'accepter une paix k°l1 p. iii. . \Q Ragot s ki, fils du précédent, Trône de Pologne, Tonie I. f-du Trône, & pourquoi, i5<5. fa Rokosz, ce que c'eft en Pologne> é me 111. p. 160 & fuiv. S af- Canta-Croce, NonceApoftohqPÇ, c ^ fe la Sentence d'interdiòtion PoltC vSjd, Primat de Pologne contre Evoque de Vilna qui avoifc exCOnl -Cafimir Sapieha, Tome III. p. rp^e Sapieha, quatre freres de ce noni,^ II. p. 12.6. Jean Sobieski éleve cet ^ ^ fon, & dans quelles vues, ibid. ^ 'u vêtu du Grand-Généralat, & dl1 ,Cn era' de Vilna, Tome lit p. $. Cette gnée par Leopold pour rompre h Auteur de la rupture delaDiète, de ment on le découvre, ibid. SoupÇ .^ confpiration contre le Roi, i°4• lC de du fait, ibid. . ^ran^" Sapieha (Cafimir), l'an des fufdits' Général de Litimanie, affigne, c0^]^eë tei" ge, des logemens aux Troupes >Ll1 ^ g^ res privilégiées, Tome III. P' communiéparTEvêquede Vilna» l33ntrç lu* bles à ce fuj et, ibid, & fuiv. A c des matieres. Sobieski mal eonfeillé, T.III. p.Ho. abnfc on pouvoir, 13g. irrité contre le Pape, 140. Rn"^ç)llr^U0^' Sonmanifeite contre le sa v e' i5°- Trû'Y j ''e ^r'tlce Thomas de), brigue le Tonifiéj-^°^°£ne api'ès la mort de Michel, fuftVo ' ^alance pas même les S tlages, 7. 1 Paç ^,ZV°WSKI> détaché par Sobieski vers Sa rén/ra,qUe,lle occaflon, Tome I. p. 23c. s a muffite, ibid. F M » P resmaI 1 ERAI> Kan, commande les Tarta- Safuitp' ,ntSaufléSede Vienne, TJI.p.itf, tion iq evant^esPolonois, 178. Sadépofi- 71/// 4\ on rétabliffement fur le Trône, ibid, B ^auveparla rufe lesTartares, ne î-- 0 exemple de valeur qu'il leur don-c , ' 1 p 1 T°me ronois> nombre des Sénateurs, S£'r j-P- 27. ' tireIdel'V°£1Cledufuivant' décapité par l'or-Si ;mÇercur Léopold, T. IIp.IOI. Terne 21 ravoilre) au fiege de Vienne, òiCj ' x53. Nonces' r6/6 premîer du Privilège des s Privilège ib'd P' 33' En qU0Ì conflfte ce clai*a*tion Dfan' ^ ? Polo£ne' élu par ac-P-%1. Ab,;; nS .lv.lfîon de fuffrages, T. I. Cliques rt,waSfatlC0 deS cheval^sTeu-re5 H Bon h fitW' force extraordinai-heur & avantages de fon règne, S i Tonu Table 1*1* Tornei, pM. Il prononce la peine de ^ contre la Religion Protettali te, 61. Etne moins laifie les Juifs en paix, ibid. . ^ Sigismond II, furnommé Auguflei 1 a-Pologne, irrite le Sénat, & à quelles oc ^ fions, T. I p. ip &fuiv. Meurt fans en ^rt à Nouveaux remparts élevés après fa 1ti0at3-la liberté, ibid. & fuiv. Il fcandalife la tion, à quelle occafion, 6z. , jg Sigismond 111, Prince de Suéde, foC & lés Arts, $>3 r, ^ns « 7, ucation qu'il donne à fes En-S0 8,;^* Sa 1T*ort, p6. ^biesk** ^C(lu®s-Louis), Fils de Jean par T n ne.a l>ai'is; tenu fur les Fonts perUeanXfV' 7}I'P-t^ Accompagne t>anger ' fleSe de Vienne, T. II; p. 16. ^efe j C0Lirt, Marche avec fon ValaqUia C2,n 77 & ^°ubles dans une Diète de Grod- ìe céder Pourcluoii lbui- Eft obligé dzi\Viì • Elî: tromPé Par ]a fri ne effe , >84 ç ^Ul avoit promis de l'épou- i eUr Pvi',\mariaSe avec la Fille de l'E-Ue *a Toi/ llî* 113 & fuw' Reçoit l'Ordre ^roilve ^r> Ir4< Mortification qu'il Jf!°ufìe Cf/, aus quelle occafion, 115. Sa le> Ui le r°n *rere le Prince Alexan-l25< Lui attire lu colere du Roi, s a T. III Table T. III. p. 122. Il obtient fon pardon,^- ^jp„ la mort de fon Pere eft emprifonne a fick, & n'en fort que pour vivre en tri-fous le bon plaifir de la Maifon che, i'i6. # fa OBiESKi ( Jean ), époque & ^eU . llCê-naiffance, 3T./.'jp. 87- Eloge de 0ttr très 88. Son éducation, 94. Son les beaux Arts, & fes connoiffances, c;eS />. i> Son tempéramment, T. Juin- voyages avec fon frere Marc', 9? oUf Moufquetaire en France r 95- ^ot\ je la avec lui en Pologne pour la ue foi1 Patrie, 96. Moins cher à fa nacre 1^ ^af frere Marc, & pourquoi, 102.; fa négociation, l'Année Polonoife f|aCoU- à Zborow. Fait Grand-Enfe'gne 'gg Qu* ronne, 105. Ses guerres contre C| ftave, 109. Il eft en otage chez du res de Crimée, 112. Se concilie ^tieirt la Kan, & ce qui en arrive, ibid. ^ ^xibo' dignité de Grand-Maréchal, .oXX mirski eft dépouillé, n9. ^etlt ge ni^f' après la mort de Czarneski, 129. & avec qui, 126 & 127. Eft fa^ ^ potoÇ^'1 néral, après la mort de Stanis a^eS&leS 129, ,Ses exploits contre les T al c ce^ Cofaques, 132 & Juiv. Paix Calt®^te je Peuples^ ^138. Il reçoit en pleine p^trje,i5?' tre glorieux de Libérateur ŁI4 & fniv. ftifié de l'! Cet!e mêmC Diète' 2l2- Jn-Wniafo VtU meme de Łoziński fon ca-vers lu] U^' 2ip &fuiv- générofité envoient' fÎI- "^t envers deux Seigneurs qui Le noin?'rOIIlpU Łoziński, ibid. & fuiv. toute U p6 Ces Se3*Sneurs eft le fecret de S°bieski fp °Sfe' T- I' P' 220 à la noie. Ch0czin Prefente devant le Camp de Vainqueu/dp ^anger qU'ij >T collrt> 237-riers flétri J x UrcS' 238 & fuiv' Ses lau-eft raPPell/i • commcnt> *39- & fniv. 11 Paf l'lnter u* ^ fon Armée en Pologne ^l0C2in ~ après l'expédition de P°ar taT, vu 10nd à LéoPol> 2W- S'y ZJ0, s°n indir !yver' & par quel motif> fI(ìUe par ri eretlce & peut-être fa poli- rf m°rt de ivr1 !" au Trône de Pologne après >ce deecM,cH T. a p. 4. Oppofele Traine & p. aux Princes Charles de ptoient rea/ "Cuffie de Neubourg, qui 0.u^°nnedp o fS ^euis Compétiteurs à la giliaiitalnf; ° I0« Sa politique en ^°Ue occafin a' 1 aux bruits à fon fujet,& à V8. Prêtev [Y4' ProcIaméRoi dePolo-esqui l'éloignoientduTrône, table ofé T. II.p. iï. Troubles auxquels il l*ç0it même depuis fon élection, 20 &fuiv- ^ folemnellement le Diplôme de l'^eL !° r'ean Son portrait, 25 & 2p. Prend le nom f _rtj? III, 25. Faveur de la République a 10115^ e3t-& en quelle circonftance, 28 ,e$u- ploits en Ukraine, 32 & fuiv. Et co y^çoit radin, 47. Retourne à Varfovie, delà Perle une AmbalTade de felicitat^et' gI1 Eft couronné avec la Reine, 59- 61 marche contre les Turcs & les T 31 Lflî ^ gf & fuiv. Evénemens de cette gu?11 ^ gj. /«/y. Terminée par la paix de'Zura^ reç0ifc Articles de cette paix, i&. &/uiv. Jea" ^ent l'Ordrê duSaint-Efprit, 85 Méconte1^ ^ de la Pologne à cet égard & feS_ c'ette Voitenfin tous les Ordres fatisfait» paix, 92. Reçoit un AmbaAadeui res, & cimente l'amitié avec cette Appaife les troubles deDantzic, ^eut, S'attire l'inimitié de Louis XIV- récite eI1 & à quelle occafion, p66?y««v. H '° re je France le titre de Duc pour fon cjer7 5 Marquis d'Arquien, 97. & pourBii Comment Sobieski croit Brifaciei 0 ^ turel,ioo. Mortification deSobies'^ (jé- de la France, pour un intérêt de ^eg-ejDg tail de cette affaire, 9-1& J- ^eS aU fuje^ Kaminieck, 105 £5?/. Son amertutf1'e fa du mariage de la fille du Prince a gran^e" nièce avec le Margrave Louis «e efg u'1 bourgj i:-s6? fuiv. Sa généroi'ite e OES MATIERES, Sopokî ™!Ze-Majffté' T-u- »>"■ Fait avec JeTurc no A n f & °ffenflf Contre Motifs ^^dl^ondition,iz2. Par quels latrance donn' teUgUetraver^e,par U7- EtPar ies peS Pr°jeTtS .lbnt découverts, ^iecommanH aç'I2<5' Lai^eà Jablonows-113arche vers V ement de f°n Armée, Et Irrité contre T avec Peu de monde, ibid. {*« Par & & POUr^oi'^P-^ ordre de batiîlî L°r'me' ibid- Délivre g"r dlftoire con,Plete far ^ofpend^'avidUédn s , ,^e * Vienne, ,73. e retenant tniu , poU1' lebutin, en '79. Différeils ; Ia nuit fo"s les armes, lb- Iltriotnphe daSe^r.nsfurcette conduite, VUe avec Léon0n Vi!nne'I8^ So» ^rel ^arPhe contre les'Turc — S* remet en ^aïïs l'Armée A Hem ^ *P4' Ufc Vaincre W&fuiv A t ? qui ^acc°nipagnoit ■ss cx-r %r f,°ninSlu'étudenonrf //Vie'W&/œV' /' Sadéfaite io.jv/ ''f Jactlues-Louis, ^''''«del-^M . Prendfarevanche* Remporte une '"penale, 202.103. fj f Turcs ïo8 O) re complete fur lés ^«auj^^^Strigonie, «" - t7^- March r;-' * Son «•«à • Chemin r.yr ge Kaminieck d6part du fié^è ^an.t:prf"d Jaslowiecz, Qe Sob. T, IJi ° °Jette,&pourquoi,n. T Elève table , . |ie <5^ Elève contre Kaminieck une cita^ dans quelle vue, Tom# III. p&§- ïX Se rapproche de Léopol, ■^,1 e,. & ché d'écrafer les Tartares, comnl^tjetit dans quelle occafion, ibid. Les c m6nt, au grand bien de la Patrie , & c0 j^ite 14 ècfuiv. Accorde trop de faveur au Vota, 17. Indifpofition de la Nation a c ^3»-18. Et de Louis XlV,w. Motif du Roi ^ £a-ce, /^. Jean reprend le projet du P' minieck, 24. Tombe malade,^. çonsdela Cour de Vienne far cette 1 ^ «/). Nouvelles affligeantes qu'il reçoi , ^ je diffimulation, «6/û?. Marche à la c0 vUe la Moldavie,& de laValaquie,dans & fous quel prétexte, 38. Sorti <-e vine, voit le Moldave rentrer fou s e .^\e d$ la Pologne, 42. Entre dans YafÏÏj CpUr la Moldavie, 44. Ses ménagemèns te Ville, 45. Devient maître de ió/Vl Etend fes vùes de conque ^ ą1-Trompé par l'Empereur, & corn* Obligé àia retraite par les ennetf115' versla vient àYaffi, 49. Reprend fa ***£? le bW Pologne, 50. Change d'avis, r^Vi Sf faiteur des Peuples vaincus, iviL rend à Léopol, 53, Y traite avec ^ p'a-fadeurs de Mofcovie, & à quel fuje » ' ^ frv,-ne maniere qui déplaît à la ^atL°n' lai & très fujets de mécontentement ÇL . Jean Reine donnent à la Nation, S? cherche à rappeller les EvéqUe des M a ti e re s, 2*ei,d® Pol°gne >à ^ommurt^on Romai-• II.p. 56. Ses brouilleries avec Rome, dpf*0^1 ^els ^L'jets, 5<5&fuiv. Mauvais état an,t(l1 Qui ne l'empêche pas de fe <5 « aZolkiew; ibid. Pour quel deffein, y1 , j11v °ye a Kaminieck pour traiter de ProilT? des Prifonniers> 50 & fuiv. Ses Et tv S ouP9onnés d'intérêt perfonnel, 63» miniert Ve,r~t?>lbld; Bombardement de Kation ihir/1 1 ' fuivant le vœu de la Na-mete.re 1* maladie oblige Jean de re-ques 6 c ^ onimandement au Prince Jac-cent-i repentir de n'avoir pas ac- HongrîeLlr fon Fils aîné la Couronne de mettre 1' 'p' ^°n deffein deloi faire trans-fuiv joa 0Ur°nne de Pologne, ibid. & no, u élor- e la tenue d'une Diète àGrod-motif co '^ç16 de Reine, & par quel ficatiins', .Vend a Varfovie, 84- Mortî- fidelité de^ T -e^U^e a l'occa^on de ^n- Prince Ta ^ *Dceffe Radziwil envers le dans queM^UeS' me': en marche? & s'affurer , \^es' Palîe le Pruth pour venir en p ,a Valaqute, ibid. Obligé de refont faits ° °SnÇ, 88. Reproches qui lui Uûe envie H'ckj^Ûe Di^te» 94- H marque 57- Envie K' 1Atlaei', & à quelle occafion, ^Us en ^flipée,?^/^. Il aigrit de je0ccafì0il IO>a gÌa^otl> comment, & àquel-J°uisXlV vt ,Ju^v' Son embarras entre ll3, fauteniì-iT^old' ^ Pour cillels motifs, T a tre Tabłe * i?/* tre tentative furia Moldavie & laValaQu*e' toujours fans fuccès, T.III. p. 124 &./■ ° f-jiede fon propre tréfor des habits & «e ^ gent aux Cofaques, pour hâter leur jon ^ * IŁ4. Cette campagne eft la derniei'e e ^ bieski, 128. Il ne s'occupe plus que e ^ miniftration intérieure, ibid. Son etat e^e faiilance, 128. Et fes fuites, 161. ^ des proportions de paix de la part 11 tan Achmet, 13 r. Dans quel mot»? '* Malade à Zolkiew, envoyé des Unîv ^ ' pour retarder la Diète,*141. Charge,c° ^ la forme, le Primat de les publier , Troubles à ce fujet, ibid. & fuiv. fa-utilement fléchir l'Evêque de Vilna ^ jet de l'excommunication lancée con pieha, 145. Plan qu'il envoye à 1 \fifpii" de Baviere au fujet de la fuccelfio11 ^c, gne, 145. Par quel motif, 147- HreU * j*an-fes vûes, 148. Sa maladie ContribuC ' vjr la République de fes propi'eS ^ & comment, 163. Ses chagrins, IÓ1 j,vion Il cherche fa confolation dans la nlpor-& la Philo fophie, 166 & fuiv. tement contre le Juif Jonas fo» ' ^ faii'e 168. Il s'en repent, ibid. II refuit-fon Teftament, 170 & fuiv. ^ Sa rnor , ^ Erreur de Moréri & de Maffuet l^L ibid. à la note. Son Panégyrique ^ .;c; a il' noncé par le Starofte d'O dolano^ ' jourd'hui leKoi Stanislas dePolog11^? ^ proches faits à fa mémoire, i73 1111 'jjfpu^' des matieres. & c0 m men m ' S r7'4' Ils Paffenten France, &fuiv, Ej ' j claftre defamaifon, 174 0cB ' ^ KTfâ de Ce W»«i >77 & fuiv.7 '^hic-ski, Tornir' Paternel de J«*n SCS eXpl°itS' S° f0"^MatioTT ?IarC) ' Frere de Jean! nt> ibid ć' p' 94' Son tempéram-fuiv' w v°y»g« »vec fon Frere, P?u'' Ju dife„r" i'0tfUr avec ,ui en Polo irne S(fï»e, ,02 de la Patrie, Sa fin tra- I \I TrG»ede7p' fuceéde 1 Mahomet IV, au c mL'prife yiï,P!re Ottoman, Prince foible ^ « A J' c -m- f- *»• Sa mort, 127. ?'eck- ma'rch!!askler de rjWe de Kami" ^lefifceH tre Jean Sobieski allant Erre4loLCTCPlaCe'r-///^^ Se Cl défaîtpar L n /ette CamPaSne> '3. n c^unar i ^UC Lorraine, & 7o. Ccafiou -70' cV °a .^e%rade, 2ne; T.l ICi°Nlv ) prife fav ies Turcs par Jean T 3 So- Table bieski, Tome IL p. aio. Remife au Pnc âe Lorraine , ibid. f „ i0- Suidersiii, mis àia tête de l'Armee 0 noife, confédérée, T.I.p. 117. A quell®01^ ^ lion, ibid. Cequec'eft que la confedera de l'Armée, ibid. Pouvoir de fon Chei,1^ Sulkowski, Nonce de Pologne, la faćtion Impériale, rompt la Diete . ^ paroi t, T. 111. p. 99. Suites fâcheufes, ^ fuiv. On fe fépare, 101. La guerre con * - Turc continue en vertu du Traite de o mais foiblement, ibid. r ial3s S z o p A,c'efl: en Pologne la Salle du Sena le Champ Electoral, T. I.p. 161. JEHe c 1 0 de forme, 170 à la note. T* .je fur Tartaees (les), coup d'œil rap ^ *** ces Peuples confidérés comme Suer je néceflaire à l'intelligence de l'Hii^011* ^ Jean Sobieski, T. I.p. 39 & f. Leurs P^r ^ pales guerres contre la Pologne, 97- Io2,'iVec W&fuiv.TJLp.M&fuw.66&/»>v-',l-lliv. la Pologne & l'Empire ligués, 138 ^ T. ITI. p. S. 2.6. 47.109. 12,(5.363. 1e;^ jus quelques Tartares quife réfutent a a £ noire calomnie contre Jean Sobies * ' p, zzo à la note. Ils empoifonnent un _ Cornar,& à quelle occafion, Ton/ie 1+ ^u0iet Leurs incurfîons dans le Palatinat de eg 117. A-ffeftent de n'y brûler que les appartenans au Roi de Pologne, ^ Pologne contre la France à ce fujet,;^ TA £ des matieres. T T-»»";//5! )deBudziac, ce qu'ils l'ont, 111. p, lar \inJ ARf S/leS) Crimée, Troupes Au-iliaires de la Pologne , Tbrn*/ p 112. pl^Jf R£S Ae Lipka, ennemis les plus dangereux de la Pologne, Tome III. les Pnl Par (lue^ motif, ibid. Fatiguent » >£ckn? °rLd;une entrePrife Ka-Y . uecK; P- 10 & fuiv. envmC'ailletDd? ' Conreilier an Parlement, Tome IILp °ioygQe' & P°U1' qUeJles flnS> fait Roi de la haute Hongrie nar vïr rv' fr;r aux turcs ia ~ dan? ' Ì Z' I37' Son inaai°n & dans quelle occafion, 203. Envoyé, ies nopleUXŁf-le r & aUX mains ' à Conftanti- défenfe C°Ura§e e dans la HI t t F,irefla ^ f"*#*, ^ duite à V* * 61 n prife ' con-vent ^ T t?6'. renfermée dans un Courait eft remis liberté, 74. Er. W DoU|f'* Re*ûit ^-TuJcsplL hCfc p7E (le Pr,ince de), brigue ehel r» %r' gne apr£'s la mort d<= Mi. les fuffrages 7' ' Ke balance Pas m''K ' f°««effe à l'entrée de T 4 T KOS- Table Troski, Envoyé de Pologne à la Porte» mis aux fept Tours, Tome II. p. *36. Mene par Kara-Muftapha au fiége de Vienne câ fers aux pieds & aux mains, 168. Dàn»ef qu'il a couru, 181. Trzebi s k i (André), Inter-Roi de p° ° gne après la mort de Czartoriski, Toni- ' p. 14. Services qu'il rend à Jean Sobies > & dans quelle occafion, ai. Primat dei logne, 29. 1 Turcs (les), coup d'œil fur ces Peup e, confidérés comme Guerriers, néceflaire l'intelligence de l'hiftoire de Jean ^ ,l6 ki, Tome I. p. 42 & Juiv. Leurs Pr*llC^ja, les guerres contre la Pologne ious ^ ho met IV. 197 & Juiv. Tome II. P- f?', Contre la Pologne & l'Empire lig11® ' p. 138. Tome III. p. 7, 26, 47. ^ont!f-grn-Vénitiens ligués avec la Pologne, 1 pire & la Mofcovie, 52 6? f Origine de ^ ^ queues de cheval pour bannières, 1° . p. 197. Leur défaite au Camp de Cfl° ^ ^ par Jean Sobieski, p. 237 6? Jui'u-journée de Vienne, Tome II.p.l7$' U. Ukraine (l'), acquife à là Polç°^teo-Etienne Battori, Tome I.p. 97' due, ibid. pte Uladislas VI, Fils de Jagellon, A ^ fur le Trône de Pologne à l'àge ^ ans, Tornei, p.81. Prend les rênes e ^ TJ des Mat i E r e s. ^at a dix-huit, T. I. p. gì. Se fait couronner Cler Ses guerres avec A m u- a i II. ibid.&Juiv. Salin tragique, 82, _yv ois las VU, Roi de Pologne, Fils de •gnmond IIT, & Frere de Cafimir V. 7b- 1\ a-?' Trait remarquable lors de fon eJeaion, 162. Sa mort, 99. ładislas Laskonogi, dépofé, 7b-^l'p.iz. ' f,Af JrSLAAS LoKETEK, pour monter 11 e I rône de Pologne , a recours auPa-^Pe Jean XXII, Tome I. p. 65. Dépofé, 12. ç^AIRES (les), ce que c'eft que cette \e^te, ils font profcrits de la Pologne, & quelle occaiion, Tornei, p. ni. ' va V. 1v°des de Pologne, Tome I. p. 7, ,łaquiE) ce qu'étoit cette Province, $e°re (lu'elli; Tome III. p. 37 &fuiv. Prn.°'Îmefc a Sobieski, 45. Se met fous la V^oteaiion de l'Empereur, 9a. pegD,E c K Prince de) conduit lesTrou-fiép- fCercIes contre les Turcs, lors du V . ge de Vienne, TomeII. p. 164. fne/IS ^enri de), Roi de Pologne, 7o-fuiv *fr 4' Oppofition à fon facre 23 6? ^ Ę îî o e"a<:® ^ ^tre dépofé ; fa fuite, 25. 2 A ' *ne de Pologne, Tome I. p. 4. Wn«TiE lV S liguent avec la Po- ■F°me n r autres Puiffances & contre qui, neIJl-p.5&fuiv. T s . VETO Table VE TO (le droit da Liberum), Tonie I. p> *8* vScs effets, 6$>, 121. Tornelli, p. 78, 99- Vienne, alïiégée par les Jures, Tome II. p.iĄZ & fiiiv. Etat de cette Ville alors, 143 &J'aiv. Aftion héroïque d'un Soldat Chrétien, lors de ce fiége, 152. Dénombrement de l'Armée Chrétienne, 164 & fiiv. Divi fio n parmi les Princes Chrétiens, 165, La Ville aux abois, 165 & fuiv. Sa joie à la nouvelle de l'arrivée des Troupes Polonoifes, 175. L'aftion engagée, i7v Détail de la bataille ibid. & fuiv. Inaction des Troupes de Kara-Muftapha, & fa cau-ie, 177. La Ville délivrée, 178. Riche butin que font les Troupes Allemandes & Polonoifes, après la défaite des Turcs, i^1 & fuiv. Etendart pris pour celui de Mahomet, igz. Et envoyé au Pape, 183. Tableau de la Vierge trouvé dans la tente du Vi-fir, x83. Faux fentimens fur le nombre des morts dans cette fameufe journée, & fuiv. Vilna, Capitale de Lithuanie, affiégee les Polonois, Tome I. p. 113. Obftination & cruauté du Mofcovite qui défendoit la Ci-tadelJe; ce qui en arriva; fa fin tragiq11®» ibid. Hommages que cette Ville rend a Jean Sobieski, Tome III. p. 13. & fuiv. "V ota, Jéfuite envoyé par Léopold vciS Jean Sobieski, fous quel prétexte, ToW -p. 14. Dans quelle vue, i5. Devient leT*" vori du Roi de Pologne & comment, 16 Juiv. DES MATIERES. & fuiv. Ce qui s'en efc enfuivi, 17 & fuiv, Contribue à guérir le Prince Jacques de fa jaloufie contce fonïrere, 123. Ne quitte point Jean Sobieski fur les derniers jours de ce Prince, 166. W. eçnowieçki ( Démétrius ), Pala-tindeBclz, fuccéde à Jean Sobieski au Petit Généraîat de Pologne, Tome I. P'Fait Grand-Général, Tome II.p. 61. H' i e ç n o w i e ç K1 (Michel), voyez Michel. " 1 e l o p o l s k i , Grand - Chancelier de la Couronne de Pologne, fe charge de vc-uir faire des exeufes à Louis XIV. T, III. P-2 3. De quelle ih fui te,, 23. Sa mort, p. 104. Soupçonné de confpiration contre le Roi, l0ld. Conduite de Jean Sobieski dans cette occafion, & fes faites, 105. Vtrtemeerg (lePrince de), Colonel du Regiment de fon nom, blefie au fiége de Vienne, en rempliffant une fonction de apitaine, Tome II. p. 154 & fuiv. °LA (le Champ de), théâtre de l'Eie-ion des Rois de Pologne, autrement lamp Electoral, Tome I. p. 160 Hfuw. ableau de l'Election, telle qu'elle de-Vroit fe faire, 161 & fuiv. YV-1, Capitale de la Moldavie; fa de-cription, Tornelli p. 42. ZELINS- Tabłe IrE TO (3e droit da Liberimi), Tome I. p., i8- Ses effets, 69, 122. Tome III. p. 78, S>9-Vienne, aiìiégée par les Turcs, Tome II. ' p. 142 & fiiiv. Etat de cette Viile alors, 143 & Juiv. Aftion héroïque d'un Soldat Chrétien, lors de ce fiége, 152. Dénombrement de l'Armée Chrétienne, 164 & Jìiiv. Di'vifton parmi les Princes Chrétiens, 165. La Ville aux abois, 165 & Jìiiv. Sa joie à la nouvelle de l'arrivée des Troupes Polonoifes, 173. L'a&ion engagée,i7v Détail de la bataille ibìd. & juiv. Inaćtiori des Troupes de Kara-Muftapha, & fa caule, 177. La Ville délivrée, 178. Riche butin que font les Troupes Allemandes & Polonoifes, après la défaite des Turcs, 181 & Juiv. Etendart pris pour celui de Mahomet, 182,. Et envoyé au Pape, 183. Tableau de la Vierge trouvé dans la tente du Vi-iîr, 183. Eaux fentimens fur le nombre des morts dans cette fanieufe journée, *84 & fuiv. Vilna, Capitale de Lithuanie, aiïlégée par les Polonois, Tome I. p. 113. Obftination & cruauté du Mofcovite qui défendoit la Citadelle; ce qui en arriva; fa fin tragique, ibid. Hommages que cette Ville rend a Jean Sobieski, Tome LIT. p. [3. & fuiv. Vota, Jéfuite envoyé par Léopold vers Jean Sobieski, fous quel prétexte, Tom.TlL p.iĄ. Dans quelle vue, i5. Devient le l'avori du Roi de Pologne. & comment, *6 S Juiv. DES M a T I E R E S. & fuiv. Ce qui s'en en: enfuivi, 17 & fuiv. . onti'ibue à guérir le Prince Jacques de fa j^loufie contce fon Erere, 123. Ne quitte point Jean Sobieski fur les derniers jours de ce Prince, 166. W. i e ç nowi e ç ki (Démétrius), Palatin de Belz, fuccéde à Jean Sobieski au Petit Généralat de Pologne, Tome T. p. 129. Fait Grand-Général, Tome IL p. 61. 1E ç N o w IE ç KI (Michel), voyez Michel.' 1 e L o p o L s k i, Grand - Chancelier de la Couronne de Pologne, fe charge de venir faire des excufes à Louis XIV. T. HT. P *3. De quelle infalt^ 43. Sa mort, p. 104! Soupçonné de confpiration contre le Roi md. Conduite de Jean Sobieski dans cet-, e occafîon, & fes"fuites, 105. i r t e m b e r g ( le Prince de), Colonel du Regiment de fon nom, blefie au fiége de Vienne, en rempliffant une fonction de _ Capitaine, Tome IL p. 154 & fuiv, ' «U (le, Champ, de), théâtre de l'Eie- ChamndFi î?OIS de PoloSne> autrement TabIf» J!C °£a ' Tome I- P- 160 6? fuiv. vrol TV leai°11' telle <łu'elle déçoit fe faire, 161 & juiv. Y Y. Ssr, Capitale de la Moldavie; fa description, Tornelli p, Ą2, Zelins- Table des M a ti er es. Z. Ze liński, reçoit au Camp de Chocziti un coup porté à Jean Sobieski, Tome I. p. 237- ■ Z1 e m o vit , Souverain de Pologne , PHlice guerrier, Tome I p. 77. Zo.LKiEwsica (Théophile), Femme de j acques Sobieski, Tome I. p. 5?2, Se retire en Italie, après la mort funefte de Marc Sobieski, fon Fils aîné, 102. Żółkiewski, Ayeul maternel de Jean Sobieski, Tome I. p. 88. Sa vi&oire fur les Mofcovites, ibid.&fuiv. Sa défaite par les Turcs & les Tartares, 89. Sa fin tragique & celle de fon Fils, ibid. Un autre Fils, quiavoit entrepris de les venger, périt les armes à la main, gp. Zurawno (Paix de), entre les Turcs & lesPolonois, Tome II. p. 81 & fuiv. ' Fin de la Table des Matieres. Imprime à Leipfic, Chez J. G, I. Breitkopf, i ^ v . - ' v BIBLIOTEKA GŁÓWNA WSP w Słupsku